On ne lance pas un produit marketing
sans publicité dans les entreprises privées, et, pour les entreprises qui
peuvent se payer ce luxe, on y ajoute des sondages flatteurs et on fait passer
le résultat dans les médias. En politique il est devenu courant d’en faire de
même. Dans le cas de produits mis sur le marché par les fabricants ou les
grandes enseignes, on ne se fait aucune illusion sur les résultats des sondages
même si l’on sait qu’ils ont tout-de-même un impact sur notre consommation. C’est
du marketing. Autrement dit on sait qu’ils
sont truqués mais on se laisse prendre… par bêtise ou paresse de notre esprit.
Il en est de même des pubs des magazines et des médias télévisés. Force est de
constater qu’ils nous influent… sinon les demandeurs de ces sondages et de ces
pubs cesseraient de les payer.
Ce qui marche pour les produits et
services à nous faire consommer, cela marche aussi en politique et les partis
ou personnalités ne s’en privent pas. Il suffit de payer. Plus ils ont d’argent,
plus ils peuvent commander de sondages et de publicités, et plus ils peuvent en
influencer le résultat… puisque c’est eux qui payent ou leurs sponsors. Pour
les médias il suffit d’avoir l’appui des quatre fortunes qui tiennent la quasi-totalité
de la presse française pour bénéficier d’articles valorisants et des unes à
répétition dans les magazines. C’est le battage médiatique incroyable dont a
bénéficié Macron pour lancer un homme politique propulsé par les banquiers au
plus haut de l’Etat. Hors de cela son action s’est traduite par la vente financièrement
catastrophique d’Alstom, entreprise stratégique, à General Electric, par une
loi travail copie d’une directive européenne orientée vers les lobbies, et par des
cars qui concurrencent une SNCF en faillite et augmentent la pollution et l’encombrement
des routes.
Pour les sondages il faut qu’ils
puissent truquer les résultats dans le sens qui avantage le payeur. Si les
statistiques sont un instrument merveilleux, que j’ai eu le plaisir d’utiliser
largement professionnellement, elles demandent une parfaite honnêteté
intellectuelle pour ne pas devenir un instrument de manipulation de la vérité.
Les sondages politiques ont pour but de donner une image instantanée et fiable des
opinions d’une population donnée par une enquête sur un échantillon réduit de
personnes. La méthode généralement retenue est celle des quotas. Elle consiste
à prendre en compte les différents paramètres qui peuvent modifier les réponses
des sondés, par exemple le sexe, l’âge, la catégorie sociale, le revenu, la
position géographique, etc. Chacun de ses paramètres doit avoir un nombre suffisant de sondés le
représentant. L’ensemble de ces considérations définit la taille de l’échantillon.
En dehors des sondages qui sont faits au cours de dépouillement des votes d’une
élection officielle, le nombre de sondés est de l’ordre d’un millier ou plus.
Ce sondage est souvent fait par téléphone auprès des personnes retenues.
Si les statisticiens ont bien fait
leur travail, les résultats instantanés peuvent assez bien cerner la réalité
avec une marge de 2 ou 3%. Le travail a par contre été mal fait dans l’évaluation
des candidats à la Présidence des Etats-Unis. La répartition des personnes à
sonder s’est basée sur les personnes ayant voté à la précédente élection d’Obama
or le candidat Trump a visiblement mobilisé une catégorie d’électeurs qui ne
votaient jamais. Ceci n’a pas dû échapper aux instituts de sondage dans les
dernières semaines, mais ils ont sciemment évité de reconsidérer leur
échantillon de sondés afin de minimiser les résultats en faveur de Trump. On voit
donc qu’aussi bien pour Trump que pour le Brexit, les résultats statistiques
sont faux soit par erreur volontaire ou non d’appréciation de la population à
sonder soit par non prise en compte d’un paramètre important pour le sondage,
par exemple l’origine ethnique. Mais une autre façon de truquer les sondages
est d’interroger plus ou moins de personnes sur un paramètre dont on sait par
exemple qu’il va favoriser un candidat. Par exemple si nous n’interrogez que
des parisiens et surtout dans l’arrondissement où habite un candidat, nous
allez fausser le résultat. C’est ainsi que Bruno Lemaire, de troisième candidat
de la primaire de droite selon les sondages, a fini avec quelques %.
Afin de maximiser les profits,
certains instituts se contentent de copier les résultats des autres et font
néanmoins payer leur client, mais ils viennent renforcer l’image produite sur l’opinion
publique. Philippe De Villiers a révélé dans un livre l’influence qu’il avait
pu avoir sur un sondage en faisant tripler le résultat en sa faveur grâce à un
sponsor qui a payé l’institut de sondage. Lorsqu’un candidat sort brutalement
de l’ombre pour arriver en pleine
lumière comme un météore, on est souvent dans le cas d’un battage médiatique
extrême et de sondages truqués. Il semble bien que l’élection présidentielle
2017 n’échappe pas à ces manipulations de l’opinion. Alors le look, la
nouveauté du candidat suffit à occulter la présentation d’un véritable
programme. C’est le cas typique d’Emmanuel Macron. C‘est paroles, paroles et
flou artistique. Ce flou, ce trouble, cet embobinage, on les a retrouvés cette
semaine lors de trois déclarations plus ou moins commentées. Lundi, Macron
affirmait que la colonisation avait été un « crime contre l’Humanité ». Mardi,
il se réjouissait sans pudeur de la ratification par le Parlement Européen du
traité de libre-échange avec le Canada (le Ceta). Mercredi, il estimait que le
« mariage pour tous » était une « humiliation » pour bon nombre de Français. Vous
l’avez compris, chacune des phrases s’adresse à un public différent. Celle sur
la colonisation s’adresse à la gauche et aux Français d’origine africaine, celle
sur le Ceta à la droite classique, et celle sur le mariage pour tous à
l’extrême droite. Telle est la stratégie du candidat Macron, cirer les pompes
de chacun en espérant qu’on ne retiendra que ce qui nous plaît. Et dans tout
ça, toujours pas une once de proposition, juste de simples postures.
Certains d’entre vous sont peut-être encore persuadés
que les sondages, publiés par des médias aux ordres, sont fiables et non
truqués. Ceux-là ont l’avantage de pouvoir dormir sereinement mais je vous
propose un autre petit sondage qui vous donnera des résultats troublants et
assez différents. On nous dit que désormais les réseaux sociaux donnent plus d’indications
que les articles, débats et sondages publiés. Alors essayons de regarder ce que
donne la consultation de la page des candidats sur Facebook le 18/02 et, pour
éviter de compter des curieux qui ne sont pas convaincus par ceux-ci, ne
retenons que les « je t’aime ». Croyez-vous que ces résultats sont
moins « vrais » que ceux des sondages ? Je n’en suis pas sûr
même si je sais que la consultation de Facebook n’est pas identique suivant les
âges, le sexe, la catégorie sociale, etc. Il y a évidemment des biais à ce
résultat.
J’ai
pourtant l’impression que le
battage entre Macron et Fillon est disproportionné par rapport à la
réalité, ce
qui entache gravement le processus démocratique au détriment surtout des
candidats qui n’accèdent que peu aux grands médias, comme Nicolas
Dupont-Aignan,
et pratiquement jamais pour François Asselineau. La fusée Macron est
médiatique
mais elle apparaît d’une grande fragilité car l’intérêt réel de
l’électeur ne
semble pas à la hauteur des sondages. De grandes surprises peuvent
encore sortir
des urnes comme aux États-Unis.
La désinformation ne cesse de nous cerner de toutes parts.
Ses instruments sont les médias et les sondages
Mais le coupable est l’argent qui les agite.
Les candidats sont alors ses vassaux
S’ils vendent leur âme au diable
Qui exercera le réel pouvoir !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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