En
dehors des évènements géopolitiques de 2016 qui ont eu un impact direct sur les
politiques étrangères, d’autres ébranlent le système monétaire et l’économie
mondiale comme les faillites bancaires dans l’UE, tandis que le vote du Brexit
a remis en cause l’existence même de l’UE. Enfin la primaire de la droite qui
éliminait Juppé et Sarkozy et le renoncement de Hollande dessinent un paysage
politique français en rupture nette avec le passé depuis De Gaulle au moins.
Reprenons point par point ces évènements :
Les
faillites bancaires
La politique de liquidités pratiquée par les
Banques centrales, en particulier la Fed, la Banque d’Angleterre, la Banque
japonaise et la BCE, ont servi principalement à la spéculation. Les banques se
sont surchargées en produits dérivés à risque et en obligations souveraines pourries.
L’arrivée des taux d’intérêt zéro, et même négatifs, ont coupé la source des
profits bancaires et de nombreuses banques sont en difficulté, même parmi
celles ayant passé les tests de solidité. C’est le cas des trois principales
banques italiennes, dont la Monte Paschi, et de la plus importante banque en Allemagne,
la Deutsch Bank. Après avoir échoué à se refinancer sur les marchés financiers,
et après le refus de la BCE de lui accorder plus de temps, le sauvetage de la
Monte Paschi par l’Etat italien, donc les contribuables italiens, apparaît
comme la dernière solution possible pour éviter le pire. Un première enveloppe
de 20 milliards a déjà été votée en décembre. Cette concomitance est d’une part
un indicateur du risque systémique due à l’interconnexion du milieu bancaire et
d’autre part du non fonctionnement de la solidarité européenne puisque la BCE
se retranche derrière ses statuts qui l’empêche (théoriquement cf. Grèce) de prêter directement aux États.
Le
vote du Brexit
Cet
évènement a une portée directe sur l’UE, le Royaume-Uni étant l’un des
principaux contributeurs à son fonctionnement et une puissance économique et
militaire de premier rang. L’obligations pour le Royaume-Uni de retisser des
liens bilatéraux avec le Commonwealth, mais aussi avec les grandes puissances
économiques comme les Etats-Unis et la Chine, ne la dispense pas de négocier un
accord avec l’UE. C’est un partenaire commercial incontournable. Le Brexit qui
ne prendra réellement effet qu’en 2018 est un évènement comparable à la chute
du Mur de Berlin. C’est d’abord la chute d’un tabou, la prétendue impossibilité
de sortir de l’UE, comme Juncker l’avait encore proclamé récemment, et l’ouverture
au Frexit, au Grexit, au Nexit, au Itexit, etc. C’est ensuite la confirmation
qu’un pays peut survivre en dehors de l’euro comme la Suède mais aussi en
dehors de l’UE comme l’Islande, la Norvège et la Suisse. L‘argumentation des
européistes fédéralistes prend un sérieux coup dans l’aile d’où tous les
commentaires des politiciens du Système sur la catastrophe qui va s’abattre tôt
ou tard sur le Royaume-Uni. Ceci pour pallier leur déception de ne pas l’avoir
déjà vue s’écrouler et de constater que la baisse de la livre redonne de l’élan
à son économie et à son tourisme. Dans la période la plus difficile, celle la
monnaie est attaquée et où l’Etat n’a toujours pas les coudées franches en
matière économique et budgétaire, le Royaume-Uni tient bon.
La
primaire de la droite
Comme
pour l’élection de Trump, les sondages se sont plantés et le troisième homme a
éliminé les deux préférés des médias. Tout a commencé par l’élimination de
Sarkozy, l’homme bling-bling, qui avait mal commencé son mandat dès le premier
soir en montrant son attachement à tout ce que Paris compte comme vedettes et
fortunes pour fêter sa victoire. Après un Chirac réticent, c’est le Président
qui a mis la France entre les mains des USA, de l’OTAN et dans les contraintes
budgétaires données à appliquer à Bruxelles. Je dirai que c’est la mise en œuvre
d’un sentiment confus que notre libre-arbitre était en train de fuir. Notre
vote au dernier référendum sur la Constitution européenne a été bafoué par une
copie conforme dans l’adoption parlementaire du Traité de Lisbonne. De même il
nous a entraîné dans la guerre de Libye sous des prétextes qui se sont avérés
montés de toute pièce, guerre dont les résultats ont été de passer d’un pays
prospère et en paix sous dictature à un pays en guerre civile et à l’économie
détruite. Le pillage des arsenaux militaires a nourri tous les groupe
terroristes qui agissent au Moyen-Orient et en Afrique. L’éviction finale de
Juppé fait partie du sentiment de dérive
de notre pays pour qui l’UE n’apparaît plus comme un avenir radieux, comme le
maintien le candidat, et de l’inutilité de combattre en Syrie pour un
soulèvement d’une minorité de syriens poussés sciemment en avant par les
occidentaux. L’image de sagesse et l’âge du candidat étaient contradictoires
avec son passé dans les mains de la justice.
Si
Fillon a bénéficié de sa fidélité à Sarkozy et de son passage protégé dans l’ombre
de celui-ci , cette primaire dégage néanmoins une opposition aux hommes du
Système et un glissement vers la droite de la droite, c’est-à-dire des partis
antisystème. D’ailleurs sa proposition de rapprochement avec la Russie lui a
été globalement favorable. Mais l’homme cache son jeu et ne prend pas de
distance avec le pouvoir suprême, celui des Maîtres du Monde qui est allé
saluer dans le groupe Bilderberg. Fillon a terminé l’année 2016 en favori des
sondages même si Macron crée une dynamique en sa faveur. Cette primaire a incontestablement
été le siège d’un éloignement de la politique étasunienne et, en acceptant un
programme d’austérité, que la France commence à filer du mauvais coton. On peut
ajouter enfin que Sarkozy a osé ébranler un autre tabou, celui du réchauffement
climatique, en faisant sien les propos de Donald Trump sur ce sujet…brûlant.
L’année
2016 a ouvert la porte à de grands changements politiques et géopolitiques que
nous n’avions pas connu depuis la deuxième guerre mondiale. La fin de la
politique hégémonique américaine, basée sur les armes, les actions secrètes de
la CIA, l’achat des chefs d’État et des votes à l’ONU, est devenue possible. La
théorie du chaos appliquée par le double jeu étasunien a été percée à jour en
Syrie avec l’intervention russe et les manœuvres de diversion de la coalition
pour contrer la libération de la Syrie de ses groupes armés « modérés »
qui frayent avec les plus radicalisés des djihadistes d’Al Qaïda et de Daech.
La stigmatisation permanente de la Russie, déclarée ennemi numéro 1, et l’arrivée
des troupes américaines dans les pays baltes, la Pologne et la Roumanie, créent
un climat de guerre mondiale. Les manœuvres aux frontières de la Russie peuvent
à tout moment créer un conflit sans limite. L’UE lutte désormais pour sa survie
après le Brexit et l’immigration de peuplement creuse les dissensions en son
sein en même temps que la faillite des grandes banques menace d’un krach
financier. Enfin la sortie par les urnes de Sarkozy, et de Hollande pour
défiance prononcée de son peuple, montrent que nous avons vécu deux
quinquennats qui ont abîmé la France. Tout ceci abouti à un démarrage en trombe
de 2017 et ce sera l’objet du prochain article.
Il est des moments où l’histoire bascule
sous le poids des évènements.
2016 est l’année qui ouvre une autre ère
politique et géopolitique.
Des nœuds coulants se sont défaits et d’autres
prêts à le faire.
Les peuples de l’UE ont des choix à très
longue portée,
Celui du statu quo ou du risque du
changement,
Mort progressive ou rebond vers l’avenir.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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