mardi 31 décembre 2019

Dettes, niveau de vie et retraites face à la réalité


Les efforts faits par le Premier Ministre pour dire que Macron ne fait qu’appliquer son programme tournent au ridicule. Macron, depuis sa compagne électorale ,ne fait que servir de larbin à l’UE, d’ailleurs il n’avait pas parlé du recul de l’âge de la retraite ou de « l’âge pivot ». Tout cela devait venir après, l’important était d’enfumer les français, en parlant d’universalité et d’équité, pour être élu grâce à un battage médiatique sans précédent. Les buts réels restent niés à savoir la diminution des retraites dans un système de solidarité et l’orientation vers la capitalisation. Ce n’est pas par hasard que le président du groupe mondial occulte Bilderberg, celui qui promeut les chefs aux positions clés et distille les grandes orientations futures souhaitées par les classes dirigeantes, est le partron du grand assureur AXA, et que Jean-Paul Delevoye, en charge du dossier retraites, émargeait dans les assurances. Vu le manque d’informations honnêtement confiées aux médias pour donner une image réelle de la situation de la France et de son peuple, la vision du passé, et du présent se limite au seul ressenti de chacun. L’avenir est ainsi masqué le plus possible pour laisser toute latitude aux gouvernants sans risquer d’être pris au piège de leurs promesses. Ce manque de vision dans le temps crée une situation d’angoisse, d’insécurité et de défiance envers les représentants du peuple et envers ses gouvernants. Si l’on ajoute à cela une culture du catastrophisme sur le climat, les ressources naturelles, et l’énergie, médiatisée à outrance pour démontrer que  seuls des politiques mondialistes aux mains des lobbies et des puissances de l’argent peuvent résoudre, le peuple finit par se méfier de tout, ne croit plus qu’en lui-même, et perd tous ses repères. Il se vautre dans un avenir en noir qui atteint même la jeunesse et la procréation. Alors qu’en est-il vraiment sur notre niveau de vie par rapport au siècle dernier ? C’est mieux ou pire ? Dans l’absolu ou relativement aux autres pays proches ou « amis » ?

Quid de notre pouvoir d’achat ?
Comparatif sur 12 pays.
Alors les comptoirs des cafés et les réseaux sociaux deviennent une source d’informations, qui à défaut d’être plus fiables, ont le mérite de générer des débats contradictoires qui ont le mérite de s’affranchir des discours de la pensée unique et des médias aux ordres. Je vais commencer par aborder cette discussion des étals de marché sur le niveau de vie dont chacun s’accorde à dire qu’il ne cesse de baisser en voyant les prix qui montent et pour certains la difficulté croissante à finir le mois sans entrer dans le rouge. Il est vrai que le français aime toujours se plaindre, mais qu’en est-il réellement ? Les informations fournies périodiquement sur le prix de la baguette de pain, hier et aujourd’hui n’amènent pas de véritable éclaircissement car le prix du pain représente très peu dans le budget total d’un ménage, et il faut tenir compte de l’inflation. C’est donc vers des chiffres plus globaux et corrigés de l’inflation qu’il faut se tourner.

Le meilleur indicateur est le revenu disponible des ménages. Le revenu disponible d'un ménage comprend les revenus d'activité, les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d'autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs. Quatre impôts directs sont généralement pris en compte : l'impôt sur le revenu, la taxe d'habitation et les contributions sociales généralisées (CSG) et contribution à la réduction de la dette. Cette définition de l’INSEE reste valable dans son principe pour tous les pays de l’OCDE. Pour pouvoir se faire une idée sur la situation française dans le temps et dans l’espace, il faut utiliser le revenu disponible des ménages/habitant, un historique sur une longue durée et les informations sur d’autres pays importants ou proches de nous. La base de données de l’OCDE nous fournit ces informations. Mais il reste une opération à faire pour pouvoir comparer  le pouvoir d’achat d’hier et d’aujourd’hui , c’est de tenir compte de l’inflation. 

Le graphique ci-contre tient compte de cette correction et donne des recettes disponibles des ménages par habitant en pouvoir d’achat exprimé en $ de 1995 pour 12 pays sur la période 1995 à 2017, voire 2018 pour certains selon les informations de la base de données. Ce graphique comparatif sur 12 pays n’est pas vraiment publié dans les médias ni commenté à nos concitoyens, car il n’est pas directement disponible par simple lecture de la base de données de l’OCDE. Il faut faire le calcul déductif avec les historiques de l’inflation pour chaque pays. La première chose à retenir c’est que les pouvoirs d’achat des 12 pays représentés sur la période 1995-2000 évoluaient en gros d’une façon parallèle. Il n’en est plus de même sur la période 1999-2016 après l’introduction de l’euro où les évolutions des pouvoirs d’achat divergent alors nettement avec la meilleure place pour la Suisse et la dernière à la Grèce confrontée à une décroissance importante de son pouvoir d’achat jusqu’en 2013. En 2016 3 pays se détachent en tête derrière la Suisse soit dans l’ordre décroissant : Etats-Unis, Luxembourg et Allemagne. Les Etats-Unis, comme la Suisse, sont hors UE. Le second est un paradis fiscal. L’Allemagne en quatrième position sur l’ensemble confirme bien qu’elle est en fait une grande gagnante de la création de l’UE en 1996. Dans l’ordre décroissant on trouve ensuite 4 pays : Suède, France, Belgique et Royaume-Uni. Ces 4 pays de l’UE ont deux représentants de la monnaie nationale, Suède et Royaume-Uni, et deux représentants de l’euro. Ceci montre clairement que l’euro ne fait pas mieux et qu’il n’a pas permis de rattraper les Etats-Unis. La France en sixième position sur 12 gagne une place et passe devant la Belgique. Les recettes des ménages du Royaume-Uni n’évoluent plus depuis 2002. Les 4 derniers pays, Italie, Irlande, Espagne et Grèce se divisent entre les trois premiers à faible montée du pouvoir d’achat, et la Grèce pour qui l’introduction de l’euro a été catastrophique après la crise de 2008.
Si la Suisse dépasse d’ailleurs les Etats-Unis, si l’Allemagne et le Luxembourg dominent les autres pays européens, la France dépasse tous les pays du sud de la zone euro. Cette représentation des évolutions du pouvoir d’achat permet d’illustrer plus précisément la période de l’introduction de l’euro entre 1999 et 2016 et de juger de son impact sur le pouvoir d’achat par les graphiques suivants. Ainsi l’Allemagne qui talonnait la Suisse passe nettement derrière elle malgré l’UE créée depuis 1996, date du traité de Maastricht et plus particulièrement depuis l’introduction de l’euro en 2000. Les revenus disponibles des ménages représentent leur pouvoir d’achat. Mais la comparaison dans le temps doit se faire en parité de pouvoir d’achat ( ppa ) pris ici en 1995, soit hors inflation. En moyenne les ménages des 12 pays ont multiplié leur pouvoir d’achat de 36,5% dans cette période. Mais le résultat inverse est visible pour la Grèce qui a perdu 15,8%, de son pouvoir d’achat. Le résultat est bien maigre pour l’Italie avec un pouvoir d’achat amélioré de 6,8%, soit 5 fois moins que les Etats-Unis et elle a peu bénéficié de son passage dans l’euro. Ces deux pays Grèce et Italie, ont donc été exploités par l’euromark et la France. Le Royaume-Uni a vu son pouvoir d’achat augmenter de 35% comme les Etats-Unis. On peut y voir là une raison au Brexit plébiscité par la majorité des britanniques.

Les grands gagnants sont finalement la Suisse et la Suède. Ils montrent que le fait de disposer d’une monnaie nationale et de faire partie ou non de l’UE n’est pas un handicap mais peut être une chance et faire mieux que la France et l’Allemagne. On peut néanmoins être surpris par la performance de la France qui a comblé une partie de son retard sur l’Allemagne depuis 1996 pour ce qui est le pouvoir d’achat des ménages. Cela bat en brèche le sentiment très répandu comme quoi le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer. Non le pouvoir d’achat des ménages français a augmenté de 50% (inflation déduite) entre 1995 et 2016 soit 21 ans sur un rythme moyen de près de 2% par an ! 

Le résultat peut surprendre si l’on en croit le ressenti de la population des milieux modestes en particulier. La première question à se poser est le résultat obtenu est-il valable et représentatif ? Si l’on en croit les chiffres officiels publiés par l’OCDE, le calcul est valable. Certains ont tendance à mettre en doute la valeur de l’inflation. C’est évidemment un point faible mais vu la hauteur des variations publiées, il est difficile d’admettre que cela peut changer radicalement le sens de la variation du pouvoir d’achat. La deuxième réponse à cette interrogation c’est que nos besoins « vitaux » ont peut-être évolué dans le sens du consommer toujours plus. Qui peut se passer de son smartphone désormais ? Ne va-t-on pas vers une société de loisir et de surconsommation ? Nous en reparlerons en examinant les dépenses des ménages. Le troisième commentaire qui vient à l’esprit est de se demander d’où vient cette augmentation des revenus dans un pays ultra-protecteur et dont on (l’UE) dit que les retraités sont trop bien pensionnés. SI les ménages français ont si bien profité, et mieux que 9 autres pays, en est-il de même pour l’Etat ? Enfin si les français pensent que leurs revenus sont insuffisants ont-ils massivement recours à l’emprunt comme le fait l’Etat pour combler son déficit public.

A ce stade on ne peut donc que constater sans pouvoir tirer d’autre conclusion que les ménages français font partie du trio de tête des pays européens en variation positive du pouvoir d’achat même si elle n’a pas atteint le pouvoir d’achat de la Suisse, de la Suède, des Etats-Unis et de l’Allemagne. Sur un plan plus géopolitique on voit que l’Allemagne et la France ont enrichi leurs ménages au détriment des pays du sud de l’Europe d’une part, et d’autre part que les pays de l’euro ne font pas mieux que les Etats-Unis ce qui vient percuter le slogan de l’UE qui protège ou celui l’UE permet de lutter contre les grands pays, Chine et Etats-Unis. Elle montre aussi que la monnaie unique euro a creusé les disparités de pouvoir d’achat au lieu de les rapprocher, ce qui était implicitement le but de l’euro. 

C’est vers cette extension de l’étude que nous allons aller en parlant, dépenses et dettes des ménages et déficits publics, pour terminer par les retraites et la démographie dans une étude relative sur ces 12 pays dont les Etats-Unis qui servent de point de référence, les valeurs étant exprimées en dollars. Cet article a déjà permis de faire le distinguo entre le ressenti des français et la réalité de leurs revenus, et de montrer que la France sur ce point s’est relativement bien comportée comparativement aux 11 autres pays durant les 20 dernières années. Mais chez les gens aux modestes revenus le ressenti tient  aussi compte de la répartition des revenus entre riches et pauvres qui fait partie de la mobilisation Gilets Jaunes. Alors la France fait-elle mieux que ses voisins ? La question reste entière car son avenir en dépend. Cet article doit nous aider à y voir plus clair.
Il en est du pouvoir d’achat comme de la température
Le ressenti ne sera jamais calqué sur la mesure
Et il en est de même de l’argent du jeune
Plus il en demande plus il consomme
Et ses poches sont toujours vides.
Claude Trouvé
31/12/19

lundi 9 décembre 2019

Démographie alarmante ou maîtrisable ? (5ème partie)


Avant de faire une synthèse des quatre premiers articles pour donner une image plus représentative de la diversité démographique, je vais présenter des prévisions pour des horizons plus proches dans le temps, donc plus probables. Il reste aussi à faire une exploration sur des nations qui présentent des comportements extrêmes, soit en situation démographique avec un pourcentage de croissance en accélération comme le Nigéria, soit en situation de décroissance actuelle ou prochaine, comme malheureusement la France. En effet nous avons vu que la population mondiale est en croissance même si elle est en décélération. Toutefois son apogée s’avère lointaine et au-delà de la fin du siècle. Cela donne lieu à des prévisions catastrophiques ou présentées comme telles avec des prévisions dépassant plus ou moins les 10 milliards d’habitants à cette date. Poussé à l’extrême cet alarmisme débouche parfois sur des propositions eugéniques.
 
Il est apparu que les grandes zones géographiques examinées jusqu’ici sont toutes en décroissance, sauf l’Asie de l’Est et du Pacifique. Pour certaines au contraire on peut prévoir une décroissance plus ou moins rapide. On constate d’autre part que la plupart de ces zones atteignent leur apogée avant un quart de siècle. Si la prévision de croissance mondiale continue à prévoir une croissance au-delà de la fin du siècle, certains pays verraient leur pourcentage de croissance démographique se maintenir beaucoup plus tard, voire même s’accélérer. Il est donc nécessaire de regarder, particulièrement dans les grandes zones à forte croissance, quels sont les pays qui sont à même de faire croître longtemps la population mondiale.

Or il reste une zone géographique dont la prévision démographique n’a pas été modélisée, c’est l’Asie du Sud. On est bien cette fois devant une croissance continue qui dépasse largement la fin du siècle. Cette fois il s’agit d’une croissance à pourcentage décroissant de variation annuelle dont l’apogée prévisible est très loin dans le temps. Il n’y a pas à prévoir une gestion à l’intérieur même de cette zone géographique, vu le poids du nombre d’habitants par rapport aux autres zones géographiques. On trouve là l’explication d’une croissance mondiale avec une apogée à 12,6 millions d’habitants prévue en 2110 dans la première partie de cet article. Néanmoins dans cette zone géographique la population ne croîtra pas indéfiniment. Cette zone affiche déjà une tendance autorégulatrice qui accrédite l’idée que l’on atteindrait dans un avenir plus ou moins lointain mais avant la fin du prochain siècle un maximum de population supportable par la planète grâce au ralentissement de cette croissance.

Deux zones géographiques contiennent la majorité des populations de la planète, l’Asie de l’Est et du Pacifique et l’Asie du Sud. Si l’on se limite à une prévision sur 42 ans à partir de 2018 correspondant aux deux générations à venir, soit jusqu’en 2060, on peut disposer d’une prévision ayant une assez bonne probabilité.

C’est donc l’évolution démographique de l’Asie qui va peser le plus sur la démographie mondiale. En 2018 l’Asie représentait 55,6% de la population mondiale, mais n’en représenterait guère plus en 2060 avec 55,8%. Néanmoins la population de l’Asie croîtrait de 911 millions d’habitants soit près de deux fois la population européenne d’aujourd’hui en passant de 4,143 milliards à 5,469 milliards.

Les regards sont actuellement portés vers l’Afrique considérée comme la source des flux migratoires même si on commence à voir que le flux asiatique devient plus voyant. En effet l’Afrique subsaharienne a actuellement le plus fort taux de croissance démographique mais on constate que ceci ne reste valable que jusqu’en 2040 et l’Afrique subsaharienne est en phase de décélération progressive de sa croissance, décélération qui pourrait l’amener vers une apogée de population en 2052 à1,866 milliards d’habitants. Elle représentait 1,078 milliards en 2018 et atteindrait 1,779 milliards en 2060, soit une augmentation de 701 millions. A l’inverse de ces deux continents l’Europe et l’Asie centrale voient leur apogée de population arrivés dans un délai court de moins d’une génération. Cette zone représentait 12,1% de la population mondiale, et n’en représenterait plus que 8,8% en 2060. Plus important elle verrait sa population diminuer de 76 millions d’habitants soit plus que la population de la France ou presqu’autant que l’Allemagne d’aujourd’hui. En passant de 918,8 millions à 866,2millions.

L’Amérique du Nord resterait dans une phase de croissance plus longue la menant à une apogée vers 2047 à 402,6 millions d’habitants, soit en 25 ans. Elle représentait 4,8% de la population mondiale en 2018 et n’en représenterait que 4,0% en 2060. En 2018 et 2060 sa population ne s’accroîtrait que de 30 millions. L’Amérique latine et les caraïbes suivent une trajectoire comparable à l’Amérique du Nord avec une apogée de population en 2045 à 723,5 millions d’habitants. Sa population passerait de 641,4 milliards en 2018 à 699,2 milliards soit une augmentation de 57,8 millions en 42 ans. Elle passerait de 8,45% de la population mondiale en 2018 

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont une croissance plus rapide que l’Asie du Sud en 2018, mais en décélération depuis 2008 et qui se poursuivrait jusqu’en 2052 pour une apogée à 600 millions d’habitants pour une population de 449 millions en 2018. Ces pays entourant la Méditerranée ont vocation à lorgner vers l’Europe avec une croissance moyenne annuelle de 4,4 millions/an d’ici 2052. On perçoit facilement que cette augmentation ne peut pas être prise en compte par la seule solution de la migration. Pour l’Europe et l’Asie centrale la prévision est une décroissance amorcée dès 2011. La population de 918,8 millions passerait à 866,2 millions en 2060, soit une décroissance rapide de 52,6 millions en 42 ans, soit +1,25 million/an en moyenne.

Cette étude plus détaillée des grandes zones géographiques permet une approche plus fine de l’évolution de la population mondiale, approche qui serait encore meilleure en s’intéressant à la démographie de chaque pays. La montée rapide de la population dans le demi-siècle qui est devant nous ne doit pas cacher le fait que le pourcentage de croissance annuelle est en diminution sur toutes les zones géographiques entre 2018 et 2060 et 4 zones sur 7 passent même en négatif, ce qui signifie que dans ces cas la population décroît. L’Afrique subsaharienne, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l’Amérique latine et les Caraïbes, L’Amérique du Nord, et l’Europe et l’Asie centrale sont dans ce cas. Le cas de l’Afrique est particulièrement intéressant et particulièrement l’Afrique subsaharienne car cette dernière affiche en 2018 le plus fort pourcentage de variation annuelle mais également la plus forte vitesse de décroissance en 2060. La préoccupation actuelle centrée sur l’Afrique n’est pas destinée à durer dans le temps au-delà d’un demi-siècle. Au contraire c’est l’Asie qui devrait ensuite prendre le relais avec une accélération de la vitesse de croissance dans le demi-siècle suivant.

Si les pourcentages de variation annuelle de population nous permettent de mieux comprendre l’avenir qui nous attend, c’est bien le nombre d’habitants qui est mis en avant par les alarmistes ainsi que les migrations, les famines et les guerres qui pourraient en résulter. Cette fois c’est l’Asie du sud qui en tête du nombre d’habitants supplémentaires, soit 770,8 Millions suivi de près par l’ Afrique sub-saharienne avec 701 millions d’ici 2060. On note l’apport très faible des deux Amériques et la diminution de l’Europe et de l’Asie centrale. C’est une augmentation totale de population de 2,2 milliards d’habitants qui amènera amènerait à 9,8 milliards d’habitants en 2060, soit 52,5 millions/an en moyenne, donc un peu plus que la population actuelle du Kenya chaque année. Les 2/3 de l’augmentation mondiale proviendraient de l’Asie du Sud et de l’    Afrique subsaharienne. Si des actions onusiennes doivent être entreprises c’est bien sur ces deux zones géographiques qu’elles doivent porter.

Mais il faut procéder à un inventaire par pays car les situations sont très contrastées à l’intérieur même des zones géographiques. Parmi les 21 pays les plus peuplés du monde en 2018, on peut citer dans l’ordre les pays à forte augmentation après 2060 : Pakistan, Nigéria, Bangladesh, Ethiopie, Philippines, Congo et Iran. Parmi les pays à démographie explosive, on retiendra particulièrement le Nigéria, l’Ethiopie, le Congo et dans une moindre mesure le Pakistan. Dans les pays fournissant les plus fortes augmentations de population, supérieures à +1%/an, on retrouve les pays cités précédemment plus l’Inde, l’Indonésie, la Turquie, et la Thaïlande. Il existe certainement d’autres pays moins peuplés qui sont aussi avec une démographie qui peut poser des problèmes. A cet égard il faut remarquer que la Chine, le pays le plus peuplé du monde aujourd’hui, n’a pas été citée. Sa croissance annuelle est moins forte que les pays cités plus haut mais diminution du pourcentage de variation annuelle aussi beaucoup plus faible. La Chine aurait une croissance qui est faite pour durer au moins jusqu’à la fin du siècle si les choses restaient en l‘état. La Chine est partie pour être encore et de loin le pays le plus peuplé du monde jusqu’après la fin du siècle. Mais il y a les pays qui sont déjà ou seront en décroissance démographiques avant 2060. Parmi les 21 pays les plus peuplés, on note : Etats-Unis, Brésil, Russie, Japon, Mexique, Egypte. Vietnam, Allemagne, France. Certains de ces pays ont entamé leur décroissance démographique : Russie, Japon, Egypte. Deux pays européens sont très proches de leur apogée démographique : France (2025), Allemagne (2024).  Pour ces dernières une forte politique d’immigration peut retarder l’échéance.

Pour terminer il convient de parler des pays proches de nous et en particulier des 6 pays fondateurs de l’UE (France, Allemagne, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Italie). Nous avons vu dans les articles précédents que globalement leur population continuait à croître jusqu’en 2018. Mais l’examen du pourcentage global de variation montre deux périodes distinctes. La période 1960-1975 où le pourcentage de variation de la croissance démographique est positif mais décroissant et la période suivante très chaotique oscillant autour d’une stagnation du pourcentage de croissance autour de 0,2% par an. J’ai retenu le pourcentage de variation annuelle 2018 et l’évolution négative de pourcentage entre 2013 et 2018 pour réaliser un calcul prévisionnel. Le résultat est une croissance qui se poursuit presque jusqu’à la fin du siècle portant la population de 228,2 millions en 2018 à 244,6 en 2098 soit une augmentation prévisible de 164 millions ou de 205 000/an en moyenne. Mais l’aspect chaotique global des pourcentages de variation annuelle et l’examen pays par pays laisse à penser que des échanges migratoires importants ont eu lieu depuis 2010 et que la croissance démographique globale est le résultat d’un important flux migratoire extérieur à ces 6 pays fondateurs de l’UE.  Le chiffre de 205 000 qui ressort du calcul prévisionnel vient renforcer ce point de vue alors que le taux de natalité est en baisse.

En conclusion l’alarmisme démographique mondial n’est pas globalement de mise puisque le pourcentage de croissance annuelle diminuerait et finirait par être nul au début du siècle suivant si l’état actuel de la démographie se poursuit. L’Asie est le continent qui devrait être le plus engagé pour contrôler l’adaptation population-ressources dans le long terme. A plus court terme des 40 prochaines années c’est l’Asie du Sud et l’l’Afrique subsaharienne qui apporteront l’essentiel de l’augmentation de 2,2 millions de la population en 2060. Ce nombre n’est évidemment pas supportable par la seule zone Europe et Asie centrale qui verrait sa population augmenter de 230%, même si c’est la seule zone géographique qui soit en décroissance démographique. La solution doit être d’abord un rééquilibrage intra-zone car les variations de population sont très variables d’un pays à l’autre. Ensuite elle suppose une aide mondiale à l’exploitation de leurs ressources propres. Le défi est important mais pas insurmontable puisque les deux régions importantes en poids démographique ne feront que doubler leur population en 42 ans. C’est ce qu’a réalisé la Chine de 1960 à 1997 soit en 37 ans.

J’ajoute que la rengaine de l’épuisement des ressources énergétiques et minières oublie de dire que la surconsommation de ces deux ressources n’est pas liée proportionnellement à l’augmentation de population étant donné la différence d’utilisation entre les pays riches et les pays pauvres, or ce sont ces derniers qui croissent le plus et consomment le moins. Enfin la consommation d’énergie électrique peut trouver une solution avec l’énergie nucléaire dont les combustibles fossiles sont en quantité suffisante pour aller plus loin que la fin du siècle avec la 4ème génération de réacteurs surgénérateurs. De plus dans moins d’un siècle, on verra arriver la fusion thermonucléaire à base d’isotopes de l’hydrogène, énergie inépuisable. En ce qui concerne les matières premières dont le pétrole, l’autosuffisance et plus des Etats-Unis, premier consommateur, a changé la donne, a même arrêté la recherche pétrolière et retardé la mise en exploitation de champs pétrolifères découverts. Enfin les progrès dans la récupération des métaux et le fait que les consommations actuelles s’orienteront différemment dans l’avenir, comme vers les terres rares peu utilisées autrefois, ne permettent pas de faire des prévisions à priori alarmistes. Pour l’agriculture, des progrès dans le rendement des sols incluant la protection de la santé et de l’environnement sont déjà en cours, comme sur les pesticides dont la nocivité a été divisée par 20. Il faut faire confiance au progrès sans lequel nous n’aurions pas la qualité de vie actuelle quoiqu’on en dise, surtout parmi les jeunes générations qui ne voient que le côté négatif du progrès tout en étant des « consumateurs » accrochés à leur smartphone pour répandre l’alarmisme tout azimut. Ils devraient penser aux conséquences alimentaires de l’agriculture bio qui réduit les surfaces cultivables et les rendements à l’hectare, et aux conditions de travail inhumaines dans lesquelles travaillent les mineurs chinois produisant 90% des terres rares des smartphones, des éoliennes et des panneaux solaires, et penser à la dépendance qu’ils alimentent envers la Chine, le prochain pays maître du monde.

Je ne peux pas terminer sans redire un mot sur la France, l’un des pays qui, avec l’Allemagne, va voir décroître sa population dans les 6-7 ans à venir sans un apport supplémentaire de migrants. La solution du travailler plus longtemps n’augmentera pas la compétitivité des entreprises qui paieront plus cher un vieux travailleur qu’un jeune qu’ils ne recruteront pas quand la croissance reste faible. Leur seul intérêt est de maintenir un marché du travail où l’offre est supérieure aux besoins d’embauche pour pouvoir maîtriser les salaires. Leur intérêt pour les migrants tient au fait que ceux-ci acceptent des salaires inférieurs aux autochtones. Le problème du paiement des retraites est directement lié au nombre d’actifs et donc au taux de chômage et à la démographie. Si le chômage baisse, les allocations chômage baissent et les cotisations retraite augmentent. La faible marge restant sur la productivité ne permet pas de rendre la production française plus compétitive à l’exportation et la monnaie bloquée par l’euro ne permet pas une dévaluation externe. Seule la pression sur le coût de la main-d’œuvre reste disponible sous forme de dévaluation interne. Mais dès 2025, la population française est destinée à décroître et en corolaire le nombre d’actifs disponibles. L’UE, Macron et le Medef préparent donc l’opinion à, d’une part une baisse des retraites, pour éviter de demander aux entreprises de cotiser plus, et d’autre part à un apport de main-d’œuvre par la migration « planifiée » pour baisser le poids des retraites, car l’apport des migrants cotisera peu dans un premier temps, pour maintenir les salaires au niveau le plus bas possible. On comprend ainsi que Macron n’est que le factotum de l’UE et des grands patrons, des lobbies et des banques, et que les raisons évoquées ne sont que des miroirs aux alouettes pour les pigeons que nous sommes. Macron prépare l’opinion à une immigration plus massive et à une baisse des retraites en brouillant les pistes sous prétexte d’« égalisation dans l’universalité » pour parler comme lui avec des mots ronflants.

L’alarmisme démographique doit se concrétiser en actions onusiennes

Dans un climat où l’urgence ne touche que les pays en décroissance.

Car en plus de l’autorégulation naturelle des pays en croissance

Ces actions doivent cibler les pays en manque d’adéquation

Entre leur démographie et leurs ressources vitales,

Ajouter une régulation intra-zone géographique

Limitant les flux migratoires au minimum

Et coordonner une aide internationale.

Alors la croissance démographique

Pourra et devra être gérable !

Claude Trouvé
09/12/19