mardi 28 février 2017

Quel est le véritable enjeu de cette présidentielle ?



Politiques et médias ont fait dériver cette pré-campagne vers la moralité des actes de nos politiques avec Fillon puis Marine le Pen sur la sellette. Ce sujet est évidemment un sujet qui nourrit l’hystérie collective sur une morale publique qui n’a pas été bien meilleure sous les Républiques précédentes où sexe-argent et politique ont souvent fait bon ménage. Aux États-Unis la bataille pour collusion supposée entre Trump et Poutine fait rage alors que l’enquête du Congrès n’a rien à mettre dans le dossier pour l’instant. Le nombre de détournements de marchés publics au profit de proches ou de soutiens financiers remplirait des salles entières de dossiers de procès, et le cumul des peines prononcées remplirait les prisons. Les architectes sont souvent les spectateurs et parfois les acteurs de ces magouilles. Cela vaut du haut en bas de la pyramide des élus. Les petits marchés communaux sans appel d’offres sont fréquents et le copinage souvent pratiqué. L’image ci-dessus n’est qu’un rappel sur un gouvernement qui nous a dirigé au début du quinquennat de Hollande, mais il n’est pas le seul dans ce cas.

Il n’est pas question pour moi de cautionner ce genre de pratiques qui doit être condamné dès qu’il est illégal. Je laisse aux juristes le soin de démontrer les fautes commises et de les juger. Que la justice passe ! Néanmoins tout ceci était évidemment connu et pratiqué depuis longtemps, que ce soit les cas Fillon ou Marine Le Pen. Lorsque que l’on veut détruire l’adversaire, la sortie opportune d’une affaire est facile, car la plupart des politiques prêtent malheureusement le flanc à ce genre de dérive. En plus l’écho chez les citoyens, bien renforcé par les médias aux ordres, soulève facilement la vindicte publique dans un climat où le mécontentement populaire cherche une raison de s’enflammer. En plus, alors que la couverture médiatique de Macron est égale à la somme des couvertures des autres candidats, on a enterré les questions sur l’utilisation de l’argent public pour sa campagne alors qu’il était au Ministère de l’Economie. On parle sur les réseaux sociaux de son mouvement des jeunes dont le financement pourrait bien aussi pomper sur l’argent public. Mais pour lui les couvertures médiatiques deviennent alors des entrefilets. 

L’opinion publique a depuis longtemps une piètre opinion des politiques même si certains font honnêtement leur métier. Ils en ont d’ailleurs plus de mérite car il est difficile de rester intègre dans la pression qui s’exerce sur eux, et le besoin d’argent, argent nécessaire pour être présent en permanence dans l’esprit de ses électeurs. Nous assistons à une « Clintonisation » de cette présidentielle. Hillary Clinton défendait en particulier les intérêts des grandes banques (Goldman Sachs, JP Morgan, Bank of America, etc.), ceux des princes Saoudiens (8% des USA leur appartiennent), des méga-compagnies pétrolières (Exxon et all.) et de tous ceux qui donnaient à sa fondation, soit tous les grands patrons de compagnies d'assurances, des médias, etc. En France, on a vu que François Fillon a été "LE" candidat des assureurs et d'une grosse compagnie de notation, Fitch Ratings qui a appartenu jusqu'en 2016 au patron du magazine "Les Deux Mondes"... ! Pénél hop là boum ! Emmanuel Macron, lui, est le candidat de TOUTES les banques, des autres assureurs, des agences de notation Standard and Poors et de Moddy's, et, comme Hillary Clinton, de la très grande majorité des médias papier, radio, télé et Internet.

