La révolte des gilets
jaunes n’en finit pas de perturber la vie du pays, certains le déplorent car il
agit sur leur profession ou même leur vie de citoyen. Contrairement à celle des
bonnets rouges, elle touche une masse populaire reliant actifs et inactifs dans
la colère, le refus de subir sans rien dire, et celui des faux-semblants
d’écoute. La colère sourde s’amplifiait, elle montait de plus en plus dans le
cerveau des oubliés, des massacrés, comme le lait qui monte dans la casserole.
Il fallait baisser le feu des taxes pour stopper la montée du désappointement
populaire, il n’en a rien été. Le gouvernement a pensé que l’apathie populaire
apparente permettait au contraire de pousser le feu des taxes sur les deux
vaches à lait habituelles. Les retraités étant en cours de traitement avec
l’augmentation de la CSG, et la désindexation des pensions de l’inflation, il
restait l’automobiliste toujours « ponctionnable ». L’abaissement de
la vitesse à 80 km/h permet de faire rentrer plusieurs milliards d’euros avec
l’accroissement des PV tout en se préparant à charger le privé du contrôle pour
en augmenter encore plus l’apport financier. Il restait bien sûr les
habituelles taxes sur le carburant qui sont toujours disponibles parce qu’une
très grande partie de la population ne peut se passer de voiture.
Les
prétextes pour augmenter les taxes se nourrissent toujours d’un argument de
circonstance compréhensible par les automobilistes et retraités, et faisant
appel à leur solidarité ou leur empathie pour le but fixé qui n’est évidemment
jamais avoué comme étant celui de combler le déficit de l’Etat. La « décarbonisation »
de la planète, solidarité mondiale mise dans l’urgence pour un rôle humanitaire
de sauvetage de la planète, est le meilleur choix actuel puisque les sondages
redonnent le résultat attendu après le matraquage sur le réchauffement
climatique. Les Français sont majoritairement pour sauver la planète !
C’est la démonstration de l’efficacité de la propagande, comme l’est la
publicité pour la consommation. C’est ainsi qu’en quelques années on a fait
passer le refus du nucléaire de 22% deux ans
après Fukushima à 53% aujourd’hui. Bingo ! Que s’est-il passé
de grave dans cette période ? Rien, sinon un matraquage constant, Hulot en
tête, d’un des fleurons de l’industrie française. On a ainsi engagé AREVA dans
les énergies renouvelables où elle a mangé sa chemise, pertes que l’on a cachées
sous silence en portant l’attention de l’opinion sur les surcouts et les
retards du chantier de l’EPR à Flamanville. Bien joué !
Mais
pour ne pas avoir jugé de la hauteur du lait de la colère dans la casserole, le
gouvernement l’a fait déborder avec une dernière taxe sur le carburant, et
surtout sur le gasoil, carburant encore le plus utilisé par nos véhicules. Les
gilets jaunes ont copié les bonnets rouges dans un mouvement populaire encore
plus spontané et national cette fois. Mais au fond qu’est-ce qui motive ce
peuple des oubliés ? Ils ne sont pas aussi malheureux que les Grecs, et
même que les Portugais, qui acceptent finalement leur sort sans mettre le pays
en état d’urgence. Alors est-ce l’esprit frondeur français qui a marqué notre
histoire ? Sans doute mais il ne fait qu’exprimer un ras-le-bol du mépris que leur Président leur jette à la figure.
Car le mépris est la pire des injures, et des injures ils en ont subi
beaucoup depuis l’arrivée de l’envoyé de la Banque Rothschild. Les illettrés
bretons, les alcooliques du Nord, tous les gens de rien que l’on croise dans
les gares, tous ceux qui n’ont pas pu se payer un beau costume comme le
Président, tous ceux qui ne veulent même pas traverser la rue pour trouver du
travail, tous ceux que le précédent Président qualifiait de « sans
dents », ont entendu le dernier message pharaonique de Macron :
« Venez me chercher ».
Cette
dernière phrase est le comble du mépris, et les gilets jaunes l’ont prise comme
telle. Les Gaulois réfractaires ne veulent plus d’humiliation, mais il vienne
arracher une considération jusqu’aux porte de l’Elysée. Le manque d’écoute va
conduire à des actes de violence car le Président fait le sourd comme Louis XVI
qui pensait à une expression de fronde débonnaire et a fini sur l’échafaud.
Cette fois l’existence même de la Présidence Macron est en jeu. Personne ne
sait encore qui gagnera, mais Macron, qui voulait rapprocher les français, les
pousse à la guerre civile. Une chose est sûre désormais, Macron a perdu la
confiance et le respect de la grande majorité des français et la révolte ne va
plus cesser. Tout deviendra critiquable et tout sera remis en question. Les
changements même minimes seront de plus en plus difficiles à faire accepter et
les urnes se préparent à désavouer non seulement sa politique, mais son
comportement d’envoyé du ciel dont la réussite, en grande partie usurpée, a
fini de détruire son image.
Les
bouleversements de la vie des français avec l’impôt à la source qui ne peut que
créer un cortège de mécontents, et encore cela au mieux, les hausses prévues au
1er janvier, le résultat décevant de la croissance 2018, la
stagnation au mieux du chômage, le creusement du déficit au-delà des 80
milliards prévus, les perspectives moroses de l’économie franco-allemande pour
2019, sont de nature à bloquer un gouvernement aux abois. La cohorte des
faire-valoir, les députés LREM, ne suffira plus et les retournements de veste
sont à prévoir. Macron, qui a promis la lune, ne pourra afficher aucun résultat
tangible en 2019 et c’était sa dernière chance. Les européennes, sauf magouille
imprévisible, vont lui échapper même en regroupant autour de lui toutes ces
vieilles barbes qui ont tout misé sur l’UE. L’UE ne fait plus rêver et nombreux
seront ceux qui auront compris qu’ils se battent contre une marionnette de la
grande finance et qu’il faut aller chercher la main de l’UE qui tire les
ficelles pour eux.
Les
français ont fait le vide des partis traditionnels mais ils sont grugés pour la
troisième fois. La France d’aujourd’hui est plus faible que celle de 2010. La
dette s’est alourdie et les économies sur les dépenses de l’Etat n’ont pas
vraiment diminué. L’intégrité territoriale de la France est en cours de
détricotage, les règles rassurantes mises dans les lois sont désormais sujettes
à tous les bricolages comme Macron l’a fait comprendre aux Maires. La France se
glisse dans l’aile allemande mais le duo se grippe comme je l’ai montré dans le
précédent article. Le souci d’indépendance prend le pas sur celui d’union
garante de la force dans nombre de pays d’Europe. Le Brexit a ouvert des yeux
dont ceux de l’Italie dont la descente ne fait que précéder la nôtre. Notre
morgue d’européistes sectaires a créé un climat délétère entre notre pays et des
pays comme l’Italie, la Hongrie, la Pologne. Là encore le mépris de Macron a
fait du bel ouvrage. Le duo franco-allemand ne tient que tant que la France se
pliera aux demandes et suggestions allemandes. Les nôtres restent globalement
lettre morte.
Dans
ce contexte le signal fort envoyé par les gilets jaunes va laisser des traces
indélébiles sur le mandat de Macron. On ne peut pas gouverner longtemps sans le
soutien de son peuple sauf par l’établissement d’un régime autoritaire garanti
par l’obéissance des forces armées et de sécurité. L’autoritarisme se mue
rapidement en déni de la démocratie. Les paroles de Macron à la BBC en sont
l’illustration : « Si aujourd’hui je faisais un référendum sur la
sortie de l’UE, les français voteraient oui ». C’est la vérité pour une
fois, c’est pourquoi il n’y aura pas de référendum. D’ailleurs il y a un accord
tacite au niveau de Bruxelles sur l’oubli du référendum comme moyen
d’expression des peuples. Macron méprise son peuple et ce n’est pas ses sorties
en province avec cette rengaine « ça va ? » avec une poignée de
main, et une tape sur l’épaule voire un bisou aux dames, qui font un Président
populaire en dehors des citoyens béats. Pour cela il est déjà trop tard.
« La Roche Tarpéienne est proche du
Capitole »
A force de prendre les gens pour des
oies
Les jeux du cirque mettent sa tête
En position de punchingball
Le mépris change de camp !
Claude Trouvé
23/11/18
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