lundi 12 novembre 2018

L’écologisme au service du capitalisme

Les dernières fumées de la COP21 de décembre 2015 finissent de se dissiper dans l’atmosphère. Il reste un traité signé par de fieffés menteurs qui se gardent bien de tenir leurs fausses promesses. Aucun pays n’a atteint ses objectifs y compris la France. Pourtant nous avions Hulot, l’homme préféré des français, qui au fond se réjouissait d’avoir fait fortune avec l’écologie. Sans doute trouvait-il ainsi une justification aux propos mirifiques de la baisse du chômage par l’industrie verte dont on constate aujourd’hui l’inefficacité ! On allait tous s’enrichir comme lui par la fortune verte ou comme Al Gore par le management de la taxe carbone. Force est de constater que cette énergie verte se nourrit de notre argent avec les taxes diverses qui représentent en gros une dizaine de milliards par an au moins. Certains économistes estiment que plusieurs dépenses directes ou indirectes sont oubliées dans ce décompte. Les chiffres avoués de 25 milliards par an par l’Allemagne sont bien au-dessus de ces valeurs et depuis le début de sa transition énergétique l’Allemagne aurait déjà investi de l’ordre de 500 milliards. Il est vrai que celle-ci est en avance sur nous dans ce domaine mais sans pour autant résoudre le problème de la décarbonisation. C’est donc beaucoup d’argent pour rien.

Pour l’Allemagne ce n’est pas tout-à-fait pour rien puisque cela a redonné de la vigueur à l’industrie charbonnière et un coup de pouce aux usines fabricant des éoliennes, même si celles-ci ont tendance à disparaître devant la concurrence danoise et surtout chinoise. Notons d’ailleurs à ce propos que, sous l’impulsion de l’Allemagne, l’Union Européenne s’est permis une sacrée entorse à ses traités en imposant des droits de douane à la Chine pour ce marché vers elle. Pour la France le bilan est encore moins rose puisque, étant électriquement autosuffisante, notre électricité verte produite en surplus de nos besoins électriques se vend sur le marché international en priorité et à perte. Notre industrie verte est marginale et incapable d’exporter, ce sont les panneaux solaires chinois qui inondent le marché français. Par ailleurs nous n’avons aucun espoir de diminuer le taux de carbone puisque, à toute augmentation du parc vert éolien et solaire, intermittent et aléatoire, il faut prévoir une augmentation d’une énergie pilotable à base d’énergie thermique fossile. L’énergie verte ne nous enrichit pas, elle nous appauvrit chaque jour un peu plus. Cette dépense verte somptuaire n’est pas sans lien avec les 4 milliards d’économies demandés aux syndicats sur l’assurance chômage en discussion aujourd’hui.

Il est temps de se rendre compte que cette forme de l’écologie que je désigne par le mot « écologisme » n’est que l’exploitation des rêves de vie en harmonie dans une nature protégée par un capitalisme prédateur de toute notre énergie de travail et de toutes nos ressources financières. L’écologisme est une mascarade destinée à avancer masquée pour une oligarchie à l’affût de toutes les sources de profit. Elle l’est aussi pour les Etats qui entendent y trouver au mieux une marche en avant dans des investissements dans leurs infrastructures, comme pour la Chine, et au pire une manière de transférer subrepticement de l’argent des prolétaires vers les puissances financières. Le premier cas est celui de la Chine, l’un des deux grands pollueurs en CO2 de la planète qui signe des deux mains l’accord de Paris en ne s’engageant que sur le long terme, et en se félicitant des centaines de milliards que les pays du monde doivent investir dans la décarbonisation de la planète, milliards dont elle espère bien récupérer une grande partie grâce à sa position dominante dans ce domaine.

La position de la Chine est intelligente, masquée et adaptée à ses ambitions. Disposant de la plus grande production mondiale de terres rares, indispensables à la construction des panneaux solaires et des éoliennes, la Chine joue trois cartes à la fois. La première carte est celle d’une nation écologique et méritante développant les énergies vertes. La deuxième est une occasion de développer des industries de fabrication de panneaux solaires et d’éoliennes à des prix très compétitifs permettant d’inonder le marché mondial et en particulier l’Afrique. La troisième est la carte masquée qui contient l’utilisation accélérée d’un charbon très présent en Chine pour disposer des énergies fossiles permettant de réguler la production électrique des énergies vertes. Mais, derrière le masque, la Chine a aussi son grand projet de 23 réacteurs nucléaires avec une énergie non polluante en CO2. C’est bien le nucléaire qui répondra aux grands besoins d’énergie électrique de la Chine. Deux réacteurs type Flamanville y ont été d’ailleurs construits avec la France, l’un est en production et l’autre en instance de démarrage ! La presse française et le gouvernement se gardent bien de donner à cet évènement la publicité nécessaire car la construction de ces réacteurs a débuté bien après l’EPR de Flamanville… alors qu’il s’agit d’une première mondiale des réacteurs de 3ème génération. 

