La
France s’est dotée d’un Président jeune et porteur des espoirs de renouveau
pour un peuple douché par les deux précédents quinquennats. Le candidat a surfé
longtemps sur cette image qu’aucun programme clair ne venait soutenir. La
communication parfaitement réglée et financée avec l’appui quasi-unanime des
principaux médias mainstream avait porté le candidat face à un Front National
porteur du ras-le-bol. Il a fallu attendre les derniers moments pour que le
candidat lève un peu le voile sur une austérité molle et un dynamisme
économique qui promettait des jours heureux. Après des élections dont on
ressort avec l’impression de trucage en particulier au premier tour pour placer
Macron en tête, le quinquennat a débuté en fanfare internationale avec
l’invitation des grands de ce monde et le déploiement des ors de la République,
Versailles et Tour Eiffel compris. La tape dans le dos de Trump lors du G20, le
chef de guerre au Mali, la co-présidence de l’UE réaffirmée auprès de Merkel
suffisaient pour masquer les dérapages verbaux, les démissions ministérielles
pour amoralité et les mesures d’austérité concoctées à Bercy.
Tout-à-coup ce que l’opinion publique avait pardonné pour
cause d’apprentissage du pouvoir, mais n’avait pas oublié, vient se fracasser
sur les premières mesures d’austérité annoncées. Le réveil de l’opinion est
brutal et il sanctionne durement avec une baisse spectaculaire des opinions
favorables, baisse d’une ampleur encore jamais vue en début de quinquennat. La
puérilité, le narcissisme, les valses hésitation, et le suivisme de ses
commanditaires de l’élite et de Bruxelles, apparaissent au grand jour. Les jeux
de tête et de ballon au pied devant les télés ne font plus recette. Les
français apprennent petit à petit, à quelle sauce ils vont être mangés, que les
feux de forêt mettent à rude épreuve nos pompiers, et que les migrants ne
cessent d’affluer et de tenter le passage à Vintimille et à Calais vers le
Royaume-Uni.
Macron
a montré les dents vers la Syrie en mettant son feu rouge sur l’utilisation des
gaz mais il ne dit rien quand la coalition, dont nous faisons partie, bombarde
au phosphore un hôpital à Raqqa et fait des dizaines de morts. Il ne se vante
pas d’être tenu à l’écart des accords tripartites entre la Russie, la Syrie et
les Etats-Unis pour en finir avec Raqqa et la restituer au gouvernement légal
syrien, ni sur le fait que nous avalons notre chapeau avec la perspective d’un
règlement diplomatique sur la base du maintien provisoire de Bachar el-Assad
dont Laurent Fabius voulait la mort. Chacun sait que le maintien provisoire
peut durer longtemps. Nous avions un rôle à jouer en Syrie auprès du dirigeant
syrien pour coopérer vers une solution diplomatique qui nous aurait aussi
permis de bénéficier des services secrets syriens pour lutter contre les
attentats sur notre sol. Nous l’avons gâché, Bachar el-Assad a beaucoup moins
besoin de nous désormais et Macron ne fait rien pour essayer de nous
positionner autrement qu’en vassal des États-Unis.
Toutes
ses rodomontades diplomatiques n’ont rien changé à la décision de Trump de
sortir de l’accord de la COP21 et les États-Unis se feront tirer l’oreille pour
payer leur contribution, qui est la plus importante. Macron ne voit pas que la
principale bénéficiaire de cet accord est la Chine qui ira à son rythme et
bénéficiera de l’aide financière apportée à l’Afrique pour développer son
industrie des énergies renouvelables tout en projetant un nouveau plan de
construction de 20 centrales nucléaires. La France qui est l’un des pays où le
taux de CO2 est le plus bas continue cocue, mais contente, avec un
Hulot qui a déjà mangé son chapeau en ratifiant les propositions de Bruxelles
sur les perturbateurs endocriniens. Il s’est contenté de publier deux listes de
« produits pesticides contenant une
substance identifiée comme perturbateur endocrinien ». Ces longs tableaux
ont été mis en ligne discrètement le 13 juillet, « afin que les citoyens, agriculteurs et professionnels puissent, en
l’attente de l’entrée en vigueur concrète de l’exclusion européenne, orienter
leurs choix d’achats ». Avec près de 600 insecticides, herbicides et
fongicides à usage agricole et d’environ 1 000 biocides (pesticides à usage
domestique – de la poudre anti-fourmis au produit de protection du bois contre
la moisissure), on voit mal le choix qui reste aux agriculteurs.
Je reviens encore sur l’incohérence du plan de transition
énergétique pour mettre en garde le lecteur sur le mélange des puissances
installées et la production d’électricité. J’en veux pour preuve un article des
Echos du 21/02/17 qui dit ceci : « Lorsque les 45,5 GW d'éoliennes allemandes (l'équivalent de 32
réacteurs nucléaires de 1400 MW) produisent, il arrive que la puissance
apportée sur le réseau excède largement la demande allemande. » En
réalité les 32 réacteurs produiraient plus de 3 fois plus d’électricité que les
éoliennes à la production intermittente et aléatoire. Il est intéressant de
regarder où en est l’Allemagne avec les énergies renouvelables intermittentes
aléatoires, les EnRi. Selon les premières estimations, la production brute
d'électricité s'est élevée en 2016 à 648,4 TWh, les centrales thermiques en
produisant plus de la moitié : 53,7 % (lignite : 23,1 % ; charbon : 17,2 % ;
gaz naturel : 12,4 % ; pétrole : 0,9 %), les centrales nucléaires 13,1 %, les
énergies renouvelables 29,0 %, hydraulique et biomasse 4,3%. Le ministre de l’Energie
allemand parlait l’an dernier d’un investissement de 500 milliards d’euros. Nous
en sommes à 5,2% d’EnRi en 2016. C’est donc une somme de cet ordre qu’il faudra
dépenser et non les 50 milliards que la Cour des Comptes a jugé sous-estimés. Les
gigantesques investissements allemands réalisés auraient dû conduire à une
baisse de ses émissions globales de gaz à effet de serre (c’était l’objectif
recherché et affiché). Or, celles relevant de l’énergie (pas seulement de
l’électricité) ont au contraire augmenté de 0,7% de 2014 à 2015, et de 0,9% de
2015 à 2016 ! De plus l’Allemagne a remis en exploitation des mines de lignite,
charbon de mauvaise qualité et 3 fois plus polluant que le charbon. Arrêter les
réacteurs nucléaires alors que ceux-ci sont non polluants en CO2 pour
les remplacer par des EnRi qui demandent l’apport d’énergie thermique polluante
est une aberration en soi mais pire, un gouffre financier.
Macron
nous promet la croissance grâce à notre effort d’austérité et aux cadeaux aux
entreprises mais ce ne sont que des promesses de gascon ou de picard dans son
cas. On peut espérer par l’action sur la baisse des charges des entreprises
gagner quelques pour cent au plus de compétitivité, mais entre le 20 décembre
2016 et le 3 août 2018 c’est 4% qui handicapent l’euro par rapport au dollar et
donc notre compétitivité. L’euro s’échangeait contre 1,04 dollar, aujourd’hui
c’est contre 1,18 dollar. Si cela reste ainsi nous n’aurons aucun gain de
productivité mais nous aurons augmenté notre dette publique et baissé
globalement notre pouvoir d’achat. Notre dépendance à une monnaie unique nous
prive d’une variable d’ajustement. L’euro à 1,05 $ avait profité à Hollande et
participé à une petite relance de la croissance, c’est l’inverse actuellement.
Mais
parlons de la croissance que Macron appelle en proclamant qu’il faut libérer le
travail en demandant de ramener la loi travail à ce que Bruxelles avait demandé
et a réitéré en mai. Cette loi va essentiellement favoriser les entreprises du
Medef, donc les grandes entreprises à vocation internationale, qui ont tous les
moyens pour faire de « l’optimisation
fiscale » comme Airbnb qui n’a payé que 92.944 euros avec un chiffre d’affaires
de 130 millions d’euros. Le « choc
de simplification » annoncé par Hollande a accouché d’une souris et on
ne perçoit aucun effort significatif pour alléger la multitude de codes et de
normes entraînant paperasserie et perte de temps qui paralysent nos petites et
moyennes entreprises. Dans un contexte de reprise européenne molle, et un euro
qui monte on a peu de chances de voir nos entreprises participer à la
croissance.
Mais
l’aveuglement de la France est pire encore sur son appréhension géopolitique de
transformation du monde et nous en parlerons dans le prochain article.
Rien ne permet à notre pays de croire en
des jours meilleurs.
L’illusionniste en chef n’a que l’art du
discours vide,
Des recettes éculées et de la pantomime
Pour singer l’Allemagne et exécuter
Les ordres de l’élite mondiale.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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