Mais c’est le détournement de l’électeur sur ces sujets, qui sont répétitifs dans tous les États du monde malheureusement, qui dégrade le déroulement normal de la démocratie. La confrontation sur les différentes orientations politiques en est différée voire absente au bout du compte. Il en va de même sur un sujet particulier qui finit par occulter tous les autres sans être véritablement de la première importance, ou être à traiter différemment. Ce fut le cas du débat sur la Sécurité Sociale où, avant d’explorer les propositions et d’en débattre sereinement, le débat s’est enflammé. Le sujet était le déficit de le Sécu, or l’on peut savoir facilement que ce déficit est entretenu sciemment par les gouvernements par détournement des fonds publics qui devraient l’alimenter. Voilà le type de faux débat qui est une arnaque sur l’opinion publique que médias et politiques ont en charge de colporter. Le but est de resserrer l’étau sur le remboursement des frais maladie de façon à le confier aux mutuelles privées qui fonctionnent comme les banques. C’est la destruction à petit feu de la Sécu. 

Mais il faut noter que la presse ne met en avant que ce qui va vers l’objectif pour lequel elle est assignée, la victoire du Système. Il n’y a qu’à voir comment elle a traité, et le gouvernement derrière, les incidents de Nantes qui ont affecté samedi la visite de Marine Le Pen. Un gendarme a tout de même été blessé par un cocktail Molotov. On a vu l'extrême-gauche manifester violemment contre Marine Le Pen, en cassant toutes les vitrines en centre-ville, comme les premières manifestations anti-Trump à San Francisco. Dimanche les mêmes groupes de gauche ont tenté d'empêcher les Français d'aller au Zénith de Nantes pour écouter Marine Le Pen. Les autobus des visiteurs allant au Zénith ont été bombardés d'urine et de bouse de vache, sans parler de l'opération "escargot" pour ralentir la circulation et empêcher les gens d'arriver à l'heure. A votre avis qu’auraient dit, écrit, et télévisé, le gouvernement et les médias si l’extrême-droite, les Libertaires par exemple, avait fait ce genre de débordement dangereux d’incivilité ? Ce deux poids deux mesures n’est évidemment pas innocent. Aux États-Unis, le milliardaire George Soros embauchait les gens à 15 dollars de l'heure pour semer la violence dans les rassemblements pro-Donald Trump.

Finalement que ressort-il de tout cela ? C'est tout simplement la montée du désespoir des Français qui expriment là leur ras-le-bol du mensonge des politiques et surtout de l'Europe. Mais derrière encore il y a l’oligarchie financière, les grandes multinationales, la grande industrie militaire, tout ce monde que drivent les Banques : Goldmann Sachs qui met ses hommes un peu partout dont la BCE, le FMI, et la Fed,  Rothschild qui crée de nouveaux paradis fiscaux aux États-Unis (Nevada après le Delaware) et place Macron dans la course présidentielle, etc. La Présidentielle française se présente comme un petit remake de l’élection américaine. Le véritable enjeu, celui que ne perçoit pas une majorité de français, c’est que c’est une bataille livrée par le Système, mis en place depuis 20 ans par le "Shadow government" américain. 

Qu’est-ce qui différencie vraiment les candidats ? Leur position sur l’UE. C’est le seul véritable marqueur, tout le reste n’exprime que des variantes et des positions plus ou moins affirmées. L’UE est l’enfant du Système et il y a ceux qui veulent le faire durer, ceux qui en ont profité politiquement ou (et) financièrement, dont la plupart de ceux qui gravitent dans et autour de l’UE, nos Ministres et ceux qu’ils nourrissent, les lobbies et les banques. C’est les 40 milliards investis pour 1 million d’emplois, récupérés principalement par les multinationales, qui se soldent par une centaine de milliers de sans emploi mis en formation, et de contrats aidés. Ceux-là brandissent comme argument le catastrophisme de toute tentative de sortie du carcan UE, une doxa qui ne se discute pas. Les autres montrent du doigt que la plupart des pays du monde ont leur monnaie et que des pays européens qui sont hors de l’UE se portent bien mieux que nous. A tel point que le Royaume-Uni, cinquième économie mondiale en 2016, a pris le large et nous nargue avec sa croissance et son PIB/habitant. C’est le vrai choix qui s’offre aux français, UE-OTAN ou FREXIT, choix qu’on leur cache le plus longtemps possible.
 
L’élection Présidentielle est sciemment polluée. 

La marginalisation des « petits » candidats,

La quasi-unanimité de l’espace médias, 

Le détournement systématique

Des électeurs sur la rubrique 

Faits divers et corruption,

"Trump" la démocratie !

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

lundi 27 février 2017

Grèce en dépression collective, Nexit en vue

L’actualité ne cesse pas de nous envoyer des signes de décrochage de nombreux pays de l’Union européenne. Nous avons appris cet été que la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie continuaient de s’effondrer, et que l’ensemble de la zone euro s’enfonce dans la récession et le chômage de masse, y compris désormais des pays que l’on croyait prémunis comme l’Allemagne ou la Finlande. Mais nous avons appris au début du mois que la Banque d'Angleterre a nettement relevé sa prévision de croissance pour 2017, à 2% contre 1,4% prévu en novembre tout en maintenant inchangée sa politique monétaire très accommodante destinée à soutenir l'économie sur fond de Brexit. "La croissance est restée résistante depuis le référendum" sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union Européenne de juin dernier, a déclaré le gouverneur de l'institution Mark Carney lors d'une conférence de presse. On ne peut être plus clair. Où est la catastrophe annoncée par Hollande envers notre voisine ? Cela ne vient que s’ajouter à la Suède et l’Islande qui ont été amenées à réviser leur taux de croissance fortement… à la hausse. Quel est le dénominateur commun de ces trois pays ? Leur monnaie nationale, la livre et les couronnes suédoise et islandaise !

Quel est le dénominateur commun de la Grèce, l‘Espagne, le Portugal, et l’Italie ? L’euro ! Certains, et pas des moindres puisqu’ils appartiennent tous au Système, que la sortie de l’euro serait catastrophique et que sortir de l’UE nous condamnerait à disparaître. Sur le graphique ci-contre on a en brun deux pays hors UE, en vert trois pays de l’UE hors zone euro, et puis 6 pays de la zone euro dont la France. Comment peut-on encore faire croire à nos concitoyens que les pays hors zone euro et hors UE sont des pays en perdition ! L’Allemagne talonne seulement le Royaume-Uni, devançant tous les pays du « club Med ». 

Pourquoi la France est-elle cadenassée dans l’UE et l’euro ? Parce qu’elle en est le pilier indispensable qui permet à l’Allemagne de ponctionner tous les pays autour d’elle, par le commerce extérieur, et par l’utilisation de la main-d’œuvre bon marché des pays de l’Est. Le déficit du commerce extérieur français s’est creusé et atteint 48 milliards, et parmi les causes on note la baisse de la production. En Allemagne on devrait dépasser les 250 milliards d’excédent, ce qui crée une différence de 300 milliards entre nos deux pays. Beaucoup de raisons peuvent être évoquées pour expliquer cet écart, mais le plus important est que nous ne vendons plus et nous importons moins. Le volume des échanges diminue. La machine productive française est bloquée. Nos usines disparaissent ou se délocalisent et petit à petit disparaissent du paysage français. Les économistes montrent que le décalage entre l’eurofranc et l’euromark atteint 25% et 10% par rapport au dollar. Les gains de productivité et d’une façon globale de compétitivité ne peuvent encaisser cet écart.

Toutes les belles promesses de nos politiciens du Système ne peuvent avoir un effet suffisant pour redresser la barre sans que nous retrouvions notre monnaie et une dévaluation de l’ordre d’environ 15%, ce qu’a fait le Royaume-Uni avec le succès que nous commençons à constater. De plus la politique d’austérité sur les dépenses, qui ne sont pas sans effet sur le fonctionnement du pays et le niveau de vie des citoyens, ne peut qu’aggraver la situation comme on le constate dans tous les pays du sud de l’UE. Le cas le plus criant est celui de la Grèce. Ce pays est toujours dans l’incapacité de payer sa dette. La nouvelle échéance de 7 milliards ne peut pas être payée avant l’été pas plus que les autres avant. L’Eurogroupe, qui se réunit ce lundi, réclame de nouvelles mesures d’austérité à la Grèce. De plus la tranche de crédit allouée à la Grèce par le FMI (86 Mds) n’est débloquée que si celle-là paye sa dette, or elle ne le peut que si le crédit lui est ouvert. C’est le cercle infernal dans lequel on tient la Grèce qui n’en peut plus et paye sa dette… en empruntant ! C’est le cas bien connu de nous tous en cas de surendettement.

