Vous avez sans doute entendu parler des
taux négatifs. Il y a peu on en parlait comme d’une curiosité, inquiétante pour
certains, mais assez bien vue des consommateurs qui y voyaient une baisse
intéressante du crédit. Le mirage du taux zéro n’allait plus être celui du
premier acquéreur d’une résidence principale mais étendre son emprise sur
toutes sortes d’acquisitions. Les économistes iconoclastes nous disaient bien
que l’épargne nourrissait les banques qui devenaient
« propriétaires » de votre argent sous réserve d’un contrat tacite de
remboursement selon vos besoins. Elles le faisaient fructifier mais pour cela
l’Etat fixait un taux d’intérêt compensant le fait que vous ne pouviez plus le
faire fructifier vous-même sauf quand vous payiez ses services pour qu’ils le
placent pour vous dans des actions ou des obligations. Au fond cela devient désormais
une mise en gardiennage de notre argent, comme on loue un coffre en banque, le
service est payant. Si l’on ajoute à cela qu’en cas de faillite bancaire, il
est déjà prévu au niveau européen que les dépositaires d’argent en banque
peuvent être ponctionnés pour les dépôts supérieurs à 100.000 euros, on peut se
douter qu’en cas de krach bancaire, le plafond peut être descendu beaucoup plus
bas ou au minimum et l’argent peut être ponctionné ou bloqué indéfiniment. Ne
croyez pas que cela n’arrivera pas car les Chypriotes ont vu fermer leurs
banques et leurs distributeurs de billets et toutes leurs transactions
commerciales bloquées. C’est le scénario du krach bancaire dont on ne sort que
par l’action de l’Etat, c’est-à-dire par nos sous.
Les
taux négatifs sont une aberration historique. Il semble de plus que Christine
Lagarde, nouvelle présidente de la BCE, veuille en faire un nouveau paradigme
de l’économie mondialiste moderne. C’est une première dans l’histoire du monde.
Cette politique mène à un à un blocage de la mise en épargne ou au plumage de
l’épargnant. Mais elle peut aussi mener à une faillite des banques car le
système est tel que les banques ne peuvent plus se prêter entre elles sinon à
des taux dérisoires et qu’elles doivent payer la BCE pour y déposer de
l’argent. Il leur faut donc utiliser les fonds disponibles et non les stocker à
la BCE. Ceci profite évidemment au marché immobilier avec des taux à 1,27% sur
20 ans pour une inflation prévue à 1,2% en 2019. L’Etat français emprunte lui à
-0,08% à 10 ans auprès des banques qui elles-mêmes empruntent à -0,50% auprès
de la BCE. On comprend pourquoi Macron veut signer la fin de l’austérité en
empruntant à taux nul ou négatifs et veut s’endetter sans se soucier de
l’avenir. Le problème est que, si le particulier s’endette pour un logement et
acquiert un bien ensuite négociable à la revente, l’Etat lui gère un tonneau
des Danaïdes. Non seulement il n’investit pas dans le maintien normal des
infrastructures mais il revend des parts de son patrimoine. N’oublions pas que
la France vit au-dessus de ses moyens actuels.
Cette
politique des taux négatifs de la BCE veut relancer l’économie européenne
en déclin prévisible et revenir à un taux d’inflation de 2% en forçant les
banques à fournir du crédit bon marché. On change complètement de paradigme.
L’épargnant qui met son argent en dépôt, non seulement va devoir payer un
service sous forme d’intérêt négatif mais va subir l’inflation. Il voit donc
son patrimoine se dégrader avec le temps même si l’épargne n’était pas
rémunérée à hauteur de l’inflation depuis longtemps. Normalement tout homme
préfère disposer d’un euro aujourd’hui plutôt que d’un euro dans 10 ans, a
fortiori si les autorités monétaires annoncent vouloir le dévaloriser de 2 %
l’an. Cette préférence pour le temps présent et la liquidité justifie une compensation
appelée "intérêt" que les emprunteurs déterminent en fonction de la
productivité de leurs investissements. Désormais 100 prêtés à -0,3 % par an
revient à percevoir 76 au bout de 10 ans en pouvoir d’achat constant, sans
avoir rien perçu entre-temps, et non 124 si le taux avait été de + 0,3%.
Euthanasie
des épargnants
Si
dépôts et obligations d’État leur valent un revenu négatif, les épargnants vont
épargner autrement et moins. Certains vont thésauriser en billets de banque
entassés sous leurs matelas. Loin de consommer plus, ils épargneront plus pour
maintenir leur stock d’épargne. Des seniors que leur âge ne prédispose plus à
des placements risqués, vont manger leur capital et se feront aider par leurs
enfants qui de ce fait consommeront moins. La politique de la Banque centrale
européenne (BCE) a annulé les revenus d’intérêt et donc réduit les revenus
dépensables.
Cette
faillite du but recherché se décline aussi au niveau des entreprises. La
demande de crédit émanant des entreprises n’augmentera pas autant que l’offre
de crédit du système bancaire, inondé de liquidités. Elles emprunteront pour
embellir leurs bureaux, robotiser ou, pire, pour acheter leurs propres titres
en Bourse. Les investissements d’expansion ne dépendent guère du taux
d’intérêt, mais du coût du capital à risque et surtout de la demande pour
leurs produits. Or les perspectives de croissance sont revues à la baisse. Pourquoi
la BCE veut-elle une inflation de 2 % ? Selon Alain Siaens,
ancien banquier et professeur extraordinaire à l'UCLouvain : « La
BCE veut sauver l’euro en allégeant le poids relatif des dettes publiques les
plus lourdes et éviter que le taux de change de l’euro s’apprécie. Elle
s’époumone en vain car l’inflation tend à s’abaisser en deçà de 1 %. En effet,
la mondialisation diffuse les pressions concurrentielles, les salaires ne progressent
pas assez car chaque pays sauvegarde sa compétitivité. Travailleurs de l’Europe
de l’Est et immigrés augmentent l’offre de travail et pèsent sur les salaires. »
Cette
inversion du temps où l’argent emprunté aujourd’hui vaut plus cher que celui
récupéré dans le futur ne peut mener qu’à une situation illusoire qui se paiera
cher demain. Elle pousse les Etats à s’endetter sans limite. La BCE détient
déjà 30% de la dette publique de l’Etat français laquelle est à hauteur de 100%
de son PIB. Mais les revenus d’intérêt de la BCE retourneront en dividendes aux
États actionnaires. La dette publique n’est donc en fait que de 70%. Tout cette
perspective de dette publique ad libitum se tient tant que les taux ne
remontent pas. On entre donc dans un cercle infernal d’aggravation continuelle possible
des taux négatifs ou leur maintien au niveau actuel sous peine d’explosion du
système. Macron veut desserrer l’étau de l’obligation européenne du déficit
public à 3% par an car les taux négatifs l’y poussent mais la compétitivité
mondiale ne l’incite pas à augmenter les salaires. La fin de l’austérité ne veut
s’appliquer qu’à l’Etat lui-même. Mais celui n’investit pas dans les
infrastructures, ni dans les grands travaux,il investit dans les start-ups un
argent dont une grande partie ne sert à rien et finit dans des faillites. Pire
par certains côtés et par peur d’une insurrection généralisée du peuple, les
augmentations des dépenses publiques sont centrées sur les tâches régaliennes,
armée, police, justice.
Il
existe une grande différence entre des taux d’intérêt bas et des taux d’intérêt
négatifs. Dans le premier cas, nous restons encore dans une situation connue,
qui a des précédents historiques (guerres, surtout). Dans le second, nous
sommes dans une situation anormale, inconnue. Ainsi, l’Europe et le Japon sont
actuellement en situation anormale, les Etats-Unis restant encore dans la
normalité. Les taux négatifs signifient autre chose. Ils signifient que les
investisseurs institutionnels ont peur de laisser l’argent qui leur a été
confié dans le circuit bancaire. Ils préfèrent payer un Etat pour le conserver
plutôt que de prendre le risque bancaire ou l’investir.
La
déraison du système va vers le dépouillement des épargnants, la faillite des
banques, le retrait bancaire d’une partie importante de l’épargne dans le bas
de laine, et un endettement public de nouveau croissant menaçant pour l’avenir.
On est loin d’actions vertueuses pour l’économie et le bien du peuple. Lisons
de nouveau Alain Siaens qui fait parler le bon sens : « Nous
proposons deux axes. Un : une plus forte progression des revenus salariaux
simultanément dans tous les pays de l’Euroland, surtout chez ceux qui au nord,
devenus de plus en plus compétitifs, accumulent des excédents de balance
commerciale et suppriment leurs déficits budgétaires. Les syndicats, au lieu de
s’époumoner en revendications, manifestations et grèves dans leurs pays respectifs
devraient unir leurs forces au niveau de l’Euroland. Deux : une relance des
investissements publics par endettement. Est-ce un risque ? Non. Les traités
plafonnent les déficits budgétaires des pays membres à 3 % mais qui peuvent
s’alourdir en cas de récession. Cette norme correspondait à la part historique
des investissements publics dans les produits nationaux. Il est légitime de les
financer par des emprunts. La qualité des dépenses occasionnant le déficit
compte plus qu’un pourcentage. C’est de la rigueur et non de l’austérité que
s’abstenir de faire des déficits excessifs par des transferts, aides, subsides
et subventions. Le déficit budgétaire consolidé de l’Euroland n’est que de 1 %
(contre 4,7 % aux États-Unis où la croissance est plus forte). Il y a donc de
la marge pour investir bien davantage, surtout dans les pays les moins
endettés, tels que l’Allemagne, qui empruntent à des taux négatifs. »
Mais nous sommes dans un monde où le bon sens est l’apanage des pauvres. De
plus dire que rester dans l’euro et l’UE permettrait de mener une politique
différente vous vaut au mieux l’indifférence réservée aux nuls, et au pire
l’opprobre sur le nuisible voulant conduire le pays à la catastrophe.
Le
mondialisme de la déraison s’étend sur la France
Dans
un enfumage de plus en plus opaque
De
négation des valeurs ancestrales.
Les
taux négatifs l’arme des riches
Tue
le bon sens des pauvres
Claude
Trouvé
14/11/19
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