Cette
campagne présidentielle offre finalement un spectacle plus affligeant encore que
l’élection américaine. La bassesse des attaques et la virulence des propos
échangés n’avaient jamais été atteintes dans ces élections américaines. Mais le
débat de fond était d’une importance considérable. Les Maîtres du Monde étaient
attaqués de front, c’était impensable depuis la fin de la seconde guerre
mondiale. Démocrates et républicains ne pouvaient atteindre la Maison Blanche
sans passer par leurs fourches caudines. Il est on ne peut plus surprenant de
constater que c’est au sein du parti Républicain qu’un homme s’est dressé,
mollement soutenu par son camp quand ce n’est pas avec un poignard dans le dos.
Le niveau du combat n’était ni dans la bienséance ni dans les hauteurs
intellectuelles mais l’enjeu était d’une importance considérable pour les États-Unis et par suite pour le monde entier.
Le spectacle que nous offrent les
principaux candidats français, en particulier ceux du Système, les Hamon,
Macron, Fillon, est un triste révélateur de ce qu’est devenue la France. Aucun
d’entre eux n’a une vision sur l’avenir et se contente de reprendre les
vieilles recettes ou de lancer des chimères dont on sait pertinemment qu’elles
le resteront. L’arrivée de l’éternel Bayrou, qui rêve toujours de laisser un
nom dans l’histoire, sur le thème de la moralité est un signe cruel de la
décadence de notre pays. Avoir pour toute exigence que le candidat ait de la
moralité, la communique et la fasse respecter, montre l’étendue du désastre de
la vie publique. Le programme, la vision d’avenir, les buts essentiels à
atteindre, tout cela s’efface devant une exigence première, la moralité. Cette
exigence, qui nous fait rejeter les anciens, sur lesquels pèsent des condamnations
ou des soupçons, ne garantit nullement que les jeunes ou les nouveaux auront
cette qualité, et ne garantit pas plus que leur élection remettra la France au
rang qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
La Bourse
américaine s’emballe bien au-delà des profits des entreprises sous l’effet des
liquidités déversées et donc sur l’enflure démesurée de la dette. Les signes
précurseurs d’un krach ne cessent de s’accumuler et il sera ravageur. Aucun
candidat ne l’évoque, motus et bouche cousue. Les initiés s’en tireront, les
autres paieront… c’est-à-dire nous tous à 99%. L’Italie est en faillite avec
350 milliards des banques italiennes non récupérables à trouver. L’Italie ne
peut pas renflouer, mais l’UE ne pourra pas non plus. L’Italie est la troisième
économie de l’UE mais son industrie est réduite de 75% depuis son entrée dans l’UE,
elle n’a plus rien à vendre. La situation est aussi préoccupante au Portugal et
ne parlons pas de la Grèce pour laquelle même le FMI a avoué que le plan de
redressement a échoué. L’UE va mourir, peut-être en mars avec les élections en
Hollande ou dès le début de 2018 avec les élections italiennes ou par une
lassitude de l’Allemagne de voir tous les pays lorgner sur sa mirifique balance
commerciale. Etre considérée de plus en plus comme un pilleur de l’argent des
pays du Club Med ne pourra pas durer éternellement.
Tout
cela pour dire que nos médias et nos politiques rabaissent leurs propos et
propositions au plus bas niveau, le niveau zéro. La bataille fait rage sur la
Sécurité Sociale et chacun y va de sa solution donnant d’un côté et rognant de
l’autre. Depuis longtemps les assurés sociaux ont vu diminuer les
remboursements et les mutuelles privées ont bouché les trous de ceux qui
peuvent s’y affilier. Les autres ont fui le dentiste, l’opticien, les
spécialistes et le pharmacien pour tout ce qui pouvait être supporté. Ceci a
évidemment eu une répercussion sur les maladies et le bilan financier n’est pas
le seul critère. La prévention est sans aucun doute la meilleure médecine. Mais
le fond du problème n’est-il pas de repenser profondément ce système de solidarité
nationale ? Il a 71 années d’âge. Dès 1945, la Sécurité Sociale a été
créée par le Comité National de la Résistance et en 1945/46 les patrons s'arc-boutaient
contre le projet et sa mise en place. La guerre menée par le patronat contre la
Sécurité Sociale ne s'est jamais démentie, le patronat n'a jamais déposé les
armes contre la SS, bien au contraire, il s'est raffermi, l'UE et Maastricht
leur offrant plus que jamais, l'occasion de reprendre leur guerre de tranchée
et leur revanche.
