« Être
ou ne pas être » aurait dit Shakespeare car c’est bien la question qui est
posée à François Hollande. La situation économique du pays et la dégradation du
pouvoir d’achat des classes moyennes ne lui laissent que peu de temps pour
continuer à exister jusqu’en 2017, car après les pythies ne lui laissent que peu de chances. Une
précision sémantique occupe régulièrement les discours des gouvernants. L’austérité
est dressée en épouvantail au profit du terme plus noble, plus courageux, de
rigueur. C’est d’ailleurs ce que demandent Bruxelles et Angela Merkel à la France.
Il ne semble pourtant pas que la rigueur recouvre le
même concept de chaque côté du Rhin. Si l’équilibre budgétaire est dans la tête
allemande conçu comme un impératif, il est, depuis quarante ans, un mirage qui
recule au fur et à mesure que l’on avance, dans la tête française. La rigueur
budgétaire française c’est à la rigueur faire un peu moins de déficit que l’année
précédente. L’ampleur du pas franchi et la date de retour à l’équilibre sont
deux inconnues que l’on manipule au gré des évènements en ne s’interdisant pas
d’ailleurs d’évoquer justement ces évènements exceptionnels qui sont censés
justifier que l’objectif annuel n’est pas atteint.
La rigueur budgétaire c’est un poids budgétaire
le plus bas possible de l’Administration publique dans la tête allemande. La rigueur
française c’est l’omniprésence de l’État sur tout ce qui produit de la
richesse, ce qui demande une administration lourde pour réfléchir, contrôler,
intervenir et prévoir l’augmentation de son impact à venir. La rigueur
budgétaire c’est la minimisation des dépenses de fonctionnement de l’État dans
la tête allemande, c’est l’ajustement par la pression fiscale jusqu’à plus soif
du contribuable puis la réduction des reversements sociaux dans la tête
française.
Le débat sémantique sur rigueur et
austérité n’a pas la même traduction de chaque côté du Rhin. Quand la tête
allemande réduit les dépenses de fonctionnement de l’État, elle applique la
rigueur budgétaire, quand elle diminue les avantages sociaux et augmente la
pression fiscale, elle exerce une politique d’austérité. La tête française ne
peut utiliser le mot austérité car il est déjà inclus dans la rigueur. Faire
une politique de rigueur pour nous c’est baisser, pour la communication, un peu
les dépenses de fonctionnement de l’État, beaucoup plus celles des
collectivités territoriales et n’engager aucune réforme des régimes spéciaux,
du nombre de fonctionnaires, aucune abolition des groupes et commissions qui
perdurent sans utilité véritable, sans simplification réelle de l’outil administratif.
Faire une politique de rigueur française c’est refuser de remettre en cause les
grandes dépenses inutiles comme les subventions aux énergies vertes, à la
voiture électrique, les avantages pollués et détournés comme l’AME et la CMU,
la gestion des dépenses des hôpitaux.
Faire une politique de rigueur
budgétaire c’est diminuer les avantages familiaux, diminuer le nombre de
médicaments et la hauteur de leur remboursement, faire payer la classe moyenne,
la plus corvéable, pour les autres. Faire une politique de rigueur c’est faire
payer par les administrés la diminution des reversements de l’Etat aux
collectivités territoriales, c’est envisager d’éloigner les services rendus aux
citoyens en éloignant d’eux les structures administratives. Faire une politique
de rigueur à la française c’est diminuer le service rendu et le pouvoir d’achat
des citoyens.
Il y a donc un certain malentendu sémantique entre l’Allemagne
et la France, ce qui est austérité outre-Rhin n’est que rigueur en-deçà. En
fait il y a une manipulation de l’opinion française pour ponctionner les
citoyens afin de réduire les dépenses budgétaires. La pression fiscale étant
devenue épidermique pour l’opinion, il reste les dépenses sociales à diminuer
en commençant par les celles ayant trait à la famille à qui l’ont va dire qu’elles
ont été gâtées jusque-là. Hollande dit « Quand on veut faire des
économies, on ne peut pas éviter que certaines catégories voient leurs
avantages diminuer ».
C’est bien là l’aveu que l’État va
chercher les sous non dans les dépenses de nos interventions militaires de vassalité, non
dans les gabegies de tous les planqués recyclés et inutiles émargeant dans la
Haute-Administration, non dans les milliards des énergies renouvelables dont
nous n’avons pas besoin, non dans un audit général du fonctionnement pléthorique
de l’État pour mettre en place des réformes structurelles sources d’économies,
mais dans le simple appel à la générosité publique… imposée dans un discours d’enfumage
pour moutons de Panurge.
Sous le couvert de justice sociale, de nécessaire participation collective,
L’État pare au plus pressé dans une collecte sur les moins bruyants.
Le boulet de la rigueur l’effleure à peine mais tape de plein fouet
La France du travail qui prépare l’avenir de ses enfants
Dans un grand fracas d’austérité masquée.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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