Je suis particulièrement agacé par cette
phobie du CO2 dans laquelle les médias maintiennent le peuple
français comme si ce composé chimique, accusé de réchauffement climatique, faisait
partie des nuisances préjudiciables à la santé des humains. Le fait que
celui-ci voisine avec les NOx
dans les normes de pollution admissibles pour les voitures, le rend finalement
responsable de la pollution contre laquelle nous devons lutter pour notre
santé. Des proches, en activité professionnelle dans la région parisienne, se
plaignent à juste titre de la pollution due à la circulation et sont écologistes
par ailleurs. S’ils ne sont pas ignorants du fait de la nécessité du CO2 pour la vie végétale, ils continueront
à militer pour la décarbonisation de la planète et contre la dangerosité du
nucléaire qui passent par la suppression des véhicules à propulsion thermique
et les centrales nucléaires et thermiques de production électrique.
Le
fait de mélanger deux problématiques, le climat et la pollution, crée une
confusion qui empêche de raisonner scientifiquement dans les relations de cause
à effet. Il faut qu’il soit clairement dit que le CO2 n’est pas un polluant au sens médical du terme, sauf à
des doses très éloignées des pollutions maximales enregistrées dans les grandes
villes du monde. Le polluant ce sont les particules fines qui peuvent être
carbonées. Nous expirons du CO2
après avoir aspiré de l’air contenant de l’oxygène. Par la photosynthèse le monde
végétal décarbonise le CO2
et nous rend l’oxygène. Le CO2
est un composé chimique indispensable à notre vie sur terre. Il est donc
inquiétant de le classer dans les polluants et de propager le slogan de la « décarbonisation
de la planète ». C’est un slogan mortel qui n’est que le fer de lance
de la lutte contre un réchauffement climatique que les modèles mathématiques
sont toujours incapables de prévoir par ailleurs mais qui fait consensus
politique en France. A ce sujet parmi les deux plus grands pollueurs de la
planète, les Etats-Unis se retirent des accords de la COP21 et la Chine ne s’est
engagée que sur des intentions, ayant l’idée de contenir l’augmentation du CO2 rejeté par le développement
de l’énergie nucléaire, le développement des énergies renouvelables avec la perspective
d’un marché extérieur juteux, et des avancées dans la traction électrique.
En France
notre phobie du carbone nous pousse à prendre des mesures économiques assez
hallucinantes, comme la taxation du méthane rejeté par nos bovins, sous
prétexte supplémentaire de diminution de la consommation de viande, soi-disant
démontrée comme nuisible à la santé. Évidemment tout ceci frise la
démence ou cache des raisons politiques car la France reste l’un des pays les
moins pollueurs dans l’UE. Elle ne peut être battue que par les pays où la
production électrique est presque totalement hydraulique comme la Norvège. Parmi
les gros pollueurs, au sens cette fois large du terme, on trouve la Pologne, la
République Tchèque et surtout l’Allemagne. Le taux allemand de CO2 par habitant est le double
de celui de la France. Selon une étude sérieuse d’une ONG, la pollution envoyée
par l’étranger ne représenterait que 3% des morts causés. J’ai un doute sur la
fiabilité de ces comptages mais, si l’on tient compte des populations et des
pollutions au carbone différentes, ces chiffres de 45840 décès en France pour
2013 sont assez cohérents même si le nombre de décès allemands de 81160 serait
relativement de 40% inférieur toutes proportions gardées ! La question du
pourquoi reste entière et montre que nous sommes encore loin d’expliquer les
relations cause à effet entre les décès dus aux particules de carbone et la
sensibilité aux autres polluants, dont les NOx, mélangés aux rejets de la circulation des véhicules.
Le
grand pollueur européen en CO2
est donc l’Allemagne et ce qui différencie essentiellement nos deux pays c’est
le plan énergétique, nucléaire en France, anti-nucléaire en Allemagne, avec une
France très en retard par rapport à l’Allemagne sur le développement des énergies
renouvelables intermittentes et aléatoires, les EnRia. En Allemagne ce plan a
démarré réellement en 2000 et 2007 en France. Malgré cela la diminution de
production de carbone stagne en Allemagne depuis deux ans malgré les efforts de
mise en service de centrales au gaz parfois en remplacement de centrales au
charbon deux fois plus polluantes et la modernisation des centrales. Les
centrales au lignite restent car celui-ci est produit sur place. Ce pays
est donc confronté à une impasse sur le plan pollution et l’arrêt des 5
centrales nucléaires restantes devient problématique si l’on veut diminuer l’impact
de la pollution.
Mais
les centrales thermiques allemandes, en particulier au lignite, rejettent une
pollution qui n’est pas limitée au CO2. Le lignite est un charbon de
très mauvaise qualité et on peut voir que sur le graphique ci-dessous les
oxydes d’azote rejetés ont augmenté depuis 2007 jusqu’en 2015 sans que la
production d’électricité ait augmenté dans cette proportion. Le NO2 est un gaz irritant, qui
pénètre dans les ramifications les plus fines des voies respiratoires. Il peut
provoquer des difficultés respiratoires ou une hyperréactivité bronchique chez
les personnes sensibles et favoriser l'accroissement de la sensibilité des
bronches aux infections chez l'enfant. Le NO2 est 40 fois plus toxique que le monoxyde de carbone
(CO) et quatre fois plus toxique que le NO.
Si l’Allemagne se débat avec les objectifs
contradictoires d’arrêt des centrales nucléaires et de diminution de la
pollution, c’est que l’augmentation des énergies de nature intermittentes entraîne
le fonctionnement intermittent des centrales pilotables thermiques. Or c’est
précisément lors de tels régimes que les centrales thermiques polluent le plus.
La seule centrale allemande au lignite de Jänschwalde rejette en effet chaque
année dans l’atmosphère quelques 570 tonnes de particules fines d’un diamètre
inférieure à 10 microns (PM 10), 18 000 tonnes d’oxydes d’azote, autant
d’oxydes de soufre, 12 000 tonnes de monoxyde de carbone, 80 tonnes de chlore, et
quantité de métaux lourds tels que 130 kg d’arsenic, 900 kg de plomb, 400 kg de
mercure et autant de nickel, cuivre ou chrome. C’est sans compter le préjudice
des gaz spécifiquement considérés « à effet de serre », comme ses 23 millions
de tonnes de CO2, soit,
pour ce dernier, plus à elle seule que l’ensemble du système électrique
français.
L’OMS dénonce le « lien étroit et quantitatif entre l’exposition
à des concentrations élevées en particules (PM10 et PM10 et PM2,5) et un
accroissement des taux de mortalité et de morbidité, au quotidien aussi bien
qu’à plus long terme » Le lien entre la concentration en oxydes de soufre
et la mortalité a été mis en évidence. On sait également que les métaux lourds
s’accumulent dans l’organisme et affectent le système nerveux, les fonctions
rénales, hépatiques et respiratoires et que l’arsenic, comme le nickel ou le
cadmium sont reconnus « cancérogènes certains » Pour l’OMS, le plomb se
diffuse dans l’organisme pour atteindre le cerveau, le foie les reins, les os …
Il n’y aurait pas de seuil en dessous duquel lequel l’exposition au plomb
serait sans danger. On sait également que l’absorption simultanée de plomb,
cuivre ou zinc accroit la nocivité du mercure, lui-même déjà toxique à très
faibles doses.
Il y a encore beaucoup de choses à
dire sur la pollution allemande qui montre qu’il faut arrêter de ne penser que
pollution CO2 pour préserver
notre santé. Mais il y a déjà le constat que le nucléaire considéré comme dangereux
n’a jamais tué les 500.000 morts/an dus à la pollution dont on parle en Europe
et n’émet pas de CO2, alors
que les centrales thermiques, dont en particulier celles au lignite en Allemagne,
tue 80.000 personnes/an rien que dans ce pays. La politique allemande des EnRia
à base d’arrêt du nucléaire par le développement des EnRia et d’énergie thermique
pilotable, qui sert de modèle à la France, est en train de manquer son but en répandant
chez elle et en Europe une mort beaucoup plus certaine que par le nucléaire, en
doublant le prix du kWh, en dépensant des centaines de milliards pour les EnRia,
et en n’apportant rien à la lutte pour le climat, si la cause du CO2 est réellement avérée.
Il est temps de sortir de l’illusion idéologique
Et de cesser de mimer la politique
Énergique allemande.
Elle tue et conduit
À une impasse !
Claude Trouvé
16/01/18
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