jeudi 8 septembre 2011

Malte dégradée, à quand la France ?

L’agence de notation Moody’s vient de baisser la note du petit état européen de A1 à A2, avec une perspective négative à moyen terme. 

« Alors que les regards sont tournés vers la situation en Grèce, en Italie ou en Espagne, c’est Malte qui est désormais la cible des agences de notation. Moody’s a décidé de dégrader la note du pays, mardi 6 septembre. Jusqu'à présent noté A1, le pays est maintenant rétrogradé d’un cran, à A2.

Ces notes correspondent toutes les deux à « qualité moyenne » mais, dans le même temps, l’agence de notation a émis des perspectives négatives sur le moyen terme.

Ce choix est motivé par les prévisions de croissance, moins bonnes que prévues. Selon le gouvernement maltais lui même, la progression de l'économie ne devrait être que de 2,3%, au lieu des 3% estimés auparavant. La crise de 2008-2009 a rendu le pays plus vulnérable, toujours selon Moody's.

Quand Malte a rejoint la zone euro, le 1er janvier 2008, la croissance était de 4% par an. L’île est membre de l’Union européenne depuis 2004. »

Malte vous connaissez ?

Capitale: La Valette
Population: 0,41 million - (Eurostat - 2011)
Superficie: 315 km² - (Eurostat)
Monnaie: Euro depuis le 01/01/2008
Date d'adhésion à L’UE : 1er mai 2004
Taux de croissance du PIB réel: 3,2 % - (Eurostat - 2010)
Taux de chômage: 6,3 % - (Eurostat - 2010)
Dette publique en % PIB: 68 % - (Eurostat - 2010)
Inflation: 2 % - (Eurostat - 2010)
Déficit/excédent public en % PIB: -3,6 % - (Eurostat - 2010)

Les raisons évoquées par Moody’s peuvent nous faire craindre le pire pour la France pour laquelle le taux de croissance vient d’être ramené à 1,75% alors que Malte annonce 2,3%.

Regardons d’un peu plus près notre situation depuis 2006 vis-à-vis de la dette publique et comparons-nous à ce petit pays ainsi qu’à l’Allemagne et notre sœur latine l’Italie. Les discours n’ont de valeur que quand ils s’appuient sur des chiffres incontestables.

Augmentation de la dette publique entre 2006 et 2010 
:
France :            436 Mds€ soit 6700€/habitant !
Allemagne :       182 Mds€ soit 2224€/habitant
Italie :                  269 Mds€ soit 4461€/habitant
Malte :                0,98Mds€ soit 2365€/habitant

Regardons-nous avec notre chômage frôlant les 10%, notre dette qui dépasse les 80%, notre taux de croissance inférieur à 2%  et notre déficit public qui a atteint les 7% en 2010. Les comparaisons avec Malte ont de quoi nous faire frémir… de honte.

Nous cherchons quelques milliards, quatre feraient l’affaire pour tenir nos promesses de 2011, dans un bricolage indescriptible et des discours de chiffonniers. Les promesses de 2012 ne sont pas mieux assurées. Pourquoi les avoir faites si nous savions déjà ne pas pouvoir les tenir ? Les 11 milliards qui manquent et qui vont vite doubler, n’avait-on aucune idée où nous allions les trouver avant de s’engager devant le monde économique ? La France offre un triste spectacle d’un pays imprévoyant mais toujours prêt à dépenser l’argent qu’il n’a pas, en Afghanistan, en Libye et pour sauver nos amis grecs.

On dégrade un petit pays qui ne paraît pas s’être débrouiller si mal que cela même en comparaison avec l’Allemagne et nous pensons que notre position de force en Europe va nous garantir longtemps de tomber sous le couperet des agences de notation. Elle ne fait que retarder la sanction car chacun sait que si la France est touchée, la zone Europe est touchée au cœur et sans doute mortellement.

Comme des chiens errants nous cherchons en vain des niches confortables. La diminution des dépenses de l’état et des collectivités territoriales n’a pas été envisagée et le déficit de la sécurité sociale n’inspire aucune discussion de fond. Nous nous targuons d’avoir la meilleure couverture sociale mais sommes-nous capables d’en payer le prix désormais sans remettre en cause ses fondements même. La Caisse des Dépôts et Consignations étudie la question et se prépare à gérer des fonds de pension. Pourquoi l’Etat est muet ? Le peuple lui fait peur ?

Qui dans nos candidats présidentiels aura le courage de dire la vérité aux français et de tracer le chemin douloureux à suivre ? Faut-il finalement souhaiter que les agences de notation nous coiffent du bonnet d’âne ou qu’un krach économique mondial nous force à réagir ?

Il n’est pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre
Il n’est pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir
Le MPF a vu, a réfléchi et proposé
Donnez-lui la force d’agir