Avant
de terminer la série d’articles sur la géopolitique mondiale, il convient de
tenir compte d’une actualité dans le pays qui gère finalement le nôtre. L’élection
américaine du Midterm a rendu son verdict. On peut penser que le résultat renvoie
dos à dos Républicains et Démocrates. L’analyse du résultat est plus complexe
et doit tenir compte de la personnalité et de l’électorat de Donald Trump qui
marque un tournant radical non seulement dans le fond mais dans la forme de la
politique américaine. Trump, en conflit à mort avec l’Etat profond des
puissances militaro-financières, ne trouvait pas toujours un appui de son parti
qui l’a combattu pendant les primaires de l’élection présidentielle. Sa faible
majorité au Sénat rendait fragile la poursuite de sa politique, ses arrières n’étant
pas assurés pour toutes ses orientations de politique intérieure et extérieure.
Il n’en sera plus ainsi jusqu’à la fin de son mandat, sa position au Sénat est
considérablement renforcée et les Républicains ont gagné des Etats-clés, comme
la Floride, pour préparer sa réélection à la présidence. Les Démocrates peuvent
se féliciter d’avoir gagné la Chambre des Députés et le pouvoir de bloquer
certaines orientations de la politique gouvernementale, en particulier sur l’immigration.
Mais,
contrairement à la France, c’est le Sénat qui a prépondérance sur la Chambre
des députés. Les Démocrates peuvent néanmoins œuvrer pour trouver des éléments
juridiques de destitution par la relance des enquêtes en cours sur la collusion
de Trump avec les Russes avant son élection. Des révélations graves et prouvées
peuvent influencer le Congrès qui peut lancer la procédure de destitution. Cependant
à l’heure actuelle aucune des révélations ne remplit les conditions
nécessaires. La poursuite d’actions dans ce sens, sous l’impulsion d’Hillary
Clinton qui a créé un groupe d’influence ayant cet objectif, peut finalement
cantonner les Démocrates dans une voie destructrice qui peut devenir une erreur
politique et les qualifier d’acharnement personnel entre le duo Obama-Clinton
et Trump. Par ailleurs les courants politiques chez les Démocrates sont
nombreux et aucun leader n’a vraiment percé dans cette élection. Tout bilan
fait, Donald Trump trouve là un plébiscite de son engagement personnel qui lui
permet de poursuivre son plan d’action.
En effet la grande
force de Donald Trump est qu’il a un électorat fidèle et un parti derrière lui
qui est impressionné par les résultats économiques de son leader, ce qui force
au silence ses opposants internes. Avec une croissance de 3% sur une année glissante
calculée au troisième trimestre 2018, les Etats-Unis s’offrent une croissance
plus de deux fois inférieure à la Chine mais nettement supérieure de 50% ou
plus à l’UE, la zone euro, l’Allemagne, le Japon et la France. Au passage on
note que si la croissance allemande faiblit, celle de la France termine en
queue de peloton avec une croissance plus de deux fois inférieure à celle des
Etats-Unis ! Au passage notons que la nouvelle révision de la croissance française
donnée par l’INSEE à 1,5% est même de 1,47% si l’on prend deux décimales au
lieu d’une. On note aussi que l’UE et la zone euro n’assurent pas un meilleur
gain de prospérité aux pays membres, contrairement à ce que l’on veut nous
faire croire.
Mais on peut faire le
même constat pour le chômage. La France se trouve encore à la dernière place et
fait triste mine par rapport à l’Allemagne (2,6 fois plus), aux Etats-Unis (2,4
fois plus) et au Japon (3,8 fois plus) avec un chômage à 9,06% au 3ème
trimestre 2018. Le pire c’est que le chômage en France est supérieur à celui de
l’UE et même de la zone euro. De plus l’écart s’est aggravé depuis le début de
l’année. Comme je l’ai déjà montré cela signifie que la France ne peut faire
face à l’augmentation de sa population en âge de travailler. Ceci invalide l’orientation
gouvernementale de prolonger la durée du travail par incitation à poursuivre le
travail au-delà de la durée légale pour obtenir le taux plein de la retraite.
Elle a simplement pour objectif celui de maintenir le salarié au travail en
économisant entre les pensions chères des retraités et les allocations chômage.
C’est une affaire de gros sous au détriment de la baisse du chômage puisque les
postes ne sont disponibles que plus tard.
Mais
le constat global est que la France va mal et qu’aucune embellie n’est en vue
après 18 mois de gouvernance, ce qui est une période de temps suffisante pour
voir le résultat d’une politique économico-sociale. Le pire est que les raisons
en sont évidentes et démontrées justement par Trump. Elles tiennent toutes à la
politique d’austérité de l’UE appuyée par l’Allemagne et imposée à la France.
Macron l’applique avec méthode campé sur un slogan qui va finir par exaspérer
le peuple et résumé ainsi : « Moi
j’œuvre pour l’avenir qui se trouve dans le travail. Les résultats viendront,
il faut savoir attendre ». Cette politique est soutenable par l’Allemagne
qui a un euromark compatible avec sa puissance industrielle orientée dans des
créneaux moins concurrentiels et bénéficiant du travail de voisins à faible coût.
Cette politique enrichit l’Allemagne depuis la création de l’euro en
particulier sur les pays du sud dont la France fait partie. Notre balance
commerciale avec l’Allemagne est très déficitaire et quand l’Allemagne dégage
un excédent budgétaire et un excédent de 250 milliards du solde du commerce
extérieur nous creusons les nôtres. Avec les 80 milliards de déficit pour 2018 annoncés
récemment par Bruno Lemaire, non seulement nous dépassons la prévision budgétaire
mais notre déficit de 61,3 milliards en 2017 sera dépassé de près de 19
milliards en 2018. Même avec une inflation de 2%, cela fait encore 17 milliards
de plus à euros constants. 2019 ne se présente pas mieux puisque la prévision
de 2,8% de déficit/PIB est supérieure aux 2,6% prévus pour 2018, prévision qui va
donner une réalité plutôt au-dessus des 3% !
Macron
applique une politique qui ne peut que mener la France à la ruine et à la
pauvreté. La solution est chez Trump, tout-au-moins pour le volet économique,
et elle tient en 6 règles :
- Etablissement ciblé des droits de douane et des droits de regard sur la circulation des capitaux
- Maîtrise de la monnaie pour y ajuster son économie (exemples : Suède, Islande, Suisse)
- Allègements des impôts sur les sociétés et sur les consommateurs
- Acceptation provisoire d’une augmentation du déficit budgétaire
- Investissements dans les infrastructures et dans l’aide à la pauvreté, la santé et la famille
- Ré-augmentation adaptée des impôts seulement sur les bénéfices des sociétés dès que la reprise économique est pérenne.
Les
deux premières règles qui conditionnent toutes les autres sont contraire
aux
engagements pris avec l’UE et ont peu de chances de pouvoir être
changées. Les
quatre autres demandent aussi d’exercer notre souveraineté budgétaire.
On voit
combien l’Italie doit se battre pour faire accepter un budget auprès de
Bruxelles, budget qui viole la règle n°4 donnée plus haut. Ces 6 règles
sont
explicitement ou implicitement contenues dans les actions de Donald
Trump.
Elles sont bien liées à l’action de celui-ci car le redressement est
spectaculaire
après 22 mois de pouvoir et ne peut être imputé au gouvernement
précédent. Elles
visent la reprise économique et par là-même l’augmentation progressive
des
rentrées fiscales au-delà des baisses consenties. Notre politique
actuelle d’austérité, mis à part l’aide aux sociétés dans une politique
dite exclusivement de l’offre, est
à l’inverse de celle pratiquée outre-Atlantique orientée vers l’action
combinée
d’une politique de l’offre et de la demande. Elle n’a aucune chance de
redresser la France. Il faut bien
comprendre que, dans le cadre économique imposé par l’UE,
la personnalité du Président ne peut jouer qu’à la marge, à moins qu’il s’affranchisse
de ces contraintes. C’est ce que tente de faire l’Italie. Soit
elle finit comme Tsipras et vend son pays au trio BCE-FMI-UE, soit elle court vers
une sortie de la zone euro, c’est-à-dire vers la sortie de l’UE seule possible.
Trump livre à la France les clefs de la
réussite
Quand notre bronca médiatique et politique
S’évertue à nous focaliser sur l’apparence
D’un homme traité de fou dangereux
Pour continuer notre enfumage
Et nous mener au précipice !
Claude Trouvé
08/11/18
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