Oui la paix dont bénéficie la France depuis
73 ans sur son territoire, si l’on excepte la douloureuse affaire du
département français de l’Algérie, est d’une durée unique dans son histoire.
Non la paix n’est pas due à l’UE, ou aux rassemblements de pays européens
précédents, d’ailleurs la seule guerre européenne au Kosovo a été réglée par
les USA, mais à l’équilibre de la terreur des armes nucléaires jusqu’à l’effondrement
de l’URSS et par l’impossibilité pour la Russie de 1998 à 2012 de faire valoir sa
puissance militaire et économique. On peut dire que depuis la Russie compte
comme grande puissance militaire et l’affrontement avec l’OTAN a recommencé mais
pour l’instant hors de France. Récemment Trump privilégie la guerre économique
avec des succès intérieurs jamais connus dans ce pays. La Russie se barricade
pour résister à la pression de l’OTAN et de l’UE sur tous les pays de l’ancien bloc
soviétique, et se tourne vers la Chine pour des raisons économiques et stratégiques.
Cet immense pays continue la politique ancestrale d’accès aux mers du Sud et ne
lâchera pas la Syrie. Dans toute cette évolution l’UE a été inexistante, seuls
la France et le Royaume-Uni se sont significativement engagés militairement aux
côtés des Etats-Unis.
Le slogan « l’Union fait la force » de l’UE a
fait chou blanc sur le plan de la défense et de l’impact diplomatique. Alors
peut-on dire que sur le plan économique l’UE a donné à la France un avantage
significatif par rapport aux autres pays du monde, en particulier les 36 pays
de l’OCDE ? Le graphique ci-contre donne la croissance moyenne annuelle du
PIB/habitant de 2003 à 2017 par rapport à celle de l’OCDE et le PIB/habitant de
2017. La croissance annuelle du PIB/habitant pour l’OCDE sur cette période a
été de 3,32% selon ses statistiques. On note immédiatement que si l’UE a offert
globalement un certain avantage par rapport à la moyenne de l’OCDE, ce n’est
pas le cas pour la zone euro, dont le résultat est moins que neutre. Mais on
note que tous les pays de la zone sud ont pâti de leur présence dans l’UE.
La politique ultralibérale impulsée par l’UE et copiée sur les
Etats-Unis les a
défavorisés plus ou moins. Les Etats-Unis ont été les premiers à en
pâtir et on
comprend la raison de l’élection de Trump par la majeure partie de ce
pays qui
s’appauvrissait d’année en année malgré le déversement de milliers de
milliards
de dollars dans le circuit financier. On comprend aussi le départ du
Royaume-Uni
que même la Livre Sterling, pratiquement bloquée au dollar jusqu’en
2016, n’empêchait
pas sa descente relative par rapport aux autres pays. La dévaluation de
son Franc Suisse fait désormais repartir son économie comme nous le
verrons plus loin.
Force est de constater que la France fait
partie des pays qui reculent par rapport à l’ensemble des pays de l’OCDE. Si l’UE
a été bonne pour l’Allemagne, on peut constater que cela s’est fait au
détriment des pays du Sud. Notons que dans les 185 pays du monde, l’UE est une
alliance d’exception. Peut-on dire que les autres pays ne peuvent survivre sans
ce type de démarche ? Elle est catégoriquement refusée par les pays de l’Asie
du Sud-Est. Ce n’est pas la Corée du Nord et la Nouvelle-Zélande qui diront le
contraire, ni l’Islande qui a refusé l’UE, ni la Norvège qui se tient à l’écart,
ni la Suisse qui caracole en tête des pays les plus riches et s’est payé le
luxe de dévaluer sa monnaie récemment pour adapter sa compétitivité. Alors
voyez-vous on a le droit de rêver à la force d’une union donnant à notre pays
une dynamique supplémentaire, mais force est justement de constater que l’aventure
européenne de la France a été pour elle un handicap, un boulet au pied de sa
compétitivité. Mais si l’on regarde plus précisément notre pays au sein de l’Europe,
quel constat pouvons-nous faire sur sa croissance et sur le chômage ?
Les deux graphiques ci-dessus collent au plus près de la réalité des chiffres publiés par l’Union Européenne. La France occupe la dernière place dans le classement des pays de l’UE pour sa croissance du deuxième trimestre 2018, et la quatrième place en valeur du taux de chômage, derrière les pays malades du Sud, Grèce, Espagne et Italie. On voit que ce n’est pas le cas du Royaume-Uni dont beaucoup d’entre nous souhaitent l’échec pour essayer de montrer l’intérêt de l’UE. Ce pays repart après l’inévitable premier recul économique dû à la dévaluation de 15% de la Livre. Il reconstruit un espace économique moins lié à l’UE mais les pays comme les Pays-Bas, le Danemark ont tout intérêt à trouver une solution à l’amiable dans les accords commerciaux avant le Brexit. Macron a œuvré pour un Brexit dur, la position britannique va donc se durcir et la menace déjà susurrée du refus de paiement des 40 milliards de contribution au budget 2017-2022 de l’UE pour les années 2020 à 2022 vont tempérer les ardeurs belliqueuses de celle-ci.
Ceux qui comptent sur l’effondrement
du Royaume-Uni pour justifier l’intérêt de l’UE en seront pour leurs frais.
Même le Président de la Banque d’Angleterre, qui avait prévu pis que pendre
pour le choix du Brexit, a reconnu que la catastrophe n’aurait pas lieu. Mais
il n’en reste pas moins que c’est la France qui s’enfonce en suivant les traces
de la politique allemande qui inspire l’UE. En toutes choses, c’est la
relativité qui compte au moment des choix. Ce choix est-il relativement meilleur
qu’un autre ? Reste le guide pour choisir. Or objectivement l’UE ne réussit
pas à la France. Si l’on sort de l’idéologie, celle de celui qui se sent
citoyen du monde, la question sur les bienfaits dus à l’UE dans des secteurs où
nous n’aurions pu agir seul, ne trouve pas de réponse concrète en dehors de
rêves, d’illusions propagées par presque tous les partis français. Ces derniers
n’ont pas envie d’ouvrir la boîte de Pandore, celle d’un matraquage des esprits
depuis plus de vingt ans qui rend difficile le fait de montrer la réalité,
surtout quand on a milité pour cette aventure.
C’est cet enfumage, du type « Si cela ne va pas bien c’est qu’il faut plus
d’Europe », ou « Nous
allons faire bouger les traités », ou « C’est qu’il manque une volonté politique d’aller plus avant »,
« On va mettre un coup d’arrêt à l’UE ».
Non les traités ne peuvent évoluer qu’à l’unanimité des pays membres et
celle-ci n’existe plus. Tout cela n’aboutira, bon mal an, qu’à la poursuite de
la descente actuelle où l’Allemagne continuera à piller ce qui reste des
économies des pays du Sud, où l’OTAN nous dressera contre la Russie, et
poussera l’UE à annexer de nouveaux pays après y avoir mis l’OTAN. L’Ukraine
est dans le collimateur avec, la Géorgie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine,
l’Albanie, et la Moldavie, le pays le plus pauvre d’Europe. Déjà ingouvernable
l’UE éclatera par boulimie et les pays avec, donnant l’occasion de reconstruire
une Europe des Régions beaucoup plus malléable par les puissances de l’argent,
les Etats-Unis et le Pangermanisme allemand. L’alliance type UE est déjà du
passé et le nouveau monde se construit à l’Est avec les BRICS et ces
mastodontes que sont la Chine, la Russie, l’Inde et bientôt l’Iran, qui font
même lorgner vers eux leur ennemi, le Japon inféodé aux Etats-Unis. Macron défend l’ancien monde !
Il est temps de repenser la France en dehors de l’UE.
Tous les rêves seront de nouveau permis.
Les traités bilatéraux ou multilatéraux
Peuvent lier les nations partout
Et en particulier en Europe
Dans l’esprit des BRICS
Qui vont développer
Le nouveau monde.
Claude Trouvé
23/09/18