Les Etats-Unis sont l’autre grand pollueur. Or avec Donald Trump ce pays a pris une position de rejet de l’accord de la COP21 et n’émargera plus dans le financement des investissements futurs de celui-ci. Mais cela implique un rejet de la théorie du réchauffement climatique. Les Etats-Unis disposent du gaz de schiste au-delà de leur consommation propre et les grands déserts américains sont adaptés à l’implantation d’éoliennes fabriquées aux Etats-Unis, fermant ainsi la porte à la Chine. Les Etats-Unis investissent sur leur territoire pour la production d’énergie électrique et rejettent même les investissements de l’industrie nucléaire française. Dotés du plus grand parc mondial de 98 réacteurs nucléaires, les Etats-Unis ont deux nouveaux réacteurs de 3ème génération en construction pour une mise en service en 2021-2022. La consommation intérieure ne progressant que peu, leurs besoins énergétiques sont largement couverts par le nucléaire, le gaz naturel, l’hydroélectricité et les énergies vertes. Le raisonnement américain n’est pas écologique en priorité mais économique. La relance de l’économie est leur priorité et c’est vers cet objectif que tendent les ressources de l’Etat.

Terminons par la France qui a la position la plus antiéconomique sans avoir les moyens pour soutenir des énergies vertes dont nous n’avons pas besoin mais que nous voulons dédier à l’illusion écologique, l’écologisme. L’Allemagne va plus loin que nous mais elle en a les moyens contrairement à nous. De plus elle utilise les ressources de son sous-sol, lignite et charbon, avant de se lier à la Russie pour passer au gaz, pour fournir l’énergie fossile indispensable à son plan d’énergies vertes. La France n’a pas de ressources fossiles et a une électricité encore produite à 73% par le nucléaire. Notre situation est totalement différente et l’Allemagne se réjouit de nous voir nous acharner à développer les énergies vertes en pensant que bientôt elle pourra nous livrer du gaz russe pour les réguler. Non contents de développer des EnRia, panneaux solaires et éoliennes, nous subventionnons désormais le biogaz et le biométhane. Le prétexte est que le CO2 produit vient des plantes et y retournera sans augmenter la teneur en CO2 dans l’atmosphère. On oublie de préciser que le transport des matières, leur condensation, puis l’épuration et la production, sont des actions polluantes et pas seulement en CO2 mais en ammoniac et en NH3 dont le contact des gaz avec l’homme est à éviter et d’ailleurs l’objet d’un suivi pour en diminuer les émissions. 

Je termine par le non-sens du développement de la voiture électrique dont désormais on sait que le bilan carbone est peu flatteur, demande de longs kilométrages pour compenser les émissions de carbone lors de sa construction, ne résout pas l’émission de particules fines au freinage, et pose un problème encore mal résolu techniquement et financièrement pour le recyclage des batteries. Enfin à terme, la production électrique globale nécessaire pour l’ensemble du parc nucléaire est de l’ordre de 20 réacteurs. Ceci ne tient pas compte de la puissance maximum nécessaire pour faire face aux pics de consommation lors des grandes transhumances d’été et d’hiver. Remplacer les réacteurs nucléaires par des éoliennes est inenvisageable car il ne peut y avoir coïncidence permanente entre les besoins fluctuants d’une consommation électrique de ce niveau avec celle aléatoire et intermittente des éoliennes ou alors il faut augmenter considérablement et en même temps les centrales thermiques polluantes même au gaz. C’est d’autant plus idiot de subventionner le remplacement des véhicules diesel par des électriques que les nouvelles voitures diesel polluent moins que celles à essence.

La politique énergétique française est totalement incohérente et peut être considérée comme la « danseuse écologique » d’un pays riche. En réalité elle est imposée aux français au nom d’un dogme martelé en permanence dans les têtes, celui du réchauffement climatique inéluctable et catastrophique, qui balaie d’un revers de main toute notion économique. L’urgence du réflexe écologique est telle que toute notre énergie (notre argent) doit y être concentrée. Tout ce qui ne peut plus être discuté devient un dogme, ce dogme a un nom c’est l’écologisme. Alors quand notre bourse est ouverte aux quatre vents, si j’ose dire, l’argent va où à votre avis ? Dans les poches de l’Etat ? Non ce sont des poches percées que l’Etat remplit avec la dette dont nous léguons le remboursement aux générations futures. Non elles vont dans les poches des grands lobbies par le biais, d’une part des subventions à la construction (automobiles, usines de méthanisation, panneaux solaires, éoliennes), à l’implantation et à la production privée d’électricité, et d’autre part de la taxe carbone qui donne lieu à des transactions rémunératrices. Avec l’écologisme, le capitalisme a trouvé une mirifique vache à lait. Il peut nous traire en douceur et nous donnons notre argent avec plaisir car nous sauvons la planète. Au passage 10% de moins de CO2 émis en France, c’est réellement 0,1% au niveau planétaire. Mais nous sommes les champions de son sauvetage et au sommet de la gloire, battus et contents, alors que réchauffement climatique ou pas, notre transition énergétique est un non-sens.


Ceux qui gémissent sur nos hôpitaux en déshérence, 

Ceux qui désapprouvent la solidarité des retraités,

Et tous ceux qui vont larmoyer sur l’austérité, 

Feraient bien de voir où va leur argent

Et cesser de croire dans l’écologisme 

Autoritaire et capitalistique !
 
Claude Trouvé 
12/11/18