Avant
de faire une synthèse des quatre premiers articles pour donner une image plus
représentative de la diversité démographique, je vais présenter des prévisions pour
des horizons plus proches dans le temps, donc plus probables. Il reste aussi à
faire une exploration sur des nations qui présentent des comportements extrêmes,
soit en situation démographique avec un pourcentage de croissance en accélération
comme le Nigéria, soit en situation de décroissance actuelle ou prochaine,
comme malheureusement la France. En effet nous avons vu que la population
mondiale est en croissance même si elle est en décélération. Toutefois son
apogée s’avère lointaine et au-delà de la fin du siècle. Cela donne lieu à des
prévisions catastrophiques ou présentées comme telles avec des prévisions
dépassant plus ou moins les 10 milliards d’habitants à cette date. Poussé à l’extrême
cet alarmisme débouche parfois sur des propositions eugéniques.
Il est apparu que les
grandes zones géographiques examinées jusqu’ici sont toutes en décroissance,
sauf l’Asie de l’Est et du Pacifique. Pour certaines au contraire on peut
prévoir une décroissance plus ou moins rapide. On constate d’autre part que la
plupart de ces zones atteignent leur apogée avant un quart de siècle. Si la prévision
de croissance mondiale continue à prévoir une croissance au-delà de la fin du
siècle, certains pays verraient leur pourcentage de croissance démographique se
maintenir beaucoup plus tard, voire même s’accélérer. Il est donc nécessaire de
regarder, particulièrement dans les grandes zones à forte croissance, quels
sont les pays qui sont à même de faire croître longtemps la population
mondiale.
Or
il reste une zone géographique dont la prévision démographique n’a pas été modélisée,
c’est l’Asie du Sud. On est bien cette fois devant une croissance continue
qui dépasse largement la fin du siècle. Cette fois il s’agit d’une croissance à
pourcentage décroissant de variation annuelle dont l’apogée prévisible est très
loin dans le temps. Il n’y a pas à prévoir une gestion à l’intérieur même de
cette zone géographique, vu le poids du nombre d’habitants par rapport aux
autres zones géographiques. On trouve là l’explication d’une croissance
mondiale avec une apogée à 12,6 millions d’habitants prévue en 2110 dans la
première partie de cet article. Néanmoins dans cette zone géographique la
population ne croîtra pas indéfiniment. Cette zone affiche déjà une tendance autorégulatrice
qui accrédite l’idée que l’on atteindrait dans un avenir plus ou moins lointain
mais avant la fin du prochain siècle un maximum de population supportable par
la planète grâce au ralentissement de cette croissance.
Deux
zones géographiques contiennent la majorité des populations de la planète, l’Asie
de l’Est et du Pacifique et l’Asie du Sud. Si l’on se limite à
une prévision sur 42 ans à partir de 2018 correspondant aux deux générations à
venir, soit jusqu’en 2060, on peut disposer d’une prévision ayant une assez
bonne probabilité.
C’est
donc l’évolution démographique de l’Asie qui va peser le plus sur la
démographie mondiale. En 2018 l’Asie représentait 55,6% de la
population mondiale, mais n’en représenterait guère plus en 2060 avec 55,8%. Néanmoins
la population de l’Asie croîtrait de 911 millions d’habitants soit près de
deux fois la population européenne d’aujourd’hui en passant de 4,143 milliards
à 5,469 milliards.
Les
regards sont actuellement portés vers l’Afrique considérée comme la source des
flux migratoires même si on commence à voir que le flux asiatique devient plus
voyant. En effet l’Afrique subsaharienne a actuellement le plus fort
taux de croissance démographique mais on constate que ceci ne reste valable que
jusqu’en 2040 et l’Afrique subsaharienne est en phase de décélération
progressive de sa croissance, décélération qui pourrait l’amener vers une
apogée de population en 2052 à1,866 milliards d’habitants. Elle représentait
1,078 milliards en 2018 et atteindrait 1,779 milliards en 2060, soit une augmentation
de 701 millions. A l’inverse de ces deux continents l’Europe et l’Asie
centrale voient leur apogée de population arrivés dans un délai court de moins
d’une génération. Cette zone représentait 12,1% de la population mondiale, et n’en
représenterait plus que 8,8% en 2060. Plus important elle verrait sa
population diminuer de 76 millions d’habitants soit plus que la population de
la France ou presqu’autant que l’Allemagne d’aujourd’hui. En passant de 918,8
millions à 866,2millions.
L’Amérique
du Nord resterait dans une phase de croissance plus longue la menant à une
apogée vers 2047 à 402,6 millions d’habitants, soit en 25 ans.
Elle représentait 4,8% de la population mondiale en 2018 et n’en représenterait
que 4,0% en 2060. En 2018 et 2060 sa population ne s’accroîtrait que de 30 millions.
L’Amérique latine et les caraïbes suivent une trajectoire comparable à l’Amérique
du Nord avec une apogée de population en 2045 à 723,5 millions d’habitants.
Sa population passerait de 641,4 milliards en 2018 à 699,2 milliards soit une
augmentation de 57,8 millions en 42 ans. Elle passerait de 8,45% de la
population mondiale en 2018
L’Afrique
du Nord et le Moyen-Orient ont une croissance plus rapide que l’Asie
du Sud en 2018, mais en décélération depuis 2008 et qui se poursuivrait jusqu’en
2052 pour une apogée à 600 millions d’habitants pour une population de 449
millions en 2018. Ces pays entourant la Méditerranée ont vocation à lorgner
vers l’Europe avec une croissance moyenne annuelle de 4,4 millions/an d’ici
2052. On perçoit facilement que cette augmentation ne peut pas être prise en
compte par la seule solution de la migration. Pour l’Europe et l’Asie
centrale la prévision est une décroissance amorcée dès 2011. La population de
918,8 millions passerait à 866,2 millions en 2060, soit une décroissance
rapide de 52,6 millions en 42 ans, soit +1,25 million/an en moyenne.
Cette étude plus détaillée
des grandes zones géographiques permet une approche plus fine de l’évolution de
la population mondiale, approche qui serait encore meilleure en s’intéressant à
la démographie de chaque pays. La montée rapide de la population dans le
demi-siècle qui est devant nous ne doit pas cacher le fait que le pourcentage
de croissance annuelle est en diminution sur toutes les zones géographiques
entre 2018 et 2060 et 4 zones sur 7 passent même en négatif, ce qui
signifie que dans ces cas la population décroît. L’Afrique subsaharienne, l’Afrique
du Nord et le Moyen-Orient, l’Amérique latine et les Caraïbes, L’Amérique du
Nord, et l’Europe et l’Asie centrale sont dans ce cas. Le cas de l’Afrique
est particulièrement intéressant et particulièrement l’Afrique subsaharienne
car cette dernière affiche en 2018 le plus fort pourcentage de variation annuelle
mais également la plus forte vitesse de décroissance en 2060. La
préoccupation actuelle centrée sur l’Afrique n’est pas destinée à durer dans le
temps au-delà d’un demi-siècle. Au contraire c’est l’Asie qui devrait ensuite
prendre le relais avec une accélération de la vitesse de croissance dans le
demi-siècle suivant.
Si les pourcentages
de variation annuelle de population nous permettent de mieux comprendre l’avenir
qui nous attend, c’est bien le nombre d’habitants qui est mis en avant par les
alarmistes ainsi que les migrations, les famines et les guerres qui pourraient
en résulter. Cette fois c’est l’Asie du sud qui en tête du nombre d’habitants
supplémentaires, soit 770,8 Millions suivi de près par l’ Afrique
sub-saharienne avec 701 millions d’ici 2060. On note l’apport très faible
des deux Amériques et la diminution de l’Europe et de l’Asie centrale. C’est
une augmentation totale de population de 2,2 milliards d’habitants qui amènera amènerait
à 9,8 milliards d’habitants en 2060, soit 52,5 millions/an en moyenne, donc
un peu plus que la population actuelle du Kenya chaque année. Les 2/3 de l’augmentation
mondiale proviendraient de l’Asie du Sud et de l’ Afrique subsaharienne. Si des actions onusiennes doivent être
entreprises c’est bien sur ces deux zones géographiques qu’elles doivent
porter.
Mais
il faut procéder à un inventaire par pays car les situations sont très
contrastées à l’intérieur même des zones géographiques. Parmi les 21 pays les
plus peuplés du monde en 2018, on peut citer dans l’ordre les pays à forte
augmentation après 2060 : Pakistan, Nigéria, Bangladesh, Ethiopie, Philippines,
Congo et Iran. Parmi les pays à démographie explosive, on retiendra particulièrement
le Nigéria, l’Ethiopie, le Congo et dans une moindre mesure le Pakistan.
Dans les pays fournissant les plus fortes augmentations de population, supérieures
à +1%/an, on retrouve les pays cités précédemment plus l’Inde, l’Indonésie,
la Turquie, et la Thaïlande. Il existe certainement d’autres pays moins
peuplés qui sont aussi avec une démographie qui peut poser des problèmes. A
cet égard il faut remarquer que la Chine, le pays le plus peuplé du monde
aujourd’hui, n’a pas été citée. Sa croissance annuelle est moins forte que les pays
cités plus haut mais diminution du pourcentage de variation annuelle aussi
beaucoup plus faible. La Chine aurait une croissance qui est faite pour
durer au moins jusqu’à la fin du siècle si les choses restaient en l‘état. La
Chine est partie pour être encore et de loin le pays le plus peuplé du monde
jusqu’après la fin du siècle. Mais il y a les pays qui sont déjà ou seront
en décroissance démographiques avant 2060. Parmi les 21 pays les plus peuplés,
on note : Etats-Unis, Brésil, Russie, Japon, Mexique, Egypte. Vietnam, Allemagne,
France. Certains
de ces pays ont entamé leur décroissance démographique : Russie, Japon,
Egypte. Deux pays européens sont très proches de leur apogée démographique :
France (2025), Allemagne
(2024). Pour ces dernières
une forte politique d’immigration peut retarder l’échéance.
Pour
terminer il convient de parler des pays proches de nous et en particulier des 6
pays fondateurs de l’UE (France, Allemagne, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Italie).
Nous avons vu dans les articles précédents que globalement leur population
continuait à croître jusqu’en 2018. Mais l’examen du pourcentage global de
variation montre deux périodes distinctes. La période 1960-1975 où le pourcentage
de variation de la croissance démographique est positif mais décroissant et la
période suivante très chaotique oscillant autour d’une stagnation du
pourcentage de croissance autour de 0,2% par an. J’ai retenu le pourcentage de
variation annuelle 2018 et l’évolution négative de pourcentage entre 2013 et
2018 pour réaliser un calcul prévisionnel. Le résultat est une croissance
qui se poursuit presque jusqu’à la fin du siècle portant la population de 228,2
millions en 2018 à 244,6 en 2098 soit une augmentation prévisible de 164
millions ou de 205 000/an en moyenne. Mais l’aspect chaotique global des
pourcentages de variation annuelle et l’examen pays par pays laisse à penser
que des échanges migratoires importants ont eu lieu depuis 2010 et que la
croissance démographique globale est le résultat d’un important flux migratoire
extérieur à ces 6 pays fondateurs de l’UE. Le chiffre de 205 000 qui ressort du
calcul prévisionnel vient renforcer ce point de vue alors que le taux de
natalité est en baisse.
En
conclusion l’alarmisme démographique mondial n’est pas globalement de mise puisque
le pourcentage de croissance annuelle diminuerait et finirait par être nul au
début du siècle suivant si l’état actuel de la démographie se
poursuit. L’Asie est le continent qui devrait être le plus engagé pour contrôler
l’adaptation population-ressources dans le long terme. A plus court terme des 40
prochaines années c’est l’Asie du Sud et l’l’Afrique subsaharienne qui apporteront
l’essentiel de l’augmentation de 2,2 millions de la population en 2060. Ce
nombre n’est évidemment pas supportable par la seule zone Europe et Asie
centrale qui verrait sa population augmenter de 230%, même si c’est la seule
zone géographique qui soit en décroissance démographique. La solution doit être
d’abord un rééquilibrage intra-zone car les variations de population sont très
variables d’un pays à l’autre. Ensuite elle suppose une aide mondiale à l’exploitation
de leurs ressources propres. Le défi est important mais pas insurmontable puisque
les deux régions importantes en poids démographique ne feront que doubler leur
population en 42 ans. C’est ce qu’a réalisé la Chine de 1960 à 1997 soit en 37
ans.
J’ajoute que la rengaine de l’épuisement des ressources énergétiques et
minières oublie de dire que la surconsommation de ces deux ressources n’est pas
liée proportionnellement à l’augmentation de population étant donné la
différence d’utilisation entre les pays riches et les pays pauvres, or ce sont
ces derniers qui croissent le plus et consomment le moins. Enfin la consommation
d’énergie électrique peut trouver une solution avec l’énergie nucléaire dont
les combustibles fossiles sont en quantité suffisante pour aller plus loin que
la fin du siècle avec la 4ème génération de réacteurs surgénérateurs.
De plus dans moins d’un siècle, on verra arriver la fusion thermonucléaire à
base d’isotopes de l’hydrogène, énergie inépuisable. En ce qui concerne les
matières premières dont le pétrole, l’autosuffisance et plus des Etats-Unis,
premier consommateur, a changé la donne, a même arrêté la recherche pétrolière
et retardé la mise en exploitation de champs pétrolifères découverts. Enfin les
progrès dans la récupération des métaux et le fait que les consommations actuelles
s’orienteront différemment dans l’avenir, comme vers les terres rares peu utilisées
autrefois, ne permettent pas de faire des prévisions à priori alarmistes. Pour
l’agriculture, des progrès dans le rendement des sols incluant la protection de
la santé et de l’environnement sont déjà en cours, comme sur les pesticides
dont la nocivité a été divisée par 20. Il faut faire confiance au progrès sans
lequel nous n’aurions pas la qualité de vie actuelle quoiqu’on en dise, surtout
parmi les jeunes générations qui ne voient que le côté négatif du progrès tout
en étant des « consumateurs » accrochés à leur smartphone pour répandre
l’alarmisme tout azimut. Ils devraient penser aux conséquences alimentaires de
l’agriculture bio qui réduit les surfaces cultivables et les rendements à l’hectare,
et aux conditions de travail inhumaines dans lesquelles travaillent les mineurs
chinois produisant 90% des terres rares des smartphones, des éoliennes et des
panneaux solaires, et penser à la dépendance qu’ils alimentent envers la Chine,
le prochain pays maître du monde.
Je ne
peux pas terminer sans redire un mot sur la France, l’un des pays qui, avec l’Allemagne,
va voir décroître sa population dans les 6-7 ans à venir sans un apport
supplémentaire de migrants. La solution du travailler plus longtemps n’augmentera
pas la compétitivité des entreprises qui paieront plus cher un vieux
travailleur qu’un jeune qu’ils ne recruteront pas quand la croissance reste
faible. Leur seul intérêt est de maintenir un marché du travail où l’offre est
supérieure aux besoins d’embauche pour pouvoir maîtriser les salaires. Leur
intérêt pour les migrants tient au fait que ceux-ci acceptent des salaires
inférieurs aux autochtones. Le problème du paiement des retraites est
directement lié au nombre d’actifs et donc au taux de chômage et à la démographie.
Si le chômage baisse, les allocations chômage baissent et les cotisations retraite
augmentent. La faible marge restant sur la productivité ne permet pas de rendre
la production française plus compétitive à l’exportation et la monnaie bloquée
par l’euro ne permet pas une dévaluation externe. Seule la pression sur le coût
de la main-d’œuvre reste disponible sous forme de dévaluation interne. Mais dès
2025, la population française est destinée à décroître et en corolaire le
nombre d’actifs disponibles. L’UE, Macron et le Medef préparent donc l’opinion
à, d’une part une baisse des retraites, pour éviter de demander aux entreprises
de cotiser plus, et d’autre part à un apport de main-d’œuvre par la migration « planifiée »
pour baisser le poids des retraites, car l’apport des migrants cotisera peu
dans un premier temps, pour maintenir les salaires au niveau le plus bas
possible. On comprend ainsi que Macron n’est que le factotum de l’UE et des
grands patrons, des lobbies et des banques, et que les raisons évoquées ne sont
que des miroirs aux alouettes pour les pigeons que nous sommes. Macron prépare
l’opinion à une immigration plus massive et à une baisse des retraites en
brouillant les pistes sous prétexte d’« égalisation dans l’universalité »
pour parler comme lui avec des mots ronflants.
L’alarmisme
démographique doit se concrétiser en actions onusiennes
Dans
un climat où l’urgence ne touche que les pays en décroissance.
Car
en plus de l’autorégulation naturelle des pays en croissance
Ces
actions doivent cibler les pays en manque d’adéquation
Entre
leur démographie et leurs ressources vitales,
Ajouter
une régulation intra-zone géographique
Limitant
les flux migratoires au minimum
Et coordonner
une aide internationale.
Alors
la croissance démographique
Pourra
et devra être gérable !
Claude
Trouvé
09/12/19
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