dimanche 4 septembre 2011

La croissance, potion magique du chômage ?

Il devient difficile de différencier la gauche et la droite tant leurs discours, sans réelle consistance, se ressemblent.

En politique étrangère, la Lybie a été votée au nom de l’idéologie pour les uns et de l’approvisionnement énergétique pour les autres, tout cela avec l’approbation des pétroliers qui se considéraient comme rackettés par Kadhafi. Tout le monde est d’accord sur notre retrait d’Afghanistan, sauf que la pression des Etats-Unis sera difficile à gérer. Notre appartenance à l’OTAN est un fait acquis. Sous couvert de l’ONU, encore largement dominé par l’Amérique, notre droit d’ingérence dans les affaires internes des pays du tiers monde est reconnu et même salué à gauche et à droite.

Même la gouvernance économique de l’Europe ne pose aucun problème aux uns et aux autres, la taxe sur les transactions financières non plus. La « règle d’or » pose un léger différend mais tout le monde s’emploie à dire que son objectif ne souffre aucun rejet, la forme contraignante est inutile puisque l’objectif s’impose à tous. Enfin tout le monde jure par la recherche de la croissance du PIB, vantée comme remède miracle du chômage. Alors cherchez la différence ? Devra-ton voter d’après le faciès ?

La croissance est-elle d’abord la potion magique que l’on prend une fois pour toute ou comme Astérix la prend-t-on en cas de besoin ? Il faudrait tout d’abord différencier croissance et enrichissement. La croissance du PIB ne tient pas compte de notre autoconsommation qui ne rentre pas dans les produits vendus mais bien dans les produits consommés. L’exemple-type est la production agricole qui est en partie consommée par le producteur lui-même. Si nous étions capables de produire tous nos besoins, le PIB s’effondrerait mais nous n’en serions pas plus pauvres pour autant.

La croissance n’a donc de sens que pour les besoins que nous assouvissons en achetant des produits réalisés par notre pays ou par d’autres. On peut ainsi continuer le raisonnement à l’échelle du pays. Si le pays est autosuffisant et qu’il s’emploie à réduire le coût des produits qu’il a fabriqués, le pays s’enrichit et peut dépenser de l’argent à assurer le plein emploi s’il le décide. La croissance du PIB est réalisée en économie fermée et le niveau de chômage peut être régulé au fur et à mesure de l’enrichissement. Ceci a été presque le cas en Union Soviétique mais dans le communisme et non dans le libéralisme.

Nous sommes actuellement dans une mondialisation qui a ouvert le libre-échange, la libre concurrence dans une globalisation marchande, monétaire et financière. Ce choix nous a été pratiquement imposé depuis Maastricht et adoubé par la gauche et la droite. Nous sommes de moins en moins capables d’autosuffisance car nous devons importer de plus en plus de produits. Les conditions monétaires et de décalage socio-environnemental avec nombre de pays européens, mais surtout hors Europe, sont telles que nos exportations ne sont plus un moteur suffisant et ne compensent plus nos importations. Notre tissu industriel, moins tourné vers la production intérieure, ses produits étant achetés à l’étranger par le consommateur, se délite et le chômage a tendance à augmenter.

C’est dans l’utilisation de la potion magique que les différences se font jour.

Le premier réflexe, cheval de bataille de la gauche, est de donner du pouvoir d’achat en augmentant les salaires et les prestations sociales afin de stimuler la croissance intérieure. On se heurte de front à une augmentation de la dette et à une consommation intérieure qui augmente en achetant surtout plus de produits étrangers. Cette politique ne marche qu’en limitant les importations et en ne subissant pas la menace imminente des agences de notation qui surveillent notre dette. Celle-ci contrairement au Japon est détenue pour 68% par des banques étrangères et non par notre épargne. Tout peut donc basculer très rapidement.

Cette politique peut néanmoins être mise en place rapidement et est facilement acceptée par le peuple. Dans l’état actuel de notre dette et de notre tissu productif, elle ne peut avoir une chance de réussite sans un nouvel apport de ressources, d’où l’idée de la taxe sur les opérations financières. Cette dernière ne peut vraisemblablement pas être ni mise en place rapidement ni acceptée par le G20, le Royaume-Uni y étant fermement opposé à cause de son fleuron, la City. Je dirais fort heureusement.

Le deuxième réflexe est de stimuler la croissance par des aides ciblées sur le tissu des PMI, PME, l’innovation, la recherche, la formation qualifiée, ceci associé à une limitation coordonnée des importations, en particulier des pays européens. Ces derniers sont en effet les produits les plus nombreux et plus faciles à concurrencer que ceux venant de Chine. Cette politique peut avoir des effets suffisamment rapides pour convaincre les agences de notation et justifier le coût de l’aide d’état. Par ailleurs des efforts conjoints de restructuration des administrations publiques peuvent créer, en quelques années, des gains substantiels sur les dépenses publiques. Le seul obstacle est celui du non-respect des directives de Bruxelles mais la France ne serait pas le premier pays à s’octroyer unilatéralement des dérogations. C’est la solution raisonnable et courageuse que préconise le MPF.

Le dernier réflexe pour lutter contre le chômage est de créer de l’emploi fictif, ce que la gauche a toujours fait et auquel se résout un peu Sarkozy avec l’annonce de 20.000 emplois aidés (une goutte d’eau). C’est délibérément creuser le déficit du budget pour raison sociale. La plupart de ces emplois n’étant pas dans le secteur productif, la croissance est inchangée. C’est la politique de la fuite en avant, du seau pour écoper sur un bateau qui prend l’eau.

Il existe des solutions et des politiques pour les proposer,

il nous reste à les élire

c’est cela notre devoir pour la France !

Claude Trouvé