Au début de cette campagne électorale
qui a vu s’affronter la droite du Système et qui voit se déclarer les candidats
à la primaire de gauche, le terrain, du « cajôlage » des déshérités,
de l’aide aux plus démunis et de la hausse des revenus pour les plus faibles, fait le
délice des politiques. C’est le terrain des promesses dont on se préoccupe peu
par la suite tant on voit l’écart entre les revenus les plus élevés et les plus
bas continuer à croître dans un monde de globalisation. Toute l’humanité y
est interconnectée avec un flux d’argent principalement dirigé vers le haut,
flux d’argent alimenté en permanence d’argent de Monopoly qui fait le bonheur
de la spéculation et creuse la dette mondiale.
Ce terrain privilégié de la gauche
voit François Fillon s’alarmer soudain des 9 millions de pauvres français
vivant en-dessous du seuil de pauvreté et Benoît Hamon lancer l’idée du salaire
universel. Cette idée est déjà en cours d’expérimentation en Finlande mais pose
des questions beaucoup plus importantes dont nous reparlerons. Les français
pensent néanmoins être mieux lotis que certains pays plus à l’Est ou au Sud
avec des disparités de revenus plus faibles. Ils pensent aussi que le niveau de
vie entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de s’agrandir depuis l’année
2000. Ces appréciations sont purement subjectives et s’appuient sur les revenus
des sportifs de haut niveau dans les disciplines phares et ceux des PDG des très
grandes entreprises. Effectivement les empires privés voient leurs fortunes s’accroître
de plus en plus vite.
Toutefois on parle dans ce dernier cas du 1% des plus
riches. L’outil le plus souvent utilisé pour mesurer les inégalités de revenus
est appelé « rapport interdécile », rapport entre le niveau de vie minimum des
10 % les plus riches (ce qui s’appelle un décile, le neuvième) et le niveau de
vie maximum des 10 % les plus pauvres (un autre décile, le premier). Tout cela,
après impôts directs et prestations sociales, pour une personne seule. Plus l’indice
est élevé plus la disparité est grande. On s’aperçoit que notre sentiment n’est
pas corroboré par cet indice qui montre néanmoins que, si l’indice n’a que
faiblement diminué depuis 2000, il avait fortement baissé dans la période de
1970 à 1991. Globalement depuis 1970 les disparités entre les riches et les
pauvres ont diminué de 25%. Ces riches sont 3,5 fois plus riches que les
pauvres en 2015 au lieu de 4,6 fois en 1970. La disparité des revenus est une chose mais se fait-elle
par le haut ou par le bas ? Depuis 2003 le niveau de vie des 10% les plus
pauvres est passé de 690€ à 660€, soit une baisse de plus de 4%. Dans le même
temps le revenu des 10% les plus riches a augmenté de 4400€ à 4700€ après un
passage à 5100€ en 2011 et une baisse en 2012 et 2013. L’augmentation a repris
en 2014.
L’indice de Gini est un autre outil
pour mesurer les inégalités de revenus. Il les décrit mieux que le rapport
interdécile car l’indice de Gini tient compte de l’ensemble des revenus, des
plus faibles aux plus élevés. Le rapport interdécile n’observe que l’évolution
du seuil des 10 % les plus riches et des 10 % les plus pauvres et donc ne dit
rien sur les revenus moyens ou extrêmes par exemple. Plus l’indice de Gini est
proche de zéro, plus on s’approche de l’égalité (tous les individus ont le même
revenu). Plus il est proche de un (ou 100%), plus on est proche de l’inégalité
totale (un seul individu reçoit tous les revenus). La vision des années 1970 à 1990 est
semblable à celle donnée par le rapport interdécile précédent avec une baisse
importante de 33,7% à 28,2%. Mais globalement depuis les années 1990 l’augmentation
des disparités augmente. C’est plus précisément depuis 2002, année d’introduction
de l’euro dans nos portemonnaies que cette évolution se fait sentir. La forte
augmentation de la pression fiscale qui n’a pas pesé sur les bas salaires s’est
traduite par une baisse importante de l’indice Gini mais la hausse est repartie
et l’année 2015 avec un indice de 29,5% nous reporte trente ans en arrière.
On peut en tirer les conclusions
suivantes. Les politiques menées depuis que nous avons commencé à accorder
notre politique sur celle de Bruxelles, c’est-à-dire depuis le traité de
Maastricht de 1992 ont inversé la tendance à la diminution des disparités de
revenus. Ceux qui ont prôné l’UE sociale pour plus d’égalité des revenus se
sont mis le doigt dans l’œil. Mais on observe un phénomène d’appauvrissement
des classes moyennes qui explique la différence d’évolution du rapport
interdécile et de l’indice Gini. L’écart entre les 10% des plus riches et les
10% des plus pauvres n’évolue plus mais ce sont les classes moyennes qui font
les frais de la politique d’austérité avec une contribution à l’impôt beaucoup
plus importante et sans doute des évolutions ralenties dans l’échelle des
salaires.
Mais pour juger d’une politique, il faut se comparer
aux autres pays. La France est-elle réellement un pays où les disparités sont
moins grandes qu’ailleurs ? Le graphique joint, qui situe la France dans
les pays européens sur niveau de vie potentiel et sa disparité des revenus, nous
apporte la réponse en 2011. La France figure dans les neuf pays ayant la plus
forte disparité. Sa disparité est même supérieure à la moyenne de l’UE. Si l’on
tient compte de la droite de tendance montrant un lien possible entre l’indice
Gini et le PIB/habitant, nous devrions avoir un indice de 29,8% au lieu de
30,8%, ce qui n’est pas particulièrement brillant mais nettement meilleur qu’au
Royaume-Uni.
En résumé la disparité s’aggrave
entre les plus riches et les plus pauvres depuis 2000 mais elle est due essentiellement
à la disparité grandissante des classes moyennes avec les plus riches. Étant
donné que le niveau de vie des plus pauvres baisse, on peut dire que
globalement les classes moyennes et pauvres servent à alimenter un flux montant
de leur argent vers les plus riches. Comme ceci se produit depuis 2000 avec des
gouvernements d’orientation différente, c’est bien le lien avec la politique
européenne qui est en cause. De plus on peut dire que la France est loin d’avoir
réussi comme la Suède un PIB/habitant nettement supérieur et une disparité des
revenus 50% plus faible.
La croissance n’a pas pour but d’enrichir les plus riches
Mais de répartir cette richesse entre tous.
Il semble bien que tous nos politiques
Ne font qu’obéir au Système
Qui pense justement…
L’inverse !!
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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