Le
troisième objectif affiché par les gouvernements, après l’augmentation du
pouvoir d’achat et la diminution du chômage, est l’abaissement de la pauvreté.
Ce dernier objectif est toujours dans les discours mais les gouvernements
affichent rarement les résultats obtenus dans ce domaine. Les français font
souvent entendre leur voix contre la montée des inégalités, mais est-ce
vraiment cela l’important ? La jalousie sur la richesse des autres n’apporte
rien sur l’augmentation de la nôtre. Un pays où les inégalités sont faibles
mais la pauvreté grande, est-il préférable à un pays où les inégalités sont
grandes et la pauvreté faible ? Le bon sens doit donc présider aux
réflexions sur ce sujet.
J’ai donc pris dans
les statistiques de l’UE les chiffres donnant un taux de privation des
personnes. Neuf besoins prioritaires ont été définis et l’enquête recherche les
personnes manquant au moins de deux de ses besoins. Au fond vivre normalement c’est
satisfaire aux besoins élémentaires et nécessaires dans la vie actuelle. Les
résultats sont d’ailleurs assez conformes à ce que l’on pouvait en attendre sur
les deux périodes 2007-2011 et 2012-2016. Les pays Baltes offrent le plus fort retrait
du taux de privation en accord avec leur augmentation spectaculaire de
croissance vue dans les articles précédents. La Grèce s’enfonce dans la
pauvreté. Les pays à très fort PIB/habitant comme
la Suisse et le Luxembourg commencent à creuser les inégalités au contraire de
l’Italie qui réussit néanmoins à diminuer le taux de privation. Malgré son taux
de chômage élevé, l’Espagne réussit à diminuer un peu ce taux de privation. La France,
mieux que l’Allemagne, le fait aussi compte-tenu de la différence de croissance
avec celle-ci. Néanmoins ces deux pays font moins bien que la zone euro.
Le
graphique ci-contre permet de mieux apprécier l’utilisation de la croissance
pour agir ou non sur le taux de privation. On voit là une première relation de cause
à effet. En gros 1% de croissance en plus génère 0,5% de baisse du taux de
privation sur la période 2007-2011. Heureusement, mais on constate aussi que seulement
la moitié de la croissance redescend vers le bas des revenus ! On
notera à ce sujet le cas de la Roumanie, de la Bulgarie, et même du Danemark et
du Portugal qui font retomber plus de la moitié de la croissance ou prennent moins
sur les revenus pauvres en cas de variation négative de la croissance. A l’inverse,
la Lituanie et Malte donnent moins. Le cas remarquable est l’Irlande qui,
pendant cette période où sa croissance décroît, fait augmenter très
sensiblement le taux de privation.
En est-il de même dans
la période suivante 2012-2016 d’après-crise ? Pas du tout. La période d’après-crise
donne une tendance générale brouillée donc peu significative. Si l’on fait
abstraction de la Grèce et de la Lettonie, il ne se dégage plus de tendance et on
ne peut affirmer retrouver le même résultat que pour la période précédente. La
croissance ne semble pas faire baisser le taux de privation bien au contraire.
On peut penser que la croissance molle durant cette période est sujette aux variations
rapides de population entraînées par l’immigration. C’est pourquoi, avant de
conclure à l’absence de lien entre croissance et taux de privation dans cette
période, on va regarder si ce flou existe toujours quand on prend le
PIB/habitant au lieu de la croissance mesurée sur le PIB.
En particulier pour
cette deuxième période, a-t-on le même résultat que pour la période
précédente de 2007-2011 ? La réponse est alors oui et encore beaucoup plus
nette sur le graphique ci-contre. Le lien est statistiquement certain entre la
hausse du PIB/habitant et la baisse du taux de privation. On retrouve même le
résultat de 0,5% de baisse du taux de privation pour 1% de hausse du
PIB/habitant. En clair la moitié de la variation de la richesse échappe aux
revenus faibles. La France se trouve exactement dans ce cas avec 3,7% de
diminution du PIB/habitant mais seulement 1,8% de diminution du taux de privation.
Le pays qui implique beaucoup plus le taux de privation, on peut citer la Grèce,
qui pompe plus sur les revenus faibles, mais aussi la Tchéquie, la Lituanie et
Malte, qui eux ne redonnent pas la bonne part de hausse du PIB/habitant. A contrario
Chypre et l’Italie ne font pas retomber leur perte de PIB/habitant sur le taux
de privation. Les Etats de l’Est, Hongrie, Pologne, Bulgarie, auxquels se joint
la Lettonie, ont une politique de redistribution vers le bas particulièrement marquée.
En
conclusion, le lien entre la croissance et le taux de privation, existe et est
mieux représenté par le PIB/habitant. Par suite du jeu des protections
sociales, qui ne varient pas systématiquement avec la variation de la croissance,
le taux de privation qui touche les revenus les plus faibles varie moins que la
croissance mieux représentée par le PIB/habitant. C’est d’ailleurs cet
indicateur que nous allons conserver dans le reste de cette étude. Mais on voit
aussi nettement que certains pays ne suivent pas la règle générale. L’Italie fait
plus pour la baisse du taux de privation, alors que l’Allemagne fait beaucoup
moins. Nous allons nous attacher dans les articles suivants à mieux cerner l’impact
des différents facteurs économiques qui influent sur les deux autres objectifs,
le chômage et le PIB/habitant et en déduire la politique économique la plus
favorable actuellement. Nous savons déjà par la comparaison avec les autres
pays que la politique menée entre 2012 et 2016 a donné des résultats bien
inférieurs à ce qu’ils auraient dus être. Le quinquennat de Hollande a été très
défavorable à la France alors que tous les facteurs exogènes, taux d’emprunt
quasi nul, dollar faible, prix du baril de pétrole au plus bas, étaient favorables.
Une politique économique doit s’attacher
au bien du peuple.
Car si la richesse des entreprises du pays
est un but,
Le bien-être de son peuple ne s’y résume
pas.
Les clés de sa répartition vers le
peuple
Est tout aussi important pour lui.
Claude Trouvé
22/01/18
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