mardi 19 juin 2018

Décomposition de l’UE en vue !


Depuis le temps qu’il est clair, donc depuis au moins le traité de Maastricht, que l’Union Européenne portait dès sa naissance les stigmates de sa mort, l’heure de son agonie est toute proche. Le Phénix renaîtra-t-il de ses cendres sous une forme nouvelle de coordination ou chaque pays se séparera-t-il de la Bête monstrueuse en emportant des lambeaux de sa dépouille ? En tous cas l’heure est proche, ses jours sont comptés comme la place de Chancelière pour Merkel. Si l’Italie vient de décocher le coup de pied de l’âne à une UE technocratique aux mains des lobbies et de l’oligarchie financière, c’est bien l’Allemagne qui reste le pivot de la stabilité de l’UE et de la zone euro. C’est un pivot pratique faisant fi de toute idéologie sur le plan économique tout-au-moins en laissant à la France idéologique et fédéraliste le soin de jouer le rôle de béquille.

Le couple franco-allemand, encore en réunion aujourd’hui, ne fonctionne que pour faire passer les vues allemandes à l’ensemble des autres pays. On peut adjoindre les pays du Club Med, ayant l’œil sur la France, aux pays satellites environnants et dépendants de l’Allemagne pour constituer une force de persuasion suffisante pour créer l’unanimité des pays sur une décision. Mais ce couple porte en lui-même une raison de division de l’UE, car cette prééminence constante ayant pour but de faire plier les autres, y compris l’Italie pays fondateur et troisième puissance économique, crée un sentiment de révolte rentré mais croissant et cherchant désormais à faire entendre la voix des petits pays. Le groupe Visegrad réunissant la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie est une manifestation de faire poids pour faire valoir des intérêts communs spécifiques. Il représente 63,8 millions d’habitants en 2016 (13 % de la population de l’UE), soit presque la population de la France et plus que celle de l’Italie. 

Officiellement Macron veut rencontrer Merkel pour harmoniser les impôts sur les sociétés entre les deux pays. C’est le processus habituel pour créer une situation à deux pouvant être imposée à tous. Macron est dans son axe prioritaire d’ultralibéralisme pour lequel l’économie est le seul objectif. Tout laisse à penser que sur ce sujet Merkel, en difficulté avec son Ministre de l'Intérieur, ne lâchera rien qui puisse nuire à l’économie allemande. Les concessions à Macron seront mineures et Macron est convié à Berlin pour toute autre chose : la politique migratoire, principal sujet de préoccupation de la Chancelière dont l’autorité chancelle justement. Elle a ouvert la porte à une immigration massive de migrants en Allemagne créant une vague de « réfugiés » jetant le trouble de la Grèce à l’Allemagne dans tous les pays traversés. Elle a fait payer les pays de l’UE à la Turquie pour qu’elle ferme la porte avant une révolte des pays traversés et fait voter des quotas imposés à tous les pays. Si la France a traîné les pieds pour cet accueil, la Hongrie a créé la première résistance aux décisions européenne en fermant ses frontières.

La population allemande, dans l’Est et en Bavière en particulier, réagit très négativement à cet afflux dont ils perçoivent le poids budgétaire et l’insécurité grandissante (préoccupation majoritaire pour 56% d’entre eux). Ils ont bien compris que les migrants en Allemagne ne se sont pas mis au boulot aussitôt. Sur 1.300.000 demandeurs d’asile, les médecins, les ingénieurs sont très minoritaires, moins de 2% du total, et 85% des Syriens dépendent de l'aide sociale. La CSU, pourtant favorable au principe initial d’immigration pouvant combler la perte démographique et le manque de main-d’œuvre, découvre la réalité avec une partie des allemands réalisant avoir été manipulés. L‘immigration massive et non contrôlée provoque des problèmes de prise en charge financière, de sécurité, d’intégration avant assimilation, et des heurts civilisationnels liés principalement au nombre et à la brutalité de son arrivée. 

Angela Merkel réussira-t-elle le coup de poker gagné par Theresa May avec le vote de la Chambre des Lords pour le Brexit ? Rien n’est moins sûr. L’Italie a jeté un pavé dans la mare et fait comprendre au duo franco-allemand que leur inertie devant l’arrivée massive sur l’Italie devait cesser. Un axe Berlin-Vienne-Italie se constitue sans accord explicite de la Chancelière. La coalition est ébranlée et la CSU donne trois semaines à la Chancelière pour prendre les mesures de non-acceptation automatique des migrants régularisés dans les autres pays sous peine de leur retrait de la coalition. Secouée par le premier et le troisième pays de l’UE, celle-ci est en voie de décomposition car le sujet de la politique migratoire est loin de faire l’unanimité en son sein. Par exemple la Hongrie argue que le transit de migrants par l’Aquarius et le travail politique de certaines organisations ne peut se faire sans l’aide du multimilliardaire Soros dont le but est en permanence la déstabilisation des pays, en particulier par le flux migratoire, au profit de l’hégémonie américaine.

Mais l’UE est en ligne de mire de la guerre économique livrée par Trump, en particulier l’Allemagne. Par ailleurs la croissance mondiale ralentit et l’UE risque d’être durement frappée. Cela commence à se voir en France sur le premier trimestre, alors que notre croissance était déjà plus faible que la plupart des pays européens en 2017. La dette mondiale augmente exponentiellement, le montant d’argent nourrissant la spéculation n’a plus aucun rapport avec celui tournant dans l’économie, et les profits spéculatifs détournent l’intérêt des investisseurs de l’économie réelle. Cette situation devient explosive et risque d’engendrer une montée des taux d’intérêt menaçant directement les budgets des États et ceci d’autant plus que leur dette est plus élevée. Une grave crise mondiale risque de s’abattre sur une UE désarticulée et d’en faire la plus grande victime. 

Où peut aller l’UE ? La montée des nationalismes croît chaque semaine dans les déclarations des élites et dans les résultats de chaque élection. L’UE fédérale est devenue un leurre où il ne reste que Macron pour y croire ou faire croire qu’il y croit. La force centrifuge exercée sur l’UE est telle que l’on est en droit de se demander si même une UE des nations, celle qui aurait pu avoir l’assentiment de De Gaulle est encore possible. Le découpage en zone euro et hors zone euro avec des traités différents ne résoudrait plus rien, car l’Italie a compris le tort de la monnaie unique sur son économie, même si la France ne veut pas l’admettre pour elle-même. La suppression de la règle de l’unanimité pour redonner du poids aux petits pays ne ferait que renforcer les forces centrifuges. Il est plus probable de voir les pays revenir vers la zone de libre-échange, principal fondamental de sa construction ne contenant pas expressément le besoin d’une BCE, ni d’une technocratie bruxelloise, ni même d’un Parlement européen. On pourrait donner le choix d’une monnaie commune, mais il y a fort à parier que l’Allemagne en profitera pour faire payer les créances cumulées chez elle par les pays endettés.

Il apparaît clairement que la situation actuelle de l’UE n’est plus tenable à partir du moment où des pays ne veulent plus se plier aux décisions communes. La politique migratoire et la remise en cause de l’euro, soulevée par la constitution du gouvernement italien, deviennent deux chancres dont l’UE actuelle ne se relèvera pas. L’UE entre dans une phase de décomposition dont on peut même penser qu’elle aura du mal à attendre les élections européennes de 2019 pour éclater.


Il n’est point dans le monde d’organisation politique 

Qui résiste à des fondations trop mal construites

Étayées sans le respect total de la démocratie. 

L’UE paye ses erreurs de fonctionnement

Dans une crise finale très proche.


Claude Trouvé 
19/06/18

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