lundi 18 mai 2020

Parfum fugace de liberté avant le choc de la dure réalité

Après la fin des Saints de Glace, le retour de la chaleur, la nature réofferte au promeneur, le plaisir de couper une chevelure d’homme des bois, et la perspective de vacances en France, les sourires reviennent sur les lèvres des enfants et de ceux qui repartent au travail. Au passage, beaucoup ont pu réaliser que le travail c’est aussi la santé au sens large du terme. On compte toujours les morts du COVID-19 dans une litanie morbide, toujours anxiogène, alors que ce n’est plus la principale cause de morts, et bien derrière les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Le pouvoir veut toujours avoir une main sur le couvercle avec l’idée que les vacances sont une accalmie profitable au pouvoir, mais en sachant que juin peut lui être difficile à vivre car beaucoup vont venir réclamer d’ici là. Une partie de la population a été épargnée, une autre vit dans la perspective de promesses d’aide, mais d’autres savent déjà que le désastre va les toucher de plein fouet. Car l’automne va réunir tout ce monde dans la dure réalité d’un désastre économique et social. Ceux qui n’ont rien vu venir, vont tomber de haut.

Alors regardons d’abord les courbes d’évolution du nombre de décès/million d’habitants jusqu’au 15 mai. Ce graphique n’amène que quelques remarques. La Belgique, toujours championne du monde, ne voit toujours pas de décélération sur un rythme de 50 décès/jour. L’Espagne a suspendu sa décélération, et sa vitesse de progression est moins importante que la Belgique. L’évolution au Royaume-Uni est à vitesse constante depuis 15 jours. C’est aussi le cas de la France depuis une semaine mais à un rythme bien moins élevé que le Royaume-Uni. Mais il faut noter que la Suède, qui n’a pas confiné, ni pris des mesures immédiates de dépistage, voit son nombre décès/million prendre une trajectoire qui se détache désormais nettement des Pays-Bas mais avec une politique de non-confinement associée à un contrôle des rassemblements. On peut même penser que la Suède pourrait finir par un taux de mortalité qui soit un peu plus élevé que celui de la France. Faut-il voir le fait que ce brusque décollage de son évolution des décès par rapport au Pays-Bas datant de 10 jours coïncide avec la décision médicale suédoise d’arrêter les soins par la chloroquine ? Affaire à suivre. Les Etats-Unis sont toujours en phase ascensionnelle de l’épidémie, mais loin encore des décès/million français. L’épidémie est en phase finale ou terminée pour les pays suivants : Suisse, Allemagne, Danemark, Autriche, Grèce et Maroc. Elle évolue encore au Portugal et en Hongrie, mais le nombre de décès/million y reste faible. 

Il faut tenir compte du fait que la durée d’hospitalisation d’une dizaine de jours crée un retard entre la baisse des cas décelés et celle des décès. On peut penser que pour la France les décès seront terminés avant la mi-juin. Mais les dégâts sociaux économiques ne commencent qu’à faire leur effet malgré les aides provisoires prévues pour les entreprises et les salariés. J’ai montré dans l’article précédent que la croissance annuelle sera très probablement négative à 2 chiffres.

Mais qui dit récession dit aussi chômage et perte de taux d’emploi avec une flambée à venir d’emplois perdus ou précaires tant l’avenir est imprévisible et globalement peu engageant pour les entreprises. Il va falloir rapidement ausculter la reprise d’activité et savoir comment la France se comporte par rapport à ses concurrents directs qui sont surtout les pays voisins. Les premiers signes sont pourtant inquiétants avec déjà une baisse du PIB de 5,8% au 1er trimestre 2020 et le graphique, tiré des données de l’OCDE, nous montre que notre taux de chômage suit avec une hausse de 6,3%. On voit aussi que là encore l’épidémie n’a pas touché les pays de la même façon. La différence est énorme entre l’Irlande qui a confiné et vu son taux de chômage croître de 12,5% et la Suède qui ne l’a pas fait et fait même baisser son taux de chômage de -10,7%. La France a une hausse du chômage en rapport avec sa perte de croissance autour des 6%. Mais il sera intéressant de comprendre pourquoi l’Italie a baissé son taux de chômage de 9,7%. L’explication peut se trouver dans un retour des emplois à temps partiel, qui ne sont pas comptabilisés dans ce taux, vers le plein emploi. Notons que les Pays-Bas ont sans doute réussi le meilleur compromis devant l’épidémie avec un taux moyen de mortalité de 0,03%, un nombre de chômeurs stable qui signifie que l’économie n’est pas touchée. 

La France a vu baisser sa consommation d’électricité de 38% entre la fin février et la fin mars, et aujourd’hui elle en a récupéré 1% avec le démarrage du ralentissement du confinement. Le pays va mettre longtemps avant de retrouver ne serait-ce que 90% de sa puissance économique. Elle a signé sa décroissance dans le monde mais même par rapport à la moyenne des pays européens. L’Italie a une capacité d’adaptation plus grande, comme le montre la décroissance du taux de chômage grâce une lourdeur administrative moins lourde et surtout un tissu industriel de PMI, PME, beaucoup plus réactives et moins enclines à la délocalisation que les grandes entreprises qui fuient notre territoire. Celles-ci ne restent que si le cadre des lois du travail évolue sans cesse en leur faveur et si les largesses en aide et en diminution de l’imposition par l’Etat ne cessent de croître. L’Espagne avait retrouvé une dynamique économique avant l’épidémie contrairement à nous, son dynamisme industriel est très localisé, son agriculture très compétitive, et sa dette publique est beaucoup moins lourde à porter que la France et l’Italie.

France, Espagne et Italie sont touchées par l’arrêt du tourisme mais il apparaît que la politique d’ouverture des deux dernières soit plus rapide et plus sensée que la nôtre. Comment l’Italie peut-elle comprendre que l’on parque les vacanciers français dans leur pays et que l’on appelle les italiens à venir en France ? Si l’Italie et l’Espagne font de même c’est la France, premier pays touristique, qui en fera les frais. On est toujours bon pour savoir se tirer une balle dans le pied. La France, si elle avait pratiqué une politique « intelligente » de confinement comme les Pays-Bas où l’économie ne s’est pas arrêtée aurait eu le 15 mai 25% de décès en moins, soit 7000 décès en moins, une économie peu touchée, un taux de chômage stable, un déficit public en recul, et une dette non explosive. Alors comment ne pas exploser de colère quand l’Etat pond des circulaires demandant aux enseignants d’inculquer aux enfants que « tout s’est bien passé et l’Etat veille sur eux » contrairement à ce qu’on leur dit par ailleurs ! Tout va bien, c’est pourquoi l’Etat peut commander de nouvelles armes pour les policiers, et en recruter 3000 en urgence plus grande que celle des moyens de tester ses citoyens. Aurais-je mal compris ?
 
La France n’a fait que des mauvais choix et continue sans masque 

Car l’occasion est belle pour restreindre les libertés de penser

De se réunir, par des lois et des pratiques autoritaires. 

Le pays est mis sous contrôle au gré du pouvoir.

La reprise se fait avec des fers aux pieds. 

Les français cloîtrés dans leur pays

Pourront pourtant contempler 

Des européens en liberté,

Nous disputer nos gîtes. 

Nous aurons le temps

De devenir Grecs 

Dès demain.
 
Claude Trouvé 
17/05/20

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