mercredi 4 janvier 2017

Disparité des revenus et niveau de vie

Au début de cette campagne électorale qui a vu s’affronter la droite du Système et qui voit se déclarer les candidats à la primaire de gauche, le terrain, du « cajôlage » des déshérités, de l’aide aux plus démunis et de la hausse des revenus pour les plus faibles, fait le délice des politiques. C’est le terrain des promesses dont on se préoccupe peu par la suite tant on voit l’écart entre les revenus les plus élevés et les plus bas continuer à croître dans un monde de globalisation. Toute l’humanité y est interconnectée avec un flux d’argent principalement dirigé vers le haut, flux d’argent alimenté en permanence d’argent de Monopoly qui fait le bonheur de la spéculation et creuse la dette mondiale.

Ce terrain privilégié de la gauche voit François Fillon s’alarmer soudain des 9 millions de pauvres français vivant en-dessous du seuil de pauvreté et Benoît Hamon lancer l’idée du salaire universel. Cette idée est déjà en cours d’expérimentation en Finlande mais pose des questions beaucoup plus importantes dont nous reparlerons. Les français pensent néanmoins être mieux lotis que certains pays plus à l’Est ou au Sud avec des disparités de revenus plus faibles. Ils pensent aussi que le niveau de vie entre les plus riches et les plus pauvres ne cesse de s’agrandir depuis l’année 2000. Ces appréciations sont purement subjectives et s’appuient sur les revenus des sportifs de haut niveau dans les disciplines phares et ceux des PDG des très grandes entreprises. Effectivement les empires privés voient leurs fortunes s’accroître de plus en plus vite. 

Toutefois on parle dans ce dernier cas du 1% des plus riches. L’outil le plus souvent utilisé pour mesurer les inégalités de revenus est appelé « rapport interdécile », rapport entre le niveau de vie minimum des 10 % les plus riches (ce qui s’appelle un décile, le neuvième) et le niveau de vie maximum des 10 % les plus pauvres (un autre décile, le premier). Tout cela, après impôts directs et prestations sociales, pour une personne seule. Plus l’indice est élevé plus la disparité est grande. On s’aperçoit que notre sentiment n’est pas corroboré par cet indice qui montre néanmoins que, si l’indice n’a que faiblement diminué depuis 2000, il avait fortement baissé dans la période de 1970 à 1991. Globalement depuis 1970 les disparités entre les riches et les pauvres ont diminué de 25%. Ces riches sont 3,5 fois plus riches que les pauvres en 2015 au lieu de 4,6 fois en 1970. La disparité des revenus est une chose mais se fait-elle par le haut ou par le bas ? Depuis 2003 le niveau de vie des 10% les plus pauvres est passé de 690€ à 660€, soit une baisse de plus de 4%. Dans le même temps le revenu des 10% les plus riches a augmenté de 4400€ à 4700€ après un passage à 5100€ en 2011 et une baisse en 2012 et 2013. L’augmentation a repris en 2014.

L’indice de Gini est un autre outil pour mesurer les inégalités de revenus. Il les décrit mieux que le rapport interdécile car l’indice de Gini tient compte de l’ensemble des revenus, des plus faibles aux plus élevés. Le rapport interdécile n’observe que l’évolution du seuil des 10 % les plus riches et des 10 % les plus pauvres et donc ne dit rien sur les revenus moyens ou extrêmes par exemple. Plus l’indice de Gini est proche de zéro, plus on s’approche de l’égalité (tous les individus ont le même revenu). Plus il est proche de un (ou 100%), plus on est proche de l’inégalité totale (un seul individu reçoit tous les revenus). La vision des années 1970 à 1990 est semblable à celle donnée par le rapport interdécile précédent avec une baisse importante de 33,7% à 28,2%. Mais globalement depuis les années 1990 l’augmentation des disparités augmente. C’est plus précisément depuis 2002, année d’introduction de l’euro dans nos portemonnaies que cette évolution se fait sentir. La forte augmentation de la pression fiscale qui n’a pas pesé sur les bas salaires s’est traduite par une baisse importante de l’indice Gini mais la hausse est repartie et l’année 2015 avec un indice de 29,5% nous reporte trente ans en arrière. 

On peut en tirer les conclusions suivantes. Les politiques menées depuis que nous avons commencé à accorder notre politique sur celle de Bruxelles, c’est-à-dire depuis le traité de Maastricht de 1992 ont inversé la tendance à la diminution des disparités de revenus. Ceux qui ont prôné l’UE sociale pour plus d’égalité des revenus se sont mis le doigt dans l’œil. Mais on observe un phénomène d’appauvrissement des classes moyennes qui explique la différence d’évolution du rapport interdécile et de l’indice Gini. L’écart entre les 10% des plus riches et les 10% des plus pauvres n’évolue plus mais ce sont les classes moyennes qui font les frais de la politique d’austérité avec une contribution à l’impôt beaucoup plus importante et sans doute des évolutions ralenties dans l’échelle des salaires.

Mais pour juger d’une politique, il faut se comparer aux autres pays. La France est-elle réellement un pays où les disparités sont moins grandes qu’ailleurs ? Le graphique joint, qui situe la France dans les pays européens sur niveau de vie potentiel et sa disparité des revenus, nous apporte la réponse en 2011. La France figure dans les neuf pays ayant la plus forte disparité. Sa disparité est même supérieure à la moyenne de l’UE. Si l’on tient compte de la droite de tendance montrant un lien possible entre l’indice Gini et le PIB/habitant, nous devrions avoir un indice de 29,8% au lieu de 30,8%, ce qui n’est pas particulièrement brillant mais nettement meilleur qu’au Royaume-Uni. 

En résumé la disparité s’aggrave entre les plus riches et les plus pauvres depuis 2000 mais elle est due essentiellement à la disparité grandissante des classes moyennes avec les plus riches. Étant donné que le niveau de vie des plus pauvres baisse, on peut dire que globalement les classes moyennes et pauvres servent à alimenter un flux montant de leur argent vers les plus riches. Comme ceci se produit depuis 2000 avec des gouvernements d’orientation différente, c’est bien le lien avec la politique européenne qui est en cause. De plus on peut dire que la France est loin d’avoir réussi comme la Suède un PIB/habitant nettement supérieur et une disparité des revenus 50% plus faible.
 
La croissance n’a pas pour but d’enrichir les plus riches 

Mais de répartir cette richesse entre tous.

Il semble bien que tous nos politiques 

Ne font qu’obéir au Système

Qui pense justement… 

L’inverse !!
 
Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon


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