Le
premier constat est que les énergies renouvelables intermittentes ne sont pas
gratuites et que leur emploi doit être accompagné de la mise en œuvre
d’énergies fossiles (gaz, fuel, charbon) polluantes en général et génératrices
de CO2. En tant que climato-sceptique, ce dernier point ne me
gênerait pas, mais nous vivons actuellement sous cette doxa même si les
déclarations et actes de Trump risquent fort de permettre aux scientifiques
méprisés et laissés pour compte de manifester leur désaccord. Le visionnage des
conférences de la contre-COP21 est particulièrement révélateur de la solidité
des preuves des intervenants sur l’arnaque de cette doxa du réchauffement de nature
anthropique. Mais passons, les faits sont têtus et tueront cette doxa… Soyons
patients comme dans les années 60-70 où on nous annonçait un petit âge
glaciaire.
Selon
le an d’investissement prévu pour les EnRi entre 2018 et 2023, nous devrons
investir 56 à 82 milliards sur 5 ans soit 11,2 à 16,4 Mds€ selon le
scénario de valeur basse ou haute comme nous l’avons vu dans l’article
précédent. Ces chiffres sont à comparer au budget de 13 Mds€ pour
l’Enseignement Supérieur. La réduction de 40% de la part du nucléaire et de ses
déchets radioactifs réalisera l’objectif politique au prix d’un accroissement
de 90 à 125% de la pollution et de l’apport du CO2 d’origine
anthropique. L’objectif écologique non seulement ne sera pas atteint mais il
sera aggravé. J’ai pu vérifier, contrairement à ce qui se dit dans les médias,
que le développement des mines de lignite bat son plein en Allemagne. Les mines
existantes augmentent leur production, rouvrent ou d’autres vont voir le jour. A quoi sert le lignite,
charbon de mauvaise qualité, sinon à satisfaire le besoin croissant de centrales
thermiques pour pallier à l’intermittence des EnRi ? D’ailleurs le besoin
de stockage sur batteries est pris en compte dans le plan énergétique allemand
pour pallier à l’intermittence des EnRi et à l’augmentation de la pollution.
Ceci est aussi noté dans les scénarios possibles français et nous avons vu que
cela rallongerait la facture de 21 à 24 Mds€ pour le solaire photovoltaïque
seulement.
Ce plan très
lourd d’investissement peut-il être compensé par une baisse du kWh
produit ? Il faut envisager cela sur la durée de vie de 20 ans prévue pour
les EnRi. Pendant ce laps de temps, l’électricité produite ne sera pas
gratuite, car il faut tenir compte de 3% de maintenance par rapport à
l’investissement soit 1,7 à 2,5 Mds€/an. Si l’on admet une mise en place
linéairement progressive des EnRi, ce sera 0,8 à 1,2 Mds€/an avant les quinze
années suivantes à plein tarif. La facture globale de maintenance sera donc de 20
à 25 Mds€ sur 20 ans. De même la production supplémentaire d’électricité par
les EnRi sera basée sur des puissances utiles de 3,8 à 4,4 GW pendant 5 ans et
7,6 à 8,8 GW pendant 15 ans (comme évalué dans le précédent article), soit une
puissance utile cumulée de 133 à 154 MW sur 20 ans. Ceci entraîne une
production de 1165 à 1349 TWh sur 20 ans. Il faut ajouter à cela la production
thermique associée approximativement de même valeur pour pallier
l’intermittence des EnRi, soit au total 2330 à 2698 TWh.
On peut donc évaluer la facture totale sur 20 ans du
remplacement de 20 à 25 réacteurs nucléaires en se basant sur les chiffres
fournis par EDF sur les différentes sources d’énergie, soit 85.000 €/TWh prix
moyen pour le thermique et 49.500 €/TWh pour le nucléaire. Le coût total sur 20
ans pour le PPI sur les EnRi comprend donc : 56 à 82 Mds€ d’investissement (carénage du
nucléaire sous trait) + 20 à 25 Mds€ de maintenance et 85.000 €/TWh x 1165 à
1349 TWh de thermique soit 56 à 82 Mds€ + 20 à 25 Mds€) + (99 à 115 Mds€). On trouve un
total de 175 à 222 Mds€. Il faut y soustraire la production de l’énergie
nucléaire qui a disparu : 49.500 €/TWh x 2230 à 2698 TWh soit 115 à 133
€Mds. Suivant la valeur basse ou haute du scénario de remplacement des
réacteurs nucléaires, le surcoût sur 20 ans se chiffre donc entre 60 Mds€
(175-115) et 89 Mds€ (222-133). Si l’on ramène cela à la production
d’électricité concernée sur 20 ans soit 2230 à 2698 TWh, on constate qu’au bout
de 5 ans le prix de l’électricité aura augmenté de 2,7 à 3,3 c€/kWh soit une
augmentation de 18 à 22 %.
Les chiffres et
le raisonnement utilisés peuvent toujours être critiqués mais il est évident
que le plan d’investissement dans les EnRi ne peut qu’augmenter le prix du kWh.
On peut ajouter que la performance des panneaux solaires diminue avec le temps
ce qui jouera sur le nombre de kWh produits. De plus en 2038 34 réacteurs
français auraient moins de 55 ans soit près de 60% du parc nucléaire sans
compter l’EPR de Flamanville qui doit entrer en service en 2018. Il faut noter
que les États-Unis ont poussé la durée de vie de leurs réacteurs à 60 ans. Or en
2038 il faudra de nouveau réinvestir dans les EnRi pour aller jusqu’en 2058 ou
à la fin de cette période il ne restera qu’un réacteur nucléaire en service si
l’on maintient la durée de vie à 55 ans. Mais pendant ce temps le prix de l’électricité
ne cessera de croître.
De plus il
faut noter que les EnRi ne résolvent pas le problème de l’indépendance. En
effet la nécessité du thermique nous rend dépendants des sources d’approvisionnement
énergétique (charbon, fuel, gaz). De plus la construction de celles-ci exigent
des terres rares, ces corps chimiques sont extraits à 90% par la Chine, ce qui
rend cette dépendance particulièrement contraignante lorsque l’on veut
fabriquer des éoliennes et des panneaux solaires. L’UE a décidé de mettre une
taxe douanière de 8% sur les éoliennes et les panneaux solaires exportés vers
elle. On voit que la dépendance s’ajoute à notre difficulté à produire à un
prix compétitif. Ceci est la cause de l’abandon de ce secteur de production
chez AREVA. Areva, on ne le sait pas assez, devait être une « pirogue
polynésienne " : une embarcation principale - le nucléaire - dotée d'un
autre flotteur certes plus léger - les énergies renouvelables - mais capable de
le stabiliser et d'assurer l'équilibre de l'ensemble. La vision est portée dès
le milieu des années 2000 par Anne Lauvergeon : « Il faut cesser d'opposer le nucléaire et les renouvelables, qui sont
complémentaires. Le grand enjeu collectif sera de produire de l'électricité
avec beaucoup moins de CO2, en utilisant donc toutes les ressources dont nous
disposons. Le temps n'est plus à l'idéologie, mais au pragmatisme »,
répondait en 2006 l'ex-patronne d'Areva à l'écologiste Yves Cochet, dans une
interview aux « Echos ».
Dix ans plus
tard, au bord de la faillite, le groupe nucléaire français a placé son destin
entre les mains de Bruxelles pour son plan de sauvetage. Il a tiré un trait définitif
en cédant son activité dans l'éolien en mer à son partenaire Gamesa dans leur
coentreprise Adwen, qui va former un leader mondial avec l'allemand Siemens. C’est
1,5 milliard engloutis en dix ans à rapporter à la dette totale d'Areva : 7
milliards d'euros. Il n'est certes pas le seul à avoir épongé de lourdes pertes
dans ce secteur naissant. Le danois Vestas et l'allemand Siemens, parmi
d'autres, ont aussi dû se restructurer ou déprécier des actifs. On est bien
loin des promesses d’Eva Joly en 2012 et reprises aujourd’hui sur la
perspective de créer des centaines de milliers d’emploi.
Enfin les
éoliennes et les panneaux solaires occupent des surfaces considérables sans
aucune mesure avec les centrales nucléaires. La destruction de paysages, l’utilisation
de terres cultivables ou constructibles vient s’ajouter à des nuisances
reconnues qui ont d’ailleurs conduit à éloigner les éoliennes des habitations
mais les infrasons émis traversent des distances considérables et contournent
les reliefs. La mise en œuvre des EnRi est soutenue par des subventions d’État
et des tarifs préférentiels de rachat des kWh produits par les privés, c’est
encore 2 fois le prix normal du kWh. Elles prouvent ainsi qu’elles ne sont pas
rentables pour l’instant. L’intermittence est son principal talon d’Achille et
les solutions bon marché de stockage de masse de l’électricité n’existent pas
encore. Ce plan d’investissement est une arnaque qui augmente le coût du kWh,
où la France n’est pas compétitive, où les emplois créés ne compenseront pas
les emplois perdus, où la pollution va augmenter, où la France se voit reculer
dans son aura d’industrie nucléaire exportatrice, où les paysages seront de
plus en plus abîmés, où de nouvelles nuisances apparaissent, et où notre
dépendance s’accentue.
Le plan d’investissement dans les EnRi n’allège qu’un
seul problème,
Celui de la quantité de déchets nucléaires mais avec plus de CO2,
En augmentant les pollutions, les dépendances et
nuisances
Pour un prix du kWh en hausse et des emplois en baisse.
A qui profite le crime ? Aux lobbies et au Système
Qui s’appuient sur le réchauffement climatique
Et la spéculation sur la taxe carbone.
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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