L’actualité
ne cesse pas de nous envoyer des signes de décrochage de nombreux pays de l’Union
européenne. Nous avons appris cet été que la Grèce, l’Espagne, le Portugal et
l’Italie continuaient de s’effondrer, et que l’ensemble de la zone euro
s’enfonce dans la récession et le chômage de masse, y compris désormais des
pays que l’on croyait prémunis comme l’Allemagne ou la Finlande. Mais nous
avons appris au début du mois que la Banque d'Angleterre a nettement relevé sa
prévision de croissance pour 2017, à 2% contre 1,4% prévu en novembre tout en
maintenant inchangée sa politique monétaire très accommodante destinée à
soutenir l'économie sur fond de Brexit. "La croissance est restée résistante depuis le référendum" sur
l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union Européenne de juin dernier, a déclaré
le gouverneur de l'institution Mark Carney lors d'une conférence de presse. On
ne peut être plus clair. Où est la catastrophe annoncée par Hollande envers
notre voisine ? Cela ne vient que s’ajouter à la Suède et l’Islande qui
ont été amenées à réviser leur taux de croissance fortement… à la hausse. Quel
est le dénominateur commun de ces trois pays ? Leur monnaie nationale, la
livre et les couronnes suédoise et islandaise !
Quel est le
dénominateur commun de la Grèce, l‘Espagne, le Portugal, et l’Italie ? L’euro !
Certains, et pas des moindres puisqu’ils appartiennent tous au Système, que la
sortie de l’euro serait catastrophique et que sortir de l’UE nous condamnerait
à disparaître. Sur le graphique ci-contre on a en brun deux pays hors UE, en
vert trois pays de l’UE hors zone euro, et puis 6 pays de la zone euro dont la France.
Comment peut-on encore faire croire à nos concitoyens que les pays hors zone
euro et hors UE sont des pays en perdition ! L’Allemagne talonne seulement
le Royaume-Uni, devançant tous les pays du « club Med ».
Pourquoi
la France est-elle cadenassée dans l’UE et l’euro ? Parce qu’elle en est
le pilier indispensable qui permet à l’Allemagne de ponctionner tous les pays
autour d’elle, par le commerce extérieur, et par l’utilisation de la main-d’œuvre
bon marché des pays de l’Est. Le déficit du commerce extérieur français s’est
creusé et atteint 48 milliards, et parmi les causes on note la baisse de la
production. En Allemagne on devrait dépasser les 250 milliards d’excédent, ce
qui crée une différence de 300 milliards entre nos deux pays. Beaucoup de
raisons peuvent être évoquées pour expliquer cet écart, mais le plus important
est que nous ne vendons plus et nous importons moins. Le volume des échanges
diminue. La machine productive française est bloquée. Nos usines disparaissent
ou se délocalisent et petit à petit disparaissent du paysage français. Les
économistes montrent que le décalage entre l’eurofranc et l’euromark atteint
25% et 10% par rapport au dollar. Les gains de productivité et d’une façon
globale de compétitivité ne peuvent encaisser cet écart.
Toutes
les belles promesses de nos politiciens du Système ne peuvent avoir un effet
suffisant pour redresser la barre sans que nous retrouvions notre monnaie et
une dévaluation de l’ordre d’environ 15%, ce qu’a fait le Royaume-Uni avec le
succès que nous commençons à constater. De plus la politique d’austérité sur
les dépenses, qui ne sont pas sans effet sur le fonctionnement du pays et le
niveau de vie des citoyens, ne peut qu’aggraver la situation comme on le
constate dans tous les pays du sud de l’UE. Le cas le plus criant est celui de
la Grèce. Ce pays est toujours dans l’incapacité de payer sa dette. La nouvelle
échéance de 7 milliards ne peut pas être payée avant l’été pas plus que les
autres avant. L’Eurogroupe, qui se réunit ce lundi, réclame de nouvelles
mesures d’austérité à la Grèce. De plus la tranche de crédit allouée à la Grèce
par le FMI (86 Mds€) n’est débloquée que si celle-là paye sa
dette, or elle ne le peut que si le crédit lui est ouvert. C’est le cercle
infernal dans lequel on tient la Grèce qui n’en peut plus et paye sa dette… en
empruntant ! C’est le cas bien connu de nous tous en cas de surendettement.
Seule certitude : le pays connaît une
véritable paupérisation. Chercheur à l’Institut du Travail, Christos
Triandafilou précise que « plus d’un
tiers des Grecs sont aujourd’hui en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale;
21,4% vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Et il souligne qu’avec les baisses
successives des salaires, le seuil de pauvreté a baissé. Il était de 6120 euros
en 2007 pour une personne seule, il est désormais de 4512 euros.» Dans ce
contexte, le découragement est généralisé : le nombre de chômeurs longue durée
a explosé «et eux n’ont aucune indemnité
ni couverture sociale.» Selon Christos Koutsaftis. psychologue et
psychanalyste, «Les Grecs ne peuvent plus
faire de projet d’enfant, de vie… Sur trois ou quatre mois, c’est le maximum.»
Pourquoi ? «Il est impossible de
construire quand on ne sait même pas si l’on aura encore son emploi dans six
mois.» Les salaires ont été divisés par deux, comme les retraites. Les
heures supplémentaires ne sont plus payées. Les primes de Noël et de Pâques ont
disparu. Des centaines de milliers de salariés grecs sont désormais payés, en
partie, avec des coupons alimentaires. Les crédits aux écoles ont été abaissé
de 70% depuis 2009. Les villes industrielles se désertifient. Après sept années
de crise et trois mémorandums (un quatrième est évoqué avec insistance), la
société grecque est en dépression collective.
Le
spectre du «Grexit» refait surface alors que l’économie du pays est
exsangue. C’est
l’Allemagne qui a la haute main dans les discussions sur la Grèce au
sein de l’Eurogroupe.
Elle ferme l’intervention de la BCE en se retranchant derrière ses
statuts qui
interdisent d’aider directement les Etats. Mais elle ne veut pas entrer
dans le
processus d’aide du Mécanisme Européen de Stabilité, entré en vigueur le
27/09/12, qui engagerait ses propres finances. C’est pourtant cet
organisme,
sorte de FMI européen, qui devrait être en première ligne comme le
réclame
Tsipras, car c’est justement pour enrayer cette spirale du
surendettement qu’il
a été créé. Seulement le MES dispose, au sein des 620 milliards de
capital
exigible des États, de seulement 80 milliards d'euros de fonds propres.
Les États garants des sommes prêtées doivent mettre la main à la poche
au-dessus de
cette somme de 80 milliards. L’Allemagne voit arriver l’Italie, le
Portugal, et
l’Espagne dont les besoins dépasseront de très loin cette somme de fonds
propres. Elle se raidit car c’est elle avant nous qui en serait la
première
contributrice.
On voit combien, en dehors des divergences
multiples entre les pays membres de l’UE, combien l’UE et la zone euro sont au
bord du gouffre. Et la question de sortie de l’UE refait de plus en plus
surface dans plusieurs pays d’autant plus que la catastrophe annoncée du Brexit
s’avère de jour en jour une bonne opération. Aux Pays-Bas à trois semaines des
élections législatives, qui pourraient être remportées par le Parti eurosceptique
pour la liberté (PVV), l’un des favoris des sondages, les parlementaires
néerlandais ont décidé de lancer une enquête, afin de déterminer le sérieux
d'un abandon de l'euro par leur pays. Le PVV tient justement un discours très
critique sur l'euro : «Nous voulons être les patrons chez nous et avoir
notre propre monnaie». L’absence de débat en France sur cette question
sera-t-il enfin au centre des joutes entre les candidats officialisés au moins
à partir du 17 mars ? On sortirait peut-être enfin de la médiocrité de
ceux actuels.
L’avenir de l’UE et donc de notre pays est
encore un non-débat chez nous
On nous enferme dans l’inutile en nous
transformant en justiciers
Pour le plus grand bien d’un Système qui
ne veut pas
Que la France lui échappe comme les États-Unis !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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