La
gestion par les syndicats de salariés et du patronat n’est qu’une constante
guerre où les salariés et les patrons ne veulent que diminuer les charges
sociales payées par les uns et les autres. Pire le déficit de la Sécu ne prend
pas en compte les versements non effectués par l’Etat et par le patronat, ce
qui s’assimile à de la fraude fiscale selon la Cour des Comptes, qui pointait
déjà en 2012 entre 20 à 25 milliards non versés à la Sécu :
1/ Les taxes sur le tabac. Ne sont pas
reversées – représentent 7,8 milliards d'Euros.
2/ Les taxes sur l'alcool – Ne sont pas reversées
– 3,5 milliards d'Euros
3/ Les Primes d'assurances automobiles – Ne
sont pas reversées - 1,6 milliard d'Euros
4/ Les taxes sur les industries polluantes –
Ne sont pas reversées - 1,2 milliard d'Euros
5/ La part de la TVA – n'est pas reversée –
2,0 milliards d'Euros
6/ Retard de paiement par les entreprises –
Ne sont pas reversés - 1,9 milliard
En
soustrayant le total des taxes, au prétendu « trou », nous avions donc un
excédent de 9 milliards d'euros. Le problème n’est donc pas nouveau et le
budget de la Sécu n’est qu’un transfert entre caisses comme cela a été voulu
dès le départ. En réalité ceci nous amène à trois constats. Le premier est que
tout le monde triche. Le second est que l’on pousse l’assuré sciemment dans les
bras des assureurs privés et que ceci se termine par la disparition de l’esprit
de solidarité et par les profits des assureurs. Le troisième est que la dette,
qui dépasse les 230 milliards, s’accumule mais sur un compte à part qui ne
rentre pas directement dans le budget de l’État. Elle est financée par deux
organismes : la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) et l’Agence
centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS). La CADES, créée en 1996,
est le déversoir des déficits de la Sécu et essaie d’amortir cette dette sociale
à l’aide d’une ressource propre dédiée, la Contribution pour le remboursement
de la dette sociale (CRDS), ainsi que des recettes immobilières. De nouvelles
ressources pour les financer lui ont été transférées : une fraction de
Contribution sociale généralisée (CSG), une partie des recettes anciennement
affectées au Fonds de réserve pour les retraites (FRR), et une fraction des
prélèvements sur les revenus du capital.
De
toute évidence ces revenus ne suffisent pas à amortir la dette d’autant plus que
les intérêts d’emprunt l’alourdissent. La CADES échelonne donc sa dette en
augmentant la durée de remboursement des prêts avec selon mes renseignements l’objectif
de 2025 pour assainir la situation. Le but ne sera évidemment pas atteint. Nous
nous trouvons donc devant des candidats qui nous bernent avec des propositions
qui masquent le fond du problème dont l’État et le patronat profitent avec l’idée
de détruire à terme cet élan de solidarité auquel la France est désormais très
attachée. Voilà comment nos politiques nous enfument et prennent notre argent
soit en augmentant le prix à payer pour notre santé soit en diminuant le nombre
des prestations remboursées et le niveau de remboursement. L’État se sert et
les patrons aussi. L’État cache la dette sous le tapis et on nous parle de
moralité.
Décadence de nos mœurs, perte de
moralité,
Montée de la violence, perte d’identité,
La France est vraiment en danger.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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