A
défaut de pouvoir attaquer le nucléaire sur ses rejets de CO2, on
met en avant sa dangerosité. Nous avons vu ce qu’il en était dans l’article
précédent aussi bien pour l’exploitation des réacteurs que pour le stockage des
déchets. Cela ressemble fort à l’exploitation d’une peur irraisonnée à des fins
idéologiques. Mais il existe aussi deux autres angles d’attaque du nucléaire, c’est
sa dépendance à la fourniture d’uranium et l’épuisement des ressources
mondiales de cet élément chimique. Tout ceci sous-entend qu’à contrario les
énergies renouvelables sont sans danger, inépuisables et indépendantes. Nous
verrons ce qu’il en est réellement. Mais commençons par regarder comment la France
s’approvisionne en uranium dans le monde, sachant qu’elle a encore un gisement
très riche sur son territoire en cas de besoin ultime dans un endroit tenu
secret. En effet la France est restée longtemps un producteur d’uranium de son
sol. La faible teneur des gisements exploités dans le massif central et la
baisse du prix de l’uranium nous ont contraint à fermer toutes les
exploitations.
La France importe donc son uranium de l’étranger,
d’où l’affirmation de notre dépendance pour l’approvisionnement de nos
réacteurs. Cette critique, à priori fondée, ne résiste pas à une analyse des
sources d’approvisionnement. D’abord il faut dire que les recherches de
gisements sont au niveau le plus bas, car la quantité des ressources évaluées
suffit très largement aux besoins actuels ce qui maintient le prix bas de la
tonne d’uranium et décourage toute prospection supplémentaire. Les gisements d’uranium
sont répartis sur tous les continents. Citons parmi les principaux pays
producteurs : Kazakhstan, Canada, Australie, Russie, Niger, Namibie, Ouzbékistan, États-Unis, Chine, Ukraine. La France a pris des participations dans la plupart
de ces pays en particulier au Kazakhstan, au Canada, en Australie, au Niger, en
Namibie et aux Etats-Unis. Areva et la société kazakhe KazAtomProm sont les
deux principaux producteurs mondiaux d’uranium devant le canadien Cameco. Nous
avons depuis longtemps des liens avec le Niger où AREVA détient les mines d’Arlit
et d’Akouta. La diversité de nos sources d’approvisionnement et leur
répartition géographique ne peuvent donner prise à une véritable dépendance.
Les 9.000 tonnes de besoin annuel en uranium naturel sont donc garanties, même
dans le cas de tensions de la France avec l’un de ces pays, pour plus d’un
demi-siècle, même compte-tenu des réacteurs en construction ou prévus dans le
monde. On peut même ajouter que l’uranium ne rentrant que pour 5% dans le coût
du kWh, celui-ci est peu sensible à une flambée des prix, flambée qui nous
profiterait d’ailleurs en tant que producteur d’uranium.
Par
ailleurs il existe deux types de réacteurs qui peuvent donner un approvisionnement
pour des durées beaucoup plus longues. Le premier est les réacteurs
surgénérateurs ou encore à neutrons rapides par opposition aux réacteurs à
neutrons lents REP en service en France. Ces réacteurs permettent une
réutilisation quasi-complète du plutonium produit dans les réacteurs actuels et
de l’uranium 238 qui est un rejet de la séparation de l’235U fissile
dans l’uranium naturel, rejet sans utilisation actuelle notable. On peut
considérer que ce type de réacteur permet de multiplier par 60 à 100 l’énergie
récupérable et donc de fait de multiplier le temps d’épuisement des gisements d’uranium.
Nous avions pris dans ce domaine une avance technique considérable avec un
premier réacteur semi-industriel, construit en coopération avec l’Italie, SuperPhénix.
