L’écologie
était à l’origine une question de bon sens et pratiquée déjà par les
générations précédentes. L‘école s’en préoccupait en parlant des espèces
animales et végétales protégées, de la propreté des lieux, du ramassage des
papiers, des mesures d’hygiène. Les chasseurs sont depuis longtemps instruits
sur les dates de chasse et les animaux à protéger. Mais les anciens devaient céder
à ces principes devant le surcoût engendré par certaines actions écologiques et
les besoins énergétiques et alimentaires entre autres. Les mines de charbon ont
en effet beaucoup tué et sali l’environnement. L’arrivée du pétrole plus
énergétique et son abondance ont fait reculer les mines de charbon dont
certains filons arrivaient à épuisement ou devenus non rentables. Le reflexe
écologique, au sens de la défense de l’homme et de l’environnement qui lui est
nécessaire pour vivre, est en fait vieux comme le monde.
Ce
qui est nouveau c’est l’écologisme devenu une idéologie écologiste. L’écologie
est devenue un dogme dont ceux qui n’y adhèrent pas sont condamnables et
considérés comme des irresponsables encore pétris des principes d’une époque
révolue. J’en veux pour preuve le jugement porté par le véganisme sur les
humains carnivores habillés de cuir capable de porter certains végans à
agresser physiquement nos bouchers. L’écologisme devient alors une forme de
racisme. On peut aussi mettre dans la catégorie des pestiférés, les
climatosceptiques. J’en veux pour preuve les discours d’un certain nombre de
politiques dont Hulot devenu milliardaire grâce à l’écologisme. De même on peut
parler d’Al Gore quittant la vice-présidence américaine avec une richesse
conséquente mais devenant un multimilliardaire en surfant sur le réchauffement
climatique et la gestion de la taxe carbone.
Depuis
la COP21 la France s’est érigée en leader mondial de la diffusion du message de
catastrophisme en évoquant les conséquences du réchauffement climatique, devenu
tueur à grande échelle. Hommes, animaux, végétaux deviennent menacés de
disparition, noyés ou cuits, d’ici la fin du siècle. C’est la lutte mondiale
contre le carbone, désigné ennemi numéro 1 du climat. Le maître mot de
l’écologisme devient la « décarbonisation », que l’on associe
étrangement à la « dénucléarisation ». Je dis étrangement parce que
le nucléaire ne participe à la carbonisation que lors de la construction des
réacteurs, tout comme pour les éoliennes et les panneaux solaires. Passons,
mais revenons sur la révolution verte dont ces éoliennes, panneaux solaires,
véhicules électriques pour lesquels on ne s’est pas préoccupé dans les
instances vertes de la nécessité de disposer de certains minerais, dont
particulièrement les indispensables Terres rares. Où et comment devrons-nous
nous les procurer ? Et les questions bêtes : « Leur extraction
ne serait-elle pas polluante ? » et « Ces minerais ne sont-ils
pas rapidement épuisables ? », ne sont pas posées, sans doute pour ne
pas nuire à la doctrine écologiste.
L’inventivité
technique de l’Homme s’est accompagnée d’une multiplication des métaux
utilisés. De l’Antiquité à la Renaissance, seuls 7 métaux (or, cuivre, plomb,
argent, fer, étain, mercure) ont été exploités. Au cours du XXe siècle, une
dizaine s’y sont ajoutés, une vingtaine à partir des années 1970. Désormais,
l’Homme exploite quasiment la totalité des 86 métaux du tableau de Mendeleïev.
Parmi eux il y a l’uranium dont on ne savait pas quoi faire. Si, grâce aux
atomistes dont nous savons saluer les découvertes mais dont nous voulons
détruire les utilisations pacifiques énergétiques, nous n’avions pas créé de
l’énergie électrique à partir de l’uranium, ce métal ne servirait que de lest
et, grâce à son pouvoir de perforation et de pollution, de composant d’obus. La
révolution verte a désigné comme rois les métaux « verts », ceux baptisés «
terres rares », dont les propriétés dépassent celles de tous les autres métaux
sur les plans électromagnétique, optique, catalytique, et chimique.
Ces
métaux, connus depuis longtemps dans les pierres à briquet, ont
des propriétés utilisées pour la radiographie, la tomographie, la curiethérapie,
mais aussi pour les lasers, les colorants jaunes et fluorescents pour les
verres, les diodes électroluminescentes et les peintures, les lampes aux
halogénures métalliques, les bougies d’allumage, les supraconducteurs haute température
pour l’imagerie par résonance magnétique, les trains à sustentation magnétique,
et dans les alliages légers aluminium-scandium pour l’aéronautique militaire.
Le Scandium 46Sc sert même de traceur radioactif dans les
raffineries. On voit que ses utilisations sont diverses et déjà devenues
indispensables. Il faut ajouter à cela des utilisations nouvelles ou renforcées.
La supraconductivité peut être utilisée pour le transport et le stockage de l’énergie
par sa faible résistivité, et dans les électroaimants. Mais il faut ajouter que
les Terres rares sont indispensables à la fabrication des aimants permanents
pour les éoliennes et les voitures hybrides.
En raison de leurs usages multiples,
souvent dans des domaines de haute technologie revêtant une dimension
stratégique, les terres rares font l'objet d'une communication restreinte de la
part des États. Elles sont néanmoins évaluées par les USA à hauteur de 120
millions de tonnes fin 2017 détenues à 37 % par la Chine, devant le Brésil (18
%), le Vietnam (18 %), la Russie (15 %), l'Inde (6 %), l'Australie (2,8 %), le
Groenland (1,3 %), les États-Unis (1,2 %). Au passage vous noterez la coïncidence
de la richesse en Terres rares du Vietnam avec le commencement d’une révolte
populaire contre son gouvernement et la Chine, un nouveau Printemps en vue. Car
voilà la Chine est devenue le principal producteur mondial de Terres rares,
fournit 90 % des besoins de l'industrie et se penche sur les techniques de
recyclage de ces terres rares dans les déchets électroniques. La production
mondiale d'oxydes de terres rares de la
Chine s'est élevée à environ 105 000 tonnes en 2017 sur une production
mondiale de 130 000 tonnes, constituant ainsi un quasi-monopole mondial ; l'Australie, deuxième producteur, n'en a
extrait que 20 000 tonnes.
La
Chine tient l’Occident entre ses mains parce qu’elle exerce dans ce domaine une
hégémonie mondiale mais aussi parce que l’extraction est coûteuse et surtout
très polluante. La Chine s’est accaparée d’une position dominante dans la
production de ces métaux et dans leur utilisation en aval en pratiquant un
dumping tant économique qu’écologique : sa dizaine de milliers de mines a ruiné
l’environnement, pollué ses fleuves, contaminé ses puits et ses terres arables,
privé ses populations d’eau potable. À peine 5 de ses 500 plus grandes villes
répondent aux standards internationaux pour la qualité de l’air. Notre
frilosité écologique, qui nous a fait renoncer à l’exploration de nos richesses
en gaz de schiste, fait tâche d’huile sur de nombreux pays développés. C’est
ainsi que l’Afrique du Sud a fermé ses mines. La Chine nous tient aujourd’hui
mais aussi pour un avenir plus lointain, car le troisième militaire et
géopolitique demandera des équipements parmi les plus sophistiqués des armées
occidentales (robots, avions, dont le F35, par exemple) qui dépendront désormais
du bon vouloir de la Chine…
De
toute évidence la guerre des Terres rares sera aussi âpre que pour le pétrole
et la France fait une triple erreur. Elle augmente sa dépendance
aux Terres rares premièrement en prônant l’énergie électrique « verte »
(visite de Macron pour promouvoir les éoliennes en mer), énergie consommatrice
de Terres rares dont nous n’avons pas vraiment besoin en tant que pays
exportateur d’électricité, deuxièmement elle « carbonise » par les
centrales thermiques --pas seulement polluantes en CO2-- nécessaires
à l’adéquation de la production des énergies renouvelables à la consommation,
et troisièmement elle participe à une augmentation de la pollution dans les
pays producteurs de Terres rares. Autrement dit l’écologisme ne tient en
réalité aucun compte des dégâts qu’il va causer en violation des principes de
base de l’écologie. Il serait temps que le bon sens revienne dans notre peuple
de moutons désinformés, car il ne faut pas compter sur les puissances de l’argent
pour qui l’écologie n’a pour intérêt que l’augmentation des profits à en tirer.
Or soyez-en sûrs ils surfent sur des centaines de milliards au moins dans ce domaine.
N’oubliez pas qu’en fin de compte c’est vous qui payez cette gabegie, ce
surcroît de pollution et cette course vers la dépendance dont l’hégémonie peut
devenir plus pesante et plus contraignante que l’américaine. Dans ce matraquage
quotidien médiatique et politique polluant de l'écologisme, en quoi le français espère-t-il encore s’il
ne se préoccupe plus de sa liberté et de son indépendance ?
La liberté et l’indépendance ne se
conçoit
que chez un être qui vit encore d’espoir
que chez un être qui vit encore d’espoir
Albert
Camus
Claude Trouvé
27/06/18