Alors reparlons du chômage, car nous
avons entendu de belles promesses du Medef, qui raconte à qui veut l’entendre,
que le coût total de la main-d’œuvre est un handicap à l’exportation de ses
produits et même qu’il se fait concurrencer sur le marché intérieur par les
produits étrangers. Mais quand est-il du bien-être du peuple ? Le
graphique ci-contre montre nettement une tendance de baisse du chômage avec l’augmentation
du coût malgré une dispersion assez importante due surtout à deux pays
particuliers, l’Irlande et la Roumanie. Notons bien qu’il s’agit de variations
durant la période 2012-2016, mais c’est bien ce qui importe. A partir d’une situation acquise, l’augmentation
du coût de la main-d’œuvre est globalement favorable à une diminution du taux
de chômage.
En
gros une augmentation de 1% du coût de la main-d’œuvre va avec une diminution du
chômage de 0,2%. La Grèce et Chypre ont fortement diminué le coût de la main-d’œuvre
et le taux de chômage a augmenté. Les pays Baltes ont fortement augmenté le coût
de la main-d’œuvre et le taux de chômage a baissé. Le Royaume-Uni a légèrement augmenté
le coût de la main-d’œuvre et le taux de chômage a beaucoup baissé. La France a
baissé de plus de 2,5% le coût de la main-d’œuvre et le taux de chômage a
augmenté de 2%. On peut trouver des exemples contraires, ce qui prouve que d’autres
facteurs agissent, mais il y a néanmoins une tendance générale nette. Dans tous les cas, on ne peut pas affirmer
que l’augmentation du coût du travail conduit automatiquement à une
augmentation du chômage.
On trouve une liaison forte entre le
taux de chômage et le PIB/habitant, ce qui est beaucoup plus évident. Les
variations portées sur le graphique sont calculées par rapport à celles de l’UE.
En gros une augmentation de 0,1% par rapport à celle de l’UE entraîne une
baisse du taux de chômage de 2,5%. Mis à part le cas spécifique de l’Irlande,
on retrouve les pays Baltes dans des augmentations spectaculaires du PIB/habitant
et de diminutions du chômage. A l’autre bout se trouve la Grèce, Chypre, mais
aussi l’Italie qui s’avère être un pays qui se rapproche de la situation
grecque. La comparaison de la France avec l’Allemagne et le Royaume-Uni ne
plaide pas en sa faveur puisqu’elle a réussi à perdre du PIB/habitant et à
augmenter le chômage. On fait même moins bien que l’Espagne qui, malgré une
légère perte sur le PIB/habitant a réussi à faire baisser le taux de chômage.
Ceci ne fait que confirmer que la période 2012-2016 de Hollande a été très
mauvaise pour la France.
Si l’on tient compte de ces deux
influences, variations du PIB/habitant et du coût de main-d’œuvre, sur la variation
de ce taux de chômage sur la période 2012-2016, on obtient le graphique suivant
qui donne l’importance du coût de main-d’œuvre débarrassé de l’influence du
PIB/habitant. Le résultat est spectaculaire puisque l’on voit que l’influence du
coût de main-d’œuvre reste réelle mais plus de 4 fois plus faible que trouvée
précédemment. 1% d’augmentation du coût de la main-d’œuvre n’a une influence
propre que de 0,04% sur le taux de chômage. L’important est de vérifier que
l’augmentation du coût de la main-d’œuvre
a tendance à diminuer le taux de chômage quelque soit la variation du
PIB/habitant par ailleurs. Cela tort le cou aux idées reçues. Les résultats
entre les pays ne sont pas véritablement changés et la France reste un mauvais
élève devant l’Italie mais derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. La politique
menée en Grèce et à Chypre a bien vampirisé ces peuples.
Il
devient clair qu’une politique basée sur la diminution du coût de la main-d’œuvre
n’est ni favorable au PIB/habitant, ni au chômage. C’est une politique de
ponction dirigée contre le peuple et qui ne profite qu’à un petit nombre de
grandes sociétés et grandes fortunes. Celles-ci, qui sont fortement
exportatrices, s’attachent à cette politique en évoquant les dégâts que fait une
augmentation du coût de la main-d’œuvre sur les exportations. Nous verrons ce
qu’il en est dans le prochain article. J’ai bien peur que cet argument tombe
aussi à l’eau, mais les chiffres parleront mieux que les discours.
L’étude comparative des chiffres de pays
à pays
Fait tomber un à un tous les enfumages
Qui permettent pompage et servage
D’un peuple abasourdi et amorphe !
Claude Trouvé
16/O1/18
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