Le G7 se termine, comme prévu, par un
fiasco. Il fallait être bien naïf pour penser que Donald Trump lâcherait quoi que ce soit d’important sur ce sujet. Il estime que les États-Unis sont perdants dans les échanges avec l’Europe
et cite le marché automobile où les taxes européennes sur les importations de
voitures en provenance des pays hors UE s'élèvent à 10%, quand les droits de
douanes américains ne s'élèvent qu'à 2,5%. "Nous sommes la tirelire que le
monde entier pille. Cela va cesser". Si Trump doit louvoyer dans son
propre pays sur la plupart des sujets, il y en a au moins deux où il peut se
sentir soutenu, c’est l’aide à Israël et la politique économique. Dans le
premier cas le Congrès et la finance américano-juive sont derrière lui, et dans
le second c’est le soutien du camp Républicain ainsi que d’une majorité de l’opinion
publique déjà bénéficiaire des premiers succès dans ce domaine. En résumé Trump
est en position forte et n’a aucune raison de reculer sur son slogan « America
first » qui fait mouche dans l’opinion.
Il fallait être bien naïf pour penser
que le groupe des six non représentatif de l’UE, sans
véritable mandat et dont la dépendance aux Etats-Unis, Japon compris, est scellée
depuis longtemps, allait provoquer une reculade américaine. Les rodomontades de
Macron du style « Si les Etats-Unis
se sentent bien en étant seuls, nous nous sentons très bien à six » n’en
sont que plus inutiles, dérisoires, et donc pitoyables. C’est la réponse
des faibles au fort, et il vaut mieux s’abstenir de le dire. L’impuissance de l’UE,
face aux grandes puissances, et son impossibilité de parler d’une seule voix s’étale
au grand jour. Le G7, bâti sur une collusion d’intérêts, n’a donc plus lieu d’être.
Les Etats-Unis sont exportateurs de gaz de schiste, et défendent leur dollar
contre toutes les autres monnaies. Leurs intérêts n’ont plus rien à voir avec les
raisons fondamentales de la création de ce groupe. Exit le G7. Les autres six pays
ont même refusé la proposition de Trump de faire revenir la Russie dans le
groupe, de peur de perdre un peu plus de poids dans les discussions. C’est
minable. Trump leur a montré non seulement sa force mais l’art de la
négociation : Je maintiens des sanctions mais je tends la main à la
Russie, car j’ai là un interlocuteur valable et non vassalisé.
L’UE, comme les Etats-Unis, est sur le déclin et se complait dans sa
position de vassal. Elle tourne le dos à l’histoire du monde tournée désormais
vers l’Asie. Seule l’Allemagne se tient néanmoins dans un rôle d’entre deux
pour continuer un pangermanisme qui n’a pas quitté sa politique étrangère. Elle
accepte l’OTAN sur son territoire, répand sur les autres pays des visions soufflées
par les lobbies et banquiers américains, mais se tourne vers la Russie pour
devenir la tour de distribution du gaz russe sur tous ses voisins avec la
construction du gazoduc North Stream 2 évitant l’Ukraine via la mer Baltique. Il
sera opérationnel en 2019 et doublera la capacité du premier gazoduc pour la
porter à 110 milliards de m3. C’est du concret et c’est pour demain.
La France, elle, non seulement n’a
pas de politique étrangère autre que celle d’œuvrer pour un fédéralisme
européen et la « décarbonisation », mais en plus elle veut se débarrasser
de ses atouts majeurs. Elle veut arrêter ses réacteurs nucléaires, sans en avoir
subi le moindre risque et sans raison de décarbonisation. Elle vend aussi ses
atouts industriels stratégiques comme Alsthom à des sociétés américaines, italiennes
et autres. Elle pense compenser cela par une plongée dans les start-ups du numérique,
domaine accessible à de nombreux pays et donc très concurrentiel. Elle lâche la
proie pour l’ombre car cela ne remplacera pas le chiffre d’affaires de l’automobile,
de l’aéronautique, du spatial, de l’agriculture, etc. La France s’oppose sans raison
valable à la Russie, laquelle ne manifeste aucune intention agressive vis-à-vis
de la France dont elle attend au contraire l’aide pour se rapprocher de l’UE. La
Russie sait être le pont entre l’Europe et l’Asie, et la France a tout intérêt
à être le pont entre l’Europe et le continent américain. La France n’a rien
compris, ou ne veut rien comprendre de l’évolution du monde ou son Président
gère sa carrière personnelle sans se préoccuper du destin de son pays.
En effet un autre monde a déjà éclos,
un monde multilatéral né en Asie propageant une autre idée du monde où les mots
patrie et identité nationale ne sont pas exclus, un monde où les nations ne
recherchent pas une entité qui leur impose des lois communes, un
monde où la recherche d’un consensus et de projets communs sert d’aiguillon. Ce
monde s’oppose frontalement au monde unilatéral sous la coupe des Etats-Unis et
à son pétrodollar. Il comprend des puissances militaires et économiques en
pleine expansion et fait de l’UE une coquille vide et impuissante. Deux grands
océans séparent ce monde de celui de l’empire américain, le Pacifique et l’Atlantique.
C’est la géographie et la rapidité toujours plus grande des déplacements qui dictent la prochaine évolution du monde. Le destin de la France
et des pays européens se jouera obligatoirement dans une « Eurasiafrique » en construction. Ces continents ne feront qu’un et
les routes les relieront encore mieux avec le lancement des routes de la soie.
Mais ceci se construit en dehors de nous, et aucun effort de notre pays ne va
dans ce sens. La patte de l’aigle américain nous bloque dans une attitude servile.
Mais qui sont ces représentants du nouveau monde ? Ce sont diverses
associations de pays dont certaines ont plus d’importance que d’autres. L’association majeure est la russo-chinoise,
improbable au départ mais qui a pris corps devant le refus de l’UE de tendre la
main à la Russie jusqu’à l’exclure du G8, ultime vexation, sur demande américaine.
Ces deux pays ont poussé loin leurs actions communes avec des liens militaires,
économiques, bancaires, et monétaires. Les échanges économiques sont en train
de se faire avec un lien entre le rouble et le yen au détriment du dollar. Ces
deux pays font croître très rapidement leurs stocks d’or en vue d’une
révolution monétaire. D’ailleurs le président chinois Xi Jinping a remis la
première médaille de l’amitié de la République populaire de Chine au président
russe Vladimir Poutine au Grand Palais du Peuple à Beijing vendredi après-midi
8 juin. Ce couple a donné naissance au BRICS, groupe réunissant le Brésil, la
Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. On voit très bien que l’Afrique du Sud et le Brésil, pays aux immenses
ressources naturelles, voit dans leur appartenance un moyen de se défendre
contre le prédateur américain. Face au poids démographique, militaire, et économique
des BRICS, l’UE ne représente qu‘une grande plateforme de consommateurs.
Mais le regroupement des pays asiatiques
va beaucoup plus loin avec l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C’est
une organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la
Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Elle a
été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays.
L'Inde et le Pakistan s’y sont ajoutés comme membres à part entière,
intégration officialisée le 9 juin 2017. Partie sur une coopération économique,
celle-ci s’est étendue au domaine sécuritaire et militaire, sous la houlette de
la Russie et de la Chine, ce qui en fait une sorte de plateforme géostratégique.
Son fonctionnement est souple et admet des pays observateurs et des partenaires
de discussion. Les liens entre les pays sont plus ou moins étendus et le
maintien de la souveraineté de chacun est garanti. Toute vocation de
fédéralisme est exclue. Le poids mondial de cette coopération est
impressionnant et son extension est destinée à continuer.
D’autres organisations s’interpénètrent tissant une toile asiatique de coopération assumée. Dans ce
nouveau monde on voit surgir des systèmes bancaires d’investissement
indépendants de la Banque Mondiale et du FMI. C’est bien l’affirmation d’une
nouvelle vision du monde avec le lancement par la Chine d’infrastructures qui
vont relier l’Asie à l’Europe et à l’Afrique. La Russie et la Chine
investissent en masse sur l’Afrique dans le cadre d’un partenariat et non d’une
colonisation ou une mise sous dépendance directe, même si l’on peut penser que ces pays peuvent devenir redevables. La rigidité de l’UE à
vocation fédéraliste montre le décalage de l’Europe par rapport à l’évolution
du monde « En Marche ». XI et Poutine ont une vision planétaire d’un
nouveau monde qui nous submergera tôt ou tard, bon gré malgré, mais les derniers
ne seront pas les premiers.
La France continue dans ses rêves de pays assoupi,
De pays devenu servile, car enfumé et aveuglé
Par un soi-disant « Nouvel Ordre Mondial »
Aux ordres d’une oligarchie prédatrice
Reléguant les peuples à un rôle
D’ouvrières enchaînées
A sa ruche à miel !
Claude Trouvé
10/06/18
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