Il a fonctionné à Creys-Malville de 1985 à 1997 produisant jusqu’à 1200 MW mais
seulement pendant une petite fraction de temps par suite de différents problèmes
sur la partie non nucléaire et de fuites de sodium. Sous la pression de la
crise du pétrole, ce réacteur industriel était en fait encore un prototype d’essai
malgré le fonctionnement avec succès de Phénix à
Marcoule de taille beaucoup plus modeste.
En
1997, le nouveau gouvernement de Lionel Jospin, a annoncé la fermeture de SuperPhénix
sous la pression écologique. Ce fut un beau gâchis financier de 8Mds€ et une
perte scientifique inestimable, dont
Georges Charpak, prix Nobel de Physique, s’est fait l’écho. Les russes
et les
japonais, sur lesquels nous avions pris plus de dix ans d’avance, ont
continué
dans cette voie qui devient une voie d’avenir dans laquelle nous
réinvestissons
avec le réacteur de recherche Astrid. Dans cet arrêt prématuré et
coûteux, nous avons perdu beaucoup de savoir-faire et de précieuses
informations pour améliorer cette filière. La conséquence est que c'est
les russes et les japonais
qui vont vendre ces réacteurs avant nous. L’idéologisme est rarement de
bon
conseil.
Il existe une seconde voie qui permet d’assurer
le fonctionnement quasi illimité dans le temps, c’est le réacteur au thorium à
sels fondus. Ce métal est le plus répandu dans le monde avec des réserves 3 à 4
fois plus abondantes que celles de l’uranium. Il produit beaucoup moins de
plutonium et d'actinides mineurs, engendrant moins de déchets à vie longue. Son
principal inconvénient est de ne pouvoir être atteint industriellement qu'après
deux étapes intermédiaires : accumulation de 239Pu ou d'235U,
puis production d'233U en réacteur pour initialiser le cycle du
thorium proprement dit. Des réacteurs expérimentaux ont fonctionné depuis les
années 70-80 en Allemagne, aux États-Unis puis en Inde. Il est assez amusant de
noter que le premier pays à s’y intéresser a été l’Allemagne. L’inde, qui
détient de grandes quantités de thorium, se lance délibérément dans cette voie.
Mais la voie d’un mixte entre réacteurs uranium à neutrons lents et à neutrons
rapides, et ceux au thorium ouvre des horizons sur beaucoup plus d’un siècle.
En
conclusion les arguments antinucléaires basés sur la dangerosité, les
ressources rapidement épuisables, et la dépendance, sont plus des attaques
idéologiques que réalistes surtout quand on a l’expérience de plus de cinquante
ans d’exploitation et la production d’un kWh bien meilleur marché que celui
issu des centrales thermiques. La « pollution », engendrée par les
déchets nucléaires enfouis profondément avec des conditions de sécurité
optimale, n’a pas à rougir devant celle engendrée par les centrales thermiques
au charbon qui polluent gravement l’atmosphère comme on peut le voir en Allemagne
de l’Est, en Pologne, en République Tchèque, en Italie et en Chine. Par
ailleurs la recherche sur le nucléaire a un potentiel scientifique et
technologique immense lui garantissant une évolution constante sur son
efficacité et sa sécurité. On peut citer aussi les réacteurs à Haute Température
pour des puissances adaptées aux pays en développement. Vouloir le remplacer
doit s’appuyer sur des arguments solides de moindre coût sans rien concéder sur
les points d’attaque contre le nucléaire.
C’est
de cela que nous allons parler dans le prochain article en essayant de répondre
au meilleur choix énergétique pour notre pays, pays sans pétrole et désormais
sans charbon, qui doit produire de l’énergie électrique en sécurité et au
moindre coût. La politique énergétique d’un pays est un des grands fondements
de son économie.
Je suis souvent parvenu à convaincre de
l’intérêt du nucléaire
Les écologistes ouverts sur la
protection de l’homme.
Mais l’écologisme dresse un mur
infranchissable
Qui influe le monde politique et sert
surtout
Les lobbies des nouvelles énergies !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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