L’embarras du gouvernement sur le plan énergétique,
soutenu par Nicolas Hulot, est de plus en plus visible et sa priorité se concentre
sur les perspectives économiques mondiales en recul et la maigre performance de
la croissance française au premier trimestre. La préparation du budget 2019
commence à donner des sueurs froides à Bercy après le rapport de l’INSEE sur la
perspective annuelle et les 0,2% de faible croissance enregistrés durant le 1er
trimestre 2018. J’ai pour habitude de regarder ces chiffres par rapport aux
performances des autres pays. À partir des données d’Eurostat, on peut construire
le graphique ci-dessous représentant l’écart d’une année à l’autre des
variations du PIB en volume d’un trimestre au précédent. En l’occurrence il s’agit
des variations du 1er trimestre 2018 par rapport au quatrième
trimestre 2017 et de celles du 1er trimestre 2017 par rapport au quatrième
trimestre 2016. Le graphique représente l’écart en % entre ces deux valeurs par
rapport au PIB du 1er trimestre 2017.
Les valeurs positives
signifient que
la situation entre les deux années s’est améliorée, et inversement pour les
valeurs négatives. On constate qu’autant pour l’UE (-0,28%) que
pour la zone euro (-0,38%) la performance est moins bonne et négative. Mais
celle de la France est encore plus mauvaise avec -0,83% juste un peu mieux que l’Estonie
et la Slovénie dans la zone euro. Le fait que l’Allemagne marque aussi
le pas n’a rien de réjouissant. L’Irlande reste un cas à part avec son faible
taux d’imposition des sociétés, ce qui entraînera son veto au projet Macron d’harmonisation
de ces taux sur toute la zone euro au moins. Mais n’en déplaise aux « unidolâtres »,
le Royaume-Uni améliore sa performance depuis les conversations pour le Brexit.
En bref la conjoncture s’annonce donc plus difficile pour la plupart et nous
sommes le grand pays le plus touché, donc il y a déjà un échec de la politique économique
actuelle. La réponse de Bercy, c’est la réduction des prestations sociales,
comme le blocage des APL non revalorisés sur l’inflation, une panoplie d’augmentation
des taxes et une chasse aux niches fiscales, voire la création d’impôts
nouveaux.
Sur
les questions budgétaires, les subventions à la décarbonisation sur les véhicules
et sur l’énergie électrique se chiffrent en dizaines de milliards depuis leur
création et leur pérennité est affirmée par le gouvernement. J’ai dit que
le choix de pénaliser le diesel se traduit par une perte de pouvoir d’achat d’un
grand nombre de foyers et en particulier des plus pauvres n’ayant pas les
moyens d’acheter un autre véhicule et surtout pas une voiture électrique hors
de prix. J’ai dit aussi que le choix de la voiture à batterie électrique
était un investissement prématuré nécessitant un maillage couteux de recharge
des véhicules et pénalisant la recherche sur d’autres voies comme la voiture à
hydrogène. Enfin la montée rapide de la demande électrique d’un parc important
de ces véhicules n’est pas compatible avec l’arrêt des réacteurs nucléaires, ni
avec l’extension des énergies renouvelables.
L’énergie
électrique est non seulement indispensable au fonctionnement des pays
développés au même titre que le pétrole dont la demande en pétrochimie
est la meilleure utilisation, mais elle constitue un effort financier considérable.
Par-dessus tout cela, il s’agit de l’un des facteurs les plus importants de l’indépendance
nationale. Sur ces derniers points, on peut dire que grâce à l’énergie
nucléaire la France est l’un des pays les mieux lotis dans le monde. Porter
atteinte à ce type de production doit veiller à maintenir des coûts peu élevés
du kWh et à un maintien de l’indépendance actuelle. Or les efforts concernant
l'efficacité énergétique peinent à compenser des besoins électriques en
progression constante. La consommation finale d'énergie de 2017 marque encore
une augmentation de 0,9% sur celle de 2016. Depuis la « chasse au Gaspi » des
années 1970 la consommation nationale d'électricité a triplé. Comme l’écrit
Jean-Pierre Riou : « L'électricité
ne représente cependant que 23 % de la consommation finale d'énergie en France.
Mais elle offre une alternative sérieuse aux énergies fossiles, notamment aux
hydrocarbures, dont l'épuisement annoncé et les besoins exponentiels des pays
émergents évoquent l'imminence d'une crise géostratégique majeure. Le parc
électrique français, déjà décarboné pour plus de 90 % de sa production,
permettrait du même coup une réduction des émissions de CO2 (eq). »
Avec
une non-émission de CO2 et un coût du kWh inférieur aux centrales thermiques et
aux énergies renouvelables (EnRia), l’énergie nucléaire ne subit qu’un opprobre
lié à sa dangerosité, ou à des idéologies s’attachant à maintenir un climat de
peur irraisonné. Oui il y a eu trois accidents majeurs sur les centrales, mais
celui de Three Miles Island aux USA en 1979 a montré que
la technologie du type de réacteur développé ensuite en France permettait de contenir
la presque totalité de la radioactivité dans l’enceinte isolant le réacteur de
l’extérieur. L’accident de Fukushima en 2011 pour catastrophique qu’il
ait été n’a pas fait de victimes par la radioactivité alors que
le tsunami a enlevé la vie à 18.000 personnes. Son déclanchement est dû à un phénomène
naturel d’une intensité exceptionnelle, jamais recensée dans l’histoire du
Japon. Celui-ci, tous enseignements pris en compte et modifications induites réalisées,
est en train de redémarrer tous les réacteurs non accidentés. La seule
catastrophe qui est à déplorer par la faute directe de l’homme est Tchernobyl
en 1986. Le type de réacteur n’est pas le nôtre et sa conception même est
dangereuse et l’enceinte de confinement de la radioactivité n’existait pas. L’exploration
de nouvelles zones de fonctionnement en week-end et sans les ingénieurs
responsables est une faute grave d’exploitation et carrément irresponsable. Le
tout a donné un accident majeur, à mon avis le plus grave de tous.
La France
est le pays le plus nucléarisé du monde par habitant et n’a jamais eu d’accident
au sens de l’échelle internationale de mesure depuis plus d’un demi-siècle, il
serait temps de sortir des peurs irraisonnées et de ne pas entreprendre un
suicide collectif pour les raisons évoquées plus haut en se souvenant que c’est
l’industrie chimique qui a tué 28 personnes et fait des centaines de blessés et
des dégâts considérables à Toulouse le 21 septembre 2001. La France n’a aucune
raison de fermer un réacteur nucléaire si l’Autorité de Sûreté Nucléaire n’a
pas décidé lui-même l’arrêt pour raison de sécurité. Si elle le fait c’est pour
des raisons politiques, comme l’arrêt de Superphénix alors que ce
prototype avait fonctionné et que la partie nucléaire n’était pas en cause.
Par ce genre de décision nous avons perdu nos 20 ans d’avance et ouvert la
porte aux russes pour ce réacteur de 4ème génération en vente
désormais.
La France
va se retrouver dépendante du gaz indispensable pour faire fonctionner les
centrales thermiques les moins polluantes devant accompagner le développement
des EnRia. Si l’Allemagne nous pousse à l’imiter pour les EnRia ce n’est pas
pour rien, car elle entend devenir la plaque tournante de la distribution du
gaz russe avec la construction du gazoduc North Stream 2. La politique énergétique
française est une véritable entorse au bon sens et à l’intérêt du peuple lorsqu’une
politique d’austérité s’abat sur lui et devant une crise à venir. Il doit
prendre conscience que ce sont ses sous qui vont s’envoler dans
la taxe EnRia sur sa facture d’électricité en passe d’augmenter, que
les milliards dépensés inutilement seront compensés par la baisse des
prestations sociales et la hausse des taxes et impôts. Ce n’est pas à Bure qu’il
faut manifester mais à Bercy, au Ministère de l’Industrie, et au Ministère de l’Environnement
pour faire cesser cette gabegie et cette mise en dépendance future de la France
à l’Allemagne pour le gaz et aux chinois pour les EnRia.
Quand on
aborde des temps difficiles, on doit
Éviter les dépenses inutiles ou prématurées,
Devenir un visionnaire avisé et à
l’écoute
De son peuple ne voulant plus souffrir
Pour la satisfaction de quelques-uns.
Or c’est pourtant très exactement
Ce que Macron exclut de faire.
Dans l’élaboration du budget.
Claude Trouvé
20/06/18
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