Les Etats-Unis ont voulu un Nouveau Monde, le NOM,
centré sur la permanence d’une hégémonie américaine dont la meilleure preuve
était l’association de la présence militaire dans les pays amis et l’ingérence
militaire dans les pays réticents ou franchement opposés dans un rapport du
fort au faible. Pour le reste du monde où le risque de conflit peut engendrer
des dommages réciproques intolérables, c’est la tactique de l’encerclement militaire
et l’asphyxie économique qui sont utilisés. Pour maintenir les bases militaires
en Europe, il faut monter en épingle l’ennemi russe. Aux japonais on parlera de
l’ennemi chinois. Mais la carte des bases américaines montre clairement les
limites de l’hégémonie américaine qui suit exactement l’encerclement du bloc
russo-chinois tout en surveillant l’Inde.
C’était le NOM vu par les Etats-Unis
avant l’arrivée de Trump. La force militaire et économique des Etats-Unis avait
imposé le pétrodollar et celui-ci rayonnait sur les transactions commerciales
mondiales. L’ingérence militaire nous a valu nombre de guerres sanglantes dans
lesquelles nous avons souvent participé, le refus de Chirac pour l’Irak restant
une exemption. En particulier la guerre d’Afghanistan n’a rien réglé. La Libye
est exsangue et ses habitants la fuient. L’Irak est déstabilisé et en voie de
panser ses plaies. La Syrie se bat toujours pour retrouver son intégrité
territoriale sous l’égide de Bachar El-Assad après une guerre que nous avons
perdue aux côtés des américains. Enfin nous sommes complices d’une des guerres
les plus inhumaines qui soient au Yémen. Cette stratégie et cette vision du
monde a été constante jusqu’à l’arrivée de Trump, en particulier sous les
Présidents Bush père et fils et le couple Obama-Clinton. Le prix Nobel de la Paix
décerné à Obama, dont le mandat a géré le plus de conflits militaires dans le
monde, est une de ces mascarades dont peut se rendre maître le pays alors le
plus puissant du monde.
Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir nous vivons une remise en cause totale de la géopolitique mondiale. Elle fait pendant à la remise en cause antérieure entreprise par le monde asiatique russo-chinois auquel est en train de s’adjoindre l’Inde pour former une puissance humaine considérable de bien plus de deux milliards d’individus. Tout a commencé par le rejet de la Russie dans un rapprochement avec l’UE et son éviction du G8. L’alliance improbable avec la Chine en est le résultat. Ces deux pays ont compris que seule la mise en commun de leurs intérêts dans une alliance conservant leur souveraineté était de nature à s’opposer au rouleau compresseur américain. Mais une autre vision du monde en est sortie, celle d’un monde où la paix entre les nations est le vecteur de la réussite économique et où les ressources financières circulant entre les pays doivent être gérées non par une seule nation mais dans un consensus de tous. C’est sur ce concept que s’est crée la réunion des BRICS, réunion dont on peut craindre que le Brésil s’en échappe après la nouvelle main mise des USA sur ce pays.
Cette vision a donné une nouvelle impulsion à une union crée en 2001 autour de la Russie, l’Organisation pour la Coopération de Shanghai. On y trouve la Chine et l’arrivée de l’Inde et du Pakistan. L’Organisation de coopération de Shanghai est passée de la coopération en matière de sécurité et de défense à un effort supplémentaire dans les domaines économiques et financiers. C’est ainsi que cet élan de coopération et d’indépendance envers les organismes plus ou moins contrôlés par les Etats-Unis, ont abouti à la création d’une Banque asiatique d’investissements indépendante. Or les projets chinois des routes de la Soie demandent des fonds colossaux. L’orientation primordiale de cette banque située à Pékin est même dépassée puisqu’elle intéresse désormais des pays européens comme le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Le curseur de l’économie mondiale s’est désormais déplacé dans l’Est asiatique. Au moment même où au Canada se brisait le G7 sur la question des droits de douane, à Pékin, la Chine et la Russie stipulaient de nouveaux accords économiques. La Chine est le premier partenaire commercial de la Russie, et celle-ci est le premier fournisseur énergétique de la Chine. Les échanges entre les deux pays grimperont cette année à environ 100 milliards de dollars. Chine et Russie coopèrent au développement de la « Nouvelle Route de la Soie » à travers 70 pays d’Asie, d’Europe et d’Afrique. Le projet —qui contribue à « un ordre mondial multipolaire et à des relations internationales plus démocratiques » (Xi Jinping) — se trouve contrecarré à la fois par les États-Unis et par l’Union européenne : 27 des 28 ambassadeurs de l’UE à Pékin (sauf la Hongrie) soutiennent que le projet viole le libre commerce et vise la division de l’Europe.
A défaut de la constitution de deux blocs comme au temps de la guerre froide, il y a bien désormais deux camps dans le monde. Le monde hégémonique sous tutelle américaine dans lequel on trouve l’UE, donc la France, est régi dans l’optique d’un gouvernement mondial où l’UE à vocation fédéraliste en constitue le premier pavé. L’autre camp se constitue sur la base d’un autre concept respectant la souveraineté des nations sur la base de coopération pour dynamiser les économies et faire face à de grands projets d’infrastructures de dimension historique. La différence entre ces deux camps est l’utilisation de la guerre, arme de conquête du camp occidental, et arme défensive dans l’autre. Nous sommes dans le camp de la guerre qui tue en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Irak, en Syrie, et qui lance des sanctions contre la Russie et suit celles contre l’Iran. Nous nous épuisons dans la guerre et dans la ponction allemande de notre économie. Dans l’autre camp on parle de stratégie de défense certes, mais surtout d’économie. La bataille se concentre sur la monnaie pour échapper à la tutelle du dollar, mais le but est de transformer le continent asiatique pour ouvrir une nouvelle ère de prospérité et d’échanges entre les peuples.
Certains diront que cette vue idyllique cache de plus sombres côtés et des dérives graves pour la paix, mais force est de constater que, depuis l’arrivée de Trump, le spectre d’une troisième guerre mondiale s’estompe. Celui-ci a pris conscience que la poursuite de la politique américaine antérieure épuisait son pays et que celle du déversement de dollars par la Fed maintenait l’économie tout en désindustrialisant le pays et en faisant croître le chômage. Il a réhabilité les mots de nationalisme et de populisme. Il replie le pays sur lui-même pour lui redonner de la vigueur économique en intensifiant un contrôle des capitaux et des droits de douane ciblés. Trump accompagne le changement du monde venu d’Asie. Ceci est d’une importance considérable car il déplace le curseur de la guerre militaire vers la compétition économique. C’est un chemin semé d’embûches pour lui car l’ancienne stratégie fera tout pour perdurer et il doit souvent composer mais la nouvelle direction est donnée et laissera des traces après lui.
Le monde est en train d’arriver dans une nouvelle ère qui ne doit plus rien à l’Occident et en particulier à l’UE où nous sommes enfermés. Cette vague s’appuie sur des notions d’indépendance souveraine des pays, totalement à l’opposé de la construction de l’UE voulue par les USA. Elle germe aussi dans nombre de pays réfractaires européens comme le Brexit, le groupe Visegrad, et l’Italie. Les pays européens vont découvrir les uns après les autres que la voie géopolitique, sur laquelle ils sont contraints, n’est pas celle de la très grande majorité des pays du monde et que l’UE les lie à la guerre et non à la paix dans un contexte d’agressivité permanente envers le reste du monde et de restriction des libertés. Le monde change sans nous et nous allons devenir les parents pauvres de cette évolution en raison de la non-mobilisation de nos énergies pour être partie prenante de ce Nouveau Monde qui rejette le NOM américain dans l’Ancien Monde.
Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir nous vivons une remise en cause totale de la géopolitique mondiale. Elle fait pendant à la remise en cause antérieure entreprise par le monde asiatique russo-chinois auquel est en train de s’adjoindre l’Inde pour former une puissance humaine considérable de bien plus de deux milliards d’individus. Tout a commencé par le rejet de la Russie dans un rapprochement avec l’UE et son éviction du G8. L’alliance improbable avec la Chine en est le résultat. Ces deux pays ont compris que seule la mise en commun de leurs intérêts dans une alliance conservant leur souveraineté était de nature à s’opposer au rouleau compresseur américain. Mais une autre vision du monde en est sortie, celle d’un monde où la paix entre les nations est le vecteur de la réussite économique et où les ressources financières circulant entre les pays doivent être gérées non par une seule nation mais dans un consensus de tous. C’est sur ce concept que s’est crée la réunion des BRICS, réunion dont on peut craindre que le Brésil s’en échappe après la nouvelle main mise des USA sur ce pays.
Cette vision a donné une nouvelle impulsion à une union crée en 2001 autour de la Russie, l’Organisation pour la Coopération de Shanghai. On y trouve la Chine et l’arrivée de l’Inde et du Pakistan. L’Organisation de coopération de Shanghai est passée de la coopération en matière de sécurité et de défense à un effort supplémentaire dans les domaines économiques et financiers. C’est ainsi que cet élan de coopération et d’indépendance envers les organismes plus ou moins contrôlés par les Etats-Unis, ont abouti à la création d’une Banque asiatique d’investissements indépendante. Or les projets chinois des routes de la Soie demandent des fonds colossaux. L’orientation primordiale de cette banque située à Pékin est même dépassée puisqu’elle intéresse désormais des pays européens comme le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Le curseur de l’économie mondiale s’est désormais déplacé dans l’Est asiatique. Au moment même où au Canada se brisait le G7 sur la question des droits de douane, à Pékin, la Chine et la Russie stipulaient de nouveaux accords économiques. La Chine est le premier partenaire commercial de la Russie, et celle-ci est le premier fournisseur énergétique de la Chine. Les échanges entre les deux pays grimperont cette année à environ 100 milliards de dollars. Chine et Russie coopèrent au développement de la « Nouvelle Route de la Soie » à travers 70 pays d’Asie, d’Europe et d’Afrique. Le projet —qui contribue à « un ordre mondial multipolaire et à des relations internationales plus démocratiques » (Xi Jinping) — se trouve contrecarré à la fois par les États-Unis et par l’Union européenne : 27 des 28 ambassadeurs de l’UE à Pékin (sauf la Hongrie) soutiennent que le projet viole le libre commerce et vise la division de l’Europe.
A défaut de la constitution de deux blocs comme au temps de la guerre froide, il y a bien désormais deux camps dans le monde. Le monde hégémonique sous tutelle américaine dans lequel on trouve l’UE, donc la France, est régi dans l’optique d’un gouvernement mondial où l’UE à vocation fédéraliste en constitue le premier pavé. L’autre camp se constitue sur la base d’un autre concept respectant la souveraineté des nations sur la base de coopération pour dynamiser les économies et faire face à de grands projets d’infrastructures de dimension historique. La différence entre ces deux camps est l’utilisation de la guerre, arme de conquête du camp occidental, et arme défensive dans l’autre. Nous sommes dans le camp de la guerre qui tue en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Irak, en Syrie, et qui lance des sanctions contre la Russie et suit celles contre l’Iran. Nous nous épuisons dans la guerre et dans la ponction allemande de notre économie. Dans l’autre camp on parle de stratégie de défense certes, mais surtout d’économie. La bataille se concentre sur la monnaie pour échapper à la tutelle du dollar, mais le but est de transformer le continent asiatique pour ouvrir une nouvelle ère de prospérité et d’échanges entre les peuples.
Certains diront que cette vue idyllique cache de plus sombres côtés et des dérives graves pour la paix, mais force est de constater que, depuis l’arrivée de Trump, le spectre d’une troisième guerre mondiale s’estompe. Celui-ci a pris conscience que la poursuite de la politique américaine antérieure épuisait son pays et que celle du déversement de dollars par la Fed maintenait l’économie tout en désindustrialisant le pays et en faisant croître le chômage. Il a réhabilité les mots de nationalisme et de populisme. Il replie le pays sur lui-même pour lui redonner de la vigueur économique en intensifiant un contrôle des capitaux et des droits de douane ciblés. Trump accompagne le changement du monde venu d’Asie. Ceci est d’une importance considérable car il déplace le curseur de la guerre militaire vers la compétition économique. C’est un chemin semé d’embûches pour lui car l’ancienne stratégie fera tout pour perdurer et il doit souvent composer mais la nouvelle direction est donnée et laissera des traces après lui.
Le monde est en train d’arriver dans une nouvelle ère qui ne doit plus rien à l’Occident et en particulier à l’UE où nous sommes enfermés. Cette vague s’appuie sur des notions d’indépendance souveraine des pays, totalement à l’opposé de la construction de l’UE voulue par les USA. Elle germe aussi dans nombre de pays réfractaires européens comme le Brexit, le groupe Visegrad, et l’Italie. Les pays européens vont découvrir les uns après les autres que la voie géopolitique, sur laquelle ils sont contraints, n’est pas celle de la très grande majorité des pays du monde et que l’UE les lie à la guerre et non à la paix dans un contexte d’agressivité permanente envers le reste du monde et de restriction des libertés. Le monde change sans nous et nous allons devenir les parents pauvres de cette évolution en raison de la non-mobilisation de nos énergies pour être partie prenante de ce Nouveau Monde qui rejette le NOM américain dans l’Ancien Monde.
La jeunesse de notre
pays doit retrouver tout son enthousiasme
En tant qu’acteur d’un Nouveau Monde plus démocratique,
Plus tourné vers le bien des peuples que vers la guerre
En dégrafant le corsage de l’UE-euro et de l’OTAN
Pour respirer le vent de la liberté d’entreprendre
Dans un monde où l’ « Eurafricasie » émerge.
En tant qu’acteur d’un Nouveau Monde plus démocratique,
Plus tourné vers le bien des peuples que vers la guerre
En dégrafant le corsage de l’UE-euro et de l’OTAN
Pour respirer le vent de la liberté d’entreprendre
Dans un monde où l’ « Eurafricasie » émerge.
Claude Trouvé
10/11/18
10/11/18