La France,
et une majorité de français n’ont pas encore réalisé le changement radical dans
la géopolitique mondiale que signifie l’arrivée de Donald Trump. L’avènement d’un
noir à la Présidence sonnait avec Obama comme la revanche de Martin Luther
King. L’homme avait l’allure d’un jeune premier séducteur accompagné d’une
épouse à son image. Son élection s’est faite dans la liesse des deux côtés de l’Atlantique
car les françaises n’étaient pas en reste ni les médias. Son discours du Caire
qui tendait les bras aux musulmans était reçu comme un geste de paix dans le droit
fil de la pensée de gauche française. Le prix Nobel de la Paix tissait une
image idyllique du personnage. L’Obamacare permettait de couronner le Président
de l’auréole du père du peuple des pauvres. Mais beaucoup de français ne voient
pas encore ou ne veulent pas voir que son long passage a laissé un Etat endetté
plus que l’on fait tous ses prédécesseurs, 95 millions de pauvres, une
désindustrialisation alarmante et des tapis de bombes dans plusieurs endroits
du monde, après avoir fomenté et aidé les « printemps arabes ». Les
seuls vrais gagnants ont été les spéculateurs. Parmi ces derniers, les Maîtres
du Monde ont tenu Obama entre leurs doigts et lui ont donné comme dernier
travail celui de promouvoir Hillary Clinton à sa succession, c’est-à-dire celle
qui était leur représentante.
Je
peux facilement comprendre que le personnage Trump soit beaucoup moins
attrayant que le bel Obama, souriant mannequin au langage plus édulcoré. Trump
ressemble plutôt à un chef de chantier parlant le langage de ses gars et prêt à
quelques grossièretés dont les femmes ne sont pas exclues, histoire de valider
sa supériorité masculine. L’homme qui a épousé un mannequin « trump »
facilement son monde et se montre de plus sciemment insaisissable. Il a subi
les attaques répétées d’une presse déchaînée contre lui, aux États-Unis mais
aussi dans tous les pays occidentaux. Les français favorables à son élection
faisaient profil bas, un peu comme pour le FN il y a peu. Mais derrière ces
comportements, il y a les engagements pris et les actes. On n’a pas tardé à les
voir, comme le décret remettant en cause l’Obamacare et l’instruction de cesser
toute publicité sur le réchauffement climatique et les énergies renouvelables.
Si le premier décret est à usage interne, les instructions sur le second sujet
vont avoir un impact considérable sur les politiques énergétiques mondiales
ainsi que sur les crédits alloués aux énergies renouvelables aux États-Unis.
Mais
bien d’autres bouleversements dans la géopolitique mondiale vont apparaître.
Par exemple Trump pose un regard critique sur le fonctionnement de l’ONU pour
lequel son pays est le principal contributeur et celui qui fait de cette
instance le jouet aisément manipulable des États-Unis. En effet, en plus de son
impact financier, de son siège permanent au Conseil de Sécurité, de nombreux
pays sont manipulables car tributaires des aides américaines. Les États-Unis
contribuent à hauteur de 22% au budget de l’ONU. En conséquence le coût devient
prohibitif, quand Trump ne veut plus se servir d’elle pour mener une politique
d’ingérence dans les États qui feraient obstacle à une politique hégémonique.
Il a renoncé à cet objectif pour un recentrage souverainiste sur son pays. La
présence des États-Unis dans l’ONU est remise en cause et il n’est pas
impossible que si les États-Unis sortent, cela entraînera la sortie de la
Russie. Mais cela semble vouloir aller plus loin envers tous les organismes
internationaux dont l’utilité pour l’économie et la sécurité des États-Unis n’est
pas prouvée mais le coût oui.
Mais
c’est toute la politique extérieure américaine qui est remise en cause. Trump
et Poutine vont converser dans un esprit de coopération contre l’ennemi commun
cette fois. L’ennemi numéro 1 ne sera plus la Russie mais le monde musulman
instable et conquérant. A l’intérieur la limitation des migrants venant de
Syrie, d’Irak, du Yémen et de Syrie est actée mais l’accueil des chrétiens de
ces pays sera possible, enfin ce qu’il en reste après les massacres opérés. Au
Moyen-Orient la lutte contre toutes les forces déstabilisatrices, dont Daech,
va enfin avoir réellement lieu en coopération avec la Russie. Mais dans le même
temps, les sanctions contre l’Iran seront maintenues pour dissuader ce pays d’une
attaque contre Israël qui reste la tête de pont américaine dans cette région.
Du côté de l’Ukraine, la révocation de toute l’équipe américaine qui a œuvré là-bas
est le signe avant-coureur d’une remise en cause du soutien à Porochenko.
C’est
toute la politique extérieure américaine qui est remise en cause avec une prise
de position souverainisme de Trump qui tourne le dos au mondialisme mais pas au
libéralisme et c’est la fin des « printemps arabes » qui deviennent
incompatibles avec la nouvelle politique. Mais il s’agit d’un changement total
de paradigme. Le « repli sur soi », formule péjorative pour désigner
le souverainisme, ne va plus être une opprobre dans l’esprit de nombre de
citoyens des pays démocratiques. Il ne va plus être dégradant de penser à son
propre pays avant d’en ouvrir les portes. On va pouvoir se poser la question :
« Est-ce bon pour mon pays ? » avant de se poser celle du « Est-ce
bon pour les autres pays ? ». On va regarder les phénomènes migratoires d’un
autre œil, non plus celui des bienfaits du multiculturalisme qui tourne à l’invasion
de peuplement, mais celui du dosage de l’apport culturel et non confessionnel, celui
aussi de la nécessité de tout faire pour aider les peuples migrateurs à garder
leurs ressortissants et en particulier leurs élites par la croissance et la
régulation démographique.
Le
virage américain est brutal et à 180°, donc cela va soulever d’importantes
questions et des dérapages, « On ne
fait pas d’omelette sans casser des œufs ». C’est la capacité du
peuple dit « d’en bas » à subir ou à approuver les changements qui
décideront de la réussite de Trump. Les forces contraires disposent de l’argent,
des médias et de la CIA pour l’instant. Le soutien populaire va être décisif
pour l’avenir de Trump. La majorité républicaine au Sénat et au Congrès devrait
lui assurer une liberté de manœuvre dans un premier temps. La politique extérieure
est déjà largement modifiée : accord bilatéral spécial avec le Royaume-Uni,
retrait probable de la plupart des organisations internationales, recherche d’accords
économiques et militaires avec la Russie, et politique de défense d’Israël face
à l’Iran. Sur ce dernier point qui peut être contestable, une solution ne peut
être trouvée que dans un dialogue à trois, Russie, Iran, États-Unis au moment
où l’Iran se tourne vers la Russie. C’est dire l’importance des relations
russo-américaines.
Le
nouveau regard de Trump sur l’OTAN et l’Europe est le changement stratégique le
plus radical depuis la seconde guerre mondiale. De l’attitude défensive qui
avait été le socle des missions de l’OTAN, celle-ci est devenue agressive
depuis la chute du mur de Berlin. Les promesses faites à Gorbatchev n’ont pas
été tenues. L’OTAN s’approche au plus près des frontières russes et masse des
troupes aux frontières de l’UE. La CIA s’activait de son côté pour soulever
tous les peuples des pays pro-russes. Trump en mettant en avant d’une part le
coût de l’OTAN et d’autre part le nécessaire d’un retour à sa vocation défensive
originelle pose un problème crucial à l’Europe. L’UE a légué sa défense à l’OTAN
au prix de son indépendance vis-à-vis des États-Unis, autrement dit elle n’a
pas voulu en payer le prix. Ce temps va être révolu pour celui d’une alliance
défensive où le prix à payer sera beaucoup plus élevé. Cette alternative va
être une autre raison de l’éclatement de l’UE tant les vues sont différentes d’un
pays à l’autre. La France va devoir reconstruire une armée autonome pour sa
défense ou subir un joug encore plus important.
Les politiques et les médias nous
cachent l’ampleur du changement
Dans des programmes ou des promesses
vides de tout horizon.
L’Occident va changer de paradigme, la
guerre s’éloigne
Par les armes, mais la guerre
économico-monétaire
Sera aussi sans pitié. Qui nous y
prépare ?
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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