mercredi 27 juin 2018

L’écologisme français n’est-il pas un polluant ?


L’écologie était à l’origine une question de bon sens et pratiquée déjà par les générations précédentes. L‘école s’en préoccupait en parlant des espèces animales et végétales protégées, de la propreté des lieux, du ramassage des papiers, des mesures d’hygiène. Les chasseurs sont depuis longtemps instruits sur les dates de chasse et les animaux à protéger. Mais les anciens devaient céder à ces principes devant le surcoût engendré par certaines actions écologiques et les besoins énergétiques et alimentaires entre autres. Les mines de charbon ont en effet beaucoup tué et sali l’environnement. L’arrivée du pétrole plus énergétique et son abondance ont fait reculer les mines de charbon dont certains filons arrivaient à épuisement ou devenus non rentables. Le reflexe écologique, au sens de la défense de l’homme et de l’environnement qui lui est nécessaire pour vivre, est en fait vieux comme le monde.

Ce qui est nouveau c’est l’écologisme devenu une idéologie écologiste. L’écologie est devenue un dogme dont ceux qui n’y adhèrent pas sont condamnables et considérés comme des irresponsables encore pétris des principes d’une époque révolue. J’en veux pour preuve le jugement porté par le véganisme sur les humains carnivores habillés de cuir capable de porter certains végans à agresser physiquement nos bouchers. L’écologisme devient alors une forme de racisme. On peut aussi mettre dans la catégorie des pestiférés, les climatosceptiques. J’en veux pour preuve les discours d’un certain nombre de politiques dont Hulot devenu milliardaire grâce à l’écologisme. De même on peut parler d’Al Gore quittant la vice-présidence américaine avec une richesse conséquente mais devenant un multimilliardaire en surfant sur le réchauffement climatique et la gestion de la taxe carbone. 

Depuis la COP21 la France s’est érigée en leader mondial de la diffusion du message de catastrophisme en évoquant les conséquences du réchauffement climatique, devenu tueur à grande échelle. Hommes, animaux, végétaux deviennent menacés de disparition, noyés ou cuits, d’ici la fin du siècle. C’est la lutte mondiale contre le carbone, désigné ennemi numéro 1 du climat. Le maître mot de l’écologisme devient la « décarbonisation », que l’on associe étrangement à la « dénucléarisation ». Je dis étrangement parce que le nucléaire ne participe à la carbonisation que lors de la construction des réacteurs, tout comme pour les éoliennes et les panneaux solaires. Passons, mais revenons sur la révolution verte dont ces éoliennes, panneaux solaires, véhicules électriques pour lesquels on ne s’est pas préoccupé dans les instances vertes de la nécessité de disposer de certains minerais, dont particulièrement les indispensables Terres rares. Où et comment devrons-nous nous les procurer ? Et les questions bêtes : « Leur extraction ne serait-elle pas polluante ? » et « Ces minerais ne sont-ils pas rapidement épuisables ? », ne sont pas posées, sans doute pour ne pas nuire à la doctrine écologiste.

L’inventivité technique de l’Homme s’est accompagnée d’une multiplication des métaux utilisés. De l’Antiquité à la Renaissance, seuls 7 métaux (or, cuivre, plomb, argent, fer, étain, mercure) ont été exploités. Au cours du XXe siècle, une dizaine s’y sont ajoutés, une vingtaine à partir des années 1970. Désormais, l’Homme exploite quasiment la totalité des 86 métaux du tableau de Mendeleïev. Parmi eux il y a l’uranium dont on ne savait pas quoi faire. Si, grâce aux atomistes dont nous savons saluer les découvertes mais dont nous voulons détruire les utilisations pacifiques énergétiques, nous n’avions pas créé de l’énergie électrique à partir de l’uranium, ce métal ne servirait que de lest et, grâce à son pouvoir de perforation et de pollution, de composant d’obus. La révolution verte a désigné comme rois les métaux « verts », ceux baptisés « terres rares », dont les propriétés dépassent celles de tous les autres métaux sur les plans électromagnétique, optique, catalytique, et chimique. 

Ces métaux, connus depuis longtemps dans les pierres à briquet, ont des propriétés utilisées pour la radiographie, la tomographie, la curiethérapie, mais aussi pour les lasers, les colorants jaunes et fluorescents pour les verres, les diodes électroluminescentes et les peintures, les lampes aux halogénures métalliques, les bougies d’allumage, les supraconducteurs haute température pour l’imagerie par résonance magnétique, les trains à sustentation magnétique, et dans les alliages légers aluminium-scandium pour l’aéronautique militaire. Le Scandium 46Sc sert même de traceur radioactif dans les raffineries. On voit que ses utilisations sont diverses et déjà devenues indispensables. Il faut ajouter à cela des utilisations nouvelles ou renforcées. La supraconductivité peut être utilisée pour le transport et le stockage de l’énergie par sa faible résistivité, et dans les électroaimants. Mais il faut ajouter que les Terres rares sont indispensables à la fabrication des aimants permanents pour les éoliennes et les voitures hybrides.

En raison de leurs usages multiples, souvent dans des domaines de haute technologie revêtant une dimension stratégique, les terres rares font l'objet d'une communication restreinte de la part des États. Elles sont néanmoins évaluées par les USA à hauteur de 120 millions de tonnes fin 2017 détenues à 37 % par la Chine, devant le Brésil (18 %), le Vietnam (18 %), la Russie (15 %), l'Inde (6 %), l'Australie (2,8 %), le Groenland (1,3 %), les États-Unis (1,2 %). Au passage vous noterez la coïncidence de la richesse en Terres rares du Vietnam avec le commencement d’une révolte populaire contre son gouvernement et la Chine, un nouveau Printemps en vue. Car voilà la Chine est devenue le principal producteur mondial de Terres rares, fournit 90 % des besoins de l'industrie et se penche sur les techniques de recyclage de ces terres rares dans les déchets électroniques. La production mondiale d'oxydes de terres rares de la Chine s'est élevée à environ 105 000 tonnes en 2017 sur une production mondiale de 130 000 tonnes, constituant ainsi un quasi-monopole mondial ; l'Australie, deuxième producteur, n'en a extrait que 20 000 tonnes. 

La Chine tient l’Occident entre ses mains parce qu’elle exerce dans ce domaine une hégémonie mondiale mais aussi parce que l’extraction est coûteuse et surtout très polluante. La Chine s’est accaparée d’une position dominante dans la production de ces métaux et dans leur utilisation en aval en pratiquant un dumping tant économique qu’écologique : sa dizaine de milliers de mines a ruiné l’environnement, pollué ses fleuves, contaminé ses puits et ses terres arables, privé ses populations d’eau potable. À peine 5 de ses 500 plus grandes villes répondent aux standards internationaux pour la qualité de l’air. Notre frilosité écologique, qui nous a fait renoncer à l’exploration de nos richesses en gaz de schiste, fait tâche d’huile sur de nombreux pays développés. C’est ainsi que l’Afrique du Sud a fermé ses mines. La Chine nous tient aujourd’hui mais aussi pour un avenir plus lointain, car le troisième militaire et géopolitique demandera des équipements parmi les plus sophistiqués des armées occidentales (robots, avions, dont le F35, par exemple) qui dépendront désormais du bon vouloir de la Chine… 

De toute évidence la guerre des Terres rares sera aussi âpre que pour le pétrole et la France fait une triple erreur. Elle augmente sa dépendance aux Terres rares premièrement en prônant l’énergie électrique « verte » (visite de Macron pour promouvoir les éoliennes en mer), énergie consommatrice de Terres rares dont nous n’avons pas vraiment besoin en tant que pays exportateur d’électricité, deuxièmement elle « carbonise » par les centrales thermiques --pas seulement polluantes en CO2-- nécessaires à l’adéquation de la production des énergies renouvelables à la consommation, et troisièmement elle participe à une augmentation de la pollution dans les pays producteurs de Terres rares. Autrement dit l’écologisme ne tient en réalité aucun compte des dégâts qu’il va causer en violation des principes de base de l’écologie. Il serait temps que le bon sens revienne dans notre peuple de moutons désinformés, car il ne faut pas compter sur les puissances de l’argent pour qui l’écologie n’a pour intérêt que l’augmentation des profits à en tirer. Or soyez-en sûrs ils surfent sur des centaines de milliards au moins dans ce domaine. N’oubliez pas qu’en fin de compte c’est vous qui payez cette gabegie, ce surcroît de pollution et cette course vers la dépendance dont l’hégémonie peut devenir plus pesante et plus contraignante que l’américaine. Dans ce matraquage quotidien médiatique et politique polluant de l'écologisme, en quoi le français espère-t-il encore s’il ne se préoccupe plus de sa liberté et de son indépendance ?
La liberté et l’indépendance ne se conçoit

que chez un être qui vit encore d’espoir
Albert Camus
Claude Trouvé
27/06/18