vendredi 23 novembre 2018

Le mépris est la pire des injures

La révolte des gilets jaunes n’en finit pas de perturber la vie du pays, certains le déplorent car il agit sur leur profession ou même leur vie de citoyen. Contrairement à celle des bonnets rouges, elle touche une masse populaire reliant actifs et inactifs dans la colère, le refus de subir sans rien dire, et celui des faux-semblants d’écoute. La colère sourde s’amplifiait, elle montait de plus en plus dans le cerveau des oubliés, des massacrés, comme le lait qui monte dans la casserole. Il fallait baisser le feu des taxes pour stopper la montée du désappointement populaire, il n’en a rien été. Le gouvernement a pensé que l’apathie populaire apparente permettait au contraire de pousser le feu des taxes sur les deux vaches à lait habituelles. Les retraités étant en cours de traitement avec l’augmentation de la CSG, et la désindexation des pensions de l’inflation, il restait l’automobiliste toujours « ponctionnable ». L’abaissement de la vitesse à 80 km/h permet de faire rentrer plusieurs milliards d’euros avec l’accroissement des PV tout en se préparant à charger le privé du contrôle pour en augmenter encore plus l’apport financier. Il restait bien sûr les habituelles taxes sur le carburant qui sont toujours disponibles parce qu’une très grande partie de la population ne peut se passer de voiture.

Les prétextes pour augmenter les taxes se nourrissent toujours d’un argument de circonstance compréhensible par les automobilistes et retraités, et faisant appel à leur solidarité ou leur empathie pour le but fixé qui n’est évidemment jamais avoué comme étant celui de combler le déficit de l’Etat. La « décarbonisation » de la planète, solidarité mondiale mise dans l’urgence pour un rôle humanitaire de sauvetage de la planète, est le meilleur choix actuel puisque les sondages redonnent le résultat attendu après le matraquage sur le réchauffement climatique. Les Français sont majoritairement pour sauver la planète ! C’est la démonstration de l’efficacité de la propagande, comme l’est la publicité pour la consommation. C’est ainsi qu’en quelques années on a fait passer le refus du nucléaire de 22% deux ans  après Fukushima à 53% aujourd’hui. Bingo ! Que s’est-il passé de grave dans cette période ? Rien, sinon un matraquage constant, Hulot en tête, d’un des fleurons de l’industrie française. On a ainsi engagé AREVA dans les énergies renouvelables où elle a mangé sa chemise, pertes que l’on a cachées sous silence en portant l’attention de l’opinion sur les surcouts et les retards du chantier de l’EPR à Flamanville. Bien joué ! 

Mais pour ne pas avoir jugé de la hauteur du lait de la colère dans la casserole, le gouvernement l’a fait déborder avec une dernière taxe sur le carburant, et surtout sur le gasoil, carburant encore le plus utilisé par nos véhicules. Les gilets jaunes ont copié les bonnets rouges dans un mouvement populaire encore plus spontané et national cette fois. Mais au fond qu’est-ce qui motive ce peuple des oubliés ? Ils ne sont pas aussi malheureux que les Grecs, et même que les Portugais, qui acceptent finalement leur sort sans mettre le pays en état d’urgence. Alors est-ce l’esprit frondeur français qui a marqué notre histoire ? Sans doute mais il ne fait qu’exprimer un ras-le-bol du mépris que leur Président leur jette à la figure. Car le mépris est la pire des injures, et des injures ils en ont subi beaucoup depuis l’arrivée de l’envoyé de la Banque Rothschild. Les illettrés bretons, les alcooliques du Nord, tous les gens de rien que l’on croise dans les gares, tous ceux qui n’ont pas pu se payer un beau costume comme le Président, tous ceux qui ne veulent même pas traverser la rue pour trouver du travail, tous ceux que le précédent Président qualifiait de « sans dents », ont entendu le dernier message pharaonique de Macron : « Venez me chercher ».

