mardi 8 août 2017

« Macronisme » puéril et enjeux fondamentaux (2ème partie)



J’ai montré dans l’article précédent l’aveuglement avec lequel sont menés les grands enjeux de politique intérieure. Mais il y a plus grave encore dans l’aveuglement de la France sur l’évolution du monde. Deux évolutions majeures se produisent sous nos yeux, la bipartition politique en cours du monde et l’évolution démographique inexorable de l’Afrique. Rien ne montre que la France axe sa politique sur ces deux évolutions majeures. Nous sommes dans une attitude de vassalité et de spectateur devant la grande partie géopolitique qui se joue entre deux mondes, le monde unipolaire où nous sommes calfeutrés derrière les États-Unis avec sa puissance militaire et son dollar, et le monde multipolaire qui représente une masse humaine considérable, une puissance économique, militaire, financière et monétaire prêt à supplanter l’hégémonie américaine. Ce monde multipolaire est représenté par une union de base, les BRICS, qui en rallie progressivement d’autres. Les récentes sanctions contre la Russie et l’Iran, notre suivisme des États-Unis dans leurs actions contre la Chine, ne font que renforcer la construction d’un monde multipolaire qui a l’avenir devant lui alors que les États-Unis sont désormais sur la défensive et luttent contre leur déclin.

Trump a réalisé que la politique hégémonique américaine et le globalisme amenait désormais à l’appauvrissement de son pays. Ce premier repli sur soi lui apparaît comme indispensable pour armer économiquement son pays que le libre-échange à tout-va est en train de se consumer dans une fuite des industries et une paupérisation grandissante. La France n’a pas compris que son avenir n’était pas dans le TAFTA et le CETA qui l’ouvrent plus à l’importation qu’à l’exportation et que les États-Unis manieront toujours le dollar pour qu’il soutienne leurs exportations. Elle n’a pas compris non plus que le barrage contre la Russie la coupe de nombreux marchés asiatiques comme l’Inde et l’Iran. On a vu ce qui s’est passé avec l’Inde pour les Rafale et on passe à côté du métro-train de l’île Maurice où tout le monde parle français. Elle n’a pas compris qu’elle est le point de passage entre l’Occident et l’Orient et qu’elle a potentiellement un rôle primordial dans l’évolution du monde. Devant notre suivisme aussi bien des États-Unis que de l’Allemagne, nous livrons ce rôle à cette dernière qui n’en demandait pas tant. C’est elle qui finalement, reprenant la vision bismarckienne envisage désormais ce virage pour montrer aux États-Unis qu’elle est désormais en mesure de gérer l’Europe et d’y faire entendre sa propre voix.

La France s’englue dans un monde occidental sous hégémonie américaine et ne voit pas qu’elle occupe avant tout un rôle charnière vers l’Afrique, quand la Chine investit celle-ci déclenchant une peur chez les Etats-Unis qui découvrent l’intérêt de ce continent et commencent à s’y engager militairement et économiquement. La France est le maillon essentiel d’un supercontinent Europe-Asie-Afrique grâce à sa position qui la place à un bord géographique et à l’ouverture sur les mers du Nord, l’Atlantique et la Méditerranée. Aucun autre pays ne peut être un meilleur point de liaison entre l’« Eurasiafrica » et les Amériques ! Elle a en plus vers l’Afrique des atouts majeurs dont la langue française qui va devenir en 2050 la troisième langue la plus parlée dans le monde et les reliquats économiques et humains de la période coloniale.

L’Afrique comptera près de 4,5 milliards d’habitants à l’horizon 2100, soit 40 % de l’humanité, contre 1,3 milliard (17 % de la population mondiale) actuellement. C’est ce qu’indique un rapport publié récemment par le département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU. Le continent aura alors quasiment rejoint l’Asie, dont la part dans la population mondiale devrait régresser de 60 % à 43 % (4,8 milliards d’habitants contre 4,5 milliards actuellement), en raison notamment du ralentissement de la croissance démographique chinoise puis son lent déclin dans la deuxième moitié du XXIe siècle.  Ces prévisions sont beaucoup plus fiables que les prévisions climatiques même si ce sont ces dernières qui préoccupent le plus l’Afrique. Une fois la bulle du réchauffement dégonflée en changement climatique encore imprévisible, ce sont les mouvements humains avec une tendance à l’émigration qui la préoccuperont en premier avec ces conflits que les puissances occidentales s’ingénient à allumer et à entretenir. 

Le problème touareg au Mali n’a pas avancé d’un poil et l’opération Barkane ne tarit pas l’action djihadiste. On voit se développer la première manifestation devant l’ambassade de France et le souhait de voir plutôt la Minusma que la France contrôler les oppositions internes qui étaient soi-disant l’objet de notre intervention dans ce pays. Il apparaît au peuple malien que ce n’est plus notre objectif et il va le faire savoir de plus en plus fort. On voit mal d’ailleurs comment nous pourrons faire face avec une diminution des crédits militaires. Il y a beaucoup mieux à faire en Afrique que de se contenter d’y vendre des armes même si certaines d’entre elles, dites de surveillance, sont les bienvenues. Il y a deux problèmes majeurs dans ce continent. Le manque d’électricité, et la sous-alimentation. Le premier entraîne un sous-développement, et le second a une influence sur une procréation largement au-dessus des autres continents par réflexe pour pallier à une mortalité plus importante et un besoin de bras humains pour survivre.

L’Afrique est un continent où la France a un rôle primordial à jouer. L’électrification est prévue par l’écologisme de la COP21 comme un terrain rêvé pour implanter éoliennes et panneaux solaires, les EnRi. La Chine est prête à investir ce marché. La France ne pourra pas lutter sur ce terrain qui peut correspondre à certains besoins dans des zones à faible habitat rural. Elle a au contraire un marché pour le nucléaire dans les zones très urbanisées. Cette énergie est de loin la plus rentable après l’hydraulique. D’ailleurs certains pays africains sentent le piège des lobbies leur vendant une technique des EnRi entraînant finalement des dépenses somptuaires. L’exploitation de centrales nucléaires par des spécialistes français ou de pays techniquement avancés peut être provisoire jusqu’à la formation de spécialistes locaux dans une coopération étroite avec les universités de grands pays africains. Un rapprochement avec la Chine pourrait être une solution puisque nous travaillons conjointement avec eux sur 4 EPR, dont 2 au Royaume-Uni et 2 en Chine dont l’un doit entrer en fonction avant la fin de l’année.

Mais il y a aussi d’énormes débouchés pour l’industrie agro-alimentaire française qui peut allier des productions sur notre sol et des participations dans une industrie alimentaire africaine. L’intérêt de la France est d’aider au développement de l’Afrique mais pas sans politique concertée en traitant d’égal à égal dans le but de rendre l’Afrique autonome et capable de nourrir sa population. Cela aurait un double effet, d’une part celui d’augmenter le niveau de vie et de rendre plus attractif le maintien des jeunes au pays, et d’autre part de faire diminuer la natalité par une prise de conscience collective que celle-ci n’est plus un besoin vital mais une entrave au bien-être et à la marche en avant. L’exemple de la Chine sur ce point montre que la prise de conscience donne des résultats même s’ils ont été trop tardifs et trop brutaux entraînant de graves problèmes sociétaux.

L’aveuglement sur la grande évolution de bipartition du monde avec un monde multipolaire en grand devenir qui lance une guerre économique et monétaire enchaîne la France au camp hégémonique occidental. La ruée vers l’or de la Russie, la Chine et l’Inde prédit que le dollar, qui n’est désormais assis que sur de la monnaie de singe, va devoir céder le pas. Qui a l’argent a la puissance. Ceci reste vrai depuis des millénaires. La France subit l’immigration sans réagir réellement sur les causes et se complait en batailles qui perdent leur but essentiel ou œuvrent pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Son sang coule souvent pour rien et notre jeunesse n’en ressort pas fière de son pays qui n’arrête pas de battre sa coulpe. La France est dotée d’une histoire et d’une position géographique qui lui donne la possibilité d’être encore l’un des phares de l’humanité… Malheureusement elle est en train de tout gâcher dans une désespérante « Marche arrière » !


La France montre le triste exemple d’une nation 

En train de s’autodétruire, bercée d’illusions,

De perte d’identité et de confiance en soi !


Claude Trouvé 
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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