Alors
que la Chine a connu un pic de pollution pendant six jours en décembre 2016,
que des mesures d’urgence ont été prises et que les écoles étaient censées
fermer, le principal d’un collège a jugé bon de maintenir les examens de ses
élèves. Ils ont dû plancher toute la journée dehors dans le froid et le
brouillard toxique. Le pic de pollution grisâtre a touché un tiers des 1,37
milliard de Chinois et déclenché l’alerte rouge dans les grandes villes du nord
du pays. L’arrivée de vents froids a permis de dissiper le nuage toxique. Comme
en France on voit que la pollution touche de grandes surfaces urbaines et même
rurales. Il y aurait donc, dans chacune de nos régions, de nos villes, un
danger considérable pour la vie de nos enfants et petits-enfants, et dont
l’ensemble des journaux se font le relais. Et pourtant, ce cauchemar n’entraîne
aucune politique immédiate et d’envergure, comme le ferait n’importe quelle
autre catastrophe naturelle, tels une tempête ou un tremblement de terre.
Réfléchissons un peu.
Cette pollution dont la photo ci-dessus est le témoin est une pollution qui
obscurcit le ciel comme le « smog » londonien dès la fin du XIXème
siècle. Il ne peut être créé par des gaz incolores comme l’ozone, le CO, le CO2
ou le SO2. Non cet air est forcément porteur aussi de vapeur d’eau et de particules
plus ou moins fines. Qu’est-ce qui était à l’origine du smog londonien ? Le
chauffage urbain et l’industrie qui utilisaient le bois et le charbon. Si l’on
se réfère à la consommation de charbon dans le monde, on constate que la Chine
y prend une part de 50%. En tête de tous les pays, elle est aussi le pays le
plus sujet à la pollution. Malgré l’immensité de ce pays qui permet une large
dispersion, la pollution s’y installe de plus en plus. En deuxième position,
mais loin derrière on trouve les Etats-Unis, le deuxième grand pollueur au sens
de la COP21, c’est-à-dire en CO2.
Le
coupable en chef est donc le charbon auquel on peut ajouter le chauffage au
bois. Leur combustion rejette des particules fines dans l’atmosphère, crée un
brouillard toxique qui en fait le principal danger pour la santé. Le fait que
la pollution s’étend désormais de plus en plus sur l’ensemble du territoire
français montre que celle-ci est présente en permanence, attend les gradients
de température favorables à sa concentration près du sol et est alimentée de
façon continue. Si nous nous intéressons à notre pays qui est traversé
régulièrement par des vents d’Est, on notera que l’Allemagne et la Pologne sont
les pays européens les plus consommateurs de charbon. Mais après les Etats-Unis
et la Chine, l’Allemagne est le premier pays européen consommateur de pétrole
avec 2,5% de la consommation mondiale. De même pour le gaz où derrière le trio
Etats-Unis, Russie, Chine, on trouve en premiers pays européens, le Royaume-Uni
et l’Allemagne avec respectivement 2,1% et 2% de la consommation mondiale.
La
conclusion s’impose : les énergies fossiles sont les responsables de la
pollution la plus nocive, les particules fines. Mais il ne faut pas exclure le
dioxyde d’azote, gaz brun-rouge particulièrement irritant et responsable des
pluies acides, et le dioxyde de souffre qui sont rejetés par les centrales
thermiques avec les suies. Cette utilisation ne cesse de croître avec la
demande en Chine où la population s’est éveillée à la consommation. Toute l’attention
est mobilisée sur la circulation automobile en oubliant la pollution par les
navires militaires et de commerce, ainsi que la circulation aérienne. La
focalisation sur l’automobile diesel qui rend l’utilisation de ces véhicules de
plus en plus difficile n’a de sens qu’à court terme car les progrès dans la
diminution de la pollution rejetée sont incessants. Il suffit d’attendre que le
parc des véhicules diesel soit rénové. En plus le diesel reste incontournable
pour les camions.
L’Agence européenne pour l’environnement
(AEE) a publié jeudi 24 novembre un rapport sur la "Présentation des coûts de la pollution atmosphérique provenant
d’établissement industriels en Europe". La pollution de l’air par
l’industrie coûterait entre 102 et 169 milliards par an. Selon celle-ci les
centrales électriques sont responsables de la plus grosse partie de coûts et de
l’émission de polluants. En plein débat sur le nucléaire, le rapport publié
par l’AEE donne quelques arguments supplémentaires à ses partisans. En effet,
il établit un classement des industries et des pays les plus polluants. Les
émissions des centrales électriques (grosses consommatrices de charbon)
représentent la plus grande part des coûts des dommages, soit entre 66 et 112
milliards d’euros ou les 2/3. Si la France semble quelque peu ménagée, c’est
grâce au nucléaire. Pour ce qui est de la répartition par pays, l’AEE
souligne l’implication des usines d’Europe de l’Est. En effet, les pays
abritant beaucoup des grosses structures comme l’Allemagne, la Pologne, le
Royaume-Uni, la France et l’Italie sont les plus gros contributeurs au coût
total de ces dommages.
La
donne change toutefois de façon significative lorsque l’Agence pondère les
coûts selon la productivité économique de chaque pays. Alors la Bulgarie, la
Roumanie, l’Estonie, la Pologne et la République tchèque prennent la tête du
classement. "Leurs émissions sont
plus importantes en ce qui concerne le coût des dommages", précise
l’AEE. Sur le podium des usines les plus polluantes, l’usine Belchatow en
Pologne occupe la première marche. Médaille d’argent pour un établissement
bulgare et de bronze pour une usine allemande. Dans ce classement, la France
apparaît au 23ème rang avec l’usine ArcelorMittal de Dunkerque. Elle apparaît
ensuite à la 49ème place avec l’unité de production thermique d’EDF au Havre.
Enfin, seul un petit nombre restreint d’établissements est responsable de la
majorité des coûts. La moitié du coût total des dommages résulte de l’activité
de 191 établissements seulement (sur 10 000 interrogés par l’AEE).
Il y
a visiblement matière à réflexion sur la politique énergétique et la lutte
contre la pollution après ce tour d’horizon. Après avoir passé en revue les
autres sources de pollution, le prochain et dernier article donnera une
nouvelle orientation politique souhaitable sur ce sujet.
En toutes choses il faut aller plus loin
que les apparences
Pour découvrir la véritable causalité de
celles-ci
Surtout si un brouillard politico-idéologique
Pollue les réflexions et le bon sens.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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