Les deux précédents articles ont
montré que la démographie mondiale était probablement en voie d’une croissance
continue jusqu’en 2110, donc au-delà du XXIème siècle, pour atteindre 12,6
millions d’habitants si rien ne change dans les politiques démographiques des
pays, en dehors des éléments agressifs pour l’homme, et des guerres et
pandémies. Ces dernières ont donc
énormément de raisons pour que les prédictions à long terme ne se réalisent
pas. Toutefois l’exemple du Nigéria dont la croissance de population, qui non
seulement ne ralentit pas mais à l’inverse s’accélère, peut mener à une
situation humanitaire explosive. D’après les éléments de calcul, basés sur le
constat historique, fait sur les années précédents 2018, montrent que la
croissance démographique ne continuera pas indéfiniment et qu’une régulation
forcée ou une autorégulation de la croissance se produira à un moment ou à un
autre. C’est pourquoi je me risque à avancer un chiffre maximum de plutôt 11
milliards d’habitants au lieu de 12,6 puisqu’en 2060 le nombre d’habitants
de la planète aura atteint 10,850 milliards selon une prévision raisonnablement
probable. Cela s’appuie sur le fait que la plupart des pays les plus peuplés du
monde auront atteint l’apogée de leur population vers cette date. Aller au-delà
creuserait une différence irrémédiable entre les grands pays d’aujourd’hui en
décroissance de population et ceux en croissance jusqu’au-delà la fin du siècle
ou même en croissance exponentielle.
La première impression de cette étude
est que l’alarmisme inoculé dans la population, française en particulier,
présente une urgence mondiale déraisonnable avec des chiffres de 14 milliards
pour la fin du siècle. Pour défendre leur thèse les alarmistes agitent le
chiffon rouge de l’épuisement des ressources minières et énergétiques, de la
faim dans le monde par l’impossibilité de nourrir une telle population, de
l’ensevelissement des peuples sous les déchets et sous les eaux, de
l’impossibilité de survire au réchauffement climatique, et j’en passe. Ajoutons
à cela le fait que très peu de gens sont capables de fournir des avis
contraires puisque par définition l’avenir est d’autant plus inconnu que l’on
se projette loin dans le temps. C’est pourquoi dans la suite de cette étude je
considérerai que les prédictions en 2060 doivent être la base des réflexions
pour des évolutions géopolitiques rendant maîtrisable l’évolution démographique
en cours. Son principal problème n’apparaît pas être le nombre d’habitants mais
la disparité d’évolution entre les grandes zones géographiques et à l’intérieur
même de celles-ci. A l’appui de ce constat, et pour parler de choses qui nous
concernent plus particulièrement, le graphique ci-dessous, qui représente les
évolutions démographiques comparées de la France et du Royaume-Uni, en étonnera
plus d’un.
Le premier constat est que ces évolutions démographiques
sont totalement différentes au sein de deux grands pays européens proches.
L’apogée de population est très proche pour la France, soit 2025, et repoussée
au-delà de 2080 pour le Royaume-Uni. Le deuxième constat est qu’il est
irréaliste de penser que leur destin démographique soit scellé sans qu’une
réaction politique ne se fasse pas sentir dans les vingt ans qui viennent sur
la démographie de ces pays rendant caduques les prévisions démographiques
ultérieures. On peut penser que le gouvernement français sans l’avouer compte
sur un apport régulier de l’immigration en parlant d’un « quota »
d’immigration choisie même s’il essaie dans sa communication d’en masquer la
réalité. Le droit d’asile en fait partie mais pour le reste c’est bien le fait
du prince en particulier sur les critères de nombre et de sélection des
entrants. Le graphique montre ce que change un apport régulier de 200 000
immigrés en plus de ceux entrés en 2018. On voit que cela repousse la
décroissance de la population française au-delà de 15 ans au lieu de 5 ans sans
cet apport. Mais si ces 10 ans sont gagnés avec 200 000 immigrés de plus, on
voit que dès 2024 il faut faire face à une nouvelle décroissance avec un autre
apport supplémentaire de 100 000 entrants, soit 300 000 immigrés/an de
plus qu’en 2018. Ce palliatif reporte la date de décroissance à 2040 sans
résoudre définitivement le problème mais d’ici là beaucoup d’eau sera passée
sous les ponts comme l’on dit.
Ce constat mérite tout-de-même un
examen de ses conséquences. Il avalise le fait que la décroissance de la
population trouve sa solution dans l’immigration et non dans une politique
familiale de natalité plus forte. Certains objecteront que c’est une façon
de résoudre le problème de la surpopulation des pays d’émigration. Ce
raisonnement tient si par ailleurs cette surpopulation n’est pas endémique, ce
qui n’est pas le cas aujourd’hui. Car il faut prendre conscience que cet apport
continu de l’immigration aura introduit 6,3 millions d’immigrés en 2040, soit 9%
de la population en 22 ans, qui s’ajouteront aux 15 % actuels issus de l’immigration.
Parmi ceux-ci il faut faire la part entre les immigrés musulmans et les autres.
Ces musulmans sont pour la plupart moins facilement intégrables et apportent
une religion militante. Si l’on estime à 40% la part de musulmans dans cet
apport, on ajoute 2,5 millions aux 7 millions actuels soit 9,5 millions au
total soit 13,6% de la population de 69,6 millions en 2040. Des démographes
prétendent, preuves à l’appui dans les pays du monde concernés, qu’une proportion
de 15% de musulmans fait entrer dans le pays des changements législatifs sensibles
et irréversibles dus à la pression religieuse.
Pour la France la décroissance de la
population va de toute façon peser lourdement sur la politique française. Il faut
sans doute y voir là la vraie raison de l’introduction ex abrupto de l’immigration
dans le débat politique actuel par la seule volonté de Macron alors que son
pays est en proie à une agitation générale. On a voulu y trouver des raisons
électorales alors qu’il est plutôt probable que les français préfèrent l’original
de Marine Le Pen à la copie d’Emmanuel Macron sur ce sujet. Macron préparerait
ainsi son pays à une immigration plus massive, car dès 2025 l’impact sur le
nombre d’actifs va se faire sentir. Les grands lobbies, et plus près de nous le
Médef, y voient un danger de diminution de l’offre de main-d’œuvre entraînant
un renchérissement des salaires. Le maintien du nombre d’actifs est donc devenu
pour eux une urgence, qu’il est encore plus profitable de satisfaire par l’apport
de la main-d’œuvre la moins exigeante, l’immigration. Mais on pourrait même se
demander si une raison importante du Brexit du Royaume-Uni n’est pas liée à la
politique migratoire qui assure l’avenir du Royaume-Uni et qu’elle ne veut pas
laisser entre les mains de l’UE, comme le veulent les statuts, où des opinions
divergentes sur ce sujet se font jour.
Après cette vision très proche de nous des disparités
de croissance démographique, il faut voir les disparités sur de grandes zones
géographiques. La première à laquelle on pense avec nos références historiques
est l’Asie du Sud-Est et du Pacifique. Cette population est bien en forte
extension et n’aura pas atteint son apogée en 2120. Toutefois sa vitesse de
croissance diminue. Son poids dans la population mondiale diminuerait de 30,6%
à 26,6% de 2018 à 2060 pour remonter légèrement à 27,3% en 2120. La zone
géographique Asie Sud-Est et Pacifique n’est donc pas le principal moteur de la
croissance démographique mondiale. Elle y participe avec un poids néanmoins
très important et, si cette tendance continuait, son apogée démographique se
situerait loin dans le temps.
Mais c’est le continent européen qui retient
évidemment notre attention. Les zones géographiques de l’UE et de la Zone euro sont
très évolutives. Pour se donner une idée de l’évolution européenne il est
intéressant de se limiter aux 6 pays fondateurs de l’UE à savoir : Italie,
France, Luxembourg, Belgique, Allemagne et Pays-Bas. En 2018 cet ensemble
comptait 239,6 millions d’habitants soit 46,7% de la population de l’UE. La variation
de sa population était à cette date de 0,186325% avec une diminution annuelle
depuis 2013 de 0,002171%. Si je donne cette précision c’est pour ceux qui
voudraient faire le calcul prévisionnel, le nombre de chiffres significatifs a
son importance sur le résultat obtenu. Il est d’ailleurs assez étonnant de
constater que l’évolution globale de ces 6 pays est très différente de l’évolution
démographique française. L’explication du pessimisme des ménages français sur
leur avenir et sur celui de leurs enfants créant un ralentissement du taux de
natalité de ce pays ne trouve pas sa justification dans l’ensemble des 6 pays
fondateurs de l’UE. On pourrait en déduire que la France n’est plus un pays
attractif pour les cinq autres pays. Ces 6 pays fondateurs participeraient donc
à l’augmentation de la population mondiale jusqu’à la fin du siècle. Si on
limite les prévisions à 2060 ces 6 pays amèneraient 16 millions d’habitants de
plus soit 6% de plus. C’est peu devant l’apport
de l’Asie Sud-Est Pacifique qui amènerait 555,9 millions à la même date avec
une augmentation de 24% soit une croissance 4 fois plus rapide que ces 6 pays
fondateurs. La croissance démographique des 6 pays fondateurs de l’UE reste maîtrisable
jusqu’en 2060 et c’est donc ailleurs que se loge une démographie galopante.
La croissance démographique ne peut être mauvaise en
soi puisqu’elle est présente depuis la naissance de l’humanité, sinon elle n’aurait
pas multiplié la population planétaire par 30 depuis l’an un de notre
calendrier. Quelques chiffres devraient porter les alarmistes à modérer leurs
propos. En cours du XXème siècle la population a augmenté sur un rythme moyen annuel
de 1,35%, de 2000 à 2018 de 1,19%, et la prévision pour 2060 serait de 0,80%. La
croissance démographique mondiale est dans une phase de décélération. C’est
lorsque la croissance démographique est inférieure à la croissance économique
que naissent les signes d’inquiétude à un terme plus ou moins proche. Mais lorsque
la vitesse de croissance est en augmentation continue, alors la situation
démographique peut devenir explosive et conduire à une catastrophe humanitaire.
C’est ce que nous verrons dans le prochain article et le bilan de cette étude.
Tant que la démographie suivra l’économie
La croissance restera maîtrisable en
2060.
Seule l’accélération démographique
Doit être l’objet d’une diminution
.
La prévention est du réalisme.
L’urgence est de l’alarmisme.
Claude Trouvé
01/12/19
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire