La
démocratie traîne le boulet de l'élection obligatoire pour atteindre le pouvoir
départemental, régional ou national. C'est son vice originel, lequel a pour
conséquence la recherche de l'électeur à tout prix. Le programme est
secondaire, mais la recherche, de ce qui plaira à une majorité d'électeurs de
tendance libérale pour ce qui était la droite ou égalitaire pour ce qui était
la gauche, constitue le programme le plus efficace. La démocratie est le moins
mauvais système de gouvernement nous dit-on, sauf si elle devient autoritaire. Dans
ce contexte la tendance est forcément centriste et nous avons eu des présidents
mâtinés gauche-droite affichant successivement un pavillon reconnaissable à
gauche ou à droite. Cela a facilité un échange périodique dans le "une
fois toi, une fois moi". Les extrêmes proposent des sujets clivants, comme
l'immigration en ce moment et n'ont aucune chance de parvenir au pouvoir. Le
pouvoir en place pousse l'une ou l'autre de ces extrêmes pour préparer les élections
suivantes.
Aujourd'hui
il n'y a plus de gauche ni de droite. Les deux ont perdu les idéaux motivants
des sensibilités politiques assurant ensuite un équilibre pouvoir-opposition
salutaire pour un parcours démocratique où le pouvoir législatif n'avait pas un
pouvoir sans partage. A partir du moment où les valeurs structurelles des
pensées de gauche et de droite se sont évanouies, on assiste à l'arrivée d'un
pouvoir s'appuyant sur des majorités pléthoriques aux ordres. Ces députés n'ont
plus d'axe de pensées sur des valeurs structurantes, donc sont réduits à suivre le
chef de file. La
difficulté actuelle de tous les partis "dits d'opposition", est alors leur
impossibilité de bâtir un programme donnant une véritable nouvelle orientation
de la politique menée actuellement, car celle-ci dépend essentiellement d'un
choix admis justement par pratiquement tous les partis : notre appartenance à
l'UE. Macron met en œuvre les directives de Bruxelles et ne peut pas s'en
écarter, car les recommandations adressées chaque année à tous les
États-membres doivent être exécutées dans un temps raisonnable, en gros une
année, sous peine de sanctions financières.
De
Mélenchon à Marine Le Pen, le sujet de l'UE et de l'euro fait peur. Le premier
a voté oui à Maastricht et contourne le sujet en proposant une lutte pour une
Europe plus sociale dans un esprit d'un rassemblement d'une gauche forte. Il
est loin du but et il ne fera rien bouger du tout dans une UE où les intérêts
des différents pays divergent de plus en plus. Mais peu importe il sera au plus
le jouet choisi pour faire peur à l'électorat à droite de Macron. Le but de
Mélenchon est donc de continuer à disposer d'un groupe à l'Assemblée pour s'y
agiter et continuer à exister dans son électorat. Marine Le Pen, ayant d'une
façon prudente mais peu claire prôné une sortie de l'euro, s'est vue incapable
de porter cette idée au-delà du 1er tour de la présidentielle. Elle bat en
retraite pour se concentrer sur ses slogans de base de la sécurité et
l'immigration. Mais ces sujets sont clivants et l'orientation récente de LR sur
ces sujets fera pencher l'électorat peureux vers la copie plutôt que l'original
FN. Ce dernier est donc aussi condamné à être le repoussoir permettant à un
parti du Centre sous fausse bannière de remporter les prochaines élections.
Visiblement,
après quarante ans de matraquage sur les bienfaits de l’Union Européenne avec
des slogans attrape-tout, comme la paix européenne au cœur des anciens dans le
« Plus jamais ça », comme l’ouverture d’un espace sans frontières
captivant la jeunesse avide de découvertes, comme l’UE sociale pousse par une
union syndicale renforcée pour les salariés, le mythe européen a la vie dure et
la désinformation médiatico-politique enfonce la tête sous
l’eau de tout contradicteur. On a beau dire que la paix a été assurée par
l’équilibre de la terreur nucléaire entre les russes et les américains, que
la liberté de circulation s’applique aussi aux capitaux engendrant chez nous
des fuites et des achats industriels, immobiliers, et territoriaux incontrôlables,
que
l’union syndicale renforcée trouvera en face d’elle l’union patronale encore
plus renforcée parce qu’elle est multinationale, rien ne peut
contrer les slogans européistes. Ces slogans surfent sur des croyances ancrées
de longue date. Dans l’UE, l’OTAN nous protège, L’UE est la principale
puissance commerciale du monde, le couple franco-allemand fait briller l’UE à
l’international, etc.
La
peur de ne pas convaincre dans un vrai débat sur l’intérêt d’appartenir à l’UE contraint
les partis à se retrancher sur d’autres sujets traditionnels considérés comme porteurs,
la lutte sociale ou la lutte contre l’immigration et le terrorisme. Ces plats
ont un goût de vieille cuisine et ne peuvent au mieux que
mobiliser les vrais militants et leur entourage proche, mais ils ont pour effet
de grossir les rangs de l’abstention. Les partis d’opposition sont comme nos
fantassins en 1940 qui partaient au combat avec des fusils Lebel contre les
divisions mécanisées allemandes. Macron dispose de troupes fraîches, d’un
arsenal médiatique puissant, d’un soutien encore sans faille de Bruxelles et de
l’oligarchie financière. L’opposition refuse le combat sur le seul champ de
bataille qui
scelle notre destin. Il y a une verticalité du pouvoir entre le Système oligarchique
américano-juive accompagné des grands lobbies occidentaux, la BCE, Bruxelles et
la France. On peut ajouter l’omniprésence du poids de l’Allemagne sur les propositions
des Commissaires européens, et la dépendance militaire à l’OTAN.
Cette verticalité
impulsée désormais ouvertement a éclaté au grand jour lors de la visite de Macron
à Trump et la réunion du G7. Si l’on veut bien admettre qu’un
monde sans foi ni loi laisserait libre cours à la loi du plus fort, les traités
signés ne peuvent être bafoués sans atteindre la respectabilité des Etats, mais
l’histoire est pleine de traités dont les signataires ont décidé de sortir selon
les clauses prévues dans ceux-ci. Si nous sommes sous la coupe d’un pouvoir
vertical, c’est à cause des traités nous liant à l’UE et à l’OTAN, mais dans
les deux cas les clauses juridiques de sortie en font partie. Nous avons donc
notre destin en main, il s’agit d’une décision politique pesant le pour et le
contre de la sortie ou du maintien dans les traités. La photo-montage ci-dessus
est une merveille de réalisme. Seule Angela Merkel peut encore tenir tête à Donald
Trump mais en vain. Le boss est assis et ne bronche pas. Autrement dit la messe
est dite et vous pouvez rentrer chez vous. La France, l’UE, le Japon, le Canada
subissent la loi du plus fort.
Le
regroupement de ces pays économiquement puissants n’apporte aucune force
supplémentaire devant la loi du plus fort, militairement et monétairement. En
réalité Trump ne discute qu’avec XI et Poutine. Alors la France doit-elle
accepter la vassalité dont elle ne peut pas sortir, car liée par les traités ?
Macron est le porte-drapeau de l’UE et prêt à nous entraîner vers une nouvelle avancée
du fédéralisme européen. Les partis d’opposition murmurent des lamentations sur
l’UE et chargent Macron avec des baïonnettes en papier. Le simple chiffon rouge
de la sortie de l’euro les laissent sans voix comme des baigneurs trouvant que l’eau
est vraiment trop froide en se référant à la température de l’air et empêchant
toute velléité des autres de mettre un pied pour en juger. Tant que
le seul vrai sujet, dont dépend toutes les autres orientations politiques, ne
sera pas pris par l’opposition, Macron jouera sa partition sans crainte et le peuple
suivra parce que
depuis quarante ans on lui serine que son salut ne peut être
ailleurs.
Il n’y a plus de gauche et de droite
Car elles n’ont plus rien à dire
Sur le seul sujet rassembleur
D’une véritable opposition
Hors de la pêche aux voix.
Elle
divise en deux clans
Sous l’œil goguenard
Du réel adversaire !
Claude Trouvé
11/06/18
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