L’UE navigue entre opéra-bouffe et
tragédie-bouffe dans une situation dont la rapidité et l’originalité ne cessent
de nous surprendre. La victoire des Russes sur le théâtre de guerre en Syrie, l’arrivée
de l’Inde et du Pakistan au sein d’un regroupement de pays asiatiques, l’Organisation
de Coopération de Shangaï, l’arrivée de Trump au pouvoir, ont créé un bouleversement
sans précédent de la géopolitique mondiale. Tous ces évènements se passent en
dehors de l’Europe, mis à part la présence britannique, et française aux côtés
des américains en Syrie. L’UE a une représentante de la politique étrangère
dont les nations européennes étouffent la voix, elle n’a donc aucun poids en
dehors de celui des principales nations de l’UE, Allemagne, France, Italie et
autrefois le Royaume-Uni. L’UE est une puissance économique sans puissance
militaire selon les vœux des États-Unis. Depuis la conférence de Yalta, le sort
de l’UE était écrit, elle devenait un simple champ d’affrontement entre l’Est
et l’Ouest, les États-Unis et l’URSS.
Depuis la seconde guerre mondiale, seuls
trois grands évènements avaient marqué le parcours prévu par la stratégie américaine,
la résistance inattendue de De Gaulle dès la Libération et de 1959 à 1966, la
non convertibilité du dollar en or décidée par Nixon en 1971, et la chute du
mur de Berlin en 1989. Durant toute cette période, sauf la période gaullienne,
la dépendance de la France aux États-Unis s’est renforcée et s’est vue
chapeautée par ceux-ci d’une façon de plus en plus prégnante en particulier sur
les aventures guerrières en terre étrangère, et désormais par des traités économiques
comme le TAFTA, et le CETA et le traité Mexique-UE compte-tenu des liens
particuliers entre le Mexique, le Canada et les Etats-Unis. Depuis 73 ans les États-Unis ont donc mis l’Europe sous dépendance, et plus particulièrement les
pays de l’UE, tous liés à l’OTAN.
Mais en 2018 cet ancien modèle géopolitique
se voit mis en cause dans ses fondements profonds. La période euphorique de l’endettement
massif des États et du secteur privé, période où les planches à billet des Banques
Centrales tournent à plein régime, devient incontrôlable avec un endettement
croissant exponentiellement. La spéculation bat son plein mais est de plus en
plus déconnectée de l’économie réelle depuis la non-convertibilité du dollar
avec l’or, le dollar 2018 ne valant plus que 0,03 dollar 1970. Les Etats ont
racheté les dettes bancaires jusqu’à plus soif et les USA et l’UE sont devenus des
colosses aux pieds d’argile. C‘est particulièrement le cas des États-Unis avec un
déficit budgétaire qui approche les 1000 milliards de dollars, une dette de 22
000 milliards, un déficit commercial de 500 milliards. La France, l’Amérique et
nombre de pays de l’OCDE consomment plus qu'ils ne produisent, grâce à un
endettement gigantesque, ce qui implique une balance commerciale déficitaire
chronique. Même la Chine est aussi en danger, puisque possédant une énorme
partie de la dette américaine. De plus, la croissance chinoise ralentit.
N’oublions jamais que ce sont les États, donc
les contribuables, donc nous, qui avons payé avec nos impôts pour réparer les
sinistres bancaires. Or les Etats n'auront plus les capacités de s'endetter
comme en 2008 pour renflouer les banques car l’endettement des pays développés
a explosé. De plus le taux de prélèvement obligatoire sur les foyers et sur le
travail (devenu en France le plus élevé du monde à l’avènement de la présidence
Macron), ne peut plus augmenter sans explosion sociale et politique. Néanmoins
Macron prévoit une nouvelle hausse de taxes sur l’alcool, le tabac et les
produits de luxe et a été annoncée (Richard Ferrand veut même surtaxer la
fragile industrie nautique française). En sus de la hausse de la CSG, des
ponctions sur les retraites, de la diminution des APL, sont médiatiquement
annoncées des baisses de minima sociaux et de protections sociales. De
nouvelles hausses d’impôts, de taxes foncières sur la résidence secondaire et
de TVA risquent de passer en douce pendant l’été 2018 ou en 2019. Voilà où nous
mène notre situation de dépendance aux États-Unis via l’UE.
Mais nous assistons à une suite d’évènements
très différents marquant un changement radical des rapports de force dans le
monde et mettant en lumière des visions géopolitiques originales menant vers un
monde nouveau. Des évènements comme l’arrivée au pouvoir du gouvernement
populiste en Italie, ou comme l’explosion du G7 sous les coups de boutoir de
Trump qui s’avère un ennemi acharné de l’UE en tant que telle, contribuent
évidemment à l’accélération constante de cette rapidité et cette originalité des
changements. Face aux pressions énormes et aux attaques considérables dont elle
est l’objet, l’UE en tant qu’institution apparaît à la fois impotente,
impuissante et paralysée. Sa puissance énorme est celle d’une bureaucratie,
c’est-à-dire une Bête monstrueuse qui agit du fait de son poids, mais sans la
moindre capacité d’une pensée stratégique.
Le monde change radicalement mais dans
l’UE les forces centrifuges en son cœur sont de plus en plus pesantes. Tout part
en quenouille pendant que se construit en Asie une
coopération de pays puissants militairement et économiquement, rejetant tout
fédéralisme mais dans une conception multilatérale des échanges commerciaux et stratégiques. En particulier les immenses projets des routes de la Soie
sont de nature à changer la face du monde par les liens renforcés sur le supercontinent
Asie-Europe-Afrique. L’UE s’en tient à une opposition à la Russie programmée par
les États-Unis et laisse leurs missiles et leurs troupes, complétées des nôtres,
s’installer en Pologne, en Roumanie et dans les Pays-Baltes. L’UE passe à côté
de l’histoire du monde. La France, par sa vassalité, programme sa propre perte
en allant lutter contre l’Islam dans ses terres et récolte le terrorisme chez
elle. L’UE se débat avec le flux migratoire ainsi créé selon les plans US de
désorganisation de l’Europe, terrain de jeu à contrôler et glacis militaire
face à l’ennemi supposé russe pour justifier la présence d’un OTAN américain.
L’UE, sans force militaire puissante
et organisée, n’est qu’un jouet aux mains de Trump qui lui déclare une guerre
économique sans merci. Il utilise un protectionnisme intelligent laissant
l’UE dans ses rêves d’un libre-échange globaliste. Les rênes du monde sont
désormais entre les mains des États-Unis, de la Chine et de la Russie. Pendant ce
temps le problème migratoire divise l’UE, comme la situation quasi-tragique du gouvernement Merkel,
c’est-à-dire de Merkel elle-même. Elle est l’objet d’attaques furieuses de son
aile droite (la CSU bavaroise dans l’association CDU-CSU) qui est centrée aujourd’hui,
sur cette question. La Hongrie et la Tchéquie ont fermé leurs frontières. L’immigration
a été au cœur des élections italiennes et la France tance l’Italie pour le
rejet des migrants de l’Aquarius et refoule les migrants sur l’Italie
à Vintimille. Le chancelier autrichien a estimé qu’il existait désormais une
importante “coalition des volontés” en Europe, citant des pays comme l’Italie,
la Hongrie, le sien bien entendu… Et l’Allemagne ? Par leurs ministres de l’Intérieur,
un axe Rome-Vienne-Berlin se forme.
Face à toutes ces agitations, dont le
fondement est l’affrontement du camp souverainiste contre le
globalisme-transnational du type UE, la susdite-UE se défend assez mal ; on
peut même dire qu’elle est le plus souvent acculée à l’hystérie et à la
cuistrerie, y compris dans l’habituel et monocorde basse continue du
complotisme poutinien. J’en veux pour preuve le discours du Premier ministre belge Verhofstadt, le 13
juin devant le Parlement européen, mélangeait les “pom-pom girls” de Poutine,
la “5ème colonne”, “le cercle du mal autour du continent”, Le Pen, Farage,
Orban, Wilders, Salvini, Kaczynski, Erdogan, Trump “dans ses mauvais jours”… Ah
oui, on oublie Poutine, valable pour toutes les saisons. L’UE, paralysée et
impotente, est vassalisée par les Etats-Unis, soumis à une guerre économique,
montée contre la Russie. Elle se coupe de toute influence internationale au
moment où la Russie ne cesse de renforcer ses positions et de rallier autour
d’elle nombre de forces, autour de l’axe de plus en plus solide qu’elle forme
avec la Chine.
L’Union Européenne a détruit l’esprit de résistance
Elle fonctionne comme un ectoplasme
Livrée en pitance aux prédateurs.
Il n’est pas de vraie résistance
Sans la force d’une nation
Or la nation européenne
Est un leurre historique.
Claude Trouvé
17/06/18
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire