vendredi 29 mars 2013

Une année perdue peut en cacher une autre !

Le Président a parlé… Qu’en reste-t-il ? D’une façon générale, qu’il n’y a rien de véritablement nouveau dans le pays des grenouilles. Plus précisément on constate que monsieur Bricolage a ouvert sa boîte à outils pour maître horloger devant le mur du déficit et du chômage qu’il faut attaquer au bulldozer. C’est pourquoi il nous a demandé de la patience, cela va être long… très long… très très long !

Mais nous sommes tous pris en délicatesse, donnant petit-à-petit tous nos sous, mais dans un climat apaisé de franche coopération avec ce Président qui livre bataille… comme Don Quichotte devant ses moulins. Non on ne peut sérieusement espérer une embellie avec le carcan de l’Europe, et surtout de l’euro allemand, qui peut ou prou fera pression sur nous, réduisant notre président à finasser un peu pour garder la main politique mais à obéir en fait.

Avec 90,2% la dette publique dépasse désormais les 90% du PIB, seuil considéré comme celui qui au-delà entraîne le pays vers une glissade incontrôlable vers la faillite. La pente est douce encore mais d’année en année elle augmente, c’est plus grave encore. Les politiques ne parlent des comparaisons avec l’étranger que lorsqu’ils peuvent montrer que nous faisons mieux. Par exemple nous avons eu un trimestre en 2012, où notre croissance était meilleure que l’Allemagne, le Président a sauté sur l’occasion pour montrer l’efficacité de sa politique.

Ce faisant il passe sous silence que l’Allemagne fait la même année 0,8% de croissance quand la France fait 0%. Cela fait partie de l’enfumage habituel des ménages français.
Alors regardons ensemble ce graphique issu des données Eurostat 2012 et qui met en évidence le lien fort entre taux de chômage et croissance. Le premier constat que personne ne nie est que la croissance crée de l’emploi. En effet sur 9 pays, pris dans l’Europe représentant les pays du Nord et du sud hors ou dans l’UE, hors ou dans l’eurozone, 1% de croissance diminue le taux de chômage de 2,15%. Cette règle s’applique bien sauf à l’Espagne non représentée sur ce graphique dont le taux de chômage de plus de 25% n’est nullement expliqué par la récession affichée.

Le Président a raison de dire que la croissance améliorerait les choses. On peut même déduire des chiffres ci-dessus que le chômage de 4,5%, admis comme la limite basse difficilement franchissable, serait possible avec 2,8% de croissance… malheureusement on en est loin. La nouvelle révision de la prévision de croissance du gouvernement ne serait que de 0,1%-0,2% pour 2013 au lieu des 0,8% et on peut valablement penser que ces chiffres sont encore trop optimistes. Autrement dit la baisse du chômage en 2013 ne peut s’envisager que par rapport au plus haut atteint avant le dernier trimestre mais pas par rapport à 2012.

En constate aussi sur ce graphique qu’avec 0% de croissance, notre taux de chômage ne devrait être que de 8,5% soit un écart de 2,2% ou 647.000 chômeurs en trop par rapport au chiffre correspondant à 0% de croissance. Pour l’Allemagne c’est 1,7% en-dessous du chiffre correspondant à 0,7% de croissance. Dans l’état actuel des choses, le constat entre les deux pays est sans appel.

Nous utilisons très mal notre main-d’œuvre ! Ceci tient à deux causes, l’inadaptation des profils des demandeurs d’emploi par rapport à demande parmi les autochtones et le flux d’immigration à fort pourcentage de non qualifiés. Sur les 647.000 en trop, on peut compter 500.000 inadaptations et le reste dû à l’immigration.

Si le flux d’immigration peut se réduire par une décision politique, décision qui n’est pas pour demain, corriger l’inadaptation est un travail de très longue haleine qui implique de faire œuvrer l’école et la formation pour adultes dans la concertation avec le monde économique. Rien ne permet d’espérer que tout cela arrive et donne de  plus ses fruits rapidement.


Prise dans des objectifs politiques, la France a pris dans ce domaine un retard considérable qui s’ajoute à des coûts salariaux plus élevés, une fiscalité plus importante sur les entreprises. Ceci se traduit par une perte de compétitivité, malgré une bonne productivité, et par des coûts sociaux dus au chômage plus importants. Il ne faut pas chercher plus loin notre difficulté à supporter l’euro actuel pour équilibrer notre balance commerciale.

Notre principal soutien à l’économie vient de la consommation intérieure, or elle a fortement baissé en janvier et encore en février, ce qui est une autre traduction de la baisse de notre pouvoir d’achat. Mais ceci implique que l’activité économique ne peut que ralentir et d’autant plus vite que les français préserveront l’épargne qu’il leur reste… avant que l’Etat qui a fait gonfler les livrets de Caisse d’Epargne ne mette la main dessus en diminuant les taux d’intérêt ou en bloquant l’argent.

Qu’aurions-nous aimé entendre de notre Président en plein satisfécit ? Nous parlerons prochainement d’une autre boîte à outils !

L’année 2012 se finit mal et 2013 débute encore plus mal.

L’apprenti bricoleur a posé sa boîte à outils d’horloger.

L’industrie automobile n’a plus qu’à licencier…

Ses mécaniciens !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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