jeudi 7 février 2013

Des « printemps » qui tournent au chaos

Deux ans après la guerre, la Libye est encore présente dans nos mémoires. Le chef de guerre de l’époque s’était vanté d’un grand succès après avoir traqué et tué ou fait tuer Khadafi. Nous étions engagés dans une lutte pour la démocratie et la libération de peuples opprimés. La Libye vivait  certes, sous un régime autoritaire, mais grâce au pétrole, elle était l’un des pays-phare de l’Afrique et en voie de développement rapide. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les Libyens sont en colère. Des milliers d’entre eux prévoient de manifester leur exaspération le 15 février prochain, à l’occasion du deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui a emporté le régime de Mouammar Kaddafi. Deux ans après le début de la révolte qui a conduit à sa chute, les nouvelles autorités libyennes peinent à satisfaire les besoins d’une population en colère.
Mais en plus des appels à manifester, les appels à une seconde révolution se multiplient aussi. Un tract circulant à Tripoli appelle ainsi à un « soulèvement populaire » et à la « désobéissance civile », pour « faire tomber le régime », encourageant les Libyens à faire des réserves de nourriture et de carburant, en prévision d'une paralysie du pays à partir du 15 février. Hantés par les violences qui ont émaillé le deuxième anniversaire de la révolution égyptienne du 25 janvier, les nouvelles autorités de Tripoli ont pris la menace très au sérieux et placé les forces de sécurité en état d’alerte.

En Egypte, en Libye et même en Tunisie, le peuple n’a pas faim de démocratie mais de nourriture. Les émeutes se propagent d’Egypte sur le pourtour méditerranéen partout où un pouvoir fort a dû céder la place à la « démocratie ». En Syrie nous appelons de nos vœux la chute du tyran et nous participons matériellement et diplomatiquement, au moins, au bain de sang. Rien n’arrête notre folie interventionniste au nom de la liberté des peuples. La France en particulier retrouve des relents de colonialisme, non plus en occupation territoriale mais en imposant une démocratie occidentale inadaptée à l’évolution des pays où elle s’ingère.

Il n’est pas jusqu’à notre intervention au Mali qui ne va laisser des traces, une fois nos armées retirées dans leur casernes sur place. Le Mali ne pourra survivre à une opposition de deux ethnies, blanche et noire, quand l’islamisme soufflera sur les braises. On ne dessine pas un pays en traçant des frontières d’un coup de rayon sur une carte. La carte de France s’appuie sur des frontières naturelles d’une part, sur des groupes ethniques d’autre part et s’est forgée lentement dans l’histoire au prix du sang et des larmes. Le Mali ne survivra que par la force des armées étrangères. Un pays ne supporte jamais longtemps cette présence.

Le bilan des printemps arabes tourne au désastre, la démocratie est redessinée au gré de l’islamisme dont l’ambition est mondiale et pour qui les Etats n’ont pas d’intérêt face au pouvoir religieux. Il serait temps que la France se retourne sur elle-même plutôt que sur des champs de bataille qui ne menace pas vraiment ses intérêts vitaux.  Les européens et les Etats-Unis l’ont bien compris et nous laissent œuvrer pour leur compte en participant à minima.

Bientôt c’est en France que le peuple sera dans la rue,

Car seuls deux motifs, de par le monde, le transforment en émeutier

La religion… et la faim !

Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon

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