Ecoutant
Valérie Pécresse répondre aux questions de journalistes, il m’est venu à l’esprit
l'image du décalage actuel du monde politique français avec les grands mouvements mondiaux
actuels qui annoncent tous une nouvelle ère de l’humanité. Ce changement est si
fondamental tant sur le point civilisationnel, vie économique et monétaire,
évolutions structurelles et infrastructurelles, et par-dessus-tout
scientifiques et techniques, qu’il est d’une grande urgence de s’y préparer en
mobilisant toute l’intelligence humaine pour ne pas y faire sombrer toute l’humanité.
Comment voit-on arriver un séisme ? En enregistrant les vibrations
prémonitoires. C’est ce que l’on peut observer aujourd’hui. En un mot… ça craque
de partout dans le monde ! En France on se passionne pour discuter à
perte de vue sur Benalla, puis on passe à Castaner, puis à Mélenchon et bientôt
à l’éviction de Patrick Sébastien de France 2. On pleure sur la mort de Johnny
et d’Aznavour, on s’indigne sur l’assassinat d’un journaliste par l’Arabie
Saoudite mais on se fout des milliers de morts au Yémen.
On reprend juste
contact avec la réalité quand le prix du gasoil s’envole, sans lien véritable avec
le marché du pétrole et juste pour le plaisir des taxes, quand on passe à
80km/h au détriment de l’activité économique, quand on diminue le pouvoir d’achat
des retraités avec une augmentation des pensions très inférieure à l’inflation,
quand on veut modifier le système des retraites car on devine que l’Etat va se
débrouiller pour récupérer encore de l’argent et que les actifs vont devoir
travailler plus pour assurer leur retraite à taux plein. On s’inquiète de
revoir les villes remettre l’octroi pour y entrer, comme au Moyen-Age, créant
une nouvelle disparité entre les urbains et les périurbains. On s’inquiète de
ce qui se passe autour de son nombril et on se délecte de politique politicaille
et d’évènements artistiques et footballistiques à porter aux nues alors que le
Prix Nobel de Physique a droit à un entrefilet. Ainsi va la France des jeux du
cirque avec une population en pleine déculturation. Evidemment tout ceci est
soigneusement entretenu par les politiques et les médias qui se jouent de l’abêtissement
du peuple. D’ailleurs la bêtise du peuple français est devenue officielle
puisque Macron l’a dit de ce peuple paresseux qui ne voit même pas qu’il est
heureux même en couchant dans la rue et en faisant la queue au Secours
Populaire.
Le
peuple est nombrilisé et maintenu dans une ignorance de ce qui va bouleverser
le monde et va vraiment avoir un impact sur lui au-delà de tout ce qu’il est
capable d’imaginer. Nous entrons dans une phase critique d’évolution du monde
et les signaux sont nombreux et forts. Juste à la fin du siècle dernier, la
phase de l’après-guerre semblait avoir atteint son point d’achèvement. Le
traité de Yalta avait fait son œuvre et était devenu un chiffon de papier avec
une URSS éclatée et une Russie impuissante militairement et économiquement
disparaissant de la grande diplomatie mondiale. Le dollar était maître du monde,
les Etats-Unis la première puissance mondiale. La Chine, le pays plus peuplé du
monde, commençait à doucement se libéraliser économiquement mais était encore
balbutiante économiquement et absente militairement. Le pétrole et son
pétrodollar scellaient une alliance entre les pays du Golfe et les Etats-Unis.
Ceux-ci poussaient en coulisse pour le passage à une Union Européenne à
vocation fédérale et à une zone euro avec une monnaie plus facile à contrôler
par les marchés grâce à la BCE livrée aux banquiers. L’Allemagne accueillait l’OTAN
et sa base névralgique, et la poussait sur l’ensemble du glacis germanique. Le
mariage OTAN-UE, prévu dans le traité, se mettait progressivement en place en Italie,
en Espagne et sur l’ensemble du pourtour nord de la Méditerranée.
Il manquait la France,
encore engluée dans ses réticences gaulliennes. Sarkozy, cul et chemise avec Obama,
livrait son pays à l’OTAN et à ses guerres dont les buts ne sont pas forcément
les nôtres. D’ailleurs c’est avec une précipitation de chef de guerre irresponsable
que nous avons voulu être les premiers à détruire la Libye avec les conséquences
irrémédiables que l’on sait aujourd’hui. Chirac avait résisté à notre
engagement en Irak, ses successeurs ont même voulu voler la vedette au Royaume-Uni
dans ses liens historiques avec les Etats-Unis. Plus vassal tu meurs. Empêtrés
en Afghanistan, en Irak et en Syrie, sous le faux drapeau de la lutte contre
Daech, la politique extérieure française a perdu toute cohérence en dehors d’une
réalpolitik économique qui ferme les yeux sur les valeurs des Droits de l’Homme.
Nous payons une présence militaire au Mali, et dans le Sahel mais c’est les
Russes, les Chinois et les Américains qui ramassent la mise en signant des
contrats et des prises de participation dans les ressources de ce continent et en
s’investissant dans leurs infrastructures à titre d’échange.
Ce rapide tour d’horizon
doit nous faire percevoir que le monde est en train de totalement changer et le
basculement, préparé depuis la fin du siècle dernier, a été visible dès l’engagement
de la Russie en Syrie. Bien sûr la politique russe a depuis Catherine de Russie
tenu pour vital l’accès aux mers chaudes. Cela se sentait dans l’engagement
russe en Afghanistan, et le port de Tartous accordé par la Syrie n’y échappe
pas. Le vrai changement c’est que la Russie ne s’est pas contentée, de
préserver ce port mais elle a finalement répondu à l’appel de Bachar El-Assad
en lui proposant son aide matérielle puis humaine. Si la Russie l’a fait c’est
qu’elle redevenait une puissance militaire respectable avec une armée dont la
modernisation a surpris même les Etats-Unis, comme nous l’avons été en 1940 par
l’armée allemande. Globalement moins puissante en nombre, matériel et unités de
combat, les Russes semblent avoir la supériorité de la guerre électronique et
des vecteurs aériens porteurs d’armes, avions et missiles. Ceci explique la
décision actuelle de Trump de sortir du traité INT de limitation des armes
nucléaires à moyenne portée, c’est en fait un aveu d’impuissance. La campagne
antirusse tout azimut, à laquelle nous sommes conviés, est un réflexe dangereux
de peur, celle de ne plus dominer le monde militairement. L’aigle dresse ses
plumes quand l’ours n’est plus un ourson chétif.
Les
guerres finalement perdues mais coûteuses depuis les Bush, continuées par
Obama, ont finalement lentement détruit la puissance américaine même si les
Etats-Unis ont gardé la mainmise sur tous les pays pétroliers sauf l’Iran et la
Russie. On voit dans quel état est poussé le Venezuela riche pays pétrolier.
Seul le gaz de schiste a sauvé les Etats-Unis d’une descente plus rapide en lui
permettant de ne plus être redevable aux pays producteurs. Les échanges ne
devenaient plus pétroliers mais conçus sur la fourniture d’armement militaire
(à utiliser avec l’accord tacite des USA. Cf. guerre au Yémen, pays interposé
dans la lutte contre l’Iran). L’arrivée de Trump au pouvoir donne un éclairage
complètement différent de la géopolitique mondiale. Celui-ci a pris conscience
de la descente inéluctable de son pays avec une désindustrialisation massive et
un effort de guerre coûteux et aux résultats douteux.
Trump coupe tous les
cordons qui pèsent financièrement sur les Etats-Unis avec le sentiment que tout
l’argent déversé devient trop lourd pour un pays désormais moins puissant
économiquement. Il renverse le paradigme de ses prédécesseurs, l’économie n’est
pas au service des guerres militaires, mais la puissance militaire est au service
de la guerre économique. Il déclare même la guerre économique à l’UE tout en
lui marchandant la présence de l’OTAN sur son territoire. On voit combien nos
dirigeants sont aveugles ou anesthésiés par l’argent et un pouvoir éphémère.
Mais Trump sait que le véritable ennemi de son pays n’est pas la Russie en tant
que telle, car ce pays doit, après sa renaissance militaire, progresser
économiquement et socialement, mais la Chine, et plus redoutable encore l’alliance
entre ce pays et la Russie. Trump, Poutine et XI Jinping savent que l’arrivée d’un
nouvel équilibre peut faire basculer le monde dans une destruction nucléaire
tant les enjeux sont considérables. Cela fera partie du prochain article sur ce
sujet.
Quand Poutine, Trump et XI Jinping
montrent la lune,
La France regarde le doigt, les français
leur nombril.
L’UE ne protège pas notre pays, elle le
menace
Car sa puissance militaire est américaine
Et son économie celle des lobbies.
Claude Trouvé
21/10/18