Seule certitude : le pays connaît une véritable paupérisation. Chercheur à l’Institut du Travail, Christos Triandafilou précise que « plus d’un tiers des Grecs sont aujourd’hui en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale; 21,4% vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Et il souligne qu’avec les baisses successives des salaires, le seuil de pauvreté a baissé. Il était de 6120 euros en 2007 pour une personne seule, il est désormais de 4512 euros.» Dans ce contexte, le découragement est généralisé : le nombre de chômeurs longue durée a explosé «et eux n’ont aucune indemnité ni couverture sociale.» Selon Christos Koutsaftis. psychologue et psychanalyste, «Les Grecs ne peuvent plus faire de projet d’enfant, de vie… Sur trois ou quatre mois, c’est le maximum.» Pourquoi ? «Il est impossible de construire quand on ne sait même pas si l’on aura encore son emploi dans six mois.» Les salaires ont été divisés par deux, comme les retraites. Les heures supplémentaires ne sont plus payées. Les primes de Noël et de Pâques ont disparu. Des centaines de milliers de salariés grecs sont désormais payés, en partie, avec des coupons alimentaires. Les crédits aux écoles ont été abaissé de 70% depuis 2009. Les villes industrielles se désertifient. Après sept années de crise et trois mémorandums (un quatrième est évoqué avec insistance), la société grecque est en dépression collective.

Le spectre du «Grexit» refait surface alors que l’économie du pays est exsangue. C’est l’Allemagne qui a la haute main dans les discussions sur la Grèce au sein de l’Eurogroupe. Elle ferme l’intervention de la BCE en se retranchant derrière ses statuts qui interdisent d’aider directement les Etats. Mais elle ne veut pas entrer dans le processus d’aide du Mécanisme Européen de Stabilité, entré en vigueur le 27/09/12, qui engagerait ses propres finances. C’est pourtant cet organisme, sorte de FMI européen, qui devrait être en première ligne comme le réclame Tsipras, car c’est justement pour enrayer cette spirale du surendettement qu’il a été créé. Seulement le MES dispose, au sein des 620 milliards de capital exigible des États, de seulement 80 milliards d'euros de fonds propres. Les États garants des sommes prêtées doivent mettre la main à la poche au-dessus de cette somme de 80 milliards. L’Allemagne voit arriver l’Italie, le Portugal, et l’Espagne dont les besoins dépasseront de très loin cette somme de fonds propres. Elle se raidit car c’est elle avant nous qui en serait la première contributrice.

On voit combien, en dehors des divergences multiples entre les pays membres de l’UE, combien l’UE et la zone euro sont au bord du gouffre. Et la question de sortie de l’UE refait de plus en plus surface dans plusieurs pays d’autant plus que la catastrophe annoncée du Brexit s’avère de jour en jour une bonne opération. Aux Pays-Bas à trois semaines des élections législatives, qui pourraient être remportées par le Parti eurosceptique pour la liberté (PVV), l’un des favoris des sondages, les parlementaires néerlandais ont décidé de lancer une enquête, afin de déterminer le sérieux d'un abandon de l'euro par leur pays. Le PVV tient justement un discours très critique sur l'euro : «Nous voulons être les patrons chez nous et avoir notre propre monnaie». L’absence de débat en France sur cette question sera-t-il enfin au centre des joutes entre les candidats officialisés au moins à partir du 17 mars ? On sortirait peut-être enfin de la médiocrité de ceux actuels.
 
L’avenir de l’UE et donc de notre pays est encore un non-débat chez nous 

On nous enferme dans l’inutile en nous transformant en justiciers

Pour le plus grand bien d’un Système qui ne veut pas 

Que la France lui échappe comme les États-Unis !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon