Le précédent
article sur ce sujet avait pour but de montrer que la population mondiale est
en passe de diminuer naturellement sa vitesse de croissance pour atteindre son
apogée dans 90 ans environ pour atteindre 12,6 milliards d’êtres humains soit
une augmentation de 42,7% depuis 2018. Si ce chiffre est mis en avant par les
alarmistes, qui parlent même de 14 milliards à la fin du siècle, la prévision la
plus probable d’après les données historiques pour 2110, toutes choses égales
par ailleurs, montre que le même pourcentage d’augmentation dans 92
ans a été atteint entre 1998 et 2018 donc en 30 ans. C’est en effet en pourcentage qu’il faut
compter l’effort d’adaptation de l’humanité. On peut donc raisonnablement faire
l’hypothèse que dans ces conditions de temps le ralentissement de l’augmentation
de population a de fortes chances d’être maîtrisable. Cet article a montré que
la France allait d’ailleurs atteindre son apogée de population avant 2025, donc
demain, et entrera dans une phase de décroissance. Si une politique familiale
volontariste n’est pas mise en place, le maintien de la population devra faire
un appel massif à l’immigration avec toutes les conséquences sociétales, cultuelles,
culturelles et sécuritaires qui s’ensuivront comme en Allemagne.
Les exemples de la
France et du Monde mettent bien en lumière le fait que de grandes disparités
démographiques vont bouleverser la carte démographique mondiale d’ci la fin du
siècle. Pour ne pas en rester aux idées reçues, on peut regarder la Chine dont
on pense qu’elle va dominer le monde par sa démographie actuelle et future. On
constate d’après l’historique récent de son évolution démographique qu’elle est
sur un taux de croissance de 0,457% érodé chaque année de 0,010%. Sur ces bases
de l’évolution récente de la démographie chinoise, on peut calculer une prévision
prospective. On constate que la Chine va vers une apogée démographique
vers l’année 2068 soit dans 50 ans avec une augmentation de 13,2%. On
peut en déduire que sa population va vers un ralentissement naturel tout-à-fait
gérable puisqu’elle a augmenté déjà sa population de 13,2% mais en 10 ans entre
2008 et 2018. Si on peut s’attendre à une domination chinoise dans les 50 ans à
venir, succédant à une domination américaine de plus de 70 ans, l’évolution
démographique de la Chine montre que l’histoire du monde verra aussi la fin
de la domination de l’Empire de Milieu avant que la croissance démographique du
Monde ait atteint son apogée. Une autre domination du monde lui succédera,
mais laquelle me direz-vous ? Personne ne le sait.
L’autre grand pays,
dont la population est en passe de dépasser celle de la Chine, c’est l’Inde. L’Inde
présente une évolution similaire à celle de la Chine mais plus précoce avec une
apogée en 2046 à moins de 1,56 milliards d’habitants si l’on prend en compte
les 1,352 milliards d’habitants en 2018, l’augmentation de la population de 1,0427%,
et l’érosion annuelle de -0,0371% de ce pourcentage d’augmentation. En 2046 l’Inde
pourrait devenir de peu le pays le plus peuplé du monde mais cette supériorité
ne durera que quelques années. La décroissance de la population pourrait même
être très rapide si la situation démographique actuelle perdure. On constate
que ces deux pays ne nous menacent pas à très long terme par une démographie
galopante. D’ailleurs le pourcentage d’augmentation de la population serait
de 15,1% en 2046 par rapport à 2018 soit en 28 ans, et qu’elle a été
obtenue de 2007 à 2018 soit en 11 ans. Le ralentissement de la
croissance de la population, en presque 3 fois plus de temps, ne représente pas
un challenge insupportable. Au passage on voit que les deux pays les plus
peuplés du monde vont être en rivalité de nombre lors de l’apogée de la
population indienne vers 2046, après quoi la population chinoise continuerait
encore à croître tendant une vingtaine d’années et la population indienne décroîtrait.
Ce n’est
donc pas les deux pays les plus peuplés du monde qui vont participer à la croissance
de la population mondiale dans la seconde partie du XXIème siècle. Ces pays
sont déjà le siège d’une autorégulation de l’espèce humaine… les arbres ne montent
jamais jusqu’au ciel. Il faut donc chercher ailleurs.
On ne peut pas éviter
de parler du 3ème pays le plus peuplé du monde, les Etats-Unis. La
population des Etats-Unis était de 327,2 millions d’habitants en 2018 avec une
croissance annuelle de +0,621% par an et une diminution linéaire de cette
croissance de -0,0267%/an évaluée sur la période 1990-2018. La prévision jusqu’en
2120 présuppose que ces chiffres restent valables. Selon cette prévision la
population américaine donne une apogée de celle-ci en 2040 avec 350 millions d’habitants.
Là encore on observe que la croissance de 7,51% de la population américaine entre
2018 et 2040 soit 22 ans a été obtenue entre 2008 et 2018 soit 10
ans. On observe bien le même phénomène de ralentissement de la croissance
démographique. Le scénario américain est proche de celui de l’Inde.
Pour
ces trois pays on note que la prévision montre qu’ils seront tous entrés dans
une phase de décroissance au-delà des 50 prochaines années si rien ne vient
changer l’évolution observée depuis environ 20 ans. Si les prévisions à un siècle
laissent la porte ouverte à une remise en cause du calcul prévisionnel, c’est
beaucoup moins vrai pour la prévision à 50 ans. Elles devraient peser largement
sur les réflexions à moyen terme et en particulier modérer l’alarmisme
démographique et montrer les rapports de force futurs dans lesquels, nous l’avons
vu dans l’article précédent, certains pays jouent une mauvaise carte, soit ils
croissent trop vite , soit ils décroissent. Il y a une vieille anxiété qui
persiste encore en France, elle avait le nom de « Péril Jaune ».
Cet article met bien en lumière une pression démographique entraînant une
pression économique que l’on voit naître aujourd’hui. On constate aussi que la
Chine et l’Inde vont devenir les deux pays les plus peuplés du monde dans une
vingtaine d’années ce qui laisse présager une lutte d’influence en particulier
dans la recherche des sources énergétiques et minières dans la mesure où l’Inde
s’éveille économiquement avec un retard sur la Chine. On voit bien que l’ère de
domination des Etats-Unis s’achève et qu’un monde multipolaire va se créer dans
le demi-siècle qui est devant nous.
Mais si on revient
aux interrogations que peut poser la croissance démographique, la réflexion
précédente nous pousse à regarder le 4ème pays le plus peuplé à
savoir l’Indonésie qui fait partie de l’extrême-Orient. La même étude peut être
menée avec une population de 267,7 millions d’habitants en 2018, une croissance
annuelle de 1,140% en 2018, et une diminution annuelle de -0,0333%/an de la
croissance. Le résultat donne comme pour les autres pays étudiés une apogée
de la population indonésienne en 2052 à 323,3 millions. L’augmentation
de 19,5% prévisible entre 2018 et 2052 soit 34 ans a été obtenue entre
2004 et 2018 soit 14 ans. La croissance de la population
indonésienne est plus de 2 fois plus lente dans le demi-siècle à venir et va
même décroître. Ce n’est donc pas avec l’Indonésie que l’on peut s’alarmer de leur
démographie. Dans ce pays la démographie doit pouvoir être assumée raisonnablement.
Ce n’est donc pas
dans les 4 pays du monde les plus peuplés que nous trouverons l’explication de la
montée de la population mondiale jusqu’en 2110 à 12,6 millions d’habitants
comme le montre l’article précédent. Ces 4 pays sont considérés comme des pays
émergents ou émergés depuis plus ou moins longtemps parce que leur poids
économique est important, et font tous partie des 35 pays de l’OCDE. Nous
allons donc nous tourner vers le 5ème pays dans l’ordre du
peuplement, le Pakistan. C’est un nain sur le plan du PIB par rapport à ses
prédécesseurs même face à l’Indonésie. Cette fois la prévision est très
différente et l’apogée pakistanaise est trouvée en 2117 avec 583,2 millions
d’habitants. Cette évolution est cette fois très proche de celle du monde
avec une apogée en 2110 et 12,6 millions d’habitants. Le Pakistan ne participe
pas à l’OCDE et il y a donc une idée de relation avec celle-ci à expliciter.
Quittons
l’Eurasie pour traverser l’Atlantique et regarder le Brésil, 6ème
pays le plus peuplé du monde. En 2018 le Brésil comptait 209,5 millions d’habitants,
et une croissance de population de 0,7869% érodée linéairement depuis 1960 de
-0,0408%/an. A partir de ces chiffres la prévision de population donne une
apogée brésilienne en 2037 de 225,1 millions d’habitants. L’augmentation
de population de 7,45% de 2018 à 2037, soit 19 ans, a été obtenue de la
mi-2009 à 2018 soit 8,5 ans. La vitesse de croissance serait donc
réduite de moitié dans la période 2018-2037. Le Brésil présente une situation
moins alarmante que celle de la France puisque sa décroissance démographique
commencerait 13 ans plus tard mais le Brésil se comporte comme une nation
occidentale avec une perspective de décroissance à court terme au
sens démographique. Sa croissance actuelle peut donc être facilement
maitrisable mais devenir une préoccupation de décroissance à un moyen terme
assez proche d’une vingtaine d’années.
.
Il nous faut
maintenant faire un tour en Afrique dans le pays le plus peuplé de ce continent
à savoir le Nigéria. En 2018 le Nigéria compte 195,9 millions d’habitants et
une croissance de 2,620%. Mais l’évolution de la population de 1983 à 2018
montre une accélération positive de la croissance à +0,003355%/an.
La faiblesse de ce chiffre ne doit pas masquer son impact à long terme et le
fait que le Nigéria se démarque nettement des pays précédents parce qu’il ne
montre aucune limite à sa démographie avec des chiffres affolants en 2120 de
3,3 milliards d’individus. Même en supposant que l’accélération de la
croissance serait désormais nulle, on constate que la démographie reste explosive.
C’est bien sur ce pays que commence la réflexion sur l’alarmisme entretenu de
la nécessité de la décroissance économique. Sur 6 pays les plus peuplés aujourd’hui
on voit que seuls 2, le Pakistan et le Nigéria sont croissants jusqu’à la fin
du siècle, et seul le Nigéria présente à première vue une démographie non
maîtrisable sur les bases actuelles. Bien évidemment cet accroissement n’est
pas réaliste car un phénomène d’autorégulation naîtra au plus tard au début de la
2ème moitié de ce siècle. On touche en même temps aux limites des
calculs prospectifs sur une longue durée où les processus de rétroaction naissent
devant des processus démographiques explosifs. Mais on perçoit aussi que les
autres grands pays d’aujourd’hui, et probablement toute l’Europe, non seulement
ne sont pas véritablement concernés mais certains même sont entrés dans la
décroissance comme l’Allemagne et l’Italie.
Je
vais terminer l’exploration des pays les plus peuplés du monde par le
Bangladesh, pays pauvre par excellence. En 2018 le Bangladesh compte 161,4
millions d’habitants et une croissance de 1,0556% diminuant de -0,0327%/an
depuis 1960. Contrairement au Pakistan de la même région du monde, le
Bangladesh atteint son apogée dès 2050 à 190,2 millions d’habitants. L’augmentation
de 17,8% entre 2018 et 2050, soit 32 ans, a été atteinte entre 2004 et
2018, soit 14 ans. La progression de la population du Bangladesh est
en phase de décélération et reste donc maîtrisable. Ce pays suit donc la
tendance indienne, indonésienne, pays proches et non celle du Pakistan. En plus
de la pauvreté du pays on voit se dessiner un problème de culture et peut-être
de culte qu’il va falloir examiner de près.
A ce
stade de l’étude il convient de faire un premier bilan qui montre que les prévisions
au-delà de 40 ans sont très hasardeuses et sujettes à des révisions déchirantes.
Déjà en se limitant à une prévision plus probable de 42 ans, le monde de 2060 va
voir des changements énormes dans la répartition des populations qui doivent
inciter à des grandes réflexions et actions géopolitiques. Il ne sert à rien de
sonner l’alarme générale car il y a une grande disparité entre les pays et
probablement entre les grands ensembles de population. C’est ainsi que le
classement des 8 pays les plus peuplés du monde sera probablement très modifié.
La Chine après un court moment où l’Inde l’aura rattrapée restera le pays le
plus peuplé suivi par l’Inde. Mais la 3ème place échappera et de
loin aux Etats-Unis dépassés par le Nigéria qui sera deux fois plus peuplé qu’eux
en 2060. Les Etats-Unis seront même devancés par le Pakistan, et seront suivis
de près à la 5ème place par l’Indonésie. Le Brésil suivra mais aura
déjà entamé sa décroissance comme le Bangladesh qui fermera la marche. Ces 8 pays
les plus peuplés représentaient 4,110 milliards d’habitants en 2018 soit 54,24%
de la population mondiale avec 7,594 milliards, pourcentage qui baissera à 47,27%
avec 5,129 milliards pour une population mondiale de 10,850 milliards d’habitants.
On
peut en déduire que dans les 40 ans à venir il n’y a pas lieu de prôner une urgence
de décroissance démographique, le monde peut globalement gérer cette augmentation car
l’augmentation de la population mondiale de 42,9% entre 2018 et 2060 soit 42
ans, a été réalisée de 1990-1991 à 2018 soit 27,5 ans. Néanmoins les
situations au niveau de certains pays et même de continents peuvent demander à
l’ONU de promouvoir pour eux une modération démographique ou à défaut une
meilleure répartition des populations mais il a 40 ans pour le faire. C’est
la prise en compte du déséquilibre entre des régions du monde qui est la priorité
beaucoup plus que l’augmentation que l’on devrait pouvoir limiter à une
population mondiale de 11 milliards d’habitants. Dans un monde où la
croissance mondiale ne peut être arrêtée net, la décroissance actuelle de nombreux
pays d’Europe doit être prise dans le sens d’une politique de natalité
renforcée, l’augmentation de l’immigration même choisie ne pouvant être qu’un pis-aller.
Le prochain et dernier article doit donc prendre de la hauteur pour identifier
les zones géographiques posant déjà un problème de croissance démographique comme
le Nigéria, en comprendre les raisons et proposer des modes d’action
spécifiques à chaque zone géographique à adapter pour chaque nation.
L’alarmisme
démographique développé en France
Ne
concerne pas ce pays mais se traite à l’ONU.
L’urgence
est malsaine car c’est un risque
D’actions
violentes inadaptées
Créatrices
de tensions
Et
de conflits.
Claude
Trouvé
29/11/19
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