Deux impressions se
font jour dans le jugement du système de santé français chez nos compatriotes.
La première c’est une satisfaction cocardière sur l’excellence relative de
celui-ci. La seconde c’est que nous payons toujours plus pour nous soigner.
Alors qu’en est-il réellement ? Pour ce faire je vous propose de commenter
des informations détenues par la Banque Mondiale. Les dépenses de santé par
rapport au PIB donne une idée comparative. Elles s’élevaient à 11,54% en 2014.
Le graphique ci-contre montre une évolution très rapide entre 2005 et 2013,
date à partir de laquelle la politique d’austérité a amené une stagnation de ce
rapport.
Le
même constat peut être fait sur les dépenses/habitant. La seule différence est
dans les années 2002-2005 où l’on constate que l’augmentation de la prise en
charge des dépenses de santé par rapport au PIB a été plus important que celle
des dépenses/habitant. Ceci ne peut s’expliquer que par une baisse sensible du
PIB/habitant, donc l’augmentation notable du nombre d’habitants ou la diminution
du PIB, ou les deux en même temps. Le chiffre de 4959$/habitant en 2014 est à
retenir pour des comparaisons avec d’autres pays. La faible évolution des
dépenses/habitant entre 2008 et 2014 est la signature de la politique d’austérité.
Elle peut être le signe d’une meilleure gestion ou d’une prise en charge plus
importante des dépenses par les patients.
La réponse nous est
donnée par le pourcentage de dépenses non remboursées. De 7,4% en 1995, le
pourcentage tombe à 6,337% en 2014. La chute brutale s’est produite en 2011. L’utilisation
des génériques et la sortie d’un grand nombre de médicaments dits « de
confort » a certainement eu un effet sur la consommation qui se concentre
sur les médicaments à fort taux de remboursement. Il semble que cet effet soit
derrière nous. Ceci ne veut pas dire que les dépenses sont plus efficaces et
que les assurés sont mieux pris en charge. L’impact général sur la santé est à
regarder de plus près quand on sait que l’augmentation de la durée moyenne de
vie vient de marquer le pas.
Ce satisfecit
apparent sur notre système de santé résiste-t-il à une comparaison avec les
pays étrangers ? Nous allons reprendre les comparaisons avec les trois
indicateurs précédents. Visiblement la France fait partie du groupe de tête des
pays européens pour son niveau de dépenses par rapport au PIB. Elle devance largement
le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne, de peu les Pays-Bas et est à hauteur de
la Suède qui s’est créée une réputation dans ce domaine. On peut être surpris
de voir l’Allemagne nous devancer mais il est possible qu’un effort particulier
soit fait sur les infrastructures.
La part du PIB par
habitant consacrée aux dépenses de santé montre la volonté du pouvoir dans la
protection de la santé mais le résultat constaté par habitant est l’un des indicateurs
de la qualité potentielle des soins de santé. Cette fois nous ne sommes plus
dans le groupe de tête mais devant le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Ce
sont les pays nordiques Norvège, Suède, Danemark avec le Luxembourg qui
consacre le plus d’argent par habitant. Le résultat obtenu par la Suisse est
remarquable car il est dû à une part importante du PIB consacrée à la santé et
à un PIB/habitant plus élevé que la plupart des pays.
Les dépenses de santé
peuvent être importantes mais qu’en est-il de la participation réelle de l’assurance
maladie ? Cette fois la France est presque en tête de la faiblesse des
dépenses de santé non remboursées. Ce qui est un point particulièrement positif
à condition que cela ne corresponde pas à un nombre de médicaments pris en
charge nettement inférieur à celui des autres pays. Seuls les Pays-Bas font
mieux. Le Royaume-Uni et l’Allemagne sont derrière nous. A contrario la Suisse
a opté pour une participation élevée de l’assuré.
Pour
conclure sur la position de la France par rapport aux autres pays, on peut
constater que le niveau du PIB/habitant joue sur le pourcentage de dépenses non
remboursées comme le montre le graphique ci-contre. La France se distingue par
un pourcentage de dépenses non remboursées beaucoup plus faible que la moyenne
à même PIB/habitant. Seuls les Pays-Bas font mieux et remportent la palme du
très probable meilleur système de santé. Une étude complémentaire sur la durée
de vie apporterait un éclairage
supplémentaire sur la qualité des soins, mais la France peut et doit continuer
dans la voie tracée sans faire peser une politique d’austérité qui diminuerait
la part du PIB consacrée à la santé et la part prise par la solidarité sociale.
Les dépenses de santé sont freinées depuis 2012 par une politique d’austérité
qui finit par plomber la croissance sans espoir de voir le chômage réellement
baisser malgré toutes les annonces avec des chiffres plus ou moins trafiqués.
Nous avons vu que c’est entre 2010 et 2012 que la part des dépenses non
remboursées a chuté depuis la baisse s’est stabilisée. C’est donc au précédent
gouvernement que nous le devons. La France a un satisfecit de bonne gestion
mais ses dépenses de santé par habitant ne la place pas en tête des pays
européens.
Tant
que la croissance n’est pas revenue, que la France n’a pas rattrapé son
handicap de PIB/heure travaillée, une politique d’équilibre budgétaire au prix
d’une moins grande prise en charge de la solidarité nationale est à exclure.
Elle ne peut qu’empêcher l’accès aux soins pour les moins riches et diminuer le
pouvoir d’achat. C’est le danger qui menace la politique de santé française.
La couverture de dépenses de santé par
la solidarité
Doit être considérée comme une tâche
régalienne
Au même titre que la Défense et l’Enseignement.
Sa vocation première reste la santé de
tous.
L’équilibre budgétaire, qui n’exclut pas
La bonne gestion, ne se nourrit pas
Aux frais de la santé pour tous.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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