RTE, sigle de Réseau de transport
d'électricité, est une entreprise française, filiale d'EDF, qui gère le réseau
public de transport d'électricité haute tension en France. Elle vient de
publier les résultats sur la consommation et la production électrique de 2016
et la lecture de leur compte-rendu est particulièrement édifiant dans la manipulation
de l’information sous contrôle de l’Etat. Il lui arrive pourtant de se prendre
les pieds dans le tapis et je vais commencer par l’annonce qui figure en tête :
« La consommation brute s’établit à
près de 483 TWh en 2016, soit 1,5% de plus que l’année précédente. La
température moyenne de 2016 a été plus basse (-0,8°C par rapport à 2015) ce
qui explique en partie la hausse observée. » N’est-ce pas merveilleux de
lire ça quand Météo France a fait passer l’information de la plus chaude en
2016 depuis des dizaines d’années ! Celui-ci va certainement enlever ce
crime de lèse-majesté du compte-rendu de RTE qui met les pieds dans le plat.
Mais RTE reste néanmoins un
excellent élève. Il nous publie d’ailleurs une jolie représentation de la
production électrique française comme vous le découvrez ci-contre. Si vous
faites le total des productions représentées, il vous manque, 49,5 TWh, une paille alors qu’éolien et solaire n’apportent
à eux deux que 29 TWh. Le manque c’est les centrales thermiques au gaz, fuel et
charbon, centrales polluantes et la Biomasse pas très propre. Or la production
thermique est passée de 34,1 à 45,9 TWh augmentant sa pollution de près de 35% entre
2015 et 2016 ! Il était donc inutile de mettre en avant ce petit détail qui
souligne que quand le nucléaire fait défaut, c’est le thermique qui y pallie.
Mais j’ai aussi montré dans un article précédent que lorsqu’on augmente la
production des énergies renouvelables intermittentes (EnRi), on augmente celle
des centrales thermiques en gros du même nombre de Twh.
Mais la désinformation continue quand on présente en
parallèle la diminution de la part de production du nucléaire et l’augmentation
de la puissance installée des EnRi. D’un côté une puissance supplémentaire de
2215 MW en EnR (biomasse, éolien, solaire, hydraulique), soit en gros celle de 2
réacteurs nucléaires, et de l’autre une baisse de 7,9 TWh de la production
nucléaire qui ne représente plus que 72,28% de la production électrique contre
76,34% en 2015, soit 4,06% de moins. Cela paraît un pas significatif vers l’ambition
d’arriver à 40% de nucléaire. Le problème est que, sur ces 2215 MW, les 1939 MW
du solaire et de l’éolien (581 pour le solaire et 1358 pour l’éolien) ont
produit 0,5 TWh supplémentaires en 2016. Or 1939 MW de nucléaire auraient
produit 12,7 TWh, soit 25 fois plus.
Sachant que les 1,519 Mds€ (pour 1Mds€ estimés au départ) ont été investi
pour le plan de transition énergétique qui a nécessité 2012 km de lignes en
plus, on voit que l’énergie des EnRi n’est pas gratuite. Il faut y rajouter l’investissement
de construction des éoliennes ( 1 Mds€ par GW soit 1,8 Mds€ x 1,358) et celui du solaire photovoltaïque
(2 Mds€ par GW soit 2 Mds€ x 0,581) soit un total de 6,6 Mds€. C’est donc 8,1 (6,6+1,5) Mds€ qui auront été investis dans les EnRi
en 2016. Le fait, que ce sont des privés qui ont investi dans le solaire, ne diminue pas la
charge de l’État puisque les installations leur sont vendues comme
rentabilisées en 7 ans par les subventions d’État et le rachat à 2 fois le prix
par EDF que nous payons finalement dans le prix du kWh et dans la taxe CSPE.
Ces EnRi sont censées produire
pendant 20 ans, moyennant une maintenance annuelle à hauteur de 3% de l’investissement
soit (6,6 Mds€ x 1,03 x 20 = 136), et, selon les prévisions 1,5 Mds€/par an soit 30 Mds€ pour les réseaux concernant surtout
les éoliennes. On obtient un total de 166 Mds€ pour une production
supplémentaire des EnRi (solaire + éolien) de 0,5 TWh (0,9-0,4) en 2016 soit
10TWh sur 20 ans. Soyons juste les installations supplémentaires s’étant
étalées sur l’année 2016, elles n’ont pu donner toute leur puissance. Le calcul
est plus juste en prenant le taux de disponibilité des éoliennes et des
panneaux solaires à une valeur optimiste respectivement de 25% et 15%, soit 426,65
MW disponibles et 3,74 TWh. Sur 20 ans cela donne une production totale de 74,7
TWh. Pour 166 Mds€, le coût de l’électricité
des EnRi est de 2,2 €/kWh. C’est seulement 10 fois plus qu’annoncé par EDF pour
les éoliennes en mer. A titre de comparaison, un réacteur de 1000 MW produit 6,6
TWh par an à un coût donné par EDF à 0,045 €/kWh. Le coût du carénage d’un
réacteur est de 1 Mds€ et ceci ajoute 0,155 €/kWh sur un an et 0, 0076 €/kWh étalé sur 20 ans soit 16,8%. Ceci
donne un nouveau coût de 0,0526 €/kWh du nucléaire encore bien loin du
0,082 €/kWh publié par EDF pour l’éolien terrestre. On nous ment
effrontément en masquant de nombreux coûts dans l’évaluation des coûts par MWh
en jouant sur l’opacité des entrées-sorties des budgets et des comptes de l’État et de l’EDF,
mais nous finissons toujours par payer cette gabegie. Le plan de transition
énergétique fera exploser les coûts de l’électricité comme en Allemagne.
Mais cette volonté de manier l’information
pour influencer le lecteur se perçoit dans l’affirmation que : « La production des énergies
renouvelables progresse et couvre près de 20% de la consommation d’électricité
française (+4,8%) grâce à des conditions météorologiques favorables. »
Regardons-y de plus près. La consommation
d’électricité en 2016 a été de 483 TWh pour une production de 531,3 TWh soit
une possibilité d’export de 48,3 TWh. Nous produisons donc plus que nous ne
consommons. La production de l’ensemble solaire et éolien a été seulement de 29
TWh… Nous n’en avions donc pas besoin. La phrase de RTE ci-dessus aurait dû
être : « La production des énergies
renouvelables solaire et éolien progresse de 0,5 TWh soit de 1,75% et couvre 60%
de l’export d’électricité… que nous vendons en priorité à l’étranger souvent à
prix cassé, voire en payant, parce que la demande et l’offre ne coïncident pas
toujours. » Présenté ainsi c’est beaucoup moins justifié de se lancer
dans les énergies renouvelables, surtout quand la consommation stagne,
fluctuant un peu au gré des conditions météorologiques.
Ce plan de transition énergétique est
une arnaque et tout est fait pour nous masquer la vérité. Surfant sur un écologisme
idéologique qu’encourage les grands lobbies, celui-ci devient une pompe
aspirante de l’argent du peuple pour quelques grandes entreprises et les
banquiers qui les assistent. Même l’écologie, la vraie, n’y trouve pas son
compte car les énergies renouvelables font croître la pollution par leur
nécessaire complément thermique entraînant un surplus de CO2 et de
pollution. Si la France investissait plutôt pour redevenir une grande puissance
maritime, son argent serait infiniment mieux placé !
Nos candidats amusent et enfument le peuple avec des économies
Qui ont tendance à diminuer la qualité du service public
En laissant grand ouvert aux prédateurs privés
Le marché de l’ énergie électrique !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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