La cible sur l’utilisation
de l’énergie nucléaire pour la production d’électricité pointe sur les déchets
radioactifs que produit la combustion de l’uranium dans les réacteurs. C’est
une cible facile parce que certains déchets ont une durée de vie radioactive
qui se compte en millions d’années. Or pour prouver que l’on a pu stocker
ceux-ci sans dommage pour l’homme, il faudra attendre ce laps de temps. Les
tenants de l’écologisme antinucléaire n’ont pas manqué de s’engouffrer dans ce
créneau. Lorsque l’on parle des déchets nucléaires, on focalise immédiatement
sur ceux issus des centrales nucléaires. Pourtant le problème est plus vaste et
concerne l’ensemble des déchets radioactifs issus des hôpitaux, des
laboratoires et de l’industrie. Les déchets en provenance des réacteurs
représentent moins de 60% du total.
Il
est d’abord primordial de dire que tous les éléments chimiques radioactifs
voient leur radioactivité décroître dans le temps et ce temps est très
différent suivant l’élément considéré. On a convenu de caractériser leur
décroissance de radioactivité par leur durée de vie, temps au bout duquel ils
ont perdu la moitié de leur radioactivité. Ces durées de vie peuvent varier du
milliardième de seconde à des centaines de millions d’années selon l’élément
considéré. Par exemple le Béryllium, très radioactif, a une durée de vie de
6,7x10-17 seconde soit 67 millionième de milliardième de seconde.
Par contre celle du potassium 40, 1032 fois moins radioactif que le
béryllium et présent dans notre corps, est de 1,248 milliard d’années. Le carbone
14, présent aussi dans notre corps et 10.000 fois plus radioactif que le
potassium 40, a une durée de vie de seulement 5730 ans. Il est donc important,
lorsque l’on parle de déchets radioactifs, de savoir de quels éléments
radioactifs il s’agit et de considérer leur radioactivité et leur durée de vie.
Après une année de fonctionnement d’un
réacteur de 1000MWe, le combustible usé a une radioactivité de 1010
Sv soit 10 milliards de Sieverts (on convient que la dose entraînant la mort d’une
personne irradiée sur 2 est de 5 Sv). N’allez pas en déduire que l’approche de
ce combustible usé va tuer 10.000.000.000/5/2 soit 1 milliard de personnes !
il faudrait que ce milliard s’agglutine autour de ce combustible. On voit
encore ici que dans ce domaine on peut dire beaucoup de bêtises et faire peur
facilement. Un réacteur de 1000MWe produit chaque année 21 tonnes de combustible
usé radioactif qui contiennent :
·
20 tonnes d’uranium à 0,9% dont 180kg d’uranium-235
·
200 kg de plutonium (dont 63% fissile)
·
21 kg d’actinides mineurs dont 10 kg de
Neptunium, 10 kg d’américium, 1 kg de curium
·
760 kg de produits de fission dont 51kg d’éléments
à vie longue (millions d’années).
On
voit que hors uranium et plutonium, les déchets radioactifs non réutilisables de
la combustion, se réduisent à 781 kg par an et par réacteur. En effet,
contrairement aux États-Unis, la France a choisi de retraiter le combustible
usé dans son usine de La Hague pour récupérer l’uranium à 0,9% et le plutonium
pour les recycler dans les réacteurs. Par des processus complexes l’uranium et
le plutonium sont séparés au maximum des autres produits de fission dont il ne
restera qu’une part sur 10 millions ; 99,9% du plutonium est séparé des produits
de fission. Le combustible Mox qui associe du plutonium à l’uranium permet de
récupérer 15% de l’énergie radioactive du plutonium. L’uranium à 0,9% est ré-enrichi
à 4% dans des centrifugeuses en Russie et réutilisé dans nos réacteurs. Le
retraitement et le recyclage permettent de récupérer, sous forme d’uranium et
de plutonium, 30% de l’énergie de départ.
Ainsi
l’uranium et 99% du plutonium, issus de la combustion, ne sont plus considérés
comme des déchets. Il faut s’intéresser aux 780 kg/réacteur/an de produits
radioactifs restants. En 2020 on estime que le stock français de déchets
nucléaires contiendra 150 tonnes de plutonium (au lieu de 526 si l’on ne
retraitait pas), 70 tonnes d’actinides mineurs, et 2000 tonnes de produits de
fission. Ces chiffres peuvent faire peur et il faut les comparer aux autres
déchets industriels et faire le tri dans les déchets nucléaires de ceux qui
posent un réel danger. La France produit 1,2 kg de déchets radioactifs par an
et par habitant qu’il faut comparer aux 100 kg de déchets industriels toxiques
qui ne se désintègrent pas et dont la durée de vie est infinie. Sur ces 1,2 kg
de déchets radioactifs, seul 2% constitue le danger principal. Il s’agit des
déchets très radioactifs à vie courte et des déchets à vie longue provenant du cœur
du réacteur. Ces déchets sont vitrifiés et c’est en fait 24 g par habitant et
par an qu’il faut gérer pour une durée de 100.000 ans pour avoir la conscience
tranquille.
Plusieurs axes de recherche sont en
cours. Une séparation plus grande encore du plutonium, la transmutation des
radioéléments à vie longue en d’autre éléments moins dangereux ou moins
radioactifs, le stockage en profondeur. C’est ce dernier qui retient l’attention
des écologistes antinucléaires. La loi prévoit la réalisation de laboratoires
souterrains destinés à étudier les sites qui se sont portés candidats au
stockage géologique. Un seul site est en construction à Bure dans l’Aude à 490
mètres de profondeur dans une couche d’argile de 130 mètres d’épaisseur et sous
les nappes phréatiques. Ce laboratoire devrait recevoir l’autorisation de
stocker en 2021 et accueillir les premiers colis radioactifs en 2030. Les colis
seront acheminés par train arrivant dans une galerie souterraine. Empaquetés
dans des cylindres d'acier, eux-mêmes recouverts tantôt de plomb, tantôt d'une
couche d'un mètre de béton, ils seront rangés dans des couloirs ou des
"alvéoles" longs de plusieurs kilomètres. 48.000m3, stockés
en surface, attendent cet enfouissement de capacité de 80.000 m3 (soit
un cube de 43m de côté). On prévoit qu’en 2140 ce site sera définitivement
fermé pour l’éternité.
On
peut évidemment mettre en doute la capacité de nos ingénieurs à résoudre ce
problème de confinement des déchets radioactifs dangereux. Il me semble qu’en
matière de sûreté, de protection contre la radioactivité, la science et la
technique française ont fait leur preuve sur plus d’un demi-siècle. Rien ne
permet de dire que l’on prend des risques inconsidérés mais à l’éternelle
question « Pouvez-vous nous affirmer
que cela ne présente aucun danger pendant 100.000 ans ? » la
réponse est non et permet de continuer à dénigrer le nucléaire sans se
préoccuper que des dangers plus graves dans l’industrie nous entourent avec une
bien plus grande probabilité de se produire. La radioactivité ne se voit pas et
c’est sans doute ce qui permet de fantasmer sur son danger et de surfer sur la
peur que l’on ressent et cela d’autant plus que l’on est ignorant dans ce
domaine.
Le
prochain article reprendra les autres reproches que l’on fait au nucléaire
avant de parler du choix des énergies renouvelables intermittentes en
remplacement.
Le problème des déchets non radioactifs de
toutes sortes dangereux ou non
Est d’une dimension sans commune mesure
avec les déchets radioactifs.
C’est le faible volume de ceux-ci qui
permet des solutions fiables.
La préoccupation sur l’ensemble des
produits toxiques
Devrait beaucoup plus nous mobiliser.
En toutes choses il faut savoir…
Relativiser ou s’abêtir.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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