C’est 0,2 point d’augmentation du taux de
chômage que nous avons gagné en 8 mois. Le gouvernement se garde bien de nous
en informer, tout occupé qu’il est à nous préparer de nouvelles mesures
d’austérité qui feront le même effet que les précédentes et nous dirigeront
vers l’Italie et la Grèce. L’Espagne, pourtant handicapée par la demande
d’indépendance de la Catalogne, a fait baisser son taux de 1,3 point. C’est remarquable
même si celui-ci reste le plus élevé de l’UE. Le Portugal nous ridiculise avec
un taux de 6,8 points, 9,3 pour nous, après avoir réussi en plus une diminution
de 1,1 point en 8 mois.
Toute honte bue, il est nécessaire de regarder la
charge de dépenses que cela représente par rapport au PIB. L’OCDE ne nous
fournit des données exploitables les plus récentes que pour 2013. On peut s’en
contenter car les évolutions dans ce domaine sont lentes. On constate sur le
graphique ci-contre que la France n’est pas en tête de l’effort pour le chômage
et elle est très en retrait de l’Espagne, ce qui peut s’expliquer par le taux
élevé de chômage dans ce pays. Par contre l’effort nettement plus important de
la Belgique ne peut se justifier ainsi et mériterait une étude particulière. On
constate que les pays anglo-saxons consacrent peu de dépenses sociales
publiques. Ils adoptent un système d’assurance chômage privé beaucoup plus
inégalitaire. Mais il faut tenir compte du taux de chômage comme pour le
Royaume-Uni où le plein emploi est presque assuré.
Cette dépense en faveur du chômage est finalement assurée par les impôts
et taxes des citoyens et le graphique ci-contre montre la charge que cela
représente par habitant pour un certain nombre de pays à économie forte par
rapport au PIB en 2013. Il et visible qu’il y a un lien fort entre le PIB et le
poids supporté par habitant et ce poids est décroissant avec ce dernier. On
peut interpréter ceci en disant que le poids de la dépense par habitant est
d’autant plus faible que le taux de chômage est faible et l’économie forte. La
France occupe une position moyenne mais on constate que son PIB ne lui permet
pas d’alléger la charge par habitant en comparaison avec l’Italie qui avait
pourtant en 2013 un taux de chômage de 12,2% pour 9,8% en France.
Ceci représentait la charge des dépenses mais qu’en est-il des sommes
restituées par chômeur ? Le graphique ci-contre montre qu’un lien évident
existe entre la dépense/chômeur et le PIB/habitant, ce qui était prévisible.
Plus le PIB/habitant est important plus la somme consacrée pour chaque chômeur
croît. Néanmoins on distingue nettement la différence entre les pays
anglo-saxons et les autres. Les premiers ont visiblement opté pour un système
de couverture privée du chômage, système qui diminue les dépenses publiques
mais qui est beaucoup plus inégalitaire. Le taux de chômage intervient
également dans la somme à répartir. Compte-tenu de son PIB/habitant la France
alloue une somme plutôt confortable en comparaison des autres pays mais n’est
qu’au 7ème rang sur la somme allouée. Notre pays souffre bien d’un
déficit de croissance par rapport à sa politique d’assistance sociale dans le
domaine du chômage comme dans les autres.
La croissance et le plein emploi vont
de pair et l’aide au chômage devrait devenir importante sur un nombre réduit de
sans emploi. C’est tout le contraire de la politique annoncée et mise en œuvre
par le gouvernement. On fait la chasse aux petits fraudeurs du chômage, et on
veut licencier chez les contrôleurs des fraudes fiscales. C’est quelques
millions d’euros à gagner chez les chômeurs et des milliards chez les fraudeurs
fiscaux. La volonté de réduire les allocations chômage en ce qui concerne leur
durée sous prétexte de réduire les dépenses chômage est fallacieux, car il part
du principe que le chômeur veut éviter de travailler. Si cela peut-être
partiellement vrai, c’est la difficulté de trouver du travail qui pousse les
chômeurs à ne plus chercher du travail et au travail au noir. Ce dernier est
une perte non négligeable pour les recettes de l’Etat.
L’Etat se défausse de sa
responsabilité de non-relance de l’économie où il commence à porter le bonne
d’âne des pays de l’UE. Il pratique la politique de l’austérité plus simple à
mettre en œuvre mais destructrice des forces vives de la nation, de son
patrimoine, de la richesse de ses concitoyens. Il suit la politique allemande
qui en tire profit en engrangeant les excédents commerciaux, en grande partie
sur notre dos, et en voyant une puissance concurrente sur son poids dans les
affaires européennes se déliter lentement mais sûrement au fil des ans. La
politique européenne est drivée par l’Allemagne, les Etats-Unis, la BCE et le
FMI, elle ne peut en aucun cas servir la France dont la puissance industrielle
est en déclin de plus en plus rapide. La France agricole est en voie de
destruction et prise en main par l’agriculture des financiers, les paysans sont
voués au suicide et à la disparition progressive. La petite entreprise, très
liée à la consommation intérieure, ne peut que souffrir de la descente de notre
pouvoir d’achat, alors que son tissu est déjà très inférieur à ce qu’il est en
Italie. Cette pourvoyeuse d’emploi le fera de moins en moins. La cessation des
grands investissements publics nouveaux ou d’entretien voue le pays à une
paralysie rampante.
La dégradation de la politique
sociale de l’Etat est le signe perceptible par nous tous du danger d’une
politique d’austérité confondant les recettes de bonne gestion avec un objectif
hallucinogène et unique de réduction du déficit budgétaire. Tout entrepreneur
digne de ce nom sait que quand les
temps sont mauvais, le licenciement est la
pire des choses, car c’est coûteux et une perte du savoir-faire. Le
salut peut
venir d’une relance par l’investissement, donc par un dettement qui est
un
pari sur l’avenir. L’entreprise qui se replie sur elle-même est déjà
morte.
Notre grande entreprise nationale est train de mourir. Ne laissons pas
notre
destin entre les mains des prédateurs, retrouvons-en la maîtrise et
brisons nos
chaînes avec l’UE et l’OTAN. En sortir ce n'est pas s'isoler comme le
disent certains soit de bonne ou de mauvaise foi dans presque tous les
partis politiques. L'Islande, la Norvège et la Suisse sont ouvertes au
monde sans l'UE tout comme les grands pays comme l'Inde, l'Iran, le
Brésil, la Russie, sans parler de la Chine. Petits et grands pays
peuvent vivre sans une béquille qui devient un carcan. La France est
encore la 7ème économie du monde et le français sera la 3ème langue
parlée sur la planète en 2050. Alors ouvrons les portes du monde à notre
jeunesse !
Lorsqu’un Etat ne voit plus d’autre solution que l’austérité
Il est en train de couper la branche sur laquelle il est assis.
Confondre austérité et chasse au gaspillage est une faute
Que l’UE nous impose de faire, sortons-en vite.
Croire que 28 pays ne peuvent vivre sans elle
C’est condamner les 165 autres Etats
Qui forment l’essentiel de l’ONU !
Claude Trouvé
04/10/18