La dernière saillie verbale de Macron,
devant les Maires de France qui ont répondu à son invitation à l’Elysée, s’est
déroulée dans le calme plat, ce qui tranche avec la colère sourde d’une grande
partie d’entre eux. L’organisation de cette rencontre à l’Elysée sur invitation
à la « calinothérapie » n’a pas été choisie au hasard mais bien pour
faire un tri des opposants les plus actifs qui ont boudé l’invitation. C’est
sans doute l’application de sa formule « Venez me chercher », formule que les gilets jaunes ont très
bien comprise puisqu’ils sont décidés à manifester justement à cet endroit symbolique
du pouvoir pour montrer leur « ras-le-bol » général. Car non
seulement l’augmentation des inégalités est traumatisante pour 95% de la
population mais elle se vautre en pleine lumière dans des revenus fortement
croissants chez les ultra-riches et dans une paupérisation rampante du reste de
la population qui touche durement les plus démunis.
La France est dans un état
d’appauvrissement avec une dette grandissante et un patrimoine qui disparait. Alors
au lieu de donner aux plus riches par une économie redynamisée, l’Etat choisit
de prendre cet argent dans la poche d’une masse populaire encore traitable (au
sens paysan du terme) pour, d’une part satisfaire une élite apatride, et
d’autre part faire des économies de façade dans la gestion des administrations
publiques comme je l’ai montré dans les articles précédents. La France est
comme un élastique qui devient de plus en plus court et dont on tire dessus de
plus en plus fort pour lui donner l’apparence d’une même longueur. Elle a
entamé une dérive qui la conduit vers l’Italie, le Portugal, puis la Grèce.
Cette descente a commencé par être lente avant de s’accélérer comme sur le
départ d’un tobogan. Nous venons de prendre une pente plus rapide avec Macron
et son incompétence ou son suivisme de ses mentors que seule la puissance de
l’argent habite.
Alors que les médias continuent à
excuser en permanence les actions méprisantes, les bévues et le manque de
vision de Macron, le peuple voit son sort de moins en moins pris en
considération et sa qualité de vie diminuer. Certains le ressentent plus que
d’autre dans leur pouvoir d’achat, quand ils en ont encore, mais toute la masse
populaire le voit dans sa qualité de vie, santé, sécurité, justice, éducation
et dans la qualité et la disponibilité des services publics en général. La
France périphérique et rurale est particulièrement touchée sur ce dernier
point. Les gilets jaunes sont donc sur les routes mais en passe d’envahir les
villes et surtout de monter vers la capitale, l’endroit où le pouvoir est
fragile, et de bloquer la vie économique du pays. L’attitude de la paysannerie,
des routiers et des jeunes sera déterminante dans le passage de la fronde
pacifique à une fronde révolutionnaire plus musclée comme cela se déroule à la
Réunion.
Le choix des gilets jaunes est l’idée
géniale qui permet le plus large rassemblement populaire en dehors des partis,
et cela me fait penser à la révolution des « casseroles » des
islandais qui ont pacifiquement redonné le pouvoir au peuple. Depuis l’Islande
reste en dehors de l’UE, a dévalué sa monnaie, viré les politiques en place,
mis les banquiers en prison, pour désormais afficher un taux de chômage à 2,7%
(9,3% en France) au 3ème trimestre 2018, et un PIB/habitant de 23,3%
supérieur à celui de la France en 2017. Ces deux indicateurs sont ceux qui
intéressent les français alors que le déficit/PIB en-dessous des 3% ne signifie
pas grand-chose dans leur vie quotidienne, mais qui est le critère retenu par l’UE
pour agir sur la politique économique française. C’est la vraie raison sous-jacente,
partiellement invisible, qui a conduit les manifestations de colère d’aujourd’hui.
Notons que la France était il y a 2 ans dans une position au-dessus de la zone
euro sur les deux critères croissance et chômage, elle est désormais en
descente plus rapide de sa croissance et dans un chômage relatif plus élevé.
Les choses ne s’arrangent d’ailleurs pas en 2019 dans les
prévisions de l’OCDE avec une croissance de 7,3% en Inde, 6,3% en Chine, 4,3 % en
République Slovaque, 2,8% en Islande, 2,7% aux Etats-Unis, 2,1% dans l‘OCDE, 1,8%
en zone euro, 1,6% en Allemagne et en France, 1,5% en Russie, 1,4% en Belgique et
au Royaume-Uni, 0,9% en Italie. Nous pouvons faire le triste constat que la
zone euro est une zone de faible croissance qui n’amène rien à la France, et que le moteur économique franco-allemand est
grippé. Il ne fait guère mieux que la Russie sur laquelle pèse ses sanctions
et que le Royaume-Uni en pleine reconstruction dans l’avant Brexit. La croissance
économique se trouve à l’Est et au Sud de l’Asie, avec l’Inde, l’Indonésie et
la Chine, l’Europe est en déclin sauf en Irlande bénéficiant d’une fiscalité particulière
accordée par l’UE, et trois pays qui ruent dans les brancards de l’UE, la
République Slovaque (4,3%), la Hongrie (3,9%) et la Pologne (4%). Pour cette
dernière il est révélateur de constater qu’elle reçoit une subvention de l’UE à
hauteur de 8 Mds€ alors que notre
contribution nette au budget de l’UE est de 9 Mds€. Il est significatif de
constater que si nous ne donnions pas cette contribution à l’UE et que la Pologne
ne reçoive rien, notre croissance serait de l’ordre de 2% et celle de la
Pologne de 2,3% !
Mais cela nous amène à une réflexion
plus générale. Les grands pays contributeurs de l’UE, Royaume-Uni, Allemagne, France
et Italie, subissent désormais de plein fouet le fardeau de leur contribution au
budget de l’euro. L’Allemagne pillait jusqu’à présent les richesses des pays du
Sud, sa lourde contribution au budget européen était légère par rapport à ce
pillage grâce à des outils industriels mieux adaptés à la compétition
commerciale. Par ailleurs les pays de son aire d’influence lui offraient une
main-d’œuvre qualifiée et peu chère. Tout cela est en train de s’inverser et
les forces tendent à s’équilibrer tout en mettant globalement l’UE en retrait
de la croissance mondiale. L’Italie paye le prix fort de son appartenance à l’UE
et elle commence à vouloir s’en détacher sans rompre avec l’OTAN. Nous arrivons
à un point de rupture avec la machine technocratique européenne où le sentiment
d’indépendance de certains pays bénéficiaires croît et où l’UE s’écartèle entre
eux et les grands pays contributeurs, tous leurs peuples réunis par un
sentiment de fardeau de l’UE.
L’alliance factice avec l’Allemagne,
car nos intérêts, notre économie, notre structure territoriale, sont fondamentalement
différents, ne peut se faire sur une UE fédéraliste comme nous y entraîne
Macron. Seul un rapprochement pouvant aller dans l’intérêt de la France pourrait
être la base d’un accord tacite pour sortir ces deux pays de l’UE ou tout au
moins de la zone euro, donc signer la fin de la monnaie unique. D’après les
discours de Macron, c’est le soutien à une Europe régionalisée que se préparerait
le duo avec une attitude moins bienveillante envers les Etats-Unis concrétisée
par l’idée d’une défense européenne en réponse à la demande de prise en charge plus
élevée des frais de l’OTAN dans l’UE. Autrement dit par l’UE : « diminuez votre présence en Europe, nous compenserons
par une armée européenne ». Mais cette défense, par suite de l’accord
entre l’UE et l’OTAN, restera sous domination américaine. Si cela complique la
tâche de l’Armée américaine, cela ne peut que plaire à la Russie. Jouer militairement
la Russie contre les Etats-Unis ne peut mener qu’à un conflit grave vu notre appartenance
à l’OTAN. Seule une sortie de l’UE et de l’OTAN peut permettre de jouer une
diplomatie française plus neutre.
Diplomatiquement et économiquement la
France se fourvoie et n’échappera ni à une domination allemande ou américaine,
ni à une perte de ses richesses et de son poids géopolitique. Son siège au Conseil
de Sécurité de l’ONU est convoité par l’UE et l’Allemagne et peut échapper à la
France, comme le contrôle de sa force nucléaire. La prééminence de l’Allemagne dans
l’organisation territoriale de ce pays, peut également nous mener à une
régionalisation européenne dont on perçoit déjà les prémices dans l’idée d’une
région transfrontalière en Alsace, mais on peut songer à la Belgique wallonne
après la visite inhabituelle de Macron au pouvoir belge. Le discours en Allemagne
et en Belgique laisse le plus grand trouble sur les intentions profondes de
Macron, dont on est en droit de se demander s’il n’est pas en train d’abandonner
la France dans les bras d’une Allemagne dans une alliance dominatrice de l’UE
où il pourrait jouer le plus grand rôle franco-allemand avec des frontières
floues. Dans ce cas Macron mérite d’être l’objet d’une destitution et d’une
traduction devant la Haute Cour pour trahison. Macron, qui vient de se
découvrir populiste dans son « tout en même temps » habituel qui
le caractérise, pourrait être justement en train de le trahir. Mais nombre de
partis politiques ne sont-ils pas prêts à le suivre dans cette voie d’abandon,
réitérant ce qui a mené aux pleins pouvoirs de Pétain et à une récupération
allemande de la totalité de notre pays ? Ne l’ont-ils pas déjà fait en
1939 ?
La France est dans la tourmente, car elle s’affaiblit
Et devient une proie d’autant plus facile
Que son pouvoir est prêt à la trahir
Laissant l’Allemagne la contrôler
Dans une prise en main
Géopolitique et
Économique !
Claude Trouvé
22/11/18
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