La pollution s’est
mondialisée depuis que la terre existe et les poussières volcaniques ont
traversé depuis longtemps les frontières terrestres et maritimes. Il se
pourrait même qu’un jour l’une de ses éruptions rayent la vie sur terre, en
tous cas la nôtre. Les promoteurs des éoliennes feraient bien de faire un tour
dans l’Allemagne de l’Est et près de la Baltique où l’air peut devenir
irrespirable en été avant de penser à sauver la planète par les EnRi, les
énergies renouvelables intermittentes. Plus de 56% de la production électrique
était d’origine thermique en Allemagne durant 2014. La construction de 8 autres
centrales thermiques était planifiée en 2014 dont certaines en remplacement de
centrales existantes. 8 centrales nucléaires restaient en fonctionnement en
2016 produisant 87 GWh soit 14% de la production électrique totale alors qu’elle
était de 30,9% en 2010 avant Fukushima. Ce pourcentage devrait encore baisser
en 2018 avec l’arrêt de Gundremmingen B. Il est inutile de dire que l’émission
de CO2 par les centrales thermiques entraîne la production de SO2, de suies et
autres polluants. En 2012 l’Allemagne était la championne européenne des
émissions de CO2 et cela ne peut que s’aggraver même si les nouvelles centrales
thermiques sont moins polluantes.
Le
secteur énergétique polonais se caractérise avant tout par la prépondérance
massive du charbon, qui en 2014 assurait 80 % de la production d'énergie
primaire, et 82,7 % de la production d'électricité. La conséquence est de
fortes émissions de dioxyde de carbone : 7,25 tonnes de CO2 par habitant,
supérieures de 62 % à la moyenne mondiale et de 17 % à celle de l'Union
européenne, à comparer à l'Allemagne : 8,93 t/hab et à la France : 4,32 t/hab. En
Tchéquie les centrales à charbon sont l'épine dorsale du système électrique
tchèque, produisant 60% de l'électricité du pays. Elle est un grand pays
pollueur avec 9,4 t/hab en 2015. Parmi les pollueurs proches de nous et à forte
économie, il faut ajouter l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne. L’Italie, qui
a abandonné le nucléaire en 1987, est un grand importateur de gaz et produisait
66,6% de son électricité grâce aux centrales thermiques. Il a développé
parallèlement l’hydroélectricité (17,4%) et surtout le solaire (12,7%) en 2012.
C’est donc de ces pays que provient la pollution par les vents. D’ailleurs la France
a un taux de CO2/hab qui est inférieur à la moyenne européenne. Elle n’est donc
pas globalement la pollueuse mais la polluée.
La
production d'électricité au Royaume-Uni est encore dominée par les combustibles
fossiles : 54,6 % en 2015, mais cette domination recule rapidement (76,9 % en
2010) grâce au développement très soutenu des énergies renouvelables (24,4 % en
2015 contre 6,5 % en 2010) ; la part du nucléaire est de 19,8 % en 2015. Les
émissions de CO2 liées à l'énergie étaient en 2014 de 6,31 tonnes CO2 par
habitant (France : 4,32 ; Allemagne : 8,93). Mais ce pays se tourne aussi résolument
vers le nucléaire grâce au projet de 2 EPR avec une entente franco-chinoise
pour la construction. La production électrique de l'Espagne se répartissait en
2015 en : 42,5 % provenant des énergies fossiles, 20,5 % de l'énergie nucléaire
et 35,6 % des énergies renouvelables (dont 18,0 % d'énergie éolienne ; 9,8 %
d'énergie hydraulique, 5 % d'énergie solaire et 2,5 % de biomasse et déchets).
L’histoire
énergétique de l’Espagne est particulièrement intéressante en matière de
politique d’énergie électrique. À compter des années 1990, l'Espagne adopte
avec enthousiasme l'énergie éolienne, dont elle devient un leader mondial,
ainsi que la filière gazière, avec la domination graduelle de la production
provenant de centrales thermiques au gaz à cycle combiné. Alors qu'en 2005
l'énergie éolienne couvrait 7,7 % de la demande, en 2014 elle atteignait 18,7
%, et le solaire 4,9 %. Par ailleurs, les 6 centrales nucléaires espagnoles ont
vu leur part dans la production électrique faiblir progressivement du fait du
gel du parc nucléaire dû au moratoire nucléaire de 1983, alors que la
production totale continuait sa croissance au cours des dernières décennies :
elles sont passées de 35,7 % en 1990 à 20,6 % en 2014. La part des énergies
fossiles était de 42,5%, et celle de l’éolien et du solaire de 19,2%.
C’est
à partir du début
des années 2000 pour l’éolien et de 2008 pour le solaire, que ces énergies renouvelables
intermittentes se sont
développées rapidement. Entre
2000 et 2011, la puissance du parc éolien a augmenté de 19.000 MW, et
celle du parc
photovoltaïque de 3.600
MW. Cela représente un
investissement considérable que l’on peut estimer selon l’AIEA à 66 milliards
de dollars, ou si
l‘on préfère environ 50 milliards
d’euros (sur la base
de 1€=1,3$). L’éolien représente
les deux-tiers de
ce coût, le
solaire un tiers. Il
s’agit là des coûts d’investissement « directs », à l’exclusion des surcoûts
de connexion, de
transport, et de protection contre l’intermittence. Le développement des
électricités éoliennes et solaires
voulu et subventionné
par le gouvernement espagnol
a évidemment augmenté
le coût de production de l’électricité en Espagne. Le
surcoût qui en résulte est estimé
(de la même façon
qu’en France ou en Allemagne) comme
la différence entre
le prix payé
au producteur et le prix de marché. Le rapport de l’AIE sur la politique
de l’énergie de
l’Espagne donne cette estimation pour
2012 : 6,2 milliards
d’euros et pour 2013 : 6,8 milliards.
A partir de 2011, la
croissance des parcs et des
productions éoliennes et
solaires s’arrête, comme le montrent
les chiffres du tableau ci-contre. Le coup d’arrêt est brutal. La raison de ce
changement radical est simple et unique. En 2011, le gouvernement de M. Rajoy,
nouvellement élu, a pris à
bras-le-corps le problème de
la dette de
l’Espagne, et en
particulier du « déficit »
rapidement croissant du système électrique. Il a décrété la
fin des subventions
aux énergies renouvelables
nouvelles et donc à
l’électricité éolienne et solaire
supplémentaire.
Les
investisseurs ont compris que les énergies renouvelables n’étaient plus rentables
et se sont retirés du marché et le gouvernement espagnol a décrété une hausse
du prix du kWh pour l’usager. L’histoire de la politique énergétique de l’Espagne
est très intéressante et à mettre en parallèle avec celle de l’Allemagne. D’un
côté on a l’Espagne avec une politique énergétique où les coûts sont devenus
insupportables dans une économie d’austérité forcée et qui abandonne l’idéologisme
des EnR intermittentes. De l’autre côté on trouve l’Allemagne avec la chimère
du 100% d’énergies renouvelables en 2030, l’intermittence étant compensée par
des puissances installées de 12,5 GW de stations de pompage-turbinage et de stations
de stockage à air comprimé, et de 55,2 GW de capacité de stockage sur
batteries. L’Allemagne accepte les surcoûts car elle pratique l’austérité sur
son peuple et pompe les richesses des pays européens du sud en particulier. Le
stockage sur batteries à ce niveau de puissance est d’un coût énorme. Le prix
du kWh allemand, déjà l’un des plus chers d’Europe, ne va pas cesser d’augmenter
à cause des EnRi et des coûts associés.
Les
articles parus fournissent assez d’informations pour que l’on puisse donner des
orientations plus réalistes tout en préservant l’homme de la pollution.
Certaines vérités sont incontournables. La première est que le CO2 n’est pas un
polluant mais un facteur supposé influer sur le climat. La deuxième est que les
EnR intermittentes ne peuvent se passer des énergies fossiles tant que le
stockage de l’énergie ne sera pas résolu à des coûts acceptables. La troisième
est que l’on ne peut dissocier la production électrique, de la pollution, et
des problèmes de transport et de chauffage. Sur ce dernier point il faudra un
dernier éclairage sur la propulsion électrique pour donner les caractéristiques
d’une nouvelle politique énergétique française. Nous en parlerons dans l’article
suivant.
Le choix des énergies renouvelables
intermittentes
Introduit de nouvelles nuisances sans
résoudre
Le problème de la pollution mais au
contraire
En l’aggravant et en ruinant tous les
pays
Qui ne peuvent assumer le surcoût !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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