Les trois premières parties de cet
article ont montré qu’il n’y avait pas d’urgence démographique, pas plus que d’urgence
climatique d’ailleurs, car il faut bien parler de cette dernière puisque les
deux font partie du fonds de commerce d’un écologisme alarmiste. Néanmoins les
poids respectifs des grandes zones géographiques vont évoluer différemment dans
les 40 ans qui viennent et des disparités problématiques dans celles-ci et dans
les nations qui les composent vont se faire jour. On a déjà vu deux cas
extrêmes, celui du Nigéria où la croissance démographique est explosive, et celui
de la France qui, toutes choses égales par ailleurs, entrera en décroissance
démographique à partir de 2025. Si la croissance démographique mondiale est
dans une phase de décélération et reste donc maîtrisable dans les 40 ans qui
viennent, certains Etats et l’ONU devront favoriser des mesures ciblées où les
problèmes migratoires ne manqueront pas de peser de leur poids, et ce en dehors
de l’immigration climatique prophétisée. Si l’urgence ne pèse pas sur la
démographique mondiale, elle peut s’avérer nécessaire dans certaines nations
compte-tenu du temps long nécessaire pour corriger les effets indésirables.
Reprenons donc l’examen des grandes zones
géographiques après celles de l’Asie du Sud-Est et Pacifique, et des 6 pays
fondateurs de l’UE. Proches de nous et avec des liens particuliers nous concernant,
il y a l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Cette zone géographique comptait 448,9
millions d’habitants en 2018,,soit 5,94% de la population mondiale, avec une
croissance annuelle 2017-2018 de 1,7354% en diminution depuis 2000 de
-0,05023%/an. La croissance démographique de cette zone est en très nette décélération
passant d’une croissance moyenne de 2,53%/an entre 1960 et 2018, à 0,83% entre
2018 et 2053, soit en 40 ans jusqu’à l’apogée probable de la population de
cette zone en 2053 et 599,5 millions d’habitants.
La croissance moyenne annuelle entre ces deux périodes serait divisée par 3,05.
Cette zone qui représentait une population 1,7 fois plus importante que celle
des 6 pays fondateurs de l’UE en 2018, représenterait 2,4 fois celle de ces
pays en 2053 soit dans 35 ans. Ceci relativise la croissance démographique de
ces 6 pays européens. Ce résultat peut paraître surprenant mais il faut bien acter
que la croissance de cette zone de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient est en
décélération et restera probablement maîtrisable.
Proche de nous par l’histoire, il nous faut traverser
l’Atlantique pour regarder l’Amérique du Nord. Ce continent comptait 364,3
millions d’habitants en 2018, avec une croissance démographique annuelle
2017-2018 de 0,70186% en diminution de -0,02366%/an. Ce continent à un poids relativement
faible dans la population mondiale, soit 4,8%, mais a un poids économique de
19,4% qui en fait une zone géographique très importante. Toutefois cette zone
est en forte décélération de sa croissance démographique. L’apogée de population
de l’Amérique du Nord serait relativement proche en 2047, soit dans 18 ans, à
402,8 millions d’habitants soit une augmentation de 10,6% de la population
depuis 2018. La croissance annuelle moyenne était de 1,05% sur la période 1960
à 2018, elle tomberait à 0,35% entre 2018 et 2047, soit 3 fois moins rapide. On
retrouve ce même facteur que pour l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Cette
augmentation est non seulement maîtrisable mais elle demande de prévoir les
conséquences d’une décroissance annoncée proche.
Puisque nous sommes arrivés de l’autre côté de l’Atlantique,
il est normal de s’intéresser à une zone historiquement liée à l’Europe et
particulièrement à la France, à savoir l’Amérique latine et les Caraïbes. Cet
ensemble géographique comptait 641,4 millions d’habitants en 2018, soit 5,94%
de la population mondiale, avec une croissance 2017-2018 de 0,94197% en
diminution de -0,03419%/an sur la période 1960-2018. Cette zone géographique
est plus peuplée que l’Union Européenne et souvent considéré à tort comme une
zone à forte croissance démographique. En réalité cette zone de l’Amérique
latine et Caraïbes est en forte décélération démographique et son apogée de
population est proche en 2045 avec une population de 728,5 millions d’habitants.
La croissance démographique de cette zone était de 1,86%/an entre 1960 et 2018,
et serait de 0,46% de 2018 à 2043 soit 4 fois moins rapide. C’est la plus forte
décélération des zones géographiques examinées jusqu’ici.
Le pendant de l’autre côté de l’Atlantique c’est l’Afrique
subsaharienne dont on peut penser que c’est dans cette zone géographique que le
danger de surpopulation est le plus probable. Le premier examen des chiffres de
population depuis 1960 communiqués par la Banque mondiale donne des croissances
annuelles très évolutives dans le temps contrairement à l’Amérique latine, et
cela même dans la période récente de l’après 2000. De 2001 à 2011 le
pourcentage de variation annuelle de population est en phase d’accélération. De
2011 à 2018 il est phase de décélération. Si l’on veut tenir compte de la
dernière évolution, il faut donc se contenter de la période 2011-2018 pour
faire des prévisions. Mais en même temps on touche une fois encore à la
difficulté de faire des prévisions à long terme puisqu’en moins de 20 ans l’orientation
de la croissance a changé de signe. On peut même douter dans ce cas que des
prévisions pour quelques dizaine d’années ne soient pas validées par la
réalité. On pourrait peut-être mieux assurer les prévisions par une étude des
causes de ces fluctuations du pourcentage de variation annuelle de cette population.
De plus on constate sur le deuxième graphique entre 2011 et 2018 que ce
pourcentage de variation ne varie pas linéairement et à tendance à aggraver la
décélération de la croissance démographique selon l’équation portée sur le
graphique donnant le pourcentage en fonction de l’année.
Je termine ce tour d’horizon des grandes zones
géographiques par l’analyse de la croissance démographique de l’Europe et de l’Asie
Centrale. Comme l’Afrique subsaharienne, cette zone présente des fluctuations
importantes du pourcentage de variation annuelle de la croissance qui laisse
présager les mêmes causes de disparités décalées dans le temps des évolutions
démographiques des nations qui la composent. Après une évolution croissante
agrémentée d’accélérations et de décélérations de 1960 à 2011, le pourcentage
de variation annuelle est en décroissance depuis 2012. C’est cette orientation
que je préfère choisir parce que c’est la plus récente. La zone Europe et Asie
centrale comptait 918,8 millions d’habitants en 2018, soit 9,2% de la
population mondiale, avec un pourcentage de variation 2017-2018 de 0,36851%/an
en diminution moyenne de -0,02367%/an sur la période 2013-2018. L’Europe et
l’Asie Centrale atteignent leur apogée en 2042 à 943,7 millions d’habitants,
soit une augmentation de 2,71% par rapport à 2018. Le pourcentage moyen de sa
croissance démographique est divisé par un facteur 3,7 entre la période
1960-2018 à 0,62%/an à 0,17%/an entre 2018 et 2042. Il s’agit d’un ralentissement
deux fois plus rapide que celui de l’Afrique subsaharienne.
Nous avons fait le tour des grandes zones
géographiques et l’on peut d’ores et déjà en tirer plusieurs réflexions
géopolitiques. L’affolement démographique n’est pas globalement de mise dans
les 40 ans devant nous et encore moins dans les 20 prochaines années. Les
grandes zones géographiques voient toutes leur pourcentage annuel de la
croissance de la population en phase de décélération de celui-ci. Certaines
d’entre elles verront même leur population décroître entre 2042 et 2062, soit
dans 23 à 43 ans par rapport à aujourd’hui. Si la croissance démographique
mondiale peut globalement être maîtrisable, on peut se douter que certains pays
comme le Nigéria sont dans une phase d’accélération de leur croissance qui peut
mener à des situations humanitaires catastrophiques demandant une prise en
compte internationale. En résumé toute mesure politique globale de
ralentissement n’est pas souhaitable et peut être pire que de rien faire, mais des
actions ciblées sur les pays en accélération de leur croissance démographique doivent
être mises en œuvre dans les 50 ans qui viennent et permettront d’adapter grâce
au progrès la population mondiale aux ressources nécessaires, et d’en limiter régulièrement
la croissance. Le prochain article fera un bilan de l’évolution
démographique des différentes grandes zones démographiques et mettra en lumière
quelque cas extrêmes de croissance ou de décroissance de la population parmi
les nations du monde. Il imagera les prévisions démographiques à 10, 20 et 40
ans pour en tirer des pistes de réflexions géopolitiques.
La démographie est un moteur
essentiel de l’humanité.
La décroissance de population est un
constat mortel,
Les croissances en accélération mènent
au pire.
C’est l’adaptation aux ressources
nécessaires
Qui est le pari de l’humanité pour survivre.
L’affolement est inutilement
anxiogène
En toutes choses il faut raison
garder
L’équilibre population-ressources
N’est pas un but inatteignable
Comme l’histoire nous le dit.
Claude Trouvé
04/12/19
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