Décidemment la politique intérieure est toujours aussi
affligeante. Jupé veut s’emparer de l’UMP, Fillon ne propose rien de concret en
dehors de la démission de François Hollande, Marine Le Pen fait des gorges
chaudes de la faillite du PS et de l’UMP et se fend d’un discours démagogique
devant ses jeunes militants. Tout cela
est dans le droit fil des discours politiques qui n’engagent à rien. Le PS est
au bord de l’implosion, l’UMP en pleine guerre des chefs et le FN rallie les
mécontents mais n’obtiendra pas le pouvoir contre l’arc républicain qui ne se
forme que pour garder la prééminence de son bipartisme gauche-droite depuis
quarante ans, à chacun son tour.
L’important est ailleurs en Irak mais surtout en Ukraine.
Là-bas, mais bien proche de nous, le cessez-le-feu en Ukraine a été signé. C’est
une pause précaire dans les combats car les pro-russes n’ont pas eu toutes les réponses
à leurs revendications. En particulier le statut d’autonomie revendiqué, proche
de l’indépendance, n’est pas obtenu. On pouvait se douter que les 2600 morts
et les plus de 500.000 réfugiés, les usines, les hôpitaux et les écoles
détruits, ne pourraient être rayés d’un trait de plume dans un accord demandant
à cette partie de l’Ukraine de rentrer dans le rang. Ceci est évidemment
contraire aux objectifs militaires et géopolitiques des USA. Histoire d’envenimer
le conflit, une série d’exercices conjoints OTAN-Ukraine aura lieu en 2014 sur
le territoire ukrainien et en Mer Noire.
Cette
année, l’Ukraine accueillera huit manœuvres internationales : Rapid
Trident 2014 et Sea Breeze 2014 (Ukraine, États-Unis et autres membres
de l’Otan), Safe Sky 2014 et Public Order 2014 (Ukraine, Pologne), Light
Avalanche 2014 (Ukraine, Slovaquie, Hongrie, Roumanie), Carpates 2014 (Ukraine,
Pologne, Hongrie) et Sud 2014 (Ukraine, Moldavie, Roumanie), ainsi que des
exercices aériens ukraino-polonais sans nom. Il s’agit là d’une provocation
délibérée et un encouragement au Président Porochenko de régler manu militari
le conflit avec l’est.
L’apparent
recul sur les nouvelles sanctions contre la Russie, qui se transforment en
approfondissement des anciennes, ne vient en aucune façon calmer le jeu. C’est
à croire que notre Président, qui se ridiculise avec son refus de livrer les
deux navires Mistral à la Russie si le cessez-le-feu n’est pas signé, n’a pas
une vraie notion de ce qu’est réellement la guerre et qu’il joue sur des jeux vidéo.
Il joue à se faire peur. Il confond la petite incursion militaire au Mali avec
une guerre qui met en jeu les armes de destruction massive, les moyens lourds,
au sol, en mer et sur le terrain.
Il est sans doute plaisant de faire
chorus avec les USA, réelle puissance militaire. On se prend alors pour un des
grands chefs qui décident de l’orientation du monde. Mais on ne joue pas avec
la Russie comme contre des forces armées sous-équipées en matériel lourd.
Désormais une étincelle peut mettre le feu aux poudres. La Russie s’implique
pour calmer le jeu mais Poutine ne peut résister indéfiniment aux provocations.
Son opinion publique ne lui pardonnerait pas. Que se passera-t-il par exemple
si le foisonnement de navires russes et américains dans le chaudron de la mer
Noire engendre une frappe sur un bateau militaire d’un des deux camps ?
Les générations
de l’après-guerre n’ont pas le vécu d’une guerre qui a fait 80 millions de
morts, militaires et surtout civils, dans le monde. C’est le front de l’est qui
a subi le plus grand choc en vies humaines. La Russie a eu 14 millions de morts
dont 7 millions de civils (13% de la population de 1940). Nous ne serions plus
français sans la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie. Il faut s’en souvenir lorsque
nous invitons Poutine à l’anniversaire du débarquement et que nos politiques ne
saisissent pas l’occasion pour le rappeler en lui donnant acte du sacrifice de
ce peuple, bien plus important que celui des occidentaux.
Il
est temps de ne plus jouer avec le feu car la guerre nait lorsque les
provocations atteignent un point de non-retour. Ce fut le cas avec Hitler et
notre déclaration de guerre… malheureusement trop tard d’ailleurs. Le 5
septembre, à Minsk, l’avenir de l’Ukraine s’est joué. Le groupe de contact
constitué d’un représentant de la Russie, d’un représentant de l’Ukraine, d’un
membre de l’OSCE et des dirigeants des Républiques populaires de Donetsk et
Lugansk, pour la première fois présents à des négociations les concernant, a finalement
adopté un document, une résolution pour la paix.
Il
contient trois points d’accord : l’arrêt des combats, l’échange de
prisonniers et la création d’un couloir humanitaire. Pour le reste, le texte
parle de décentralisation alors que l’autonomie ou l’indépendance est toujours
demandée par la république de Donetsk. Il laisse de plus entendre que les
pro-russes doivent être désarmés, ce qui n’est pas d’augure à être admis sur le
terrain. Sans armes les pro-russes seraient de nouveau soumis à Kiev et ils
seraient morts pour rien.
La
paix provisoire est donc très fragile et l’huile sur le feu peut enflammer de
nouveau le conflit. L’OTAN va faire un bruit de bottes à la frontière russe dès
que Porochenko aura repris le contrôle. C’est comme à la roulette russe, on
peut tirer plusieurs coups sans se tuer mais si l’on est parti pour vider le
barillet, on est sûr de mourir.
La France pourrait peser de son poids
pour éviter le conflit.
Au contraire elle agit sans se rendre
compte
Que demain tout peut exploser
A cause des marchands…
De canons !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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