mercredi 30 septembre 2015

Politique étrangère française absurde, politique européenne anti-démocratique



Le ridicule tue, dit-on, je finis par croire que c’est faux, notre Président est toujours en vie. Incapable de mener une politique française, digne de la sixième puissance mondiale et conforme à notre siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, il lance notre armée de l’air dans des frappes sur les combattants de l’EI en Syrie. La raison de cette décision précipitée d’une première frappe après 12 vols de reconnaissance du 8 au 24 septembre était liée directement à la date de l’Assemblée générale de l’ONU où il voulait apparaître comme un acteur majeur. On a vu que c’est Poutine qui a été la vedette de celle-ci et comme d’habitude la France s’est signalée par une position calquée sur celle des USA teintée d’une surenchère pour se faire remarquer. C’est de la politique étrangère ridicule comme notre frappe sur la Syrie alors que les USA sont les auteurs de plus de 7000 attaques aériennes depuis le début du conflit. Par ailleurs on apprend ceci : « Le premier raid aérien mené dimanche par la France contre le groupe État islamique (EI) en Syrie a causé la mort de 30 djihadistes, dont 12 enfants soldats, a affirmé mercredi une ONG. » 

Si légitime défense il y a, notre engagement militaire est ridicule et Poutine nous montre ce qu’est une politique étrangère claire, cohérente, non fluctuante et efficace qu’on l’approuve ou pas. D’ailleurs est-on si sûr que les terroristes, auteurs des attentats en France, étaient pilotés par l’EI ? Des informations à confirmer circulent sur des auteurs qui ne seraient que des mercenaires payés par les USA et Israël pour semer le désordre en Europe. Notre position est si faible que nous allons nous retrouver seuls et désavoués puisque les USA viennent de faire un rétropédalage, après l’entrevue Obama-Poutine, en n’exigeant plus le départ de Bachar el Assad. Les britanniques et les allemands avaient déjà pris la même décision. On a bonne mine. Mieux le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a décidé de renouer des liens avec les russes sur la Syrie. Il s'est ainsi entretenu pour la première fois directement au téléphone avec son homologue russe Sergueï Choïgou il y a une dizaine de jours afin d’éviter tout incident lors des vols des avions russes et américains. Et comme les avions syriens et russes se coordonnent et les russes avec les américains… nous devrons faire de même et travailler avec Bachar el Assad, mais chut… officieusement.
 
Mais nous n’avons pas fini de mettre notre pays dans une stratégie ambigüe. La Turquie et les États-Unis se sont mis d’accord pour deux choses, l’utilisation d’une base aérienne au sud de la Turquie par les américains et la création d’une zone tampon d’exclusion aérienne au nord de la Syrie pour que les zones conquises par les forces de libération syriennes puissent s’y retrancher en tout sécurité (et pas Daesh ? On saura les distinguer ?). Hollande se met désormais en position de chantre de cette idée de zone tampon et se propose même d’en être le porte-parole (d’une initiative purement française) au Conseil de Sécurité. Que ne doit-il pas faire pour exister ? Évidemment les russes sentent le piège et vont s’y opposer. Un autre caillou dans la chaussure de Poutine est diligenté par les USA et leur satellite Israël. Ce dernier se propose d’envoyer des troupes au sol en Syrie, une aubaine pour mettre les pieds dans ce pays ennemi. Tout sera désormais mis en œuvre en sous-main pour que l’opération syrienne tourne au fiasco pour compenser la victoire stratégique russe par le fiasco militaire de son initiative. 

Mais l’UE mène aussi de son côté une politique anti-démocratique où la voix des peuples n’est plus sollicitée depuis leur inconcevable rejet de la Constitution européenne. Les néerlandais viennent de signifier leur ras le bol. Une demande de référendum vient de recueillir 450.000 signatures et va obliger les Pays-Bas à se prononcer sur… l’ouverture des frontières de l’UE vers l’Ukraine, ce qui est un préambule à l’arrivée de celle-ci dans l’UE dans le rêve expansionniste que soutient les USA. Les caisses de l’UE sont d’ailleurs ouvertes sans difficulté pour soutenir une économie ukrainienne moribonde. Selon Porochenko : « l'Ukraine adhérera à l'UE, qu'elle le veuille ou non. » L’Ukraine est à faire entrer dans la prison et il faut l’y pousser. La Grèce y est déjà et il faut l’empêcher de sortir en ne lui permettant pas de pouvoir choisir son destin par la mise à mort que peut décréter la BCE et le poids de sa dette. Néanmoins il faut saluer cette initiative citoyenne néerlandaise qui met en lumière le pouvoir technico-ploutocratique de l’UE, bien éloigné de ce que représente la démocratie, le pouvoir par le peuple et pour le peuple.    

La France est entrée en guerre par le simple désir d’un Président qui ne représente plus notre pays que par les institutions mais pas par la confiance des 4/5 de sa population. La France va suivre les décisions de l’UE, largement dominée par l’Allemagne et ses satellites, pour le rapprochement avec l’Ukraine qui n’est pas un petit pays avec 45 millions d’habitants il n’y a pas si longtemps et des richesses agricoles considérables. Pour que les peuples puissent se faire entendre il faut qu’il se manifestent en masse mais les conditions de déclenchement d’un référendum d’initiative populaire sont si draconiens et si difficiles à réunir que même cette voie démocratique nous est fermée. Les ukrainiens pourront se répandre en France. Nous continuerons à faire une guéguerre contre l’État Islamique. Nous devrons absorber tous ceux qui souffrent dans le monde et ceux qui veulent un avenir meilleur jusqu’à étouffement. Tout cela sans pouvoir dire « assez » car les prochaines élections ne vont pas rétablir la démocratie dans ce pays mais donner le pouvoir à ceux qui la détruisent à petit feu ou nous faire plonger dans un inconnu qui tiendra plus au rejet du passé qu’à une confiance dans l’avenir. 

La démocratie est malmenée par les régimes autoritaires 

Mais elle est dénaturée par la techno-ploutocratie. 

C’est pire parce qu’elle fait illusion 

Et sape toute résistance. 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

mardi 29 septembre 2015

Les Allemands en sortie de route, et on paye les pots (truqués) cassés



L’actualité est riche en évènements européens et mondiaux dont la portée n’a pas fini de modifier profondément les géostratégies européennes, mondiales, et les politiques nationales. L’importance de l’afflux de réfugiés, la panique dans les pays d’accueil ont donné l’opportunité à Poutine d’intervenir au nez des USA en offrant une résolution crédible de la lutte contre l’Etat islamique. Par là même dans un discours qui fera date, il a montré que l’hégémonie américaine n’allait plus exister ou bien un conflit majeur opposera deux blocs dans une guerre mondiale. Il précise que les nations monde doivent se diriger vers une autre forme de dépendance envers les plus puissants, une autre forme que celle du protectorat. Selon lui un nouveau monde est à construire. C’est tellement important qu’il faut laisser se décanter l’impact du discours de Poutine à l’ONU pour y voir plus clair.

On peut passer sur la nouvelle baisse de popularité du couple Vals-Hollande, c’est finalement mineur et l’incohérence de notre politique étrangère ne va pas la faire remonter de plus d’un « Micron ». L’affaire de Volkswagen a terni le matraquage médiatique sur le réchauffement climatique et la conférence COP21. Elle va occuper les médias pendant quelques semaines mais le Président va nous abreuver des initiatives guerrières dont il a le secret et le rôle éminent qu’il entend y jouer. On a là pourtant un coup porté à l’industrie allemande qui peut lui être fatal et qui peut se propager à toute l’industrie automobile européenne. Pas vu pas pris est un jeu dangereux car quand le couperet tombe il peut vous trancher la tête. 

Je suis néanmoins surpris d’apprendre que l’ONG américaine qui a révélé la supercherie l’avait découverte il y a dix-huit mois. Pourquoi ce délai avant d’officialiser la chose ? Y-a-il eu des tractations entre les USA et l’Allemagne qui n’ont pas abouti ? Ce délai était-il nécessaire pour permettre aux industries automobiles américaines de prendre leurs précautions ? Cette affaire sent la guerre économique et les relations entre l’Allemagne et les USA sont plus tendues depuis un an. L’Allemagne traîne les pieds dans les négociations sur le TIPP/TAFTA, ces traités à base de libre-échange transatlantique. Les USA piaffent. Les ogives nucléaires sortent de leur stockage en Allemagne pour se diriger vers les frontières de l’Est. La révélation aux peuples européens que des armes nucléaires sont dans un pays comme l’Allemagne qui n’est pas autorisée à la détention de nucléaire militaire n’est sans doute pas du goût de la Chancelière. L’Allemagne est aussi traitée en vassal… pour sa sécurité.

Mais l’Allemagne est désormais dans une position difficile par son choix énergétique sur la production d’électricité. Les rapports négatifs sur les Énergies renouvelables se suivent et se ressemblent et l’Allemagne est montrée du doigt. Ceci nous concerne pour deux raisons. La première est notre propre choix énergétique. La seconde raison est l’impact des déséquilibres de la production électrique allemande qui déséquilibre notre propre réseau de distribution. La loi sur la transition énergétique a été publiée le 18 août 2015. Après des mois de débats intenses, elle guide désormais la marche forcée du développement des énergies renouvelables, (EnR) promesse phare du gouvernement prétendant concilier les 3 priorités fondamentales que sont : la maîtrise des coûts, la sécurité d’approvisionnement et la réduction des émissions de CO2. Le 17 septembre, France Stratégie publiait un nouveau rapport confirmant ses précédents avertissements et permettant d’entrevoir le mur vers lequel nous précipite désormais le développement annoncé des énergies intermittentes. Selon ce rapport, le développement des EnR augmentera durablement le prix de l’électricité et la précarité énergétique. Selon l’analyse d’Evan Mearns, la puissance éolienne/photovoltaïque installée par habitant de chaque État membre de l’EU est strictement corrélée avec son prix du KWh. Le graphique ci-dessus parle de lui-même. Willis Eschenbach détaille la même analyse au niveau mondial. L’argument du coût des EnR équivalent à celui du nucléaire proclamé par l’écologisme est une tragique falsification de la vérité. 

France Stratégie énonce clairement : « L’objectif en matière d’énergies renouvelables n’a que peu ou pas de rapport avec le changement climatique. Les énergies renouvelables actuelles ont un impact négligeable sur les émissions globales…» (p 104). D’ailleurs l’Allemagne ne parvient toujours pas à réduire ses émissions et reste, et de loin, le plus gros pollueur européen. Mais les EnR donnent des énergies intermittentes et entraînent des sous-capacités ou des surcapacités par rapport à la demande. Pour évacuer les productions aléatoires indésirables, l’Allemagne a recours aux exportations et brade son électricité à des prix parfois même négatifs, tandis qu’elle est incapable de véhiculer sur ses propres lignes la surproduction de ses éoliennes du nord vers les zones industrielles du sud et utilise le réseau français gratuitement en le fragilisant par ces flux de transit (loop flows).

Selon le rapport Derdevet, la fragilisation du réseau est textuellement décrite en ces termes : « L’apparition de flux de transit (« loop flows ») comme ceux engendrés par l’implantation massive d’éoliennes dans le nord de l’Allemagne et le retard pris dans la construction de lignes à haute tension vers le sud saturent parfois les réseaux des pays voisins en les fragilisant. Ces pays ne sont par ailleurs pas rémunérés pour le service qu’ils rendent à l’Allemagne, le solde des transits étant nul à leurs frontières. » 

Le rapport conclut sur la sécurité en ces termes :
« Pour garantir la sécurité d’approvisionnement, l’équilibre du système électrique doit être assuré à toutes les échelles de temps, aussi bien dans la milliseconde que pour plusieurs années. Le développement de quantités importantes d’EnR, principalement intermittentes, fragilise le système électrique européen :
− à long terme, car les conditions favorables à l’investissement ne sont plus réunies ;
− à très court terme, car les risques de blackout augmentent face aux aléas plus nombreux et à la difficulté accrue d’effectuer le suivi de charge. »
 

Il ne suffit pas que l’Allemagne fasse des bêtises

Il faut encore qu’on les copie… 

La copie est punissable !
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

lundi 28 septembre 2015

Légitime défense en Syrie ? Vraiment ?



Nous voilà engagés un peu plus contre l’EI, en Syrie cette fois. Quel évènement nouveau et quelle autorisation nouvelle de l’ONU nous autorise à le faire ? Je cherche. Est-ce l’afflux supplémentaire des immigrés que la Turquie déverse vers l’Europe ? N’était-ce pas un problème tant que ceux-ci étaient en Turquie et le devient s’ils arrivent en Europe ? Les immigrés sont-ils vraiment tous issus du Moyen-Orient où ne s’y mêlent-il pas des immigrés économiques de certains pays de l’Est européen ? La Syrie n’est-elle pas le pays légalement reconnu qui est en droit de demander de l’aide internationale ? La Syrie a-t-elle vu son siège à l’ONU lui être retiré ? Non. Il est clair que l’ingérence des occidentaux derrière les USA dans la guerre en Irak a au moins un semblant de légitimité car le gouvernement chiite irakien se bat sur son sol avec l’appui des occidentaux. Il n’en est pas de même de la Syrie où le gouvernement légal n’a pas demandé d’aide aux occidentaux dans une coordination des actions et n’a pas donné d’autorisation de survoler son territoire. La présence des occidentaux et en particulier des américains et des français dans les airs est une ingérence pure et simple qu’ils ont instituée en droit de regard sur un pays de leur choix, se proclamant gendarmes du monde. 

Mieux, sous prétexte d’attentats en France, nous nous sommes déclarés en guerre. Y-a-t-il eu une déclaration de guerre à l’Etat Islamique ? Nous avons déjà eu des attentats sanglants en France et cela n’a pas suscité une telle outrance dans les mots. Assurer la sécurité intérieure et la porter même au niveau maximal n’est-elle pas que la réaction normale contre des français conspirationnistes ? L’Etat Islamique a-t-il une armée prête à conquérir notre pays ? Comme nous avons trouvé la lutte pour la démocratie pour affirmer notre volonté de détruire Bachar el Assad, nous avions besoin de nous cacher dans la « légitime défense » pour poursuivre Daesh jusqu’en Syrie. Et nous voilà en train de nous mordre la langue pour faire comprendre que nous ne luttons plus contre Bachar el Assad mais que cela reste vrai pour plus tard. Hollande devient le Président opportuniste, le va-t’en guerre que rien n’arrête. Il était prêt à aller attaquer la Syrie par mer et par terre et n’avait été retenu par Obama qu’au dernier moment. Il ne cessait de dire que Bachar el Assad devait être éliminé de gré ou de force et nous voilà pris au piège d’une coordination obligatoire avec l’ennemi juré pour éviter des drames aériens.

J’ai dit en son temps que l’arrivée officielle de la Russie allait clarifier les choses et obliger les occidentaux à abattre leurs cartes, en particulier celles des USA et les nôtres. L’arrivée des forces russes peut mener au pire d’une confrontation USA-Russie mais, dans l’état actuel des choses, c’est la seule et unique solution pour arrêter ce carnage inutile de vies humaines qui compte déjà 250.000 morts et 8 millions de personnes déplacées, un anéantissement économique d’un pays sans véritable problème autre que son régime autoritaire mais beaucoup plus démocratique que ceux de nos amis d’Arabie saoudite et du Qatar. Les occidentaux vont devoir commencer à réduire leur double jeu d’attaques ciblées sur Daesh et de soutien financier et logistique officieux bien drivé par les services secrets occidentaux. Poutine combat toutes les forces qui s’opposent au régime légal syrien. Nous allons devoir dire si nous continuons à soutenir le reste des forces de libération syriennes à l’origine du conflit et reçus à l’Elysée comme des chefs d’Etat. La Turquie va devoir dire si ses véritables ennemis sont les kurdes et accessoirement Bachar el Assad ou l’Etat Islamique. Il va falloir clarifier la position vis-à-vis d’Al Qaïda qui est désormais présent aussi en Syrie et non-combattu par la coalition arabo-occidentale. C’est un grand coup de pied dans la fourmilière, dans les écuries d’Augias,  que vient de donner Poutine.

Peut-être peut-on espérer qu’enfin nous participions à cet acte humanitaire de sauvetage des chrétiens et des Yézidis qui subissent l’esclavage, les viols et la mort par égorgement. Mais il s’avère qu’il devient ridicule de gloser de nos attaques aériennes qui ont tué des humains alors que par ailleurs nous sommes complices de la création de ces extrémistes, de leur formation en Jordanie, de l’aide officieuse qui va jusqu’à les aider à recruter en permanence de nouveaux combattants (1.000 par mois). On ne peut comprendre autrement l’impossibilité pour une coalition de 24 pays de venir à bout d’une organisation terroriste si le but n’est pas le maintien d’un chaos jusqu’à la disparition du gouvernement libyen ouvrant toute grande l’expansion de l’extrémisme musulman vers l’Europe et les anciennes républiques de l’URSS.
L’arrivé de la Russie dans le concert international est un évènement de la plus grande importance. A l’ONU en ce 28 septembre 2015 une page de l’histoire du monde vient d’être tournée mais la France referme une page peu glorieuse de sa propre histoire avec une vision qui la met de côté de fait par les autres nations. La Ministre russe des Affaires étrangères :

« La France tue le droit international aux yeux de la communauté internationale choquée »


Un grand chef d’État ne peut être qu’un grand visionnaire

Et pas un larbin au service du plus puissant.

C’est cet homme qui nous manque ! 

Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon