samedi 23 février 2013

Economie, politique, peuple, des mondes qui s’ignorent

La semaine prochaine risque d’être agitée dans les marchés boursiers avec les élections législatives en Italie et la perspective de devoir couper drastiquement les budgets aux Etats-Unis dès le 1er mars faute d’accord au Congrès. Le retour de Berlusconi fait peur aux marchés mais la politique de Mario Monti fait peur aux salariés italiens. Les coupes budgétaires de 1.000Mds$ sur 10 ans et de 85 milliards de plus à trouver d’ici 2013 font peur aux travailleurs américains, mais les 85Mds$ remis dans le circuit économique ou spéculatif chaque mois par la Fed font plaisir à la Bourse de Wall Street.
Les chiffres sont à relativiser avec un budget américain de 3.500Mds$, mais l’économie américaine s’essouffle malgré le dopage continuel qui augmente la dette et qui, au passage, déprécie le dollar. Le chômage ne diminue pas avec 7,9%, la machine économique demande toujours plus de soutien. Le travailleur en a de moins en moins et la pauvreté progresse, creusant les inégalités. Pendant ce temps Républicains et Démocrates s’affrontent au Congrès.
A l’autre bout de la lorgnette, on regarde la Grèce mourir. A peine le président Hollande avait-il quitté leur sol que les grecs manifestaient en masse dans une nouvelle grève générale contre la politique d’austérité. Le FMI et l’UE ont condamné un peuple de 10 millions de personnes à souffrir sans espoir de vie meilleure. L’explosion du chômage (27% aujourd’hui), la baisse des salaires, les coupes drastiques dans les dépenses publiques, se font au mépris de la santé et de la sécurité de la population. Ce qui est fait ici est une honte absolue, une forme de crime économique commis contre un peuple par des irresponsables dont la pensée est coincée dans des dogmes qui passent avant la vie de la population.
L’austérité infernale a provoqué l’effondrement économique du pays, l’effroyable baisse du PIB depuis le second trimestre 2010 (-17% en deux ans et demi !).  Aucun signe de ralentissement de cette descente aux enfers n’est en vue et  toutes les mesures d’austérité complémentaires pour 2013 et 2014, devraient se prolonger pour encore deux ans. Nous assistons à l’expérimentation d’une immense et extrêmement brutale régression sociale en se demandant comment le pays la supporte encore.
En France la politique économique ménage la chèvre et le chou sans véritable orientation claire. La prévision d’équilibre du budget est repoussée à 2017 après la fin du mandat du président, prudence oblige. La dette va continuer à croître mais personne n’avale son chapeau pour renier ses promesses budgétaires de 2013, à peine un mois après les avoir prononcées. Politiquement on va repousser la difficulté budgétaire à 2014 en faisant miroiter un retour de la croissance, qui devait déjà avoir lieu cette année, pour créer une nouvelle pression fiscale et une diminution des avantages sociaux, retraites incluses.
Là encore, les mesures économiquement saines sont rognées par la politique qui n’hésite pas à faire peser le malheur économique sur une population encore prête à supporter pourvu que ce soit à dose renouvelée. L’arme du peuple n’est pas sa représentation parlementaire qui pense déjà aux prochaines élections et agit en fonction  de la probabilité de réélection mais bien dans la rue… comme en Grèce, en Belgique, en Italie, en Espagne, tant ces trois mondes, politique, économique et pouvoir d’achat s’ignorent.
Bien des politiques devraient passer à l’échafaud
Puisque c’est ainsi que l’on s’est débarrassé d’un roi
Qu’on disait affamer son peuple au grand soulagement…
Des bourgeois !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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