Cette dernière phrase est le comble du mépris, et les gilets jaunes l’ont prise comme telle. Les Gaulois réfractaires ne veulent plus d’humiliation, mais il vienne arracher une considération jusqu’aux porte de l’Elysée. Le manque d’écoute va conduire à des actes de violence car le Président fait le sourd comme Louis XVI qui pensait à une expression de fronde débonnaire et a fini sur l’échafaud. Cette fois l’existence même de la Présidence Macron est en jeu. Personne ne sait encore qui gagnera, mais Macron, qui voulait rapprocher les français, les pousse à la guerre civile. Une chose est sûre désormais, Macron a perdu la confiance et le respect de la grande majorité des français et la révolte ne va plus cesser. Tout deviendra critiquable et tout sera remis en question. Les changements même minimes seront de plus en plus difficiles à faire accepter et les urnes se préparent à désavouer non seulement sa politique, mais son comportement d’envoyé du ciel dont la réussite, en grande partie usurpée, a fini de détruire son image. 

Les bouleversements de la vie des français avec l’impôt à la source qui ne peut que créer un cortège de mécontents, et encore cela au mieux, les hausses prévues au 1er janvier, le résultat décevant de la croissance 2018, la stagnation au mieux du chômage, le creusement du déficit au-delà des 80 milliards prévus, les perspectives moroses de l’économie franco-allemande pour 2019, sont de nature à bloquer un gouvernement aux abois. La cohorte des faire-valoir, les députés LREM, ne suffira plus et les retournements de veste sont à prévoir. Macron, qui a promis la lune, ne pourra afficher aucun résultat tangible en 2019 et c’était sa dernière chance. Les européennes, sauf magouille imprévisible, vont lui échapper même en regroupant autour de lui toutes ces vieilles barbes qui ont tout misé sur l’UE. L’UE ne fait plus rêver et nombreux seront ceux qui auront compris qu’ils se battent contre une marionnette de la grande finance et qu’il faut aller chercher la main de l’UE qui tire les ficelles pour eux.

Les français ont fait le vide des partis traditionnels mais ils sont grugés pour la troisième fois. La France d’aujourd’hui est plus faible que celle de 2010. La dette s’est alourdie et les économies sur les dépenses de l’Etat n’ont pas vraiment diminué. L’intégrité territoriale de la France est en cours de détricotage, les règles rassurantes mises dans les lois sont désormais sujettes à tous les bricolages comme Macron l’a fait comprendre aux Maires. La France se glisse dans l’aile allemande mais le duo se grippe comme je l’ai montré dans le précédent article. Le souci d’indépendance prend le pas sur celui d’union garante de la force dans nombre de pays d’Europe. Le Brexit a ouvert des yeux dont ceux de l’Italie dont la descente ne fait que précéder la nôtre. Notre morgue d’européistes sectaires a créé un climat délétère entre notre pays et des pays comme l’Italie, la Hongrie, la Pologne. Là encore le mépris de Macron a fait du bel ouvrage. Le duo franco-allemand ne tient que tant que la France se pliera aux demandes et suggestions allemandes. Les nôtres restent globalement lettre morte. 

Dans ce contexte le signal fort envoyé par les gilets jaunes va laisser des traces indélébiles sur le mandat de Macron. On ne peut pas gouverner longtemps sans le soutien de son peuple sauf par l’établissement d’un régime autoritaire garanti par l’obéissance des forces armées et de sécurité. L’autoritarisme se mue rapidement en déni de la démocratie. Les paroles de Macron à la BBC en sont l’illustration : « Si aujourd’hui je faisais un référendum sur la sortie de l’UE, les français voteraient oui ». C’est la vérité pour une fois, c’est pourquoi il n’y aura pas de référendum. D’ailleurs il y a un accord tacite au niveau de Bruxelles sur l’oubli du référendum comme moyen d’expression des peuples. Macron méprise son peuple et ce n’est pas ses sorties en province avec cette rengaine « ça va ? » avec une poignée de main, et une tape sur l’épaule voire un bisou aux dames, qui font un Président populaire en dehors des citoyens béats. Pour cela il est déjà trop tard.
 
« La Roche Tarpéienne est proche du Capitole » 

A force de prendre les gens pour des oies

Les jeux du cirque mettent sa tête 

En position de punchingball

Le mépris change de camp !


Claude Trouvé 
23/11/18

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