lundi 30 janvier 2017

France sans perspective, UE en déconfiture



La campagne présidentielle ne cesse de faire sortir des entorses aux règles administratives et à la bonne conduite. Vraies ou fausses ces nouvelles s’enchaînent, c’est le grand déballage auquel les médias se prêtent avec délices en particulier la presse écrite qui voit ses lecteurs diminuer de jour en jour. Après le « Penelopegate », c’est toute la famille Fillon qui est la cible, et aujourd’hui c’est Hollande qui couvre son fils dans l’utilisation personnelle avec des amis de la Lanterne à Versailles, propriété d’État et attribuée au Chef de l’État depuis Sarkozy. Cela apparaît désormais comme un péché véniel mais l’utilisation fréquente de ce lieu aux frais de l’État et le sentiment que l’on peut utiliser l’argent de l’État sans autre considération de droit ou d’éthique est symptomatique de la dérive de la conscience de nos élus. Elle explique le sentiment général que la démocratie nourrit de plus en plus des hommes et des femmes sans conscience du rôle d’exemple qu’ils doivent jouer. La condamnation récente de Claude Guéant pour détournement de fonds publics n’est plus qu’un exemple parmi d’autres.

Voilà que l’on vote Benoît Hamon pour tuer Valls et faire gagner Macron plutôt que Fillon. Où en est-on arrivé pour avoir un comportement aussi déconnecté des valeurs que représentaient les partis traditionnels, valeurs qui étaient destinées à faire équilibre entre la création de richesses, et la répartition équitable entre tous les citoyens ? Voter Hamon pour voter Macron ensuite a-t-il encore un sens ? Hamon veut le revenu universel et Macron veut empapaouter les jeunes. Quels programmes réalistes ont-ils ? L’un est irréalisable sauf à en limiter la portée au plus juste sur les plus démunis et l’autre n’a pas d’autre programme que de faire un cadeau à la jeunesse et la pousser aux urnes. Mais si l’on vote Hamon, on devrait souhaiter une réunion avec Mélenchon, non ? Cette campagne présidentielle est celle de partis traditionnels sans perspective crédible, oscillant entre des promesses intenables à gauche, des recettes éculées et dangereuses à droite et un no-mans land créé artificiellement entre les deux sur la seule étiquette de la jeunesse supposée incarner la nouveauté. 

Comme on a vendu de l’Europe fraternelle à la jeunesse, on va lui vendre de l’illusion du changement estampillé jeunesse. Macron n’amène rien d’autres que l’argent des banquiers, les 9 millions d’euros qui feront des petits s’il passe le premier tour. Chacun sait que l’argent exige un droit de retour, non plus en argent mais en actions qui lui soit favorables. Le Medef fait déjà feu de tout bois en attendant les cadeaux à venir. La fragile relance de l’économie française a coûté cher au budget de l’État et le chômage ne baisse toujours pas. Fillon veut faire travailler plus, alors qu’il n’y a pas du travail pour tout le monde. Intuitivement on peut déjà penser que c’est contre-productif, mais j’ai montré par comparaison avec les autres pays européens qu’il en était bien ainsi. Non la France a un manque de compétitivité qui n’est pas de quelques %, que la productivité pourrait encore trouver, mais de 15 à 20% par rapport à l’Allemagne. Il y a des raisons à cela mais un seul remède à court terme, la déconnexion de notre monnaie nationale de l’euromark et sa dévaluation, donc la sortie de l’euro

Les souverainistes Nicolas Dupont-Aignan et François Asselineau, qui revendiquent chacun 15.000 adhérents, se heurtent sur la sortie de l’UE qui permet entre autres la sortie de l’euro. Le premier se fait fort de bousculer Bruxelles et ses traités, muni d’un référendum auprès des français. Le second s’en tient à la méthode juridiquement légale du Frexit par l’article 50 des traités comme le Royaume-Uni. Que ces deux la n’aient pas encore rapproché leurs points de vue est bien triste car le temps presse et il y a une porte ouverte après le retrait probable de Fillon. Le FN qui bute contre son plafond de verre pourrait bien trouver dans ces électeurs l’appoint nécessaire. Il est évident que le vrai combat de cette présidentielle se joue entre le Système, celui soutenu par les banquiers, et les autres aux extrêmes. La guerre fratricide de Mélenchon contre Marine Le Pen, qui a piqué des voix dans l’électorat traditionnel de cette gauche, se trompe d’adversaire. Leur ennemi commun c’est Macron, actuellement le plus en mesure de jeter ses filets loin dans les partis traditionnels. Eliminer Macron est la tâche la plus difficile, car, par définition, le Centre est racoleur et ne suscite pas la peur. 

Il est temps de sortir du Système que les lobbies et la technocratie bruxelloise aux ordres font peser sur notre pays en le conduisant à des politiques d’austérité dont la persistance amènent trois pays au moins au bord du gouffre, la Grèce, l’Italie et le Portugal. Cette fois le FMI prend peur pour la Grèce dont la dette ne cesse de croître avec 176% du PIB et des créances qu’elle n’est plus en mesure de rembourser. C’est 3,8 milliards que doit payer ce pays à la BCE le 20 février au plus tard. C’est mission impossible et la dette doit être allégée. Cette solution a toujours été refusée par l’Allemagne et la BCE ne lève pas le petit doigt. Si la BCE ne desserre pas le nœud coulant et si la FMI ne prête rien, la Grèce se verra de nouveau ponctionnée dans son patrimoine, dans les retraites, dans les salaires des fonctionnaires et dans les prestations sociales. Le peuple grec pourrait bien ne plus croire en l’euro et dans la solidarité européenne, se révolter et pousser Tsipras à sortir de l’euro. Il n’est même pas dit que l’Allemagne ne l’y pousse pas. Tsipras se tournera alors vers la Russie, c’est ce qui peut encore retarder le couperet.

L’Italie doit faire face à des faillites bancaires qu’elle ne peut renflouer selon les traités et qui vont dépasser ses propres moyens. Elle cherche une aide directe de la BCE, ce qui n’est pas normalement dans ses attributions, et fait appel à la solidarité allemande plus favorable que pour la Grèce. Mais donner à l’Italie, suscitera la demande de l’Espagne et du Portugal. Les dissensions dans l’UE ne font que croître. Nombre de pays se raidissent face à l’immigration qui pose un problème de nombre et de civilisation. Les frontières se ferment au nez et à la barbe du traité de Schengen. L’Allemagne elle-même fait du rétropédalage et la Turquie ne joue plus le jeu depuis le recul de l’UE pour son admission. Officiellement la France limite les entrées et la répartition actuelle sur l’ensemble du territoire n’entraîne pas une évolution notable de l’immigration de peuplement mais l’intégration, et encore moins l’assimilation de ces arrivants, n’est pas pour demain dans une France au chômage et les camps proches de l’entrée au Royaume-Uni se reconstituent. 

Un autre sujet de dislocation se fait jour avec l’arrivée massive des hommes et des matériels américains sur le sol européen. Les pays baltes et la Pologne leur ont ouvert leur sol, mais la population polonaise commence à manifester son désaccord. Si pour ces pays, l’histoire et la propagande orchestrée par les USA désignent clairement l’ennemi comme étant la Russie, une bonne partie des autres peuples n’ont pas ce sentiment d’imminence d’un conflit même si leurs gouvernements, en particulier le nôtre, font un large écho à cette propagande. L’implantation en Italie, où sont stockées des armes nucléaires, en dehors de tout respect des règles internationales, commence à créer des mouvements de refus. Le « US go home » n‘est pas loin. Mais si Trump retire ses troupes on aura aussi des dissensions sur la défense de l’UE où la France et l’Allemagne ne pourront pas décider seules ni même assumer une défense du niveau actuel.
 
Face à un changement brutal de la politique américaine 

L’Union européenne perd ses points d’ancrage.

La France n’a plus de cap et est à vendre 

Ou à vassaliser au plus offrant.
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

dimanche 29 janvier 2017

Printemps 2017 et la fin des printemps ?

La France, et une majorité de français n’ont pas encore réalisé le changement radical dans la géopolitique mondiale que signifie l’arrivée de Donald Trump. L’avènement d’un noir à la Présidence sonnait avec Obama comme la revanche de Martin Luther King. L’homme avait l’allure d’un jeune premier séducteur accompagné d’une épouse à son image. Son élection s’est faite dans la liesse des deux côtés de l’Atlantique car les françaises n’étaient pas en reste ni les médias. Son discours du Caire qui tendait les bras aux musulmans était reçu comme un geste de paix dans le droit fil de la pensée de gauche française. Le prix Nobel de la Paix tissait une image idyllique du personnage. L’Obamacare permettait de couronner le Président de l’auréole du père du peuple des pauvres. Mais beaucoup de français ne voient pas encore ou ne veulent pas voir que son long passage a laissé un Etat endetté plus que l’on fait tous ses prédécesseurs, 95 millions de pauvres, une désindustrialisation alarmante et des tapis de bombes dans plusieurs endroits du monde, après avoir fomenté et aidé les « printemps arabes ». Les seuls vrais gagnants ont été les spéculateurs. Parmi ces derniers, les Maîtres du Monde ont tenu Obama entre leurs doigts et lui ont donné comme dernier travail celui de promouvoir Hillary Clinton à sa succession, c’est-à-dire celle qui était leur représentante.

Je peux facilement comprendre que le personnage Trump soit beaucoup moins attrayant que le bel Obama, souriant mannequin au langage plus édulcoré. Trump ressemble plutôt à un chef de chantier parlant le langage de ses gars et prêt à quelques grossièretés dont les femmes ne sont pas exclues, histoire de valider sa supériorité masculine. L’homme qui a épousé un mannequin « trump » facilement son monde et se montre de plus sciemment insaisissable. Il a subi les attaques répétées d’une presse déchaînée contre lui, aux États-Unis mais aussi dans tous les pays occidentaux. Les français favorables à son élection faisaient profil bas, un peu comme pour le FN il y a peu. Mais derrière ces comportements, il y a les engagements pris et les actes. On n’a pas tardé à les voir, comme le décret remettant en cause l’Obamacare et l’instruction de cesser toute publicité sur le réchauffement climatique et les énergies renouvelables. Si le premier décret est à usage interne, les instructions sur le second sujet vont avoir un impact considérable sur les politiques énergétiques mondiales ainsi que sur les crédits alloués aux énergies renouvelables aux États-Unis. 

Mais bien d’autres bouleversements dans la géopolitique mondiale vont apparaître. Par exemple Trump pose un regard critique sur le fonctionnement de l’ONU pour lequel son pays est le principal contributeur et celui qui fait de cette instance le jouet aisément manipulable des États-Unis. En effet, en plus de son impact financier, de son siège permanent au Conseil de Sécurité, de nombreux pays sont manipulables car tributaires des aides américaines. Les États-Unis contribuent à hauteur de 22% au budget de l’ONU. En conséquence le coût devient prohibitif, quand Trump ne veut plus se servir d’elle pour mener une politique d’ingérence dans les États qui feraient obstacle à une politique hégémonique. Il a renoncé à cet objectif pour un recentrage souverainiste sur son pays. La présence des États-Unis dans l’ONU est remise en cause et il n’est pas impossible que si les États-Unis sortent, cela entraînera la sortie de la Russie. Mais cela semble vouloir aller plus loin envers tous les organismes internationaux dont l’utilité pour l’économie et la sécurité des États-Unis n’est pas prouvée mais le coût oui.

Mais c’est toute la politique extérieure américaine qui est remise en cause. Trump et Poutine vont converser dans un esprit de coopération contre l’ennemi commun cette fois. L’ennemi numéro 1 ne sera plus la Russie mais le monde musulman instable et conquérant. A l’intérieur la limitation des migrants venant de Syrie, d’Irak, du Yémen et de Syrie est actée mais l’accueil des chrétiens de ces pays sera possible, enfin ce qu’il en reste après les massacres opérés. Au Moyen-Orient la lutte contre toutes les forces déstabilisatrices, dont Daech, va enfin avoir réellement lieu en coopération avec la Russie. Mais dans le même temps, les sanctions contre l’Iran seront maintenues pour dissuader ce pays d’une attaque contre Israël qui reste la tête de pont américaine dans cette région. Du côté de l’Ukraine, la révocation de toute l’équipe américaine qui a œuvré là-bas est le signe avant-coureur d’une remise en cause du soutien à Porochenko. 

C’est toute la politique extérieure américaine qui est remise en cause avec une prise de position souverainisme de Trump qui tourne le dos au mondialisme mais pas au libéralisme et c’est la fin des « printemps arabes » qui deviennent incompatibles avec la nouvelle politique. Mais il s’agit d’un changement total de paradigme. Le « repli sur soi », formule péjorative pour désigner le souverainisme, ne va plus être une opprobre dans l’esprit de nombre de citoyens des pays démocratiques. Il ne va plus être dégradant de penser à son propre pays avant d’en ouvrir les portes. On va pouvoir se poser la question : « Est-ce bon pour mon pays ? » avant de se poser celle du « Est-ce bon pour les autres pays ? ». On va regarder les phénomènes migratoires d’un autre œil, non plus celui des bienfaits du multiculturalisme qui tourne à l’invasion de peuplement, mais celui du dosage de l’apport culturel et non confessionnel, celui aussi de la nécessité de tout faire pour aider les peuples migrateurs à garder leurs ressortissants et en particulier leurs élites par la croissance et la régulation démographique.
Le virage américain est brutal et à 180°, donc cela va soulever d’importantes questions et des dérapages, « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ». C’est la capacité du peuple dit « d’en bas » à subir ou à approuver les changements qui décideront de la réussite de Trump. Les forces contraires disposent de l’argent, des médias et de la CIA pour l’instant. Le soutien populaire va être décisif pour l’avenir de Trump. La majorité républicaine au Sénat et au Congrès devrait lui assurer une liberté de manœuvre dans un premier temps. La politique extérieure est déjà largement modifiée : accord bilatéral spécial avec le Royaume-Uni, retrait probable de la plupart des organisations internationales, recherche d’accords économiques et militaires avec la Russie, et politique de défense d’Israël face à l’Iran. Sur ce dernier point qui peut être contestable, une solution ne peut être trouvée que dans un dialogue à trois, Russie, Iran, États-Unis au moment où l’Iran se tourne vers la Russie. C’est dire l’importance des relations russo-américaines. 

Le nouveau regard de Trump sur l’OTAN et l’Europe est le changement stratégique le plus radical depuis la seconde guerre mondiale. De l’attitude défensive qui avait été le socle des missions de l’OTAN, celle-ci est devenue agressive depuis la chute du mur de Berlin. Les promesses faites à Gorbatchev n’ont pas été tenues. L’OTAN s’approche au plus près des frontières russes et masse des troupes aux frontières de l’UE. La CIA s’activait de son côté pour soulever tous les peuples des pays pro-russes. Trump en mettant en avant d’une part le coût de l’OTAN et d’autre part le nécessaire d’un retour à sa vocation défensive originelle pose un problème crucial à l’Europe. L’UE a légué sa défense à l’OTAN au prix de son indépendance vis-à-vis des États-Unis, autrement dit elle n’a pas voulu en payer le prix. Ce temps va être révolu pour celui d’une alliance défensive où le prix à payer sera beaucoup plus élevé. Cette alternative va être une autre raison de l’éclatement de l’UE tant les vues sont différentes d’un pays à l’autre. La France va devoir reconstruire une armée autonome pour sa défense ou subir un joug encore plus important.
 
Les politiques et les médias nous cachent l’ampleur du changement 

Dans des programmes ou des promesses vides de tout horizon.

L’Occident va changer de paradigme, la guerre s’éloigne 

Par les armes, mais la guerre économico-monétaire

Sera aussi sans pitié. Qui nous y prépare ? 

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon