samedi 30 mars 2013

La France malade s’auto-asphyxie à crédit !

Dans mon précédent billet la comparaison des taux de chômage et de taux de croissance ont montré que si croissance et chômage sont solidement liés, notre taux de chômage se situe au-dessus de la moyenne pour une croissance donnée. Nous sommes de plus en panne de croissance et il est illusoire de penser qu’une croissance susceptible de diminuer significativement le chômage puisse revenir avant longtemps. Dans l’économie mondialisée actuelle, la croissance de 3% est un excellent résultat. C’est le cas de la Norvège, le pays le mieux placé sur le couple chômage-croissance, pays d’ailleurs en dehors de l’UE.

Quelles sont les causes du mal ? Depuis 1974 nous avons commencé à vivre à crédit. Le surplus d’argent ne s’est pas dirigé principalement vers l’économie du pays, par la baisse de la fiscalité par exemple, mais au contraire vers une augmentation des dépenses de l’Etat orientée vers le domaine public. C’est-à-dire sur des fonctions de plus en plus étendues des organismes de l’Etat, équipements mobiliers et immobiliers ainsi que  personnel nécessaire à leur fonctionnement.
Le résultat aujourd’hui est que nous devons emprunter 20% de notre budget pour pouvoir l’équilibrer.

Le comptage du déficit, à 4,8% du PIB en 2012, est très trompeur puisque le PIB n’est en fait qu’une somme de dépenses auquel on ajoute le solde des importations et exportations. Nous vivons ainsi à crédit et notre dette s’aggrave donc d’année en année au point de dépasser les 1.830Mds et les 90% du PIB. Il faut bien voir que le crédit n’est qu’une dette repoussée dans le temps et non une richesse !

Il est de plus en plus évident que nous ne rembourserons jamais notre dette publique. Les discussions vont être rudes pour trouver les 20Mds destinés à financer en 2014 le crédit d’impôt accordé aux sociétés en 2013, alors à ce rythme il faudrait près d’un siècle pour éponger la dette. Les Etats ont ce privilège qui est de ne rembourser le capital emprunté qu’à la fin du prêt, « in fine » selon les banquiers. Ils se permettent donc d’emprunter, quand un prêt arrive à terme, pour rembourser le capital dû. Au budget annuel n’apparait que la charge de la dette, autrement dit le paiement des intérêts, charge qui est prévue à hauteur de 46,9Mds en 2013 soit 15% des recettes ou près de 65% de l’impôt sur le revenu !

C’est d’ailleurs le piège dans lequel nous risquons de nous asphyxier, car le taux moyen d’emprunt pour faire face chaque année aux prêts arrivant à terme, à hauteur de la dette puisque celle-ci est supérieure chaque année, est très favorable en ce moment à 2,3% environ. Une augmentation de 1% seulement représenterait 18 Mds de plus à trouver, soit une augmentation de 25% des impôts sur le revenu ! L’Espagne emprunte à 5% et une simple baisse de notation par les agences qui nous ont déjà enlevé le triple A peut nous mettre dans une situation très dangereuse.

Mais le budget de 2013 est déjà en danger avec la révision inévitable du taux de croissance de 0,8% à presque 0%. C’est près de 17Mds de moins de PIB, donc, comme j’ai pu le montrer dans un article antérieur, une perte de recettes de 8Mds. Ce changement du taux de croissance prévisionnel, entraîne un déficit qui passe à près de 3,4% du PIB. Ceci explique les démarches du Président, entamées depuis fin 2012, auprès d’Angela Merkel pour lui faire admettre un report à 2014 de notre engagement sur les 3% du PIB !

Cette perte de recettes va se répercuter sur 2014 et se cumuler avec les 20Mds à trouver et au respect des 3% ou moins renégociés. La hausse de la TVA de 1% (19,6% à 20,6%) procure 7,2Mds. Toutes choses égales par ailleurs, c’est 4 points de plus de TVA qu’il faudrait appliquer. C’est évidemment politiquement impossible d’une part mais augmenter la TVA c’est à coup sûr diminuer la consommation donc la recette fiscale et porter un coup aux entreprises productrices. Le plus sage serait de diminuer les dépenses publiques de 9%.

Autant dire que ceci ne peut se faire qu’avec le boulet de la faillite passant près de nous et encore ! La dépense publique représentait 53% de la dépense totale pour 47% pour le privé en 2012. L’Etat et son cortège de salariés sont devenus majoritaires en France, autant leur demander de se tirer une balle dans le pied. A la demande de diminuer leur salaire, vous avez vu comment ont réagi les députés ! Le ratio raisonnable reconnu d’une diminution des dépenses publiques des 2/3 des économies à faire et d’un tiers de fiscalité en plus n’a pas été appliqué sur le budget 2013 voté en décembre puisque les dépenses ont même légèrement augmenté.

L’Etat s’auto-asphyxie depuis plus de trente ans et il le fait de plus en plus vite. Les réformes structurelles se font attendre, le Président ne veut ni sang ni larmes et, prosterné devant sa boîte à outils, il prie pour que la croissance inonde de liquidités les caisses de l’Etat. Soyez en sûrs il ne prie pas pour ses concitoyens qui seront eux priés de passer à la caisse et de laisser leur épargne chez ma tante !


Pour autant, avant de rejoindre le triste cortège des PIIGS, ces nations qui glissent sur la pente savonneuse de la faillite, il y aurait des mesures à prendre d’urgence, encore faudrait-il que le peuple puisse avoir confiance en son leader car aucune de celles-ci ne saurait être indolore. Ce n’est évidemment plus le cas après le discours lénifiant et visiblement plus à la hauteur d’un conseiller général qu’à celle d’un Président d’une grande nation. Nous reparlerons d’un vrai plan de campagne pour la « bataille » du chef !

La France s’auto-asphyxie et doit être placée sous tente à oxygène.

Elle se dirige vers des spasmes sociaux destructeurs,

Vend son âme à une technocratie bruxelloise,

Bras armé d’une entité politico-financière.

Bonnes fêtes à tous, profitez-